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refusa de siéger au parlement Maupeou. Ayant commandé avec succès une escadre au combat d’Ouessant (1778), il sollicita la charge de grand amiral, mais il ne reçut qu’un injurieux refus, qu’il imputa à l’inimitié de la reine Marie-Antoinette. À partir de 1785, il offrit un centre et un point de ralliement aux ennemis de la cour. Chef du 3e bureau à l’Assemblée des Notables (1787), il déclara que les États généraux avaient seuls le droit de voter les impôts, et protesta contre les édits bursaux : il fut exilé. Député aux États généraux en 1789, il se prononça pour les idées nouvelles et fut du nombre des nobles qui donnèrent l’exemple de se réunir au tiers état. En 1790, il se rendit avec ses fils à l’armée du Nord, mais, après la défection de Dumouriez, il reçut l’ordre de la quitter. Jeté de plus en plus dans le parti révolutionnaire, il devint membre du club des Jacobins, se fit élire représentant du peuple à la Convention, prit dans cette assemblée le titre de Philippe-Égalité, et, sous la pression du parti de la Montagne, se laissa entraîner à voter la mort du roi. Il n’en fut pas moins mis lui-même en accusation, comme partisan des Girondins, et eut la tête tranchée le 6 nov. 1793. Il avait épousé en 1769 Adélaïde de Bourbon-Penthièvre, qui lui apporta des biens immenses : il abreuva de dégoûts cette femme vertueuse et, la laissant à l’écart, donna toute son affection et toute sa confiance à Mme de Genlis, qu’il chargea seule de l’éducation de ses enfants. — Son fils aîné, Louis-Philippe, 6e duc d’Orléans, devint en 1830 roi des Français.

ORLÉANS (Ferdinand, duc d’), prince royal, né en 1810 à Palerme, fils aîné de Louis-Philippe, alors duc d’Orléans, porta d’abord le titre de duc de Chartres. Il reçut une éducation toute nationale et suivit les cours du collège Henri IV, où il fit de fortes études et se concilia l’affection de, ses camarades ainsi que de ses maîtres. Colonel au 1er régiment de hussards dès 1825, il était en 1830 à Joigny avec son corps quand éclata la révolution de Juillet ; il vint aussitôt rejoindre son père à la tête de son régiment, auquel il avait fait prendre la cocarde tricolore, et fut accueilli avec enthousiasme. En 1831, il se rendit à Lyon afin de cicatriser par des bienfaits les plaies de cette malheureuse cité. En 1832, il prit la part la plus active au siège d’Anvers et commanda l’avant-garde. Envoyé en Algérie en 1835, il livra aux Arabes plusieurs brillants combats, notamment sur les bords de l’Habrah, ou il fut blessé, et entra avec l’armée triomphante à Mascara ; en 1839, il franchit avec le maréchal Valée les fameuses Portes de fer (Bibans), réputées infranchissables ; l’année suivante, il força, malgré la plus vive résistance, le col de Mouzaïa, défilé dont l’entrée était défendue par Abd-el-Kader, puis enleva Médéah et Milianah. Il avait créé et organisé en 1836 à Vincennes les Chasseurs à pied, qui furent d’abord appelés de son nom Chasseurs d’Orléans, et qui ont rendu depuis de si grands services. Il périt de la manière la plus déplorable, le 13 juillet 1842, près du château de Neuilly, en s’élançant de sa voiture dont les chevaux s’étaient emportés. Affable, généreux, brave, instruit et ami des idées libérales, protecteur des arts, doué en outre d’avantages extérieurs, ce prince avait conquis une immense, popularité ; sa mort fut un deuil universel. On lui fit de magnifiques obsèques. Une chapelle fut érigée, sous le vocable de St-Ferdinand, au lieu même où il avait péri. Une ville de l’Algérie a reçu en mémoire de ce prince le nom d’Orléans-ville. Le duc d’Orléans avait épousé en 1837 la princesse Hélène de Mecklembourg (qui suit), qui lui donna deux fils, le comte de Paris (né en 1838), et le duc de Chartres (1842).

ORLÉANS (Hélène, duchesse d’), née en 1814, morte en 1858, était fille du grand-duc de Mecklembourg-Schwerin, et professait le culte luthérien. Aussi distinguée par ses manières, son instruction et son goût que par les grâces de sa personne, elle fut choisie pour être l’épouse du jeune duc d’Orléans, héritier présomptif du trône de France : le mariage fut accompli en 1837. Après cinq années de l’union la plus heureuse, elle perdit son époux par une affreuse catastrophe (V. ci-dessus). Le 24 février 1848, quand Louis-Philippe eut abdiqué en faveur de son petit-fils, le comte de Paris, elle se rendit avec ses enfants, à travers mille périls, à la Chambre des députés, où elle devait être reconnue régente ; mais la salle ayant été envahie et la république proclamée, elle ne réussit qu’à grand’peine à s’échapper et à sortir de France. Elle alla s’établir à Eisenach (Saxe-Weimar), d’où elle se rendait fréquemment près de la famille royale en Angleterre : c’est pendant un de ces séjours qu’elle mourut, à Richmond. Il a paru en 1859 un livre intitulé : Mme la duchesse d’Orléans, qui fait bien apprécier cette princesse.

ORLÉANS (Louise d’), fille aînée de Louis-Philippe, et reine des Belges. Voy. LOUISE.

ORLÉANS (Marie d’), princesse royale, 2e fille du roi Louis-Philippe, née en 1813 à Palerme, fut mariée en 1837 au duc Alexandre de Wurtemberg, et fut enlevée en 1839 par une mort prématurés. Elle se distingua par son goût pour les arts, et cultiva elle-même la statuaire avec un rare succès. On admire au musée de Versailles sa belle statue de Jeanne d’Arc, qu’elle avait achevée à 20 ans ; on a en outre de cette princesse l’Ange gardien du ciel, la Péri, et nombre de bas-reliefs, de bustes, de jolies statuettes.

ORLÉANS (Adélaïde, princesse d’), sœur cadette de Louis-Philippe, née en 1771, morte en 1847, fut élevée avec son frère par Mme de Genlis dans des idées philosophiques, n’émigra que quand elle y fut forcée, et ne put se réunir aux siens qu’après avoir longtemps erré de pays en pays. Dévouée à son frère, elle contribua, sous la Restauration, à rallier autour de lui les hommes les plus distingués du parti libéral, et, en 1830, à le décider à accepter la couronne. Femme de tête, elle exerçait un grand ascendant sur l’esprit de Louis-Philippe : on la surnommait son Égérie. Sa mort plongea ce prince dans un abattement qui facilita les funestes événements de 1848. Elle laissait une grande fortune, qu’elle légua à ses neveux.

ORLÉANS (le Bâtard d’). Voy. DUNOIS.

ORLÉANS (le Père d’), historien. Voy. D’ORLÉANS.

ORLÉANSVILLE, v. d’Algérie, ch.-l. de subdivision militaire, dans la prov. et à 210 kil. O. S. O. d’Alger, sur la r.g. du Chélif ; 1375 hab. Fondée par les Français en 1843, cette ville reçut son nom en mémoire du jeune duc d’Orléans. On y a trouvé les fondations et le pavé en mosaïque d’une ancienne église chrétienne.

ORLOF (Grégoire), né en 1734, issu d’un strélitz auquel Pierre le Grand avait laissé la vie, était simple aide de camp quand l’éclat d’une aventure galante qu’il avait eue avec la princesse Kourakin attira sur lui l’attention de la grande duchesse Catherine ; elle voulut le voir, fut charmée de sa bonne mine et lui accorda sa faveur, bientôt elle trama et exécuta avec lui et son frère Alexis cette révolution de palais qui fit périr, Pierre III et qui mit Catherine sur le trône (1762). Nommé grand maître de l’artillerie, chargé d’honneurs et devenu tout-puissant, Orlof était encore mécontent. Ses indiscrétions, ses caprices, ses hauteurs, blessèrent au vif Catherine II : le dédain avec lequel il refusa le mariage secret qu’elle lui offrait acheva de le perdre. Catherine lui envoya l’ordre de voyager à l’étranger ; toutefois, elle lui assura une fortune considérable. De retour à St-Pétersbourg, Orlof ne put supporter le spectacle de la faveur de Potemkin : il mourut en 1783, dans d’horribles accès de démence. — Alexis O., son frère, soldat aux gardes russes, homme d’une force herculéenne et d’une audace a toute épreuve, fut un des trois assassins de Pierre III. Il fut récompensé magnifiquement et nommé amiral sans avoir jamais servi dans la marine. Il remporta pourtant, avec le secours de l’Anglais Elphinstone, la victoire de Tchesmé sur les Turcs, et pris le surnom de Tchesminski