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— 1722 —


un pasteur, il fut ensuite placé à l’école militaire de Ludwigsbourg, puis étudia le droit, et enfin la médecine, entra comme chirurgien dans un régiment, se livra en même temps au goût qui l’entraînait vers les lettres, et commença dès lors à écrire des poésies et des pièces de théâtre. Après avoir fait jouer sa pièce des Brigands, qui avait obtenu un grand succès (1781), il voulut quitter le service ; n’ayant pu obtenir l’agrément du duc de Wurtemberg, il s’enfuit. Après diverses aventures, il fut nommé conseiller du duc de Saxe-Weimar, et professeur d’histoire à Iéna (1789). Grandissant sans cesse en talent comme en réputation, il entra en liaison avec toutes les notabilités littéraires de l’Allemagne, et fut classé parmi les premiers écrivains de son pays. Sympathique à notre Révolution, il fut nommé par la Convention citoyen français ; néanmoins, en 1793, il adressa à cette assemblée une apologie de Louis XVI. Il vint en 1797 se fixer à Weimar où il fut comblé des bontés du duc régnant. Schiller est un des coryphées du genre romantique. Il est connu surtout par ses tragédies, qui sont au nombre de neuf : les Brigands, Fiesque, Cabale et Amour, Don Carlos (en vers), Wallenstein, Marie Stuart, Jeanne d’Arc, la Fiancée de Messine, Guillaume Tell (en vers). Les trois premières, sans manquer de beautés, sont des ouvrages défectueux et offrent tous les caractères d’une période d’indécision ; les dernières, plus vraies, plus morales, d’un genre plus élevé, sont d’un ordre tout différent ; elles ont valu à leur auteur le titre de régénérateur du théâtre allemand. On a encore de Schiller beaucoup de poésies diverses, où brillent la verve, l’imagination, l’originalité, la grâce ; des ouvrages historiques, qui le placent aussi à un des premiers rangs en ce genre : l’Histoire de la défection des Pays-Bas, l’Histoire de la guerre de Trente ans ; enfin des articles de critiques, entre autres un Traité sur la poésie naïve et sentimentale, dans les Heures (journal littéraire). Schiller était intime ami de Gœthe, auquel sans doute il dut une partie de ses idées et de ses progrès. Il rédigeait en commun avec lui l’Almanach des Muses. Les Œuvres de Schiller (en allemand) ont été publiées à Tubingue, 1812-15, 12 vol. in-8 . Sa correspondance a paru à Berlin en 1847, 4 v. in-8. Ses Œuvres avaient déjà été traduites partiellement en français par MM. X. Marmier, de Barante, de Château-Giron, Malher de Chassat, et par Mme Karlowitz, lorsque M. Ad. Régnier en a donné une trad. complète, qui efface toutes les autres, 8 vol. in-8, 1860 et suiv.

SCHILLING (Fréd. Aug.), romancier allemand, né en 1766 à Dresde, m. en 1839, servit longtemps dans l’artillerie, devint capitaine en 1807 mais donna sa démission bientôt après, et vint se fixer à Freyberg d’abord, ensuite à Dresde. Ses nombreux romans ont eu beaucoup de lecteurs ; l’auteur y montre de l’imagination ; ses tableaux sont vifs et vrais ; il réussit surtout dans le comique ; mais il ne respecte pas toujours la décence. Il a aussi donné un drame, Élise Colmar, 1783. Ses Œuvres complètes ont paru à Dresde, en 52 vol., 1828.

SCHILTER (Jean), jurisconsulte, né en 1632 à Pegau (Saxe), m. en 1705, professa tour à tour à Iéna, à Francfort-sur-le-Mein et à Strasbourg. Parmi ses ouvrages, on distingue : Institutiones juris canonici, 1681 ; de Libertate Ecclesiarum Germaniæ, 1683 ; Jurisprudentiæ legitima elementa, 1698 ; Ad jus feudale Germanicum et Longobardicum introductio, 1693 ; Codex juris feudalis Allemaniæ, 1697 ; Thesaurus antiquitatum teutonicarum, 1727.

SCHIMMELPENNINCK (Rutger Jean), homme d’État hollandais, né en 1761, m. en 1825, fut d’abord avocat, eut part aux efforts des Provinces-Unies en 1785 et 86 pour accomplir une révolution sage et modérée, se distingua en 1795 à la Convention nationale batave par sa modération comme par son éloquence, fut ambassadeur à Paris en 1798, plénipotentiaire au congrès d’Amiens en 1802, puis ambassadeur à Londres ; gouverna la Hollande pendant 15 mois (1805-1806), sous le titre de grand-pensionnaire, et signala son passage par le rétablissement du crédit ; vécut dans la retraite pendant le règne de Louis Bonaparte, qui cependant le consulta souvent, fut comblé d’honneurs par Napoléon après l’incorporation de la Hollande à l’Empire, et devint membre du sénat conservateur de France. Il fut nommé membre de la 1re chambre des États généraux lors de l’établissement du royaume des Pays-Bas.

SCHINNER ou SKINNER (Matth.), dit le Cardinal de Sion, né dans le Valais près de Sion vers 1470, d’une famille pauvre, devint curé, chanoine, puis évêque de Sion (1600), se fit l’agent zélé du pape Jules II, et détacha les Suisses de l’alliance française (1510), reçut, avec le chapeau de cardinal, le titre de légat apostolique et le commandement général de l’Italie pour le pape, fut l’âme de toutes les intrigues qui eurent lieu en Suisse contre la France, marcha à la tête des Suisses qui vinrent combattre François I en Italie (1515), et après la bataille de Marignan, leva encore un corps de 6 000 hommes qui firent du mal aux Français. Ses biens dans le Valais furent confisqués par le parti favorable à la France. Il s’en vengea en décidant Charles-Quint à mettre au ban de l’Empire George Supersax, son principal adversaire dans le Valais, et en faisant mettre tout ce pays en interdit par Léon X. Il mourut en 1522.

SCHIRACH (Adam Théophile), agronome du xviiie s., m. en 1773, était pasteur en Lusace; il fonda dans ce pays une des premières sociétés d’agriculture, et fit de curieuses découvertes sur les abeilles et les moyens de les multiplier. On a de lui : Traité des abeilles, Leipsick, 1768 ; Culture des Abeilles des bois, 1774 ; Hist. naturelle de la reine des Abeilles, trad. en franç., 1187. — Un autre Théophile Schirach, natif aussi de Lusace (1743-l804), fut professeur de philosophie à Helmstædt, et fonda en 1780 à Altona un Journal politique qui subsiste encore. On lui doit : Clavis poetarum classicorum, Halle, 1768 ; Biographie des Allemands, 1770 ; Histoire de Charles VI, 1776 ; une trad. des Vies de Plutarque, etc.

SCHIRMECK, ch.-l. de c. (Vosges), sur la Bruche, à 40 kil. N. E. de Saint-Diey, 1415 hab. Filatures de coton. École fondée par Ferdinand duc d’Orléans.

SCHISME, nom donné en général à toute séparation religieuse d’hommes précédemment unis dans une même foi. Les schismes les plus fameux sont : 1o celui qui se forma chez les Juifs en 962 av. J.-C., sous Roboam fils de Salomon, et d’où naquirent les deux royaumes d’Israël et de Juda (V. ces noms) ; — 2o celui qui sépara l’Église grecque de la communion avec l’Église romaine, et qui, provoqué par Photius (862), fut consommé par le patriarche Cerularius en 1053 : on le connaît sous le nom de schisme d’Orient; — 3o celui qui eut lieu après la double élection d’Urbain VI et de Clément VII en 1378 (il dura 39 ans et fut terminé en 1417 par l’élection de Martin V ; quelques-uns l’étendent jusqu’à l’abdication de Félix V en 1449 et lui donnent 71 ans) : on le nomme le grand schisme d’Occident ; — 4o le schisme d’Angleterre, qui sépara les Anglais de la communion romaine sous Henri VIII en 1534, et constitua l’Église anglicane ; — 5o celui qui partagea les Musulmans en Sunnites et Chyites (V. ces noms). Ce dernier schisme, qui commença dès la mort de Mahomet (632), subsiste encore.

SCHLEGEL (J. Élie), poëte allemand, né en 1718 à Meissen (Saxe), m. en 1749, se fit connaître de bonne heure par des imitations en vers des classiques latins et grecs, surtout de Sophocle et d’Euripide, et par quelques pièces de théâtre, suivit l’ambassadeur Spener en Danemark comme secrétaire d’ambassade, devint professeur à l’université de Soroë, et mourut à 31 ans, épuisé par le travail. Ses tragédies, célèbres jadis, ne se lisent plus ; la meilleure est Hermann. On lui doit de plus un poëme sur Henri le Lion, duc de Saxe et de Bavière. Ses Œuvres ont été recueillies (Copenhague et Leipsick, 1766—