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1801 l’Hospice des Ménages (rue de Sèvres). Le nom de Petites-Maisons lui vint des chambres basses ou des loges dans lesquelles on enfermait les fous.

PÉTITION DES DROITS, célèbre requête présentée en 1629 à Charles I par les chefs du parti patriotique du parlement anglais. On y demandait le redressement de 4 abus : 1° contrainte à l'effet d'arracher des prêts pour le roi; 2° arrestations et détentions illégales; 3° logement des gens de guerre; 4° jugements par cours martiales. Charles I parut y adhérer; néanmoins le retard qu'il mit à réaliser sa promesse donna lieu à de vives querelles et amena les 11 ans de gouvernement sans chambre (1629-40).

PETITOT (Jean), peintre de Genève, né en 1607, m. en 1691, excella dans la miniature. Il s'attacha au roi d'Angleterre Charles I, qui le chargea de faire des copies de tableaux de Van Dyck, vint en France avec lui et jouit quelque temps de la protection de Louis XIV; mais, après la révocation de l’Édit de Nantes, il fut, comme calviniste, emprisonné au For-l'Êvêque et n'en sortit que quand on craignit pour ses jours. Bossuet avait tenté vainement de le convertir. Petitot est le créateur de la peinture sur émail : ses ouvrages se distinguent par une finesse de dessin, une douceur et une vivacité de coloris admirables. Le musée du Louvre possède une collection de ses émaux; elle a été gravée par Blaisot, avec notices, Paris, 1863, 3 v. in-4.

PETITOT (Cl. Bernard), né à Dijon en 1772, mort en 1825, secrétaire, puis membre du Conseil de l'instruction publique, a donné 3 faibles tragédies : la Conjuration de Pison, Géta et Caracalla, Laurent de Médicis, et une traduction des Tragédies d'Alfieri, 1802; mais il est surtout connu par une vaste collection de Mémoires relatifs à l'Histoire de France, en 56 vol., 1819-24, qui a été continuée par Monmerqué.

PETITOT (L.), statuaire, né à Paris en 1794, m. en 1862, était gendre de Cartellier. Il fut envoyé à Rome en 1814, et ne cessa, depuis son retour, de produire des œuvres remarquables, entre autres la statue colossale de Louis XIV, en pied, à Caen, la statue équestre du même roi, dans la cour d'honneur de Versailles, les villes de Lyon et de Marseille, pour la place de la Concorde, les quatre statues allégoriques du pont du Carrousel, le monument du roi de Hollande Louis-Bonaparte, à St-Leu. Il était membre de l'Institut et professeur à l'École des beaux-arts.

PETIT-RADEL (Phil.), né à Paris en 1749, mort en 1815, chirurgien aux Invalides, avait été chirurgien-major à Surate. Il fut nommé en 1782 professeur de clinique chirurgicale à l'École de Médecine de Paris. C'est lui qui a rédigé le Dictionnaire de chirurgie de l’Encyclopédie méthodique, 1790.

PETIT-RADEL (François), frère du préc., 1756-1836, se fit recevoir docteur en Sorbonne, fut vicaire général du Couserans, émigra en 1791 en Italie, où il se livra à l'étude des antiquités, revint en France en 1800, exposa des idées neuves sur les constructions pélasgiques en Italie, fut reçu en 1806 membre de l'Institut (Inscriptions et Belles-Lettres), et attaché vers la même époque à la bibliothèque Mazarine. Il se consacra spécialement à l'étude des monuments pélasgiques. On lui doit, entre autres ouvrages, de savantes Recherches sur les monuments cyclopéens, des Mémoires sur les origines des plus anciennes villes d'Espagne, un Examen de la véracité de Denys d'Halicarnasse concernant l'authenticité des colonies pélasgiques en Italie; un Examen des synchronismes de l'histoire primitive de la Grèce, 1827. Il a légué à la bibliothèque Mazarine une collection de modèles représentant les ruines des principaux monuments pélasgiques de la Grèce et de l'Italie.

PÉTRA, auj. Karak ou Sélah, v. d'Arabie, entre la mer Rouge et la mer Morte, appartint d'abord aux Iduméens, puis aux Nabathéens, et fut le ch.-l. de l'Arabie Pétrée au temps de l'empire Romain. C'était l'entrepôt du commerce avec l'Arabie. Elle devait son nom à sa situation sur un rocher (petra).

PÉTRARQUE (François), célèbre poëte italien, né en 1304 à Arezzo. Son père, ardent guelfe et ami de Dante, ayant été banni de Florence où il occupait un emploi, vint se fixer avec lui à Avignon où résidaient alors les papes, et l'envoya étudier le droit à Montpellier et à Bologne; mais cette étude avait peu d'attrait pour le jeune Pétrarque. Devenu en 1324, par la mort de son père, libre de suivre ses penchants, il se voua tout entier aux lettres et à la poésie, et revint habiter Avignon. C'est là qu'il vit en 1327 la célèbre Laure (de Noves), pour laquelle il conçut un amour qui dura autant que sa vie, mais qui resta toujours sans espoir. Il entra alors dans l’Église, voyagea pour se distraire, visita la France, les Pays-Bas, puis vint s'enfermer dans la solitude de Vaucluse, auprès d'Avignon. Il exhalait sa passion dans des vers qui lui firent bientôt une réputation universelle. En 1335, le pape Benoît XII lui conféra des bénéfices qui lui assuraient une existence honorable; en 1341, il fut appelé à Rome pour y recevoir au Capitole la couronne lauréale décernée au premier poëte de l'époque; en même temps, le roi de Naples, Robert, admirateur de son génie, lui donnait le titre de son aumônier ordinaire; le souverain de Parme le fixait auprès de sa personne avec le titre d'archidiacre de l'église de Parme. A partir de cette époque, Pétrarque fut honoré de diverses missions politiques : il fut chargé par les Romains d'aller à Avignon presser Clément VI de rétablir à Rome la résidence des papes (1342); par Clément VI lui-même de faire valoir les droits du St-Siége à la régence de Naples; par Louis de Gonzague, seigneur de Mantoue, d'intercéder auprès de l'empereur Charles IV pour qu'il rendit la paix à l'Italie; par les Visconti, seigneurs de Milan, de réconcilier Gênes et Venise, puis d'aller en France féliciter le roi Jean II sur sa délivrance. Ce dernier prince tenta vainement de le retenir auprès de lui. Vers le même temps, Florence le réintégrait dans le droit de cité qu'avait perdu son père, et lui offrait la direction de son Université; mais il refusa cet honorable poste. Au milieu de ses succès, Pétrarque avait appris la mort de Laure, enlevée par la peste de 1348 : cette perte lui inspira de nouveaux chefs-d'œuvre. Après avoir longtemps vécu à la cour des princes d'Italie, qui le recherchaient à l'envi, Pétrarque voulut passer ses dernières années dans la retraite. Il se fixa à Venise, et fit don à cette ville de sa bibliothèque (1362); il fut en reconnaissance logé dans un palais aux frais de la république. Il mourut en 1374 à Arquà, bourg voisin de Padoue; il avait été frappé d'apoplexie dans sa bibliothèque; on le trouva la tête penchée sur un livre. Les ouvrages les plus célèbres de Pétrarque sont ses poésies italiennes, qui se composent principalement de sonnets, de canzoni ou odes, de rime terze; on y trouve une grâce, une délicatesse de sentiments inimitables. Il a aussi laissé des lettres, des poésies latines, parmi lesquelles on remarque des églogues et le poëme épique de l’Africa (où il chante les deux guerres puniques), et de remarquables traités de philosophie morale (entre autres : De remediis utriusque fortunæ; De ignorantia sui ipsius et multorum, contre Aristote). Pétrarque était un ami ardent de la littérature ancienne : il a puissamment contribué à faire renaître en Italie, et par suite en Europe, le sentiment et l'admiration de l'antiquité classique; il prit toutes sortes de peines pour rassembler et conserver des manuscrits; on lui doit la découverte des Institutions oratoires de Quintilien, d'une partie des Lettres et des Discours de Cicéron; il possédait plusieurs manuscrits précieux qui se sont perdus. Considéré comme poëte, Pétrarque exerça une grande influence sur la littérature italienne à ses débuts : il donna à la langue de la pureté, de l'élégance, de la fixité. L'édition la plus complète des Œuvres de Pétrarque est celle de Bâle, 1581, in-fol. Ses poésies ont été souvent imprimées à part. Parmi les éditions récentes, les plus estimées sont celles de Rome, 1821, avec remarques de Tassoni, Mu-