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à lui que Virgile adresse sa 4e églogue et Horace la 1re ode du IIe livre. C'est lui qui établit la première bibliothèque publique à Rome. Comme orateur, on le plaçait immédiatement après Cicéron et sur la même ligne que César. Il jouissait aussi d'une grande réputation comme homme de goût, et les meilleurs écrivains soumettaient leurs œuvres à sa critique.

POLLUX, frère de Castor. V. CASTOR.

POLLUX, Julius Pollux, sophiste et grammairien grec, né à Naucratis en Égypte vers l'an 130 de J.-C., m. en 188, se fit un nom à Rome, fut un des précepteurs de Commode, puis alla remplir à Athènes la chaire publique d'éloquence, et mourut dans cette ville. De divers ouvrages qu'il avait composés, il ne nous reste qu'un Lexique en 10 livres, intitulé Onomasticon, ouvrage où les mots sont disposés, non dans l'ordre alphabétique, mais selon l'analogie du sens. Les meilleures éditions de l’Onomasticon sont celles de Léderlin et Hemsterhuys, Amst., 1706, de G. Dindorf, Leips., 1824, et d'E. Bekker, Berlin, 1846. — Un autre J. Pollux, historien grec qui vivait sous Valens (364), a donné une Chronique qui va de l'origine du monde au règne de Valens, et qui a été publ. à Munich en 1792, avec traduction latine.

POLO (Marco) ou MARC-PAUL, fameux voyageur vénitien, né en 1252 ou 1256, m. vers 1323, accompagna son père et son oncle dans un voyage de commerce qu'ils avaient entrepris à la cour de Koublaï, grand-khan des Mongols. Il plut à ce prince qui le retint 17 ans à son service et l'employa dans des missions lointaines, dont il s'acquitta avec autant d'intelligence que de fidélité : il eut ainsi l'occasion de visiter des contrées qui étaient restées jusque-là inconnues aux Européens, la Tartarie, la Chine, l'Indo-Chine, le Japon. Après avoir traversé toute l'Asie, il revint en Europe par les îles de la Sonde, l'océan Indien et la Perse jusqu'à Trébizonde et Constantinople. De retour en Europe, en 1295, avec de grandes richesses, il arma à ses frais et commanda une des galères vénitiennes pendant la guerre de Curzola; mais il fut pris par les Génois et ne revit sa patrie qu'après plusieurs années de captivité. C'est pendant cette captivité qu'en 1298 il dicta ou fit rédiger la relation de ses Voyages. La relation de Marco-Polo, renfermant une foule de faits extraordinaires, fut accueillie avec incrédulité par ses contemporains, mais les progrès de la science sont venus la confirmer et elle est justement regardée comme un des plus précieux monuments géographiques que nous possédions. On est incertain sur la langue dans laquelle elle a été rédigée originairement : quoiqu'il semble qu'elle ait dû l'être avant tout dans le dialecte vénitien, que parlait l'auteur, des découvertes récentes établissent que la 1re rédaction en aurait été faite en français (dans le dialecte picard). Quoi qu'il en soit, elle existe en italien, en latin, en français, en portugais, en espagnol, en allemand, en anglais. La 1re édition latine est présumée être de Venise ou de Rome, 1484, mais elle ne porte ni date ni indice de lieu. La 1re édition italienne est de Venise, 1496. La meilleure traduction française est celle qui forme le tome I du Recueil des Voyages et Mémoires de la Société de géographie de Paris, publié en 1824. M. G. Pauthier a donné une édition du vieux texte français, qu'il considère comme la rédaction originale, 1865, 2 vol. in-8.

POLO (Gil), poëte espagnol. V. GIL-POLO.

POLOGNE, ancien État de l'Europe, dont les bornes ont beaucoup varié, et qui, dans sa plus grande étendue, embrassa le pays compris entre l'Oder à l'O., le Dnieper à l'E., la Baltique au N., et la mer Noire au S., de 47° à 58° lat.N. et de 13° à 30° long. E.,ayant environ 1200k. sur 1000. Il avait pour capitale Varsovie, et comptait de 12 à 15 millions d'hab. Outre la Courlande, qui, bien que régie par des ducs, était un fief polonais, et la Prusse occidentale ou Poméranie, on y distinguait trois grandes masses : la Grande-Pologne, la Petite-Pologne, la Lithuanie, lesquelles étaient subdivisées comme suit :

Posnanie (palatinat de), Posen.
Gnesne (palat. de), Gnesne.
Kalich (palat. de), Kalich.
Sieradie (palat. de), Sieradz.
Vieloun (pays de), Vieloun.
Lentchits (palat. de), Lentchits.
Grande-Pologne Rava (palat. de), Rava.
Brzests en Cujavie (palat. de), Brzests.
Inovraclav (palat de), Inovraclav.
Mazovie (palat. de), Varsovie.
Plotsk (palat. de), Plotsk,
Dobrzin (palat. de), Dobrzin.
Cracovie (palat. de), Cracovie.
Sandomir (palat. de), Sandomir.
Lublin (palat. de), Lublin.
Sévérie (duché de), Siewierz.
Podlachie ou Bielsk (pal. de), Bielsk.
Petite-Pologne Chelm (pays de), Chelm.
Podolie (palat. de), Kamienietz.
Bratslav (palat. de), Bratslav.
Kiev (palat. de), Zitomierz.
Volhynie (palat. de), Vlodzymirerz.
Vilna (palat. de), Vilna.
Troki (palat. de), Troki.
Minsk (palat. de), Minsk.
Polotsk (palat. de), Polotsk.
Lithuanie Vitebsk (palat. de), Vitebsk.
Mstislav (palat. de), Mstislav.
Novogrodek (palat. de), Novogrodek.
Brzests en Polésie (palat. de), Brzests-Litovk.
Samogitie (duché de), Rossiena.

La Pologne n'est guère qu'une plaine immense; elle est arrosée par plusieurs grands fleuves : la Vistule, le Niémen, le Dniestr et le Dniepr. L'air y est froid, mais sain; le sol est inégalement fertile : au S. E. les grains abondent; la Lithuanie a d'immenses forêts, la Samogitie produit du lin en quantité. Beaux pâturages, bétail, gibier, élans, bisons, buffles (en Lithuanie et Mazovie), beaucoup de chevaux sauvages; castors, loutres, ours, loups-cerviers, etc. Cuivre, plomb, fer, houille, immenses mines de sel (à Bochnia et Wielicza); albâtre, marbre, soufre, salpêtre, pierres à chaux et à bâtir. La population de la Pologne se divisait en nobles (ou ordre équestre), bourgeois et paysans. Ceux-ci étaient presque tous serfs; les nobles avaient sur eux droit de vie et de mort; ils pouvaient seuls posséder des terres et étaient seuls admis à exercer les droits politiques. La forme du gouvernement de la Pologne, dans les derniers siècles de son existence, était très-vicieuse : la couronne, d'abord héréditaire, finit par devenir élective (1572); elle pouvait se donner même à des étrangers; le roi n'avait point le droit de lever des armées, de faire la guerre, de conclure la paix, de former des alliances : la diète seule avait ce pouvoir; l'élection du roi était faite dans des diètes qui se tenaient à cheval et en armes, dans une plaine située sous les murs de Varsovie; tout noble adulte pouvait voter dans les diètes; un seul vote négatif empêchait toute proposition de passer (c'est ce qu'on appelait le liberum veto) : d'où l'impossibilité de rien décider légalement. Le sénat, plus puissant que le roi, n'avait cependant lui-même que peu d'autorité. Après ce corps venaient les palatins, les starostes et les castellans qui, bien que peu dépendants du pouvoir central, n'avaient qu'un pouvoir assez restreint dans les provinces et districts. La religion dominante était le Catholicisme et le clergé catholique était fort riche (il possédait les deux tiers des terres); mais on comptait beaucoup de dissidents, Luthériens, Sociniens, Grecs non unis, qui longtemps furent traités avec une grande intolérance, et surtout beaucoup de Juifs, qui au contraire jouissaient d'une assez grande liberté; aussi avait-on surnommé la Pologne le Paradis des Juifs. Les Polonais sont de race slave. La vivacité de leur esprit, leur caractère liant et sociable les ont fait surnommer les Français du Nord.

Histoire. Les pays qui formèrent depuis la Polo-