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PIPPI (Giulio). V. JULES ROMAIN.

PIPRIAC, ch.-l. de cant. (Ille-et-Vilaine), à 22 k. N. E. de Redon; 3343 hab.

PIRANESI (J. B.), artiste célèbre, né à Venise en 1707, mort en 1778, était en même temps dessinateur, graveur à l'eau forte et au burin, et marchand d'estampes. Sa maison était connue dans toute l'Europe. Jamais artiste n'a mieux rendu que lui l'architecture et les mines. Son Œuvre, qui forme 16 vol. in-fol., rassemble tout ce que Rome ancienne et moderne offre d'édifices remarquables, et ce que l'antiquité a laissé de plus précieux en bas-reliefs, vases, autels, tombeaux, etc.; ses planches unissent à la vérité le pittoresque, la chaleur et l'animation. — Son fils, Fr. Piranesi (1748-1810), comme lui dessinateur et graveur, fut son élève, mais lui resta inférieur. Il prit part à la révolution de Rome lors de l'arrivée des Français, fut envoyé à Paris en 1798 comme représentant de la République romaine et se fixa dans cette capitale. Il y publia de 1804 à 1807 la belle collection des Antiquités romaines, ainsi qu'une magnifique collection de dessins coloriés, et fonda une manufacture de vases peints, trépieds, candélabres, etc., en terre cuite, à l'imitation des vases étrusques. L’Œuvre des Piranesi se compose de 29 vol. gr. in-fol., contenant env. 3000 planches. Les principales sections de la collection sont : Antiquités romaines; Panthéon, colonnes Trajane et Antonine, Antiquités d'Albano, Tombeau des Scipions, Champ de Mars, Magnificence des Romains, Vues de Rome, Statues antiques, Antiquités d'Herculanum; les gravures sont accompagnées d'un texte en italien. Une 2e édition de l'œuvre des Piranesi a été publiée par Didot frères, Paris, 1836 et ann. suivantes.

PIRATES (Guerre des), guerre que les Romains eurent à faire, au commencement du Ier s. av. J.-C., contre les pirates de Cilicie et d'Isaurie qui infestaient la Méditerranée, coupaient les vivres à Rome et ruinaient le commerce. Déjà Servilius, en 78, et Metellus Creticus, en 68, les avaient battus, mais sans pouvoir les réduire; Pompée, armé par la loi Gabinia de ressources immenses et d'un pouvoir discrétionnaire, alla les attaquer dans leurs repaires et en nettoya les mers en moins de 90 jours.

PIRÉE (le), port d'Athènes, à l'embouchure du Céphise, à 8 k. de la ville, à laquelle il était réuni par deux murailles qui avaient été bâties l'une par Thémistocle et l'autre par Périclès. Il pouvait contenir 400 vaisseaux. Lorsque Lysandre eut pris Athènes (404 av. J.-C.), il rasa les murs du Pirée. Ils furent en partie relevés par Conon, mais de nouveau détruits par Sylla. Auj. le Pirée (qu'on appelait naguère Porto-Leone et qui a repris son nom) est une bourgade de 6600 âmes; le port est encore bon, et peut recevoir des vaisseaux de ligne. Il est uni à Athènes par une belle chaussée.

PIRITHOÜS, l'ami de Thésée et son compagnon inséparable, avait pour père Ixion, et régnait sur les Lapithes en Thessalie. Il épousa Hippodamie, et invita les Dieux à ses noces; Mars, oublié seul, se vengea en y suscitant le combat des Centaures et des Lapithes qui ensanglantèrent les noces. Pirithoüs pénétra aux enfers avec Thésée afin de ravir Proserpine à Pluton; mais ils échouèrent dans cette téméraire tentative : Pirithoüs fut tué, et Thésée retenu aux enfers, d'où Hercule seul put le délivrer. Selon l'histoire, Pirithoüs aurait fait une expédition en Épire dans le but d'enlever la fille du roi et aurait péri dans cette injuste entreprise.

PIRNA, v. du roy. de Saxe, sur la r. g. de l'Elbe, à 16 kil. S. E. de Dresde; 6000 hab. Château de Sonnenstein (où se trouve un hôpital d'aliénés). Étoffes de coton, Unies, tanneries, poteries. Aux env., eaux minérales. — Victoire des Prussiens sur les Autrichiens (1745) et sur les Saxons (1756) : combats entre les Français et les Alliés (1813).

PIRNAZZA, riv. de Grèce, est l'ancien Pamisus.

PIROMI, dieu suprême des Égyptiens, était au-dessus même de Knef, de Fta et de Fré, et contenait en germe toutes les divinités. C'est le dieu irrévélé, enveloppé (involutus Deus).

PIRON (Alexis), poëte français, né à Dijon en 1689, mort en 1773, avait pour père Aimé Piron, apothicaire, homme d'esprit, qui s'était lui-même fait connaître comme auteur de noëls et autres poésies en patois bourguignon (recueillies par Mignard, Dijon, 1858), et qui était grand ami de La Monnoie. Alexis Piron se fit recevoir avocat, mais ne put exercer par suite d'un revers de fortune qu'éprouva son père. Il végéta longtemps dans sa ville natale, vivant, grâce à sa belle écriture, du métier de copiste. Il se mit en même temps à faire des vers; une ode fameuse par son obscénité lui attira une verte réprimande du procureur général au parlement de Dijon. Il vint à Paris à 30 ans, y fut quelque temps copiste chez un financier, puis travailla pour le théâtre. Il obtint de faciles succès au théâtre de la Foire, puis, s'élevant à un genre plus noble, il donna plusieurs pièces à la Comédie Française : les Fils ingrats ou l’École des pères, comédie en 5 actes et en vers, 1728; puis trois tragédies : Callisthène, 1730, Gust. Wasa, 1733, Fern. Cortez, 1741 (la meilleure est G. Wasa), et fit représenter en 1738 la Métromanie ou le Poëte, comédie en 5 actes et en vers, qui est un des chefs-d'œuvre de notre théâtre : il était lui-même le type du principal caractère de la pièce. Il s'exerça en outre dans des genres divers : poëmes, odes, épîtres, satires, contes, et fit un grand nombre d'épigrammes, qui se distinguent par l'esprit et le sel. Il n'épargna pas dans ses attaques l'Académie française; néanmoins cette Compagnie ne lui en garda pas rancune : il fut élu en 1753, mais le souvenir de ses poésies licencieuses et les habitudes cyniques qu'il avait contractées empêchèrent de sanctionner son élection; cependant le roi lui accorda une pension de 1000 fr. sur sa cassette. Piron n'était pas moins remarquable par ses saillies et par l'à-propos de ses reparties que par son talent poétique. Ses Œuvres ont été publiées en 1776 par Rigoley de Juvigny, 7 vol. in-8 : on y trouve, outre les ouvrages déjà cités, des Poésies sacrées et une trad. en vers de Sept psaumes de la pénitence. M. H. Bonhomme a publié en 1859 ses Œuvres inédites. On a aussi, sous le titre de Pironiana, un recueil de ses bons mots.

PISAN (Thomas de), astrologue du XIVe s., né à Bologne, se fit une grande réputation par ses prédictions, fut appelé à Venise, en Hongrie, en France, et se fixa dans ce dernier pays en 1370. Charles V le combla de faveurs : ce prince ne faisait rien de grave sans le consulter. Après la mort du roi, il perdit tout crédit et mourut dans la misère. Il avait, assure-t-on, prédit le jour et l'heure de sa propre mort.

PISAN (Christine de), femme poëte, fille du préc., née à Venise en 1363, m. vers 1431, fut amenée en France dans son enfance par son père, et épousa un Français de distinction. Restée veuve de bonne heure et accablée de malheurs, elle chercha une consolation dans les lettres et composa des poésies et des nouvelles qui lui firent bientôt un nom et lui attirèrent la faveur des princes. Elle a laissé des poésies de genres divers, ballades, lais, virelais, rondeaux, et de petits poëmes, tels que le Débat des deux amants, le Livre des trois jugements, le Chemin de longue étude, les Dits moraux. On a aussi d'elle des ouvrages en prose : l’Hist. de Charles V, la Vision de Christine de Pisan, la Cité des Dames ou les Cent Histoires de Troie. Une partie de ces productions se trouve dans la Collection des meilleurs ouvrages composés par des dames. Quelques-uns de ses écrits ont été traduits de la langue romance en français et publiés à part, Paris, 1522, 1536, 1549, etc.

PISAN (Nicolas, dit le), architecte. V. NICOLAS.

PISANDRE, un des généraux qui renversèrent la démocratie à Athènes et y fondèrent l'oligarchie des Quatre-Cents, en 411 av. J.-C. Voy. QUATRE-CENTS.

PISANI, amiral vénitien, fut vaincu par Paganino