Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P2 - H-P.djvu/630

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à répandre les idées libérales, Il Conciliatore, qui fut bientôt supprimé par le gouvernement autrichien; se vit, en 1820, lors de l'explosion des révolutions de Naples et de Piémont, arrêté comme suspect et fut condamné à mort en 1822. La peine fut commuée en 16 années de carcere duro, qu'il alla subir au Spielberg : il fut gracié dans la 9e année et reconduit en Piémont. Il a raconté ses souffrances avec une simplicité touchante dans un ouvrage qui a joui d'une grande popularité, Le mie Prigioni (1833), dont on compte en français plus de dix traductions. Depuis sa mise en liberté, il vécut à Turin dans la retraite, la prière et l'étude. On a de lui 7 tragédies, composées pour la plupart dans sa captivité et qui presque toutes ont eu du succès; 12 Cantiche, petits poëmes narratifs tirés des annales de l'Italie; un traité estimé de morale chrétienne, les Devoirs de l'homme, et un recueil de Poésies diverses. Comme poëte tragique, Silvio Pellico se proposa Alfieri pour modèle; mais il est loin de l'énergie de ce maître; il brilla plutôt par la grâce et la douceur que par la force. On a publié après sa mort ses Œuvres posthumes, ses Mémoires et sa Correspondance. M. Ant. de Latour a traduit ses Lettres avec des fragments de ses Mémoires, Paris, 1857.

PELLISSON ou PÉLISSON (Paul), né en 1624, à Béziers ou selon quelques-uns à Castres, m. en 1693, fut d'abord avocat à Castres, vint à Paris pour y jouir du commerce des gens de lettres, y acheta une charge de secrétaire du roi, devint en 1657 premier commis de Fouquet, et fut nommé conseiller d'État en 1660. Il partagea la disgrâce de Fouquet et fut incarcéré à la Bastille en 1661, mais il refusa de rien dire contre son ancien protecteur, et s'honora en rédigeant trois Mémoires pour sa défense. Louis XIV, afin de l'empêcher d'écrire davantage, lui fit enlever l'encre et le papier; il y suppléa en faisant un crayon avec le plomb des vitres de sa prison, et en écrivant sur les marges des livres laissés à sa disposition. Il ne sortit de prison qu'au bout de cinq ans. Il rentra depuis en grâce, fut nommé historiographe, avec une pension de 6000 fr., et fut admis à l'Académie française. Né protestant, il abjura, ce qui augmenta encore son crédit. Outre ses Mémoires pour Fouquet, qu'on regarde comme le chef-d'œuvre de l'éloquence judiciaire au XVIIe s., on lui doit une Hist. de l'Acad. française depuis son origine jusqu'à 1653 (continuée par d'Olivet). On n'a que des fragments d'une Hist. de Louis XIV jusqu'à la paix de Nimègue, qu'il avait entreprise comme historiographe. Il a aussi écrit depuis sa conversion sur des matières théologiques. On doit à M. Marcou une bonne Étude sur Pellisson, 1859.

PELLOUTIER (Simon), historien, né à Leipsick en 1694 d'une famille chassée de France par la révocation de l'Édit de Nantes, m. en 1757, était ministre de l’Église française à Berlin, membre de l'Académie et bibliothécaire de cette ville. Il a donné entre autres écrits, une Histoire des Celtes, La Haye, 1740, réimprimée en 1771 avec de grandes augmentations.

PÉLOPIDAS, illustre Thébain, ami d'Épaminondas, était fort riche et très-brave. Banni par les Spartiates qui avaient surpris la Cadmée, il se mit à la tête des exilés, et eut la principale part au complot par lequel les Spartiates furent chassés de Thèbes, 379 av. J.-C. Dans la guerre qui en résulta, il sut gagner l'alliance d'Athènes, et eut presque tout l'honneur des succès de Platée, de Tanagre, de Thespies et de Tégyre. Il commandait le bataillon sacré à Leuctres et suivit Épaminondas lors de son expédition dans le Péloponèse (370 et 369). Il fut ensuite envoyé pour secourir les villes thessaliennes contre le tyran Alexandre de Phères (368), puis alla pacifier la Macédoine en la soumettant à l'influence thébaine; à son retour, il fut pris en Thessalie par le tyran Alexandre en 367, mais fut délivré par Épaminondas. Entré pour la 3e fois en Thessalie en 364, il y périt en poursuivant les fuyards après avoir vaincu à Cynoscéphales. Plutarque et Cornélius Népos ont écrit sa Vie.

PÉLOPIDES, descendants de Pélops.V. PÉLOPS.

PÉLOPONÈSE, Peloponesus (c.-à-d. île de Pélops), primitivement Apie, auj. Morée, presqu'île qui termine la Grèce au S., est jointe au continent par l'isthme de Corinthe. On la divise vulgairement en sept parties : l'Achaïe et la Corinthie au N., l'Argolide à l'E., la Laconie et la Messénie au S., l'Élide à l'O. et l'Arcadie au centre; mais ces divisions varièrent fréquemment. — Le Péloponèse fut peuplé par les Pélasges, d'où le nom de Pelasgia qu'il porta d'abord. Dans l'origine, on y comptait un grand nombre de petits États indépendants : Sparte, Sicyone, Argos, Corinthe, Mycènes, Tirynthe, Hermione, Épidaure, Trézène, Cléones, Pylos, Pise, Tégée, la confédération achéenne, qui comprenait 12 villes, etc. Peu à peu la plupart de ces petits États furent soumis par les États plus puissants, et il se forma quelques puissances prépondérantes, qui finirent par céder la prééminence à Sparte. Parmi les évènements qui peuvent former l'histoire du Péloponèse, on doit remarquer la fondation des royaumes d'Argos par Inachus, vers 1986, de Sicyone, vers 1920, de Sparte, vers 1880, de Corinthe, vers 1350; l'arrivée du Phrygien Pélops, qui règne en Élide vers 1350 et donne son nom à toute la presqu'île; l'expulsion des Héraclides vers 1300, leurs diverses tentatives pour rentrer dans le Péloponèse, leur retour définitif, dû à l'aide des Doriens, 1190; l'occupation des principaux trônes du pays par les divers princes de cette famille; les guerres de Messénie (743 et 685); l'établissement de la prépondérance des Spartiates dans le Péloponèse, leur rivalité avec les Athéniens, rivalité qui donna naissance à la, guerre du Péloponèse (431-404) et amena la domination de Sparte; les guerres de Sparte et de Thèbes (371-363), pendant lesquelles le Péloponèse fut plusieurs fois envahi; les efforts de la ligue achéenne pour repousser le joug des Romains, la lutte de cette ligue contre Sparte, enfin la réduction du Péloponèse et du reste de la Grèce en province romaine par Mummius sous le nom d’Achaïe (146). Sous l'empire grec, la Péninsule forma, avec l'île de Crète, le thème du Péloponèse, qui avait pour capit. Corinthe. Après la conquête de Constantinople par les Latins, les Français eurent pour lot le Péloponèse, alors appelé Morée (1204); puis ce pays passa entre les mains des Vénitiens, qui y formèrent plusieurs établissements. V. MORÉE.

PELOPONÈSE (Guerre du), grande guerre que se firent Athènes et Sparte, et à laquelle prirent part tous les peuples de la Grèce; elle dura 57 ans, de 431 à 404 av. J.-C. Les Lacédémoniens avaient pour alliés principaux les Corinthiens, les Stoliens, les Phocidiens, les Locriens, les Béotiens et tous les peuples du Péloponèse, excepté les Achéens et les Argiens; les Athéniens avaient dans leur parti les Acarnaniens, Naupacte, Platée, Corcyre, les villes de Thrace et de Thessalie, la plupart des îles grecques et toutes les côtes de l'Asie et de l'Hellespont. Sparte était surtout forte sur terre, Athènes sur mer.

Cette guerre se divise en trois périodes : la 1re de 431 à 421, est remplie par les ravages successifs de l'Attique et de la Laconie, par des revers et des succès balancés, et par une peste terrible qui désola Athènes et qui enleva Périclès dès 429 : une trêve de 50 ans négociée par Nicias termine cette période. La 2e (421-412) est signalée par la désastreuse expédition des Athéniens en Sicile où les Spartiates envoyèrent Gylippe au secours de Syracuse, par l'exil d'Alcibiade, et par une foule de petites hostilités en Grèce. La 3e commence en 412 et a principalement l'Orient pour théâtre : Athènes commet de nouvelles fautes, et exile de nouveau Alcibiade, son meilleur général, qui va se joindre à ses ennemis; le grand roi intervient en faveur de Sparte. Malgré le désastre des Péloponésiens aux îles Arginuses, 406, Lysandre, amiral Spartiate, après avoir obtenu divers succès, gagne la bataille décisive d'Ægos-Potamos (405) et prend Athènes l'année suivante, après un siége