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(1770). Il se déshonora par un acte de perfidie : étant à Rome sous un déguisement, il se fit aimer de la jeune princesse Tarakanof, fille de l’ancienne impératrice Élisabeth, et, l’ayant épousée secrètement, la conduisit en Russie pour la livrer à Catherine II, son ennemie mortelle, qui la fit périr dans un cachot. À l’avénement de Paul I, Alexis Orlof fut exilé et se retira en Allemagne, d’où il ne revint qu’à la mort de Paul. Il mourut en 1808. — Un cousin des précéd., Grégoire O., 1777-1826, séjourna longtemps en France et en Italie pour sa santé, s’occupant avec goût et avec succès des lettres et des arts. On a de lui : Mémoires historiques, politiques et littéraires sur le roy. de Naples, avec additions d’Amaury Duval, Paris, 1821 ; Histoire de la Musique en Italie, 1822; Histoire de la Peinture en Italie, 1823 ; Voyage en France, 1824 ; et une traduction française des Fables de Kryloff, 1825.

ORME (Robert), historien anglais, né en 1728 dans l’Inde, m. en 1801, passa la plus grande partie de sa vie au service de la Compagnie des Indes. En revenant en Europe, il fut pris par les Français, et conduit à l’île de France, puis à Nantes. Quand il eut été rendu à la liberté, il fut nommé historiographe de la Compagnie des Indes et membre du Conseil de Madras. On lui doit l’Hist. de la guerre des Anglais dans l’Hindoustan de 1745 à 1763, Londres, 1763-76 (trad. par Targe, 1765). — V. DELORME.

ORMES (les), bourg du dép. de la Vienne, sur la r. dr. de la Vienne, à 18 kil. S. O. de Châtellerault; 1715 hab. Pont suspendu, station de chemin de fer ; beau château, avec parc, appartenant à la famille d’Argenson : dans la galerie du château sont peintes les batailles de Louis XV. Le parc est en partie détruit.

ORMESSON (LEFÈVRE d'), famille de robe qui a donné à la France plusieurs magistrats illustres : 1o Olivier d’O., né en 1525, m. en 1600, intendant et contrôleur général des finances sous Charles IX et Henri III, puis président de la Chambre des comptes : il fut un des premiers à reconnaître Henri IV. Il avait épousé une petite-nièce de S. François de Paule : ses descendants portèrent ce glorieux nom. — 2o Olivier II, son petit-fils, 1610-86, maître des requêtes, fut le rapporteur dans le procès du surintendant Fouquet, dont il a laissé un précieux Journal, publié de 1856 à 1862 par M. Chéruel dans les Documents inédits sur l’hist. de France; — 3o Henri François de Paule, petit-fils du préc., 1681-1756, membre du conseil de régence lors de la minorité de Louis XV, puis intendant des finances: — 4o L. François de Paule, fils du préc. et neveu de d’Aguesseau, 1748-89, 1er président du parlement de Paris, membre honoraire de l’Académie des inscriptions; — 5o Anne L. François de Paule, fils du préc., né en 1753, conseiller au parlement de Paris (1770), président à mortier (1788), fut député de la noblesse aux États généraux (1789), bibliothécaire du roi, et périt en 1794, condamné à mort par le tribunal révolutionnaire. Il était membre de l’Acad. des inscriptions. — L. François de Paule, cousin germain d’Anne L. Fr., 1751-1807, fut successivt conseiller au parlement, maître des requêtes, intendant des finances, contrôleur général (1783) et conseiller d’État. En 1792, il avait été élu maire de Paris, mais il refusa ces fonctions.

ORMOND (Jacques BUTLER, duc d'), né à Londres, en 1610, d’une anc. et noble famille irlandaise, m. en 1688, fut le dernier appui de la cause de Charles I et un des principaux auteurs de la restauration de 1660. Nommé vice-roi d’Irlande, il s’appliqua à relever dans cette île le commerce et l’agriculture. — Son petit-fils, né à Dublin en 1665, m. en 1747, embrassa le parti de Guillaume d’Orange, et jouit de la plus grande faveur sous son règne et sous celui de la reine Anne. Envoyé contre l’Espagne en 1702, il força le port de Vigo et fut à son retour nommé vice-roi d’Irlande. À la mort de la reine Anne et après l’avénement de Georges I de Hanovre, il fut condamné comme partisan des Stuarts et coupable de haute trahison. Il se réfugia en France et y devint un des chefs du parti Jacobite.

ORMUS ou mieux HORMOUZ, Armuzia, Ogyris, vge et port d’Asie, sur la côte N. E. de l’île d’Ormus, à l’entrée du golfe Persique et sur le détroit d’Ormus, qui joint ce golfe à la mer d’Oman ; environ 500 hab. plus 200 soldats de l’iman de Maskate. — L'île d’Ormus, qui a 20 k. de tour, était jadis le centre des riches pêcheries de perles des environs : quoique stérile, ses pêcheries et sa position, qui en fait la clef du golfe Persique, lui donnent de l’importance. Albuquerque la prit en 1514 et en fit une des premières stations des Portugais en Orient; mais Chah-Abbas I, aidé des Anglais, la reprit en 1623. Elle appartient auj. à l’iman de Maskate, sous la suzeraineté de la Perse. La pêche des perles y produit peu à présent.

ORMUZD, l’Oromaze des Grecs, le bon principe chez les Perses, était en tout l’antagoniste d’Ahriman, et venait immédiatement après le dieu suprême Zervane-Akérène. Ormuzd est la lumière primitive : c’est lui qui a ordonné le monde, qui a fait le Soleil (Mithra), ainsi que toute l’armée des Étoiles et des Puissances bienfaisantes; c’est lui qui répand la lumière et la chaleur, qui lutte contre l’esprit de ténèbres; c’est aussi lui qui couronne les rois, qui a armé Djemchid et Féridoun, qui a inspiré Zoroastre. Son nom, en zend Ahura Mazda, veut dire le seigneur très-savant. Une des meilleures manières de l’honorer était de cultiver la terre, de nourrir et de protéger les animaux domestiques. Le culte d’Ormuzd le Mazdéisme, s’est maintenu chez les Parsis.

ORNAIN, riv. de France, naît dans le dép. de Hte-Marne, près de Neuville et au S. E. de Joinville, baigne Gondrecourt, Ligny, Bar-le-Duc ou Bar-sur-Ornain, entre dans le dép. de la Marne, reçoit la Saulx, passe à Vitry-le-Brûlé et se jette dans la Marne à 2 kil. N. de Vitry-le-Français, après un cours de 150 kil.

ORNANO, bg de Corse, à 13 kil. S. E. d’Ajaccio, a donné son nom à la maison d’Ornano.

ORNANO, famille corse, a fourni à la France trois maréchaux et plusieurs officiers distingués. Elle s’éteignit en France dès 1674; mais se continua en Corse, où elle subsiste encore.

ORNANO (Sampietro d'). V. SAMPIETRO.

ORNANO (Alphonse d'), né en Corse vers 1548, m. en 1610, était fils de Sampietro et de Vanina d’Ornano, fille d’un des plus riches seigneurs de la Corse, dont il prit le nom. Il fut élevé à la cour de Henri II comme enfant d’honneur des princes de France, rentra en Corse à 18 ans pour y poursuivre, après la mort de son père, la lutte engagée contre les Génois, fit la paix en 1568, revint en France avec 800 hommes et fut nommé par Charles IX colonel général des Corses au service du roi. Fidèle à Henri III pendant les troubles de la Ligue, il fut envoyé en Dauphiné après la mort du duc de Guise pour y calmer les esprits. Il reconnut et soutint de bonne heure Henri IV, contribua avec Lesdiguières et Montmorency à la soumission de Lyon, de Grenoble, de Valence, fut envoyé contre d’Épernon en Provence, fut lieutenant général en Dauphiné, puis fut fait maréchal. Nommé en 1599 gouverneur de la Guyenne, il se signala par son dévouement pendant une épidémie qui désola Bordeaux et fit dessécher les marais qui infectaient cette ville. — J. B. d’O., son fils, colonel général des Corses après lui, né à Sisteron en 1581, fut d’abord gouverneur, puis 1er gentilhomme et surintendant général de la maison de Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII; il fut fait maréchal en 1626. Il prit une part active aux intrigues de l’époque, devint l’âme des conseils du jeune duc d’Orléans et fut impliqué, dans la conspiration de Chalais. Richelieu le fit enfermer à Vincennes (4 mars 1626), et il y mourut (le 2 septembre) : on prétendit qu’il avait été étranglé ou empoisonné. — A la même famille appartiennent Philippe Antoine, comte d’O., 1784-1863, qui fit de la manière la plus brillante toutes les campagnes de l’Empire, fut exilé par les Bourbons, et fut fait maréchal de France par Napo-