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Doria à l'embouchure du Bosphore de Thrace (1352), et battit à son tour Grimaldi à la pointe de Lolera (Sardaigne). Surpris dans Porto-Longo, près de Modon, par Paganino Doria, il fut fait prisonnier avec toute sa flotte et conduit à Gênes (1354). — Victor P., fils ou neveu du préc., amiral vénitien en 1378, gagna sur les Génois la bataille d'Anzio, les chassa de l'Adriatique, punit les rebelles de Dalmatie et reprit aux Hongrois Cattaro, Sebenico, Arbo; mais, n'ayant plus que des équipages affaiblis, il fut battu à Pola par Lucien Doria (1379) : il fut, à la suite de ce revers, mis en prison par le Sénat. Rendu à la liberté lorsque les Génois furent devenus maîtres de Chiozza, il changea subitement la fortune et força les Génois à se rendre avec tous leurs vaisseaux (1380). Il mourut la même année à Manfredonia.

PISATELLO, riv. de l'Italie, est l'anc. Rubicon.

PISAURE, Pisaurum, auj. Pesaro, v. de l'Italie anc., chez les Senones, à l'embouoh. du Pisaurus (auj. Foglia), près et au S. E. d'Ariminum, reçut une colonie romaine en 184 av. J.-C. Détruite par Totila, elle fut relevée par Bélisaire.

PISE, Pisa, anc. capit de l'Élide, sur l'Alphée, forma longtemps un petit État, où régnèrent Œnomaüs et Pélops. Les habitants de Pise étaient maîtres d'Olympie et avaient l'intendance des jeux olympiques. Élis, qui convoitait ce privilège, s'unit à parte contre Pise, et la ville fut détruite pendant la 3e guerre messénienne pour s'être déclarée en faveur des ilotes insurgés (456 av. J.-C.). Il ne restait plus de vestiges de Pise dès le temps de Strabon. Le lieu qu'elle occupait se nomme auj. Miraka.

PISE, Pisa et Pisæ en latin, Pisa en italien,v. de Toscane, ch.-l. de la prov. de Pise, sur l'Arno, à 11 k. de son embouchure et à 80 kil. O. de Florence; 24 000 hab. (elle en compta 150 000 au moyen âge). Archevêché, cour d'appel; trib. de 1re inst.; consistoire israélite et synagogue; université célèbre, fondée en 1343, restaurée par les Médicis en 1472 et 1542, avec Facultés de droit, de théologie, de médecine et des sciences physiques; observatoire, bibliothèque, jardin botanique et collections diverses; colléges Ferdinando, Puteano, Ricci; école de sourds-muets; académie des beaux-arts. Pise est une des plus belles villes de l'Italie et renferme de nombreux édifices : on remarque la cathédrale, du XIe s., vaste et magnifique; près d'elle est la fameuse Tour penchée, haute de 59m et inclinée de 5m sur sa base (c'est du haut de cette tour que Galilée fit ses expériences sur la pesanteur); le Baptistère, le Campo-Santo ou cimetière, avec de vieilles fresques qu'on admire encore, la Loge des Marchands, l'anc. palais grand-ducal, le palais et l'église des Chevaliers de St-Étienne, le grand hôpital, la place del Cavaliere, les quais, les avenues. La ville, entourée de murailles autrefois fortifiées, est auj. défendue par 2 citadelles. Elle communique avec Florence par un chemin de fer. La fête de San-Ranieri, dite vulgairement Luminara, attire tous les trois ans à Pise un concours immense. Aux env., eaux thermales sulfureuses de St-Julien renommées, et superbe Chartreuse. Patrie du pape Eugène III, d'Ugolin, des architectes Jean et Nicolas de Pise, de Fibonacci, dit Léonard de Pise, de Galilée. — Pise, d'abord Teuta, fondée par les Sicules, fut nommée Pise par les Tyrrhéniens ou Lydiens, d'un mot de leur langue qui signifie port en croissant. Strabon et Pline disent qu'elle fut fondée après le siége de Troie par des habitants de la Pise d'Élide. Elle n'appartint point aux lucumonies des Étrusques, bien que ce peuple y ait laissé des traces de son séjour. Son développement date du 2e siècle av. J.-C. : elle devint alors colonie romaine; Auguste lui donna le nom de Julia Obsequens; Adrien et Antonin l'embellirent. Sa position (elle était alors tout près de la mer) et ses bains (aquæ Pisanæ) la rendirent longtemps florissante et riche. Ruinée par les Goths, soumise ensuite aux Lombards, elle se releva bientôt et prospéra sous la domination grecque. Devenue libre en 888, elle se gouverna dès lors en république. Elle fut, du Xe au XIIIe s., une des premières puissances commerciales et maritimes de l'Italie, et resta longtemps la rivale de Gênes. Elle reçut, du pape la Corse en fief (1092), conquit une partie de la Sardaigne sur les Arabes (1099), et le reste sur les Génois, soumit Palerme, les Baléares, l'île d'Elbe, et se fit donner un quartier et d'importants privilèges à Constantinople, à Antioche, à Tripoli, à Tyr, à Laodicée, à Ptolémaïs. Pendant les guerres civiles de l'Italie, Pise se montra dévouée à la cause impériale ou gibeline; la chute de Hohenstaufen causa sa ruine, que hâta la trahison du comte Ugolin. Gênes porta un coup terrible à sa marine par la victoire navale de la Melloria (1284); puis, quatre villes guelfes (Florence, Pistoie, Lucques, Sienne) se liguèrent pour l'accabler. Gênes lui enleva l'île d'Elbe ainsi que la Corse et détruisit son port (1290-1297). Pise alors appela en Italie l'emp. Henri VII, mais celui-ci mourut au moment de commencer la réduction de l'Italie (1313). Menacée par tous les Guelfes de la Toscane, Pise s'offrit en vain au roi de Sicile Frédéric I, et se donna alors au condottiere Uguccione. Elle s'affranchit bientôt de ce joug (1316), mais pour tomber au pouvoir de Louis de Bavière. Rendue à l'indépendance en 1327, grâce aux efforts de Fazio della Gherardesca, elle fut un instant maîtresse de Lucques, Pistoie et Volaterra, mais elle perdit ces deux dernières en 1351 et 1361. Déchirée par des querelles intestines, elle eut successivement pour maîtres J. Agnello (1361), l'emp. Charles IV (1368), Jacques Appiano (1392). Le fils de ce dernier céda la ville au duc Jean Galéas Visconti de Milan (1399). En 1405, le fils de Jean Galéas, Gabriel Marie, vendit Pise à Florence; mais elle ne voulut pas se soumettre et soutint avec héroïsme un siége célèbre (1405 et 1406). Vaincue, elle resta depuis sous la dépendance de Florence; elle recouvra quelque indépendance en 1494, à la suite de l'expédition de Charles VIII en Italie, mais pour la perdre de nouveau en 1509. Comprise de 1807 à 1814 dans l'empire français, elle a été ch.-l. d'arr. dans le dép. de la Méditerranée. Elle a depuis 1814 suivi le sort de la Toscane. — Il se tint en 1409 à Pise un célèbre concile qui avait pour but de mettre fin au grand schisme : on y déposa les deux papes, Grégoire XII et Benoît XIII, et on nomma en leur place Alexandre V. En 1511 eut lieu à Pise, à l'instigation de Louis XII et de Maximilien, mais sans l'assentiment du pape (alors Jules II), un autre concile convoqué par les cardinaux mécontents, et qui fut transféré successivement à Milan, à Asti et à Lyon. — L'évêché de Pise, qui remonte au IIe siècle, fut érigé en archevêché en 1117.

PISEK, v. de Bohême, ch.-l. de cercle, sur la Wotawa, à 100 k. S. S. O. de Prague; 5000 h. Beau pont. École pour les enfants de militaires. Aux env., diamants, grenats. Ravagée par les Impériaux en 1619; prise par les Français en 1741 et 1748.

PISIDIE, Pisidio, anc. contrée de l'Asie-Mineure, bornée à l'E. par l'Isaurie et la Cilicie, au S. par la Pamphylie, au N. par la Phrygie à l'O. par la Lycie. C'était un pays de montagnes, traversé par le Taurus. Ses habitants étaient grossiers et sauvages. C'étaient probablement les restes d'anciens habitants des côtes, chassés par des Grecs ou par d'autres colons. Ils surent longtemps se maintenir indépendants entre les conquérants, Perses, Macédoniens, Galates, auxquels leur pays était assigné nominalement. Les Romains parvinrent seuls à les soumettre entièrement. La Pisidie et la Pamphylie sont toujours jointes dans les géographes anciens. Au IVe s., on les sépara et elles formèrent 2 prov. distinctes du diocèse d'Asie. La Pisidie propre eut alors pour capitale Antioche de Pisidie (Ak-Chehr). Les autres villes étaient : Selga, importante sous Auguste, Sagalassus, Termissus, Cibyra. Ce pays correspond auj. aux livahs d’Ak-Chehr dans le pachalik du Konieh, et d'Isbarteh ou Hamid dans celui de Kutaieh.