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PORTA (J. B.), physicien, né à Naples en 1540, m. en 1615, voyagea en Italie, en Espagne, en France, fonda à Naples l'académie des Secreti, que le pape Paul III supprima comme s'occupant d'arts illicites, fit beaucoup d'expériences d'optique et découvrit la chambre obscure. A côté de puérilités et de bizarreries, ses ouvrages offrent beaucoup d'observations remarquables. Les principaux sont : Magia naturalis, Naples, 1589 (en partie trad. en franç., Lyon, 1630); De furtivis litterarum notis, vulgo ziforis (l'art d'écrire en chiffres), 1563; De humana physiognomia, 1586; De cœlesti physionomia, 1601; Ars reminiscendi, 1602; De munitione, 1608 (c'est un traité de fortification); De aeris transmutationibus, 1609, etc. On a aussi de lui 14 comédies, 2 tragédies, et une tragi-comédie, imprimées sous le titre d’Œuvres dramatiques, Naples, 1726.

PORTA (Jacq. DELLA), architecte, élève de Vignole, né à Milan vers 1530, m. à Rome en 1595, s'était fixé dans cette ville. Il y fit construire la chapelle Grégorienne, le petit temple des Grecs, l'église Notre-Dame de' Monti, fut nommé, après la mort de Vignole, architecte de St-Pierre de Rome, acheva, avec Fontana, la célèbre coupole de cet édifice (1590), mais en la rendant plus elliptique, bâtit la façade de St-Pierre aux Liens et celle de St-Louis des Français, et éleva à Frascati la villa Aldobrandini (connue depuis sous le nom de Belvédère). — Son neveu, le P. Guillaume della P., habile sculpteur, est auteur du beau mausolée de Paul III à St-Pierre de Rome. — Les frères J. B. et Thomas della P., ses parents, sa firent aussi un nom dans la sculpture; on a du 1er le S. Dominique colossal de Ste-Marie-Majeure, à Rome, et le Christ donnant les clefs à S. Pierre, de l'église Ste-Pudentienne; du 2e le S. Pierre et le S. Paul placés sur les colonnes Antonine et Trajane.

PORTAL (Ant.), médecin, né en 1742 à Gaillac (Tarn), m. en 1832, étudia à Montpellier, vint de bonne heure se fixer à Paris, et ne craignit pas, pour se faire une brillante clientèle, de recourir à de petites ruses qui tenaient du charlatanisme. Il fut de bonne heure admis dans la société de Franklin et de Buffon, entra à l'Académie des sciences en 1769, fut nommé en 1770 prof. au collége de France, et devint sous la Restauration médecin de Louis XVIII et président de l'Académie de médecine. Il a publié un grand nombre d'ouvrages, parmi lesquels on remarque son Histoire de l'anatomie et de la chirurgie, Paris, 1770-73, 7 v. in-8, et son Anatomie médicale, 1803, 5v. in-8. Il donnait l'anatomie pour base à la médecine aussi bien qu'à la chirurgie.

PORTALÈGRE, Portus Alacer, v. forte du Portugal (Alentejo), à 100 kil. N. E. d'Evora; 6000 h. Vieux château. Évêché suffragant de Lisbonne. — Ville du Brésil, ch.-l. de la prov. de Rio-Grande-do-Sul, à 1170 kil. S. O. de Rio-de-Janeiro, sur la r. g. du Jacuhy. École latine; chantiers de construction.

PORTALIS (J. Ét. Marie), né en 1745, au Beausset en Provence, m. en 1807, fut reçu avocat au parlement d'Aix à 21 ans, plaida contre Beaumarchais et contre Mirabeau, se fit remarquer par plusieurs Mémoires, dont un Sur la validité des mariages de Protestants, et fut mis à la tête de l'administration de sa province peu avant la Révolution. Incarcéré sous la Terreur, il fut élu en 1795 député de Paris au Conseil des Anciens; porté sur la liste des proscrits du 18 fructidor pour s'être opposé aux mesures violentes du Directoire, il se réfugia en Allemagne (1797), mais il revint dès 1800 et fut aussitôt appelé au Conseil d'État. Il prit une grande part à la rédaction du Code civil, négocia le Concordat (1801), fut nommé en 1802 directeur des affaires ecclésiastiques, titre qu'il échangea en 1804 contre celui de ministre des cultes, tint en même temps le portefeuille de l'intérieur, et resta en fonction jusqu'à sa mort. Il était membre de l'Institut (Académie Française). Sa conduite en toute occasion fut pleine de sens, de droiture, de philanthropie. Il a laissé un traité fort estimé sur l’Usage et l'abus de l'esprit philosophique pendant le XVIIIe s., publ. en 1810 par son fils, et des Discours et Rapports (sur le Code civil et le Concordat), réunis par son petit-fils, 1844-45.

PORTALIS (Joseph), magistrat et homme politique, fils du préc., né en 1778 à Aix, m. en 1859, seconda son père dès 1806 en qualité de secrétaire général, fut, après la mort de ce ministre (1807), conservé à la tête de l'administration et nommé conseiller d'État et comte de l'Empire, devint en 1810 directeur général de la librairie, mais s'attira l'année suivante une éclatante disgrâce pour avoir laissé publier un bref du pape contraire aux intentions de l'Empereur. Rappelé par Louis XVIII au Conseil d’État, il fut envoyé en 1818 à Rome comme chargé d'une mission délicate relative au Concordat (1818); à son retour, il fut élevé à la pairie. Il présidait une des chambres de la cour de cassation, lorsqu'il fut appelé, en 1827, a faire partie du ministère conciliateur de Martignac comme ministre de la justice; après la chute de ce ministère (1829), il fut nommé premier président de la cour de cassation; en 1852, il devint sénateur. On lui doit la publication de l'ouvrage de son père sur l’Esprit philosophique, auquel il ajouta une excellente introduction. Il était depuis 1839 membre de l'Académie des sciences morales; M. Mignet y a lu en 1860 sa Notice historique.

PORT-AU-PRINCE, auj. Port-Républicain, capit. de l'île d'Haïti et ch.-l. du dép. de l'Ouest, sur la côte O. de l'île, au fond de la baie des Gonaïves; 30 000 h. Siége du gouvernement, cour de cassation, cour des comptes, trib. de 1re inst. et de commerce; lycée, école militaire, école de médecine; arsenal, monnaie. La ville est bien percée; la plupart des rues sont larges de 20 à 23 mèt. Presque toutes les maisons sont en bois, à cause des tremblements de terre; la chaleur y est extrême, ce qui, joint aux marais voisins, en rend le séjour malsain. On remarque la place d'armes, l'église catholique, le lazaret, l'hôtel de ville; l'aqueduc. Exportation de café, sucre, cacao, coton, acajou, tabac, bois de teinture, peaux, écailles, gingembre, cire, etc. — Fondée par les Français en 1745, cette ville fut détruite en 1770 par un tremblement de terre. Relevée presqu'aussitôt, elle fut en grands partie brûlée en 1791; elle éprouva encore depuis (notamment en 1830) plusieurs secousses de tremblement de terre qui y ont fait de grands ravages. Patrie de Pétion et de Boyer.

PORT-BOURBON, dit aussi le Grand-Port, v. et port de l'île Maurice, sur la côte S. E.; c'est le plus ancien établissement de l'île; les Hollandais y avaient leur ch.-l. en 1598. L'amiral Duperré battit les Anglais en vue du Grand-port en 1810.

PORT-CASTRIES, ch.-l. de l'île Ste-Lucie (Antilles anglaises), sur la côte N. O.; 6000 hab.

PORT-CROZ, une des îles Hyères. V. HYÈRES.

PORT-DE-FRANCE, v. et port de la Nouv.-Calédonie, sur la côte O. de l'île, est la résidence du gouverneur français. Port commerçant.

PORT-D'ESPAGNE, v. et port de l'île de la Trinité (Antilles anglaises), ch.-l. de l'île, sur le golfe de Paria, vers l'embouch. du Caroni, par 63° 49' long. O., 10° 38' lat. N.; 8000 hab. Port sûr.

PORTE (la) ou la SUBLIME-PORTE, nom officiel que donnent les Ottomans à la cour du sultan. Mostasem, le dernier des califes abbassides, ayant fait enchâsser sur le seuil de la principale porte de son palais, à Bagdad, un morceau de la célèbre pierre noire que les fidèles adorent dans le temple de la Mecque, cette porte devint la Porte par excellence. Depuis, cette dénomination s'est étendue à l'empire des Ottomans, successeurs de la puissance des califes.

PORTE-GLAIVE (Chevaliers), Ensiferi en latin, ordre religieux et militaire fondé en 1201 par Albert d'Apeldern ou de Büxhoff, évêque de Livonie, pour conquérir les pays encore habités par les païens, était modelé sur celui du Temple. Il s'appela d'abord ordre des Frères de la milice du Christ; on les