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SAINT-POL (Waleran de LUXEMBOURG-LIGNY, comte de), d’une branche cadette de la maison de Luxembourg, né en 1355, entra d’abord au service du roi de France Charles V, fut fait prisonnier par les Anglais, se fit aimer pendant sa captivité d’une sœur du roi Richard II, Mathilde de Courtenay, et l’épousa. Charles VI le nomma ambassadeur en Angleterre, où il négocia la paix de 1396, puis gouverneur de Gênes (1397). Pendant la démence du roi, il prit parti pour le duc de Bourgogne, devint gouverneur de Paris (1410), et fut fait connétable en 1412. Il établit à Paris l’horrible milice dite des Écorcheurs, et remporta quelques avantages sur les Armagnacs, mais il se vit contraint de s’éloigner en 1413, avec les Bourguignons, et mourut en 1415. — Son neveu, Jean, comte de Luxembourg-Ligny, se montra également très-attaché aux ducs de Bourgogne et aux Anglais, gouverna Paris au nom du roi anglais Henri V de 1418 à 1420, fit Jeanne d’Arc prisonnière à Compiègne, 1430, et la livra aux Anglais moyennant 10 000 livres. Il refusa de signer le traité d’Arras (1435), qui, en réconciliant le duc de Bourgogne avec le roi, mettait fin à la guerre civile. Il allait être attaqué par Charles VII quand il mourut, 1440.

SAINT-POL (Louis de LUXEMBOURG, comte de), neveu du préc., né en 1418, s’attacha d’abord au Dauphin (depuis Louis XI), puis passa du côté du duc de Bourgogne, entra dans la Ligue du bien public, et fit la guerre à Louis XI, devenu roi. Ce prince, pour le ramener, le nomma connétable (1465), et lui fit épouser Louise de Savoie, sœur de la reine ; malgré cette faveur, St-Pol entretint à la fois des intelligences avec le duc de Bourgogne et avec les Anglais. Le roi, ayant eu connaissance de sa correspondance, se le fit livrer par le duc de Bourgogne, à la cour duquel ce traître s’était réfugié, et le fit juger. Il fut condamné à mort par le parlement, et eut la tête tranchée en 1475.

SAINT-PONS-DE-TOMMIÈRES, ch.-l. d’arr. (Hérault), sur le Jaur, à 126 kil. S. O. de Montpellier ; 6497 h. Trib., collége, petit séminaire. Église en marbre. Draps pour le Levant ; filature de laine. Anc. abbaye de l’ordre de St-Benoît fondée en 936 ; anc. évêché, depuis 1318 jusqu’en 1611.

SAINT-PORCHAIRE, ch.-l. de c. (Charente-Inf.), à 16 kil. N. O. de Saintes ; 1240 hab. Beau château gothique. Curieuses grottes aux environs.

SAINT-POURÇAIN, ch.-l. de c. (Allier), sur la Sioule, à 32 kil. N. de Gannat ; 5006 h. Anc. monastère. L’église renferme un remarquable groupe de l’Ecce-Homo. Vins estimés. Patrie de Durand de St-Pourçain, et berceau de la famille Séguier.

SAINT-PREST (J. YVES de), directeur des archives aux Affaires étrangères, m. en 1720, fut un des fondateurs de l’académie politique créée dans ce ministère en 1710. Il a laissé une Hist. des traités faits entre les diverses puissances de l’Europe depuis le règne de Henri IV jusqu’à la paix de Nimègue, 1726.

SAINT-PRIEST (Franç. Emmanuel GUIGNARD, comte de), ministre de Louis XVI, né à Grenoble en 1735, m. en 1821, servit en Allemagne et en Espagne, fut ambassadeur à Lisbonne, puis à Constantinople (1768-83), où il conçut le plan d’une expédition en Égypte, devint ministre de l’intérieur en 1789, après la prise de la Bastille, donna au roi, les 5 et 6 octobre, le conseil de repousser la force par la force, émigra en 1790, sollicita dans toutes les cours un appui pour les Bourbons, revint avec eux en 1814, et fut nommé pair en 1815. Sa Correspondance avec Louis XVIII a paru en 1845. — Un de ses fils, G. Emmanuel de St-Priest, né à Constantinople en 1776, prit du service en Russie, fit contre la France les campagnes de 1806 et années suivantes, entra en France avec l’armée ennemie, emporta Reims de vive force, mais fut tué peu après sous les murs de cette ville (1814).

SAINT-PRIEST (Alexis, comte de), né en 1805 à St-Pétersbourg, m. en l851, était petit-fils du ministre de Louis XVI, et fils d’Armand de St-Priest, qui avait épousé en Russie une princesse Galitzin et était devenu gouverneur de Kherson et de la Podolie. Sous Louis-Philippe, il se montra partisan zélé du gouvernement constitutionnel et des idées libérales ; il remplit pendant dix ans (1832-1842) diverses missions au Brésil, en Portugal, en Danemark, et fut à son retour nommé pair de France. On a de lui : Histoire de la Royauté (1842) ; Hist. de la suppression des Jésuites (1844) ; Hist. de la conquête de Naples par Charles d’Anjou (4 vol. in-8, 1847), ouvrage qui lui ouvrit en 1849 les portes de l’Acad. française.

SAINT-PRIVAT, vge près de Metz, où fut livrée une des plus sanglantes batailles du siége (18 août 1870).

SAINT-QUENTIN, l’Augusta Veromanduorum des anciens ? Quintinopolis ou Quintinianum en latin mod., ch.-l. d’arr. (Aisne), à 139 kil. N. de Paris par la route, à 171 par le chemin de fer, et à 51 k. N. O. de Laon, sur la r. dr. de la Somme ; 30 790 hab. (dont beaucoup de Protestants). Église calviniste, trib. de 1re inst. et de commerce, lycée, écoles de commerce et de dessin, chambre des arts et métiers, conseil de prud’hommes ; société des sciences et belles-lettres. Hôtel de ville d’architecture gothique, belle église. Rues larges et bien bâties, grande place publique carrée, vaste bassin qui sert de port, canal souterrain qui fait communiquer la Somme et l’Escaut, belles promenades. Nombreuses filatures de lin et de coton, calicot, linge de table, batiste, linon, basin, tulle, gaze, etc. ; huileries, fabriques de sucre indigène. Commerce de blés et de vins. Patrie de dom Luc d’Achéry, Omer Talon, Ramus, Charlevoix, Babeuf, du peintre Latour, qui y a une statue, du naturaliste Poiret, etc. — St-Q. remplace probablement Augusta Veromanduorum, capitale des Veromandui, que d’autres placent à Vermand, à 8 kil. O. de St-Quentin. La foi y fut prêchée dès le IIIe siècle par S. Quentin, dont elle reçut nom au IXe s. (V. QUENTIN). Évêché jusqu’au VIe s., elle devint au IXe la capitale du comté de Vermandois. Elle fut réunie à la couronne en 1215, et fortifiée. Cédée au duc de Bourgogne parmi les villes de la Somme par le traité d’Arras (1435), elle revint à la couronne en 1477. Elle fut prise par les Impériaux en 1557, après la bataille de Saint-Quentin ; rendue à la France par le traité de Cateau-Cam-brésis (1559). La culture du lin et des fabriques de linon y furent introduites en 1579 par Crommelin. Fortifications rasées en 1820. M. Gomart a donné l’Histoire de St-Quentin, 1357. Bataille du général Faidherbe contre les Allemands (19 janv. 1871).

SAINT-QUENTIN (Canal de), canal qui unit l’Oise à l’Escaut, et fait communiquer Paris avec le N. de la France et la Belgique, commence à Chauny (Aisne), reçoit le canal de la Somme, traverse, puis longe la Somme, baigne les murs de St-Quentin (qui lui donne son nom), arrose Lesdins, Riqueval, et se termine à Cambray. Longueur, près de 100 kil. — La partie entre l’Oise et St-Quentin est connue sous le nom de Canal de Crozat. Cette partie était achevée dès 1738 ; le reste fut exécuté de 1768 à 1810.

SAINT-QUIRIN, bourg du dép. de la Meurthe, à 17 kil. S. de Sarrebourg ; 2000 hab. Célèbre manufacture de glaces et de verres à vitres et à table.

SAINT-RAMBERT, ch.-l. de c. (Ain), sur l’Albarine, à 32 kil. N. O. de Belley ; 2597 h. Station. Toile commune dite de St-Rambert, filatures de laine et de soie, velours. Grotte curieuse aux environs.

SAINT-RAMBERT-D’ALBON, bg du dép. de la Drôme, à 40 k. N. de Valence. Station du chemin de fer de Lyon à la Méditerranée et point de départ de l’embranchement de Grenoble.

SAINT-RAMBERT-SUR-LOIRE, ch.-l. de c. (Loire), à 12 kil. S. E. de Montbrison ; 2545 h. Construction de bateaux. Station de chemin de fer. Aux env., forges.

SAINT-RAPHAËL, bourg du dép. du Var, à 33 kil. S. E. de Draguignan ; 1500 hab. Petit port de pêche. Bonaparte y débarqua à son retour d’Égypte (1799), et s’y embarqua pour l'île d’Elbe en 1814.

SAINT-RÉAL (César VICHARD, abbé de), historien,