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né à Rome, avait été directeur du monastère de St-Étienne. Il reçut en don de Louis le Débonnaire la Corse et la Sardaigne, couronna Lothaire empereur en 823, et ouvrit à Rome un refuge pour les Grecs que la persécution des Iconoclastes réduisait à quitter l'Orient. On le fête le 17 mai.

PASCAL II, Rainieri, pape de 1099 à 1118, né à Bleda près de Viterbe, était d'abord moine de Cluny. Il soutint d'abord contre l'emp. Henri IV son fils Henri (V), puis il se brouilla avec ce prince, qui avait violé ses engagements, et refusa de le couronner. C'est sous son règne que s'ouvrit, en 1115, la succession de la comtesse Mathilde, qui lui fut disputée par l'empereur. Forcé par la faction impériale de fuir à Bénévent en 1117, il ne rentra à Rome que pour y mourir.

PASCAL III, Gui de Crème, anti-pape, était cardinal lorsque le pape Adrien IV le chargea d'une négociation auprès de l'empereur Frédéric Barberousse : il se laissa séduire par ce prince et se fit nommer pape par lui, en opposition avec Alexandre III, après la mort de l'anti-pape Victor IV (1164). Il mourut misérablement 6 ans après.

PASCAL (Blaise), célèbre écrivain et géomètre français, né à Clermont-Ferrand en 1623, était fils d'un président à la cour des aides de Clermont. Il montra dès sa 1re enfance les plus étonnantes dispositions. Son père, qui s'était chargé lui-même du soin de son éducation, et qui était venu s'établir à Paris dans ce but, réunissait chez lui des savants : le jeune Pascal, en les entendant, conçut bientôt une vive passion pour les sciences. Comme son père, dans la crainte de le fatiguer, différait de l'appliquer à la géométrie, il résolut d'étudier cette science par lui seul et parvint, sans le secours d'aucun livre, à trouver la démonstration des 32 premières propositions d'Euclide : il n'avait alors que 12 ans. Dès ce moment, on ne mit plus d'obstacles à une vocation aussi manifeste, et Pascal marqua chacun de ses pas par quelque découverte. Il composa à 16 ans un traité des Sections coniques, inventa à 18 ans une machine arithmétique qui exécutait les calculs les plus compliqués, trouva en 1654 le Triangle arithmétique, moyen ingénieux et facile de résoudre un grand nombre de problèmes; posa vers le même temps les bases du calcul des probabilités, et donna en 1658 la théorie de la cycloïde ou roulette, que nul n'avait pu trouver jusque-là. En physique, il compléta les recherches barométriques de Toricelli, publia en 1647 ses Expériences touchant le vide, fit exécuter peu après la célèbre expérience du Puy-de-Dôme, qu'il répéta à Paris sur la tour St-Jacques la Boucherie, et qui mit hors de doute la pesanteur de l'air, composa un traité de l’Équilibre des liqueurs (publié après sa mort), qui fit faire un grand pas à l'hydrostatique, fit plusieurs applications usuelles de la mécanique; inventa la brouette ou chaise à deux roues nommée vinaigrette, le haquet, et, selon quelques-uns, la presse hydraulique. Il imagina en outre vers la fin de sa vie une entreprise de voitures de transport en commun, réalisée de nos jours sous le nom d’omnibus. Pascal s'était étroitement lié avec les chefs du parti janséniste et il allait souvent les visiter à Port-Royal; il embrassa chaudement leur cause. A propos d'une censure que la Sorbonne se proposait de faire d'un écrit d'Arnauld, il publia en 1656 et 57 les fameuses Lettres de Louis de Montalte à un provincial de ses amis et aux RR. PP. Jésuites, connues sous le nom de Provinciales : il y discutait avec éloquence les questions théologiques qu'on débattait alors et y combattait la morale relâchée des Jésuites, tantôt avec une verve comique, tantôt avec une vigueur de dialectique et une élévation de style inconnues jusque-là, mais souvent aussi avec la passion qu'engendre l'esprit de parti. Ces Lettres furent censurées à Rome et même condamnées en France par l'autorité civile; mais, si l'on doit contester quelques-unes des assertions qu'elles contiennent, on ne peut nier leur valeur littéraire ; elles sont le modèle du pamphlet. Dans les dernières années de,sa vie, Pascal méditait un grand ouvrage où il devait rassembler toutes les preuves de la religion, mais il ne put l'achever; on n'en a que des fragments détachés, qui ont été rassemblés dans le recueil intitulé les Pensées. Ces deux ouvrages ont suffi pour placer Pascal au premier rang des écrivains : ils ont puissamment contribué à fixer la prose française et leur publication forme comme une nouvelle ère dans notre littérature. Pascal avait été dès l'enfance d'une santé débile : il passa la plus grande partie de sa vie dans les souffrances; il fut frappé en 1647 d'une espèce de paralysie qui lui ôta presque l'usage des jambes; en 1654, il faillit périr près du pont de Neuilly, les chevaux de sa voiture s'étant emportés; depuis ce moment, il croyait, dit-on, voir sans cesse un précipice à ses côtés. Après cet événement, il ne vécut plus que dans la retraite, se livrant à tous les exercices d'une piété exaltée. Il mourut en 1662, à 39 ans. Bossut a donné une édition complète des Œuvres de Pascal, Paris, 1779, 5 vol. in-8 (réimprimée en 1819). On a cent fois imprimé à part les Provinciales et les Pensées. Les Provinciales, réunies pour la 1re fois en 1657, furent réimprimées en 1684 à Cologne par Nicole, sous le pseudonyme des Wendrock, avec une traduction latine; elles furent en outre traduites en espagnol et en italien. Les Pensées, publiées d'abord en 1670, le furent de nouveau en 1687, avec la Vie de l'auteur par Mme Périer (née Gilberte Pascal), sa sœur aînée; elles furent réimprimées en 1776, avec des notes de Voltaire et un Éloge par Condorcet, en 1779 par Bossut, avec quelques additions; mais elles avaient été altérées par les premiers éditeurs : M. Cousin signala ces altérations en 1842, et sur ses indications M. Pr. Faugère donna dès 1844 une édition plus exacte, d'après les manuscrits autographes. M. Havet en a publié en 1852 une édition critique, avec un excellent Commentaire. MM. Faugère et Bordas-Demoulin ont écrit des Éloges de Pascal, qui ont été couronnés par l'Académie Française en 1842. L'abbé Maynard a publié en 1850 : Pascal, sa vie et son caractère, ses écrits et son génie, et a donné en 1851 une édition des Provinciales, avec leur réfutation. — Une sœur cadette de Pascal, Jacqueline, 1625-61, embrassa comme lui avec ardeur la cause du Jansénisme, et se fit religieuse à Port-Royal en 1652. D'un esprit précoce comme son frère, elle fut aussi digne de lui par le talent et le caractère. On a d'elle des lettres remarquables, quelques vers, et divers opuscules, qui ont été recueillis par M. Cousin, dans l'ouvrage intitulé : Jacqueline Pascal, 1849.

PASCHIUS (George), professeur de morale et de théologie à Kiel, né à Dantzick en 1661, mort en 1707. On a de lui : Tractatus de novis inventis, quorum accuratiori cultui facem prætulit antiquitas, Leipsick, 1700, ouvrage savant et recherché; De fictis rebuspublicis, 1705; De variis modis moralia tractandi, 1707.

PAS-DE-CALAIS, Fretum Gallicum, détroit qui unit la Manche à la mer du Nord et sépare la France de l'Angleterre, tire son nom de la ville de Calais. Sa largeur entre Calais et Douvres n'est que de 34 k.

PAS-DE-CALAIS (dép. du), dép. maritime de la France, sur la Manche et le Pas-de-Calais, entre les dép. du Nord au N. E. et de la Somme au S. O. : 6635 kil. carrés; 724 338 hab.; ch.-l., Arras. Il est formé de l'anc. Artois et d'une partie de la Picardie (Calaisis, Boulonnais et partie N. du Ponthieu). Petites mont. au centre; du reste, sol plat. Il est arrosé par la Lys, la Scarpe, l'Aa, la Liane, la Canche, l'Authie et par les canaux de St-Omer à Calais, de Neuf-Fossé, d'Ardres, de La Marck et de La Bassée. Marbre, faux marbre, grès à paver, pierres à fusil; houille, tourbe, terre de pipe et à potier, etc. Sol fertile, bonne culture; peu de bois, beaucoup de pâturages; tous les genres de céréales, légumes, fruits à cidre, graines oléagineuses. Beau bétail, chevaux estimés, porcs, volailles. Grande in-