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solu, Dieu ; c’est ce qui fait nommer ce système Philosophie de l’identité; on le nomme aussi Philosophie de la nature, parce que l’auteur s’est surtout attaché à expliquer les lois de la nature physique, en montrant leur identité avec celles de la nature intellectuelle et morale. Du sein de l’Absolu, par une évolution nécessaire appelée procès, sortent la Nature et l’Esprit, les choses et les idées, qui coexistent et se développent parallèlement, mais dans une parfaite identité ; l’électricité, par exemple, se confond avec l’irritabilité, le magnétisme avec la sensibilité. L’univers est l’expression de la pensée divine et lui est identique ; la raison humaine est virtuellement l’image de l’Intelligence absolue, ainsi que de l’univers : elle conçoit l’Absolu par une intuition intellectuelle. La philosophie a pour objet de connaître toutes choses par les idées de la raison ; l’art en est la représentation sensible. Le but de la triple activité de la nature, de la philosophie et de l’art est de donner à Dieu conscience de lui-même. Ce système prétend concilier l’idéalisme et le réalisme, la nécessité et la liberté, le matérialisme et le spiritualisme, et veut reproduire, dans ses conceptions, l’ordre même des choses, aspirant à une science telle qu’elle peut se concevoir en Dieu même. La Philosophie de la nature n’est au fond qu’un panthéisme, et il est facile d’y reconnaître les idées de Plotin, de J. Bruno ou de Spinosa ; mais c’est le panthéisme le plus savant, s’aidant de toutes les découvertes de la science moderne. Néanmoins il reste en butte à toutes les objections qui ont de tout temps été faites contre le panthéisme. En outre ce système pèche par la méthode : dédaignant la marche lente et patiente de l’observation, l’auteur procède par voie de construction, c’est-à-dire par hypothèse, au risque d’être dupe de sa propre imagination.

Les principaux ouvrages de Schelling sont : Idées sur la philosophie de la nature, 1797 ; De l’Âme du monde, 1798 ; Esquisse du système de la philosophie de la nature, 1799 ; Système de l’idéalisme transcendantal, 1800 (trad. par Grimblot, 1842); Bruno, dialogue sur le principe divin et le principe naturel des choses, 1801 (trad. par Husson, 1845} ; De la méthode des études académiques, 1803 (trad. par M. Bénard, 1847) ; Philosophie et religion, 1804 ; Du rapport des arts plastiques à la nature, 1807 ; Recherches philosophiques sur la liberté humaine, 1809. Ses Œuvres complètes, publ. à Stuttgard par ses fils, forment 12 vol. in-8, 1860 et ann. suiv. En 1834, dans un écrit intitulé Jugement sur la philosophie de M. Cousin (trad. par Wilm, 1835), Schelling annonça une philosophie nouvelle, la philosophie positive, qui devait réconcilier la spéculation idéaliste avec les grands intérêts de la religion et de la vie pratique : mais cette philosophie nouvelle, qui fit l’objet des leçons de Berlin, n’a pas vu le jour.

Schelling a eu de chauds partisans et de violents adversaires : parmi les premiers, Oken, qui fit l’application de son système aux sciences naturelles ; Baader, Kieser, Schubert, Burdach, Gœrres, Krause ; parmi les seconds, Fichte, son ancien maître, Jacobi, Bouterweck, Krug, enfin Hegel, qui avait d’abord été l’un de ses plus fermes appuis. On peut consulter sur ce philosophe l’Histoire de la philosophie allemande de Wilm, Paris, 1846-1849, Schelling et la Philosophie de la Nature, par Matter, 1842 et 1845, et surtout la Notice historique lue en 1858 par M. Mignet à l’Institut, dont Schelling était associé. Un monument lui a été élevé à Munich.

SCHEMNITZ, v. de Hongrie (Houth), sur la Schemnitz, à 110 kil. N. de Bude ; 19 000 hab. École des mines, collége de Piaristes. Fabrique de faïence, pipes, vitriol. Patrie de l’astronome Hell. Aux env., mines d’or et d’argent, les plus riches de la Hongrie (de l’Europe peut-être), et qui occupent 12 000 ouvriers. — Il ne faut pas confondre cette ville avec Chemnitz, en Saxe. V. chemnitz.

SCHENCKEL (Thomas), mnémoniste, né en 1547, à Bois-le-Duc, m. en 1630, inventa des procédés de mémoire artificielle, parcourut l’Europe, vantant son art avec emphase, obtint quelques succès dans les universités de Louvain, Douay, Wurtzbourg, Paris; mais finit par perdre ses disciples, et mourut obscur en Allemagne. On a de lui : De Memoria libri II, réimprimé sous le titre de Gazophylacium artis memoriæ, Strasbourg, 1660, et traduit par Le Cuirot sous celui de Magasin des sciences, Paris, 1623

SCHENECTADY, v. des États-Unis (New-York), sur le canal d’Érié et la Mokawk, à 20 kil. N. O. d’Albany ; 10 000 h. Beau pont. Collége dit de l’Union. La ville fut fondée par les Hollandais vers 1620.

SCHÉRÉMÉTOV (Boris Pétrovitch, comte de), un des généraux de Pierre le Grand, conseilla au czar d’éviter tout engagement général avec Charles XII (1708), eut grande part à la victoire de Pultava (1709), suivit Pierre dans la campagne du Pruth, après laquelle il fut envoyé comme otage à Constantinople, conquit Riga et la Livonie sur les Suédois et défit le rebelle Stenko sur les bords de la mer Caspienne. Il m. en 1719. On a publié en 1774 les Lettres de Pierre le Grand à Schérémétov.

SCHÉRER (Barth. L. Jos.), général français né vers 1745 à Delle, près de Béfort, m. en 1804, était fils d’un boucher. Il servit d’abord en Autriche, déserta, et, après avoir mené à Paris une vie dissipée, entra dans l’armée française, où il était major en 1789. Il se distingua comme général de division à l’armée de Sambre-et-Meuse (1794), passa l’année suivante comme général en chef à l’armée d’Italie et remporta la victoire de Loano, mais ne sut pas profiter de sa victoire. Il devint ministre de la guerre en 1797; mais sa rapacité souleva d’unanimes accusations et il se vit promptement obligé de sortir du ministère. Il retourna en Italie, où il n’éprouva que des revers, et donna sa démission (1799). Nommé cependant inspecteur des troupes en Belgique, il fut accusé de nouveau, et se vit obligé de prendre la fuite. Après le 18 brumaire, il rentra dans l’obscurité. Il avait publié en 1798 un Précis de ses opérations en Italie.

SCHEUCHZER (J. J.), médecin et naturaliste, né en 1672 à Zurich, m. en 1733, parcourut l’Allemagne, fut nommé en 1696 médecin de la ville de Zurich, puis professeur de physique et d’histoire naturelle, et forma des collections scientifiques qui ont rendu d’éminents services à l’histoire naturelle. On cite surtout son Museum diluvianum, Zurich, 1716 ; Homo diluvii testis, 1726 ; Physique sacrée, Ulm (en all.) et Amst. (en franç.), 8 v. in-f., 1732-37. — Son frère, Jean Sch. (1684-1738), est connu comme botaniste. Il servit en Hongrie, fut secrétaire du comte de Marsigli, devint ingénieur du canton de Zurich (1712), secrétaire des États du comté de Bade (1732), professeur d’histoire naturelle à Zurich (1733). On estime son Agrostographia, Zurich, 1774.

SCHEYB (Fr. Christophe de), né en Souabe en 1704, m. en 1777, fut secrétaire du comte de Harrach, vice-roi de Naples, et mourut conseiller aulique. On lui doit, entre autres publications, une superbe édition de la Table de Peutinger, Vienne, 1753, in-fol., reproduite à Leipsick, 1824, in-fol.

SCHIAVONE (André medula, dit le), c.-à-d. le Slavon, peintre, né en 1522 à Sebenico en Dalmatie, m. à Vicence en 1582, fut protégé et employé par le Titien et le Tintoret. Son dessin est incorrect, mais le mouvement, le coloris, la composition décèlent partout en lui un grand peintre. Le musée du Louvre a de cet artiste une Tête de S. Jean Baptiste, qu’on a souvent attribuée à Raphaël.

SCHIEDAM, v. du roy. de Hollande (Holl. mérid.), sur la Schie, près de son embouch. dans la Meuse, à 7 kil. O. de Rotterdam ; 15 000 hab. Petit port, bourse, hôtel de ville et autres édifices. Eau-de-vie de grains. D’épais brouillards couvrent toujours cette ville.

SCHILLER (J. Christophe Frédéric), célèbre poëte allemand, né à Marbach (Wurtemberg) en 1759, m. en 1805, était fils d’un capitaine. Élevé d’abord par