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la fuite, comme il l’avoue lui-même, et revint à Rome, où la perte d’une partie de ses biens le força à se créer des moyens d’existence ; il y acheta une charge de scribe ou secrétaire du trésor, qui lui laissait le loisir de se livrer à la poésie. Il se fit bientôt remarquer de Varius et de Virgile, qui le présentèrent à Mécène, et ensuite à Auguste. Celui-ci lui fit rendre son patrimoine, le combla de bienfaits et voulut l’élever aux honneurs. Horace refusa constamment et n’accepta pas même la place de secrétaire de l’empereur. Il passait une grande partie de sa vie à la campagne, dans la Sabine, à sa terre d’Ustica près de Tibur, dont Mécène lui avait fait présent ; c’est là qu’il composait ses poésies. Il mourut âgé de 57 ans, six semaines après Mécène, auprès duquel il fut enseveli. Horace était aimable, modeste, paisible, sans ambition. Comme philosophe il était épicurien ; mais, de même qu’Épicure, il faisait consister le bonheur dans l’usage modéré des biens de la vie, et recommandait la pratique des vertus. On l’accuse d’avoir flatté Auguste ; mais il pouvait préférer de bonne foi un gouvernement monarchique et paisible à une république turbulente ; d’ailleurs il n’a loué dans Auguste que ce qu’il y avait de louable, et il nomme souvent, avec l’accent de l’admiration, les ennemis mêmes de César : Pompée, Antoine, Brutus, Caton. Comme poëte, Horace est incontestablement un des plus beaux génies de l’antiquité. Il nous reste de lui 4 livres d’Odes, un d’Épodes, 2 de Satires, 2 d’Épîtres, et l’Art poétique. Dans ses odes, il se montre tour à tour brillant, énergique et sublime comme Pindare, naïf, délicat et gracieux comme Anacréon ; il y imite souvent le rhythme des poëtes grecs, surtout d’Alcée, d’Archiloque, de Sapno. Ses satires et ses épîtres sont le modèle de l’urbanité, de la raillerie douce et bienveillante ; presque tous ses vers sont devenus proverbes. Il est à regretter seulement qu’il brave quelquefois l’honnêteté. Son Art poétique, que Boileau a imité en le développant, est encore aujourd’hui le code des hommes de goût. Horace a eu de nombreux commentateurs chez les anciens, entre autres Acron, Porphyrion, Æmilius, Terentius Scaurus. On a une foule d’éditions et de traductions de ses œuvres. L’édition princeps parut à Milan en 1470, petit in-fol. Les éditions les plus recherchées sont celles de D. Heinsius, Anvers, 1605, et de Jean Bond, Londres, 1606 ; l’éd. Variorum, donnée par Schrevelius, Leyde, 1653 ; Ad usum Deiphini, Paris, 1691 ; de Jouvency, Paris, 1696 ; de Bentley, Cambridge, 1700 et 1728 ; de Bodoni, Parme, 1791 ; de P. Didot, in-f., Paris, 1799 ; de Baxter, revue par Gessner et Zeun, Leipsick, 1802 ; de Mitscherlich, Leipsick, 1800 ; d’Orell, Zurich, 1838. Parmi les traductions françaises en prose, on estime celles de Dacier, Paris, 1691 ; de Sanadon, 1728 ; de Le Batteux, 1750 ; de Binet, 1783 ; de Campenon, 1821 ; de Goubaux et Barbet, 1827 ; de Patin, de J. Janin, de Cass-Robine, 1860. Les poésies d’Horace ont été trad. en vers par Daru, 1804, Ragon, 1831-37, Duchemin, 1839, Goupil, 1855, H. Cournol, 1858, E. Boulard, 1861 ; les odes seules par Vanderbourg, 1812 ; A. de Wailly, 1817 ; L. Halévy, 1824 ; Michaux, 1842, J. Lacroix, 1848, Anquetil, 1850, etc. On doit à Walckenaër l’Hist. de la vie et des poésies d’Horace, 1840, à Noël Desvergers des Études sur Horace, et à M. Pérennès des Études critiques et littéraires.

HORACES, nom de trois frères romains qui, sous Tullus Hostilius, vers 667 av. J.-C., combattirent pour Rome contre les trois Curiaces, champions de la ville d’Albe, en présence de l’armée des Romains et de celle des Albains, pour décider lequel des deux peuples commanderait à l’autre. Deux des Horaces ayant été tués au commencement de l’action, le 3e feignit de s’enfuir, et, voyant les Curiaces, déjà affaiblis par leurs blessures, le suivre à des distances inégales, il revint sur eux et les vainquit l’un après l’autre. Irrité des reproches que lui adressait sa sœur Camille, qui pleurait un des Curiaces, son fiancé, il la tua ans sa colère. On le traîna aussitôt devant les juges, qui le condamnèrent à mort ; mais il en appela au peuple, qui lui fit grâce en considération de sa victoire ; il fut seulement obligé de passer sous le joug. On sait que P. Corneille a mis cet événement sur la scène dans sa tragédie d’Horace, l’un de ses chefs-d’œuvre.

HORAPOLLO ou HORUS APOLLO, grammairien grec, né vers la fin du IVe s. de J.-C., près de Panople en Égypte, professa, dit-on, la grammaire et les belles-lettres à Constantinople et Alexandrie, du temps de Théodose. On a sous son nom un livre intitulé Hieroglyphica, qui paraît être traduit de l’égyptien, et dans lequel on explique plusieurs hiéroglyphes. Il a été publié par J. Corn. de Pauw à Utrecht, 1727, grec-latin, par Leemans, Amst., 1735, et par Alex. Turner, avec planches et trad. anglaise, Londres, 1840. Il a été traduit en français par Réquier, 1779, et a été l’objet d’un savant Mémoire de Ch. Lenormant, 1818. Cet ouvrage a été de quelque secours à Champollion pour l’explication des hiéroglyphes.

HORATIUS COCLÈS (P.), héros des premiers temps de Rome, défendit seul contre l’armée de Porsena (507 av. J.-C.) l’entrée du pont Sublicius, pendant que ses compagnons le détruisaient derrière lui ; quand le pont fut rompu, il se jeta dans le fleuve tout armé, et rentra à la nage dans Rome sain et sauf. Coclès veut dire borgne : ce surnom avait été donné au brave Horatius parce qu’il avait perdu un œil dans un combat.

HORDE, mot qui vient du tartare orto ou ordo, signifie tente, et par extension famille.

HORDE D’OR (la). V. TARTARES et KAPTCHAK.

HOREB, célèbre montagne de l’anc. Arabie, dans l’Arabie-Pétrée, à l’O. et non loin du mont Sinaï, par 18° 33′ lat. N. et 31° 42′ long. E., a 2477m de hauteur. C’est là que Moïse vit Dieu dans un buisson ardent, et qu’il fit jaillir l’eau d’un rocher. Élie s’y réfugia pour éviter les persécutions de Jézabel. Au pied de la montagne est auj. un monastère.

HORMISDAS, nom de 4 princes de la dynastie des Sassanides qui régnèrent sur la Perse, le 1er  en 271 et 272 : il favorisa l’hérésie de Manès ; le 2e de 303 à 311 ; le 3e de 457 à 460 : il fut détrôné par son frère Pérosès (aussi quelques-uns ne le comptent-ils pas) ; le 4e (compté pour IIIe), de 579 à 590. Ce dernier, petit-fils de Chosroës le Grand, se laissa vaincre par les Grecs et les Tartares, perdit les conquêtes que son père avait faites, et mécontenta tellement ses sujets qu’ils le détrônèrent et le mirent à mort. Le nom perse d’Hormisdas est Hormus ou Ormuzd.

HORMISDAS, pape de 514 à 523, né à Frosinone, se fit remarquer par son zèle contre les Eutychéens.

HORMUS. V. HORMISDAS et ORMUS.

HORN ou HOORN, v. et port du roy. de Hollande (Hollande sept.), sur le Zuyderzée, à 32 kil. N. E. d’Amsterdam ; 10 000 hab. Arsenal, hôtel de ville, hôtel de l’amirauté : armements maritimes, Commerce jadis très-important, auj. déchu. Patrie du navigateur G. Schouten, de J. Caen, fondateur de Batavia. — Horn fut presque engloutie par une inondation en 1557. Prise par les Anglais en 1799, elle fut évacuée après leur défaite à Alkmaar. C’est à Horn qu’on fabriqua les premiers filets pour la pêche du hareng.

HORN, v. de Belgique. V. HORNES.

HORN (cap), cap situé à l’extrémité S. de l’Amérique mérid., est dans une petite île voisine de la Terre de Feu, par 70° 6′ long. O., 55° 55′ lat. S. Ce cap fut découvert en 1578 par Drake et revu en 1616 par Guill. Schouten, qui lui donna le nom de Horn, sa ville natale.

HORN (Gustave, comte de), général suédois, né en 1592, mort en 1657, fut un des meilleurs généraux de Gustave-Adolphe. Il commandait l’aile gauche de l’armée suédoise à la bataille de Leipsick (1631), et contribua beaucoup à la victoire. Après la mort de Gustave à Lutzen (1632), il marcha en Souabe avec une portion de l’armée, et se joignit au duc de Weimar. Il fut fait prisonnier en 1634, à la bataille de Nordlingen, qui avait été donnée contre son avis, et ne recouvra la liberté qu’en 1642. Il rendit depuis de grands services à la reine Christine dans la guerre