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1015, en Souabe, au château de Hohenstaufen, qui épousa Hildegarde, fille d'un comte de Hohenlohe et demi-sœur de l'empereur Conrad le Salique : il servit avec fidélité Conrad le Salique et ses enfants, Henri III et Henri IV; — Frédéric, dit l’Ancien, fils du précéd., comte de Staufen, né vers 1050, mort en 1105 : après avoir défendu vaillamment l'emp. Henri IV, il reçut de lui en récompense la main de sa fille Agnès avec la Souabe et la Franconie pour dot, et fut ainsi le 1er duc de Souabe et de Franconie (1080). — Son fils, Frédéric II, le Borgne, soutint Henri V contre le St-Siége et fut, avec son frère Conrad, vicaire général de l'empire pendant l'absence de cet empereur, occupé en Italie (1116). A la mort de Henri, 1125, il disputa la couronne à Lothaire, combattit Henri le Superbe, petit-fils de Welf Ier, gendre de l'empereur, et commença ainsi la rivalité des Guelfes et des Gibelins. Il fut père du célèbre Frédéric Barberousse. — Conrad, frère de Frédéric le Borgne, fut fait duc de Franconie par Henri V en 1112, fut, ainsi que son frère, vicaire de l'empire, et fut reconnu empereur sous le nom de Conrad III à la mort de Lothaire, en 1137 (V. CONRAD III). C'est de son avènement que datent les longues guerres des Guelfes et des Gibelins. V. ces noms.

Les membres de la maison de Hohenstaufen qui ont porté la couronne impériale sont : Conrad III, qui régna de 1137 à 1152; Frédéric I, Barberousse (1152-1190); Henri VI (1190-1197), qui le premier joignit les Deux-Siciles à ses États; Philippe (1198-1208); Frédéric II (1212-50); Conrad IV (1250-54). Le dernier prince de cette famille est l'infortuné Conradin, fils de Conrad IV, qui régna un instant en Sicile; il fut mis à mort en 1268 par Charles d'Anjou, à qui le pape avait donné ses États. — La maison de Hohenstaufen, après avoir porté au plus haut degré la puissance impériale, surtout sous Conrad III et Frédéric Barberousse, tomba sous ses derniers princes au plus bas degré de l'affaiblissement : elle succomba enfin sous les coups des papes et des grands vassaux. Après la chute de cette maison, l'Allemagne fut livrée à une longue anarchie, qu'on connaît sous le nom de Grand interrègne (1254-1273), et qui ne fut terminée que par l'avénement de la maison de Habsbourg. Raumer a donné l’Hist. des Hohenstaufen, Leipsick, 1852. On doit à M. Cherrier l'Hist. de la lutte des papes et des empereurs de la maison de Souabe, Paris, 1841 et 1861.

HOHENZOLLERN, une des plus anc. maisons souveraines de l'Allemagne, possessionnée en Souabe, prétend descendre de Tassillon, duc de Bavière au VIIIe siècle, et remonte certainement au Xe siècle. Elle doit son nom à un château situé sur le Zollernberg, près de Sigmaringen, et construit au Xe siècle par un comte de Zollern. Rodolphe II, qui descendait de ce comte, et qui vivait au XIIe siècle, eut 2 fils, Frédéric et Conrad, qui devinrent les chefs de deux lignes principales, la ligne de Souabe, qui retint le nom de Hohenzollern, et la ligne de Franconie, de laquelle sortirent les burgraves de Nuremberg et les électeurs de Brandebourg, depuis rois de Prusse. La ligne de Hohenzollern proprement dite se divisa elle-même en deux branches à la mort de Charles, comte de Zollern, né en 1516, m. en 1576. Son fils aîné, Eitel Frédéric II, né vers 1545, m. en 1605, devint chef de la branche aînée, qui prit le nom de Hohenz.-Hechingen, du château d'Hechingen, que ce prince avait fait bâtir, et qui fut élevée en 1620 à la dignité princière. Charles II, 2e fils de Charles I, né en l547, mort en 1606, fut le chef de la 2e branche, celle des Hohenz.-Sigmaringen, également élevés, en 1695, à la dignité de princes. A la ligne de Franconie se rattachent, outre les électeurs de Brandebourg, les margraves de Bayreuth et d'Anspach.

HOHENZOLLERN-HECHINGEN, anc. État souverain de la Confédération germanique, enclavé dans le roy. de Wurtemberg, comprenait, outre le comté de Hohenzollern proprement dit, les seigneuries d'Hirschlatt et de Stetten: 26 kil. sur 11; 22 000 hab. Ville principale, Hechingen. Pays montagneux et couvert de forêts, arrosé par le Neckar et la Starzel, et fertile en plantes oléagineuses. — Cette principauté est depuis 1849 réunie aux États prussiens, le prince ayant cédé ses droits au roi de Prusse.

HOHENZOLLERN-SIGMARINGEN, anc. État souverain de la Confédération germanique, enclavé dans le roy. de Wurtemberg et touchant vers le sud au grand-duché de Bade, est partagé en deux portions par le Hohenzollern-Hechingen. Il se compose des comtés de Sigmaringen et Vœringen, des seigneuries de Glatt et de Beuren et d'une partie des possessions médiates des princes de Fürstenberg et de Thurn-et-Taxis. La portion méridionale de cette principauté a 53 kil. sur 11, et l'autre 22 sur 13 ; 52 000 hab. Villes principales : Sigmaringen, où siégeait le gouvt des 2 principautés, auj. réunies en une seule province; Trochtelfingen et Haigerloch. Rivières principales : le Necker, l'Elach et quelques affluents du Danube. Sol uni et fertile sur la droite du Danube; partout ailleurs montagneux et couvert de forêts. Mines de fer et carrières calcaires. — Cette principauté a été, comme la précédente, réunie à la Prusse en 1849.

HOLBACH (P. THIRY, baron d'), libre penseur, né en 1723 à Hildesheim, dans le Palatinat, d'une famille riche, m. en 1789, vint à Paris dès sa jeunesse, cultiva avec ardeur les sciences naturelles, embrassa avec passion et professa avec fanatisme les opinions philosophiques les plus outrées, et fit de sa maison le rendez-vous des esprits forts les plus hardis; il eut principalement pour amis Diderot, Grimm, Naigeon, et Lagrange, le traducteur de Sénèque, qui fut le précepteur de ses enfants. On a de lui d'utiles ouvrages sur la chimie, la minéralogie, la métallurgie, traduits pour la plupart de l'allemand; mais il est surtout connu par ses écrits philosophiques et antireligieux, dans lesquels il eut pour collaborateurs Diderot, Naigeon, Lagrange, et qui parurent presque tous sous le voile de l'anonyme ou du pseudonyme : il y attaque avec acharnement, non-seulement la religion établie, mais toute croyance religieuse, et prêche ouvertement l'athéisme. Les principaux sont : Le Christianisme dévoilé, 1767, qu'il donna comme étant de Boulanger; la Contagion sacrée, 1767; Théologie portative, 1768, sous le nom de l'abbé Bernier; Essai sur les préjugés, sans date; le Système de la nature, 1770, publié sous le pseudonyme de Mirabaud (ce dangereux ouvrage est devenu l'évangile de l'athéisme et du matérialisme); le Bon sens du curé Meslier, 1772; la Morale universelle, 1776; Éléments de la morale universelle, 1790. Le baron d'Holbach a en outre traduit un grand nombre d'écrits des philosophes et incrédules anglais, tels que Hobbes, Collins, Toland, Gordon. La plupart de ses écrits ont été condamnés en France par le Parlement, et mis à l’Index à Rome : le Système de la Nature, blâmé même par Voltaire et Frédéric II, a été réfuté par Bergier, Duvoisin. Rochefort, Holland, etc.

HOLBEIN (Hans ou Jean), célèbre peintre, né en 1498 à Augsbourg (et non à Bâle), était fils de J. Holbein, dit le Vieux, peintre distingué, et neveu de Sigismond Holbein, peintre et graveur qui habitait Bâle. Sur l'invitation d'Érasme il passa en Angleterre en 1526 : il sut plaire à Henri VIII, qui apprécia son talent et le combla de présents. Il mourut de la peste à Londres en 1554. Cet artiste peignait aussi facilement de la main gauche que de la main droite. Il est surtout estimé pour ses portraits. Parmi ses tableaux on cite : la Richesse, la Pauvreté, L'Adoration des mages, la Danse de village et une Danse des morts. On lui attribue la fameuse Danse macabre peinte à fresque sur les murs d'un des cimetières de Bâle (V. MACABRE et, au Dict. des Sciences, DANSE DES MORTS). Cet artiste se distingue par le sentiment de la nature, par une couleur chaude, vigoureuse, intense, et par des formes pleines. La majeure partie de ses œuvres orne les col-