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limite de l'Europe et de l'Asie. Ce fleuve, jadis si important, n'est plus qu'une petite rivière, parce que ses principaux affluents coulent auj. par d'autres canaux dans la mer Noire. — Le Phase est célèbre dans les temps héroïques : c'est sur ses bords qu'était la ville d’Æa, but de l'expédition des Argonautes; c'est du pays qu'il arrosait qu'on fait venir le bel oiseau appelé de son nom Phasiana avis, le faisan. — On a cru retrouver dans le Phase un des quatre fleuves de l'Éden (le Phison).

PHATMÉTIQUE ou PHATNITIQUE (bras et bouche), un des anciens bras du Nil, n'est autre chose que le prolongement du bras Athribitique. C'est auj. la Branche de Damiette.

PHAYLLUS, général phocidien, frère d'Onomarque, succéda à celui-ci dans le commandement pendant la guerre Sacrée, en 352 av. J.-C., pilla le temple de Delphes, se procura des soldats avec les trésors qu'il en avait enlevés et battit avec ce secours les Béotiens à Naryce, petite ville de Locride. Il succomba, au milieu de ses succès, à une maladie cruelle, qu'on ne manqua pas d'imputer à son impiété.

PHÉACIENS, nom donné dans l'Odyssée aux habitants de l'île de Corcyre, qui avaient alors pour roi Alcinoüs, fils de Phéax. Ils étaient habiles marins, mais grands amis du luxe, de la table et des plaisirs, incrédules et moqueurs. Ulysse reçut l'hospitalité dans leur île et fut reconduit par eux à Ithaque.

PHÉBÉ, PHÉBUS. V. DIANE, APOLLON.

PHÉBUS (Gaston). V. FOIX (Gaston III, comte de).

PHÉBIDAS. V. PHŒBIDAS.

PHÉDON, d'Elis, disciple et ami de Socrate, avait été dans sa jeunesse pris par des pirates et racheté par le philosophe. Il assista aux derniers moments de son maître. Après la mort de Socrate, il retourna dans sa patrie, et y fonda l'école dite d'Elis, qui se distingua par sa fidélité aux pures doctrines du maître. — Platon a donné le nom de Phédon à un dialogue où il traite de l'immortalité de l'âme; Mendelssohn a écrit sous le même titre un ouvrage sur le même sujet.

PHÈDRE, Phædra, fille du roi de Crète Minos et de Pasiphaé, et sœur d'Ariane, épousa Thésée, roi d'Athènes. Elle conçut pour Hippolyte, son beau-fils, un amour criminel auquel ce prince refusa de répondre; pour se venger, elle l'accusa auprès de Thésée d'avoir voulu la séduire et causa ainsi sa mort (V. HIPPOLYTE); mais, bientôt après, poursuivie par le remords, elle s'étrangla de désespoir. Euripide, Sénèque, Racine ont pris pour sujet de tragédies la coupable passion et les malheurs de Phèdre.

PHÈDRE, Phædrus, philosophe épicurien d'Athènes, florissait env. 50 ans av. J.-C. et fut un des maîtres de Cicéron. Il avait composé, entre autres écrits, un traité De la Nature des dieux, que Cicéron mit à contribution dans son De natura deorum. Il ne reste de Phèdre qu'un fragment, retrouvé à Herculanum, publié et restitué par Christ. Petersen, Hambourg, 1833, avec une traduction latine. On doit à M. Olleris une thèse de Phædro epicureo, Paris, 1841.

PHÈDRE, Julius Phædrus, fabuliste latin, né dans la Piérie (Macédoine) vers l'an 30 av. J.-C. Amené comme esclave à Rome, il fut, à ce qu'on croit, affranchi par Auguste, resta attaché au palais impérial, perdit sa faveur et sa fortune pour avoir froissé par quelque allusion un grand personnage, qu'on croit être Séjan, et mourut dans un âge avancé, sous le règne de Claude, vers l'an 44 de J.-C. On a de lui 5 livres de Fables, qui sont remarquables par la pureté du style, par la naïveté et quelquefois même par la force de la pensée, mais qui manquent d'ornements et pèchent par une certaine sécheresse. Les Fables de Phèdre ne furent découvertes qu'au XVIe s. par François Pithou; on voulut alors les attribuer à Nicolas Perotti, écrivain du XVe s. qui en avait cité quelques-unes dans ses écrits; mais leur authenticité n'est plus douteuse aujourd'hui. La 1re édition de Phèdre fut donnée à Troyes en 1596, par P. Pithou, sur le manuscrit trouvé par son frère François. Ce manuscrit, longtemps égaré, fut retrouvé en 1780 chez M. de Rosambo par Brotier; il a été copié et publié de nouveau par Berger de Xivrey en 1830. Orelli a donné en 1832 à Zurich une excellente édition critique de Phèdre, augmentée de tous les fragments connus, notamment d'un fragment découvert au Vatican par A. Mai en 1831. La plus estimée des éditions antérieures était celle de Schwabe, Brunswick, 1801, reproduite dans les Classiques latins de Lemaire. Entre les traductions de Phèdre, on remarque celles de Sacy (sous le nom de St-Aubin), de Joly, 1813, celle d'E. Panckoucke, de la collection Panckoucke, 1839, et surtout celle de Fleutelot, dans la collection Nisard, 1839 : cette dernière, faite sur l'édition d'Orelli, se distingue par l'élégance et la fidélité. M. Boyer-Nioche a mis les fables de Phèdre en vers français, 1843.

PHÉGÉE, Phegeus, roi d'Arcadie, reçut chez lui Alcméon après le meurtre de sa mère, l'admit à l'expiation, et lui fit épouser sa fille Alphésibée.

PHÉLIPPEAUX, anc. famille de robe qui a donné à la France pendant 165 ans des ministres et des secrétaires d'État, descendait de Paul Phélippeaux, nommé secrétaire d’État en 1610 par Marie de Médicis. Elle se divisa en plusieurs branches, celles des Pontchartrain, des St-Florentin, des Maurepas, des La Vrillière. V. ces noms.

PHÉLIPPEAUX (A. le PICARD de), officier d'artillerie, 1768-99, émigra en 1791, fit la campagne de 1792 dans l'armée des princes, rentra en France en 1795 pour tenter d'organiser une insurrection royaliste dans les départements du centre, s'empara de Sancerre, fut pris et enfermé à Bourges, s'évada, osa venir à Paris, d'où il fit évader sir Sydney Smith, servit depuis sous cet amiral et fut chargé par lui des travaux de défense de St-Jean-d'Acre contre les Français (1799). Il y mourut de la peste.

PHÉMIUS, aède ou chantre célébré par Homère dans l’Odyssée, avait été laissé par Ulysse auprès de Pénélope pour veiller sur elle, mais se laissa persuader par les poursuivants de la reine de chanter dans leurs banquets. Ulysse, à son retour, voulut lui faire partager le sort des prétendants : il ne lui pardonna que sur les instances de Télémaque. — Un poëte ionien, qui épousa Crithéis, la mère d'Homère, lorsqu'elle était encore enceinte, et qui prit soin de l'éducation du poëte, se nommait aussi Phémios : on présume que c'est en souvenir de lui qu'Homère donna ce nom au poëte qui figure dans l'Odyssée.

PHÉNICIE, Phœnicia, petite région de la Syrie, resserrée entre l'Anti-Lihan et la mer, s'étend depuis l'emb. de l'Éleuthère au N. jusqu'à celle du Bélus au S. Elle ne formait pas un seul État; on y comptait diverses villes, les unes libres, les autres gouvernées monarchiquement. Les principales étaient Tyr, Sidon, Béryte, Byblos, Tripolis, Acco ou Ptolémaïs. On regarde quelquefois, mais à tort, comme appartenant à la Phénicie le littoral des Philistins et celui des Juifs, où se voient Gaza, Ascalon, Jamnia, Joppé, etc. Pressés par le besoin de se défendre contre l'étranger, les petits États dont se composait la Phénicie formèrent de bonne heure une confédération, à la tête de laquelle fut d'abord Sidon, puis Tyr. Néanmoins, cette contrée fut conquise dans les VIIIe et VIIe s. av. J.-C. par Salmanasar et Nabuchodonosor. Depuis, elle passa successivement sous la domination des Perses, d'Alexandre, des Séleucides, des Romains, qui la réduisirent en province romaine en 63 av. J.-C., des Arabes et enfin des Turcs : elle fait auj. partie du pachalik d'Acre. — Les Phéniciens sont les navigateurs les plus célèbres de la haute antiquité : les ports nombreux de la côte qu'ils occupaient, les précieux bois de construction de l'Anti-Liban, au pied duquel ils habitaient, les prédestinaient à ce rôle. C'est à eux qu'il faut rapporter beaucoup d'inventions relatives à la construction et à l'équipement des navires; ils se guidaient en mer d'après la petite Ourse. Du XIXe au XIIIe s. av. J.-C, ils couvrirent les côtes et les îles de la Méditerranée de leurs colonies