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château de Meudon, termina la sculpture du tombeau de François I à St-Denis et fit le projet de celui de Henri II. Le Primatice donna une grande impulsion aux arts du dessin en France; il fut, en récompense, comblé de richesses par François I et par ses deux successeurs, et fut nommé en 1559 surintendant des bâtiments royaux. Le Louvre possède un tableau du Primatice, la Continence de Scipion; il n'existe plus de lui, comme peinture décorative, que la galerie de Henri II à Fontainebleau.

PRIMICIER, titre de dignité ecclésiastique. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

PRIMIPILAIRE, Primipilaris, centurion du 1er manipule d'une cohorte chez les anc. Romains. Il assistait au conseil de guerre et était spécialement chargé de veiller à la garde de l'aigle légionnaire.

PRINCE, Princeps, c'est-à-dire le chef, le premier, titre qui a reçu à diverses époques des applications fort différentes. Il fut d'abord le seul titre officiel des empereurs romains, qui n'osaient prendre le titre de roi : ce n'était sans doute qu'une abréviation du titre de Prince du sénat (V. ci-après).

Dans les temps modernes, on nomme princes du sang les fils ou parents du souverain (prince de Bourbon, de Condé, de Conti, prince Impérial, prince Napoléon, etc.). — On donne également ce titre aux souverains de certains petits États qui sont indépendants ou l'ont été et qui sont qualifiés principautés (comme ceux de Reuss, de Schwartzbourg, de Lippe, de Waldeck, en Allemagne; de Monaco, en Italie, etc.). — Quelquefois aussi prince n'est qu'un titre d'honneur, sans territoire et sans autorité réelle.

PRINCE DU SÉNAT, Princeps senatus. C'était à Rome celui des sénateurs que les censeurs, en dressant l'état du sénat, inscrivaient le 1er sur la liste. C'était le plus souvent un personnage consulaire et un des citoyens les plus considérés pour ses actions et ses vertus; depuis l'établissement de l'empire, ce fut toujours le prince régnant. Le Prince du sénat opinait le premier au sénat, après les deux consuls désignés. Il pouvait être changé à chaque cens, c.-à-d. tous les cinq ans.

PRINCE DES PRÊTRES. C'était chez les Juifs le grand prêtre en exercice.

PRINCE (Monsieur le). On désigne spécialement ainsi à partir du XVIe s. le chef de la maison de Bourbon-Condé. Louis XIV supprima ce titre en 1709 et le remplaça par celui de Monsieur le Duc.

PRINCE NOIR (le). V. ÉDOUARD, prince de Galles.

PRINCE HÉRÉDITAIRE (le). V. BRUNSWICK (Ch.-Guil.-Ferd., duc de), et GUILLAUME I.

PRINCE-DE-GALLES (île du), appelée aussi Poulo-Penang, île de l'Asie, à l'entrée du détroit de Malacca, a pour ch.-l. Penang; env. 60 000 hab. (Malais, Chinois, Bengalis et Européens); ch.-l., Georgetown. Cette île appartenait jadis aux Malais et faisait partie du roy. de Keddah. Elle fut donnée en dot en 1766 au capitaine anglais Light, qui avait épousé la fille du roi malais; celui-ci lui donna le nom qu'elle porte auj. et la vendit à la Compagnie des Indes, qui en fit une station pour les vaisseaux qui commercent avec la Chine.

PRINCE-ÉDOUARD (île du), dite aussi île St-Jean, île de l'Amérique du Nord, dans le golfe St-Laurent, au N. de la Nouv.-Écosse, a 195 kil. sur 60; 75 000 hab.; ch.-l., Charlotte's-town. Beaucoup de baies et ports. Climat sain, sol fertile; gros bétail; commerce de bois. — Cette île appartenait jadis à la France; elle fut cédée aux Anglais avec le Canada. Elle forme auj. un gouvt qui contient, outre l'île du Prince-Édouard, les îles de Cap-Breton et de la Madeleine.

PRINCIPAT. On nomme ainsi dans l'histoire romaine la période qui comprend les trois premiers siècles de l'empire, d'Auguste à Dioclétien (de 29 av. J.-C. à 287 de J.-C.), parce que pendant toute cette période les empereurs n'eurent d'autre titre officiel que celui de prince (princeps). Dioclétien le remplaça par celui d’Auguste, qui était déjà employé précédemment, mais sans avoir un sens bien précis.

PRINCIPAUTÉ CITÉRIEURE et PRINCIPAUTÉ ULTÉRIEURE, nom de 2 prov. du roy. d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples, la 1re sur la mer Tyrrhénienne et au S., la 2e dans les terres et plus au N., toutes deux ayant au N. la Basilicate. La Princip. Citéneure a 6120 kil. carrés et env. 600 000 hab. ; ch.-l., Salerne. La Pr. Ultérieure a 4820 kil. carrés et env. 400 000 hab. ; ch.-l. Avellino. Sol sablonneux et pourtant productif; vins et fruits renommés, gros bétail, buffles et abeilles. La 1re de ces provinces, qu'on nomme aussi Principauté de Salerne, répond à une partie de la Campanie, du Picenum et de la Lucanie des anciens, la 2e comprend une partie de l'anc. Samnium. Le climat de la 1re est peu salubre.

PRINCIPAUTÉS DANUBIENNES : ce sont la Valachie et la Moldavie, arrosées toutes deux par le Danube.

PRIOR (Matth.), poëte et diplomate anglais, né en 1664 à Wimborne (comté de Dorset), m. en 1721, était fils d'un menuisier de Londres. Le comte de Dorset, ayant remarqué ses dispositions studieuses, se chargea de son éducation, puis le présenta à la cour. Prior fut successivement secrétaire d'ambassade à La Haye (1690), au congrès de Ryswyk (1697), à la cour de France, remplit plusieurs négociations secrètes, vint de nouveau à Versailles avec Bolingbroke en 1712 et prépara avec lui la paix d'Utrecht. Après le départ de ce seigneur, il garda jusqu'en 1715 le titre et les fonctions de ministre plénipotentiaire. Étant retourné en Angleterre au moment où triomphait le parti whig, opposé à celui qui l'avait nommé, il fut emprisonné pendant 2 ans comme suspect d'avoir agi en faveur du prétendant, puis il se retira dans sa terre de Downhall. Ses Œuvres complètes ont été publiées à Londres en 1733, 5 v. in-12. Prior chante le plus souvent des sujets nationaux (les victoires de Blenheim, de Ramillies, la reprise de Namur, etc.); on remarque aussi ses contes et les deux poëmes intitulés : Histoire de l'âme et Salomon ou Vanité du monde : ce dernier est son meilleur ouvrage. On trouve dans ses poésies peu d'imagination, mais beaucoup de correction, de facilité, d'esprit et d'art (elles ont été traduites par l'abbé Yart).

PRIPET, riv. de la Russie d'Europe, naît dans le gouvt de Volhynie, coule au N. E., puis à l'E., sépare le gouvt de Grodno de celui de Minsk, traverse les immenses marais de Pinsk; se dirige ensuite au S. E., entre dans le gouvt de Kiev, et se jette dans le Dniepr, par la r. dr., après un cours de 630 kil. Il reçoit le Vijovka, le Styr, l'Ouj, la Pina, le Morotch et le Plitch.

PRISCIEN, Priscianus, grammairien latin, natif de Césarée en Palestine, tenait à Constantinople en 525 une école fameuse. Son principal ouvrage est sa Grammaire (Commentariorum grammaticorum libri XVII, publ. à Venise, 1470, et à Leips., 1855-58 par Martin Hertz), qui a été la base de l'enseignement jusqu'à la renaissance des lettres. On a en outre de lui quelques autres petits écrits sur des sujets de grammaire (accents, mètres, déclinaisons), réunis par Lindemann sous le titre d’Opera minora (Leyde, 1818), un traité en vers De ponderibus et mensuris, une trad. en vers de Denys le Périégète, l’Éloge d'Anastase, etc. Ses Œuvres complètes ont été publiées par Krehl, Leipsick, 1819-20, 2 vol. in-8. Plusieurs de ses petits ouvrages ont été traduits par Corpet, dans la Bibliothèque lat.-française de Panckoucke, 2e série, 1845.

PRISCILLIEN, hérésiarque espagnol du IVe s., issu d'une noble famille, renouvela les doctrines des Manichéens et des Gnostiques, en y ajoutant de nouvelles erreurs. Il prétendait que l'âme humaine est de même nature que la divinité, que le monde est l'œuvre d'un mauvais principe, que le démon n'a pas été créé, etc. Il tenta en vain de se justifier à Rome, près du pape Damase, fut cité à comparaître au concile de Bordeaux, et, ayant formé appel à César, fut conduit à Trêves, devant Maxime, qui régnait alors sur la Gaule et l'Espagne. Il y fut condamné à mort,