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savants, ce prince était en même temps très-dissolu : il laissa plusieurs enfants naturels, entre autres le célèbre Dunois.

ORLÉANS (Charles d'), comte d'Angoulême, fils aîné du précédent et de Valentine Visconti, né en 1391, fut connu d'abord sous le nom de comte d'Angoulême. Il prit les armes en 1411 pour venger son père qui avait été assassiné par Jean sans Peur, duc de Bourgogne, s'allia dans ce but avec Bernard d'Armagnac, son beau-père, d'où le nom d'Armagnac donné au parti d'Orléans, mais ne réussit qu'à ensanglanter la France sans assouvir sa vengeance. Il se distingua en 1415 à la bataille d'Azincourt, mais il y fut blessé et pris : les Anglais le retinrent prisonnier pendant 25 ans. De retour en France, il entreprit vainement de se mettre en possession du duché de Milan, qui lui revenait du chef de sa mère, et ne put se rendre maître que du comté d'Asti. Il mourut en 1465, laissant, entre autres enfants, Louis d'Orléans, depuis Louis XII. Ce prince, pour charmer l'ennui de sa captivité, cultiva la poésie; on a de lui des pièces élégantes et gracieuses. L'abbé Sallier est le premier qui les ait fait connaître. A. Champollion et Guichard les ont publiées en 1842, sur les Mss. authentiques. On doit à M. C. Beaufils une Étude sur Charles d'Orléans, 1861.

ORLÉANS (Louis II, duc d'), V. LOUIS XII (roi de Fr.).

ORLÉANS (Gaston, duc d'), 3e fils de Henri IV et frère de Louis XIII, né en 1608, porta le titre de duc d'Anjou jusqu'en 1626, qu'il reçut en apanage le duché d'Orléans. Il passa sa vie dans les intrigues et les révoltes. Marié par force à l'héritière de Montpensier, qui mourut en 1627, il voulut, dès qu'il fut libre, s'unir, malgré sa mère, à Marie de Gonzague (fille de Charles I, duc de Mantoue, 1629); n'ayant pu réussir, il épousa secrètement Marguerite de Lorraine (1632). Il entra dans tous les complots formés contre Richelieu, mais il échoua toujours et vit périr ses adhérents, Montmorency (1632), Cinq-Mars et de Thou (1642), qu'il abandonna lâchement. Il n'obtint qu'à force d'humiliations la reconnaissance de son 2e mariage. Nommé lieutenant du royaume à la mort de Louis XIII, il se réhabilita un peu par ses trois campagnes de 1644, 45, 46, prit Gravelines, Mardick, Courtray, Bergues, etc.; mais il joua un rôle déplorable pendantlaFronde (1649-53), passant sans cesse d'un parti à l'autre. C'était du reste un homme spirituel, ami des lettres et des sciences naturelles ; il fut le protecteur de Voiture et de Vaugelas. Il mourut en 1660, ne laissant que des filles, entre autres la célèbre Mademoiselle, duchesse de Montpensier. Il a laissé des Mémoires de ce qui s'est passé en France de plus considérable de 1608 à 1635, publiés à Amsterdam en 1683, réimprimés en 1756.

ORLÉANS (Philippe I, duc d'), tige de la 2e maison d'Orléans, né en 1640, m. en 1701, était le 2e fils de Louis XIII et le frère unique de Louis XIV. Il eut pour précepteur Lamothe-Levayer, épousa en 1661 Henriette d'Angleterre, connue sous le nom de Madame, dont il se montra constamment jaloux et qu'il perdit de la manière la plus inopinée (V. HENRIETTE), et se remaria en 1671 à la princesse Palatine Charlotte Élisabeth de Bavière. Il fit avec gloire les campagnes des Pays-Bas (1667) et de Hollande (1672), battit le prince d'Orange à Cassel en 1677 et par là détermina la reddition de St-Omer ; mais il excita par ses succès la défiance jalouse de Louis XIV, qui depuis ne lui donna plus de commandement. Il protesta, mais en vain, contre le testament du roi d'Espagne, Charles II, qui, en appelant au trône Philippe d'Anjou, le frustrait d'une couronne à laquelle il croyait avoir des droits comme fils d'Anne d'Autriche. — La princesse palatine, femme de beaucoup de sens et d'esprit, morte en 1722, a laissé une curieuse Correspondance, en allem., qui a été trad. et publ. par G. Brunet, 1857.

ORLÉANS (Philippe II, 2e duc d'), le Régent, fils du précéd., né en 1674, eut parmi ses précepteurs l'immoral abbé Dubois, qui acquit sur lui un empire funeste. Doué de talents brillants, il se distingua dans les armes dès 1693, au point de faire ombrage à Louis XIV. Éloigné des armées, il se livra avec succès à l'étude des sciences naturelles. Cependant il fut quelques années après chargé d'un commandement en Italie, où il livra la bat. de Turin, dans laquelle il fut blessé, 1706, et en Espagne, où il soumit les royaumes de Valence et d'Aragon, prit Lerida, Tortose et entra à Madrid (1707 et l708). Témoin dans cette campagne de la faiblesse de Philippe V, il conçut la pensée de se placer lui-même sur le trône d'Espagne; Louis XIV, en ayant été instruit, voulut le mettre en jugement : il en fut empêché par l'intervention du duc de Bourgogne; mais depuis il ne vit plus le duc d'Orléans qu'avec répugnance. Toutefois, lorsqu'en 1711 et 1712 des bruits injurieux accusaient Philippe d'avoir causé, par le poison, la mort de plusieurs princes de la famille royale, Louis XIV lui-même repoussa hautement ces horribles imputations. Nommé par le testament du roi simple président d'un conseil de régence (1715), le duc d'Orléans se fit reconnaître par le parlement comme régent avec un pouvoir presque absolu. Tout changea aussitôt de face : les Stuarts quittèrent la France; les Jésuites perdirent leur pouvoir; 25 000 soldats reçurent leur congé; des dettes montant à 400 000 000 de livres furent éteintes. Cependant le régent se laissa éblouir par les projets gigantesques de Law, qui amenèrent la ruine d'une foule de familles. Il se forma bientôt un parti de mécontents : la duchesse du Maine, unie au duc de Cellamare, ambassadeur d'Espagne, conspira pour lui enlever la régence et la donner à Philippe V; mais la conspiration fut déjouée. Le régent irrité s'allia alors avec l'Angleterre contre l'Espagne, et fit échouer les vastes plans d'Albéroni. Louis XV, devenu majeur en 1723, laissa le duc d'Orléans à la tête des affaires : mais ce prince mourut à la fin de cette même année. Les grandes qualités du régent furent ternies par un goût immodéré pour le plaisir, goût qui trouva partout des imitateurs : ce qui fait de la régence une des époques les plus corrompues de notre histoire. Philippe avait épousé en 1692 Mlle de Blois, fille légitimée de Louis XIV et de Mme de Montespan : il en eut, outre un fils (qui suit), 5 filles dont la plus connue est la duchesse de Berry. Une Vie de Ph. d'Orléans a été publiée en 1737 par La Motte dit La Hode.

ORLÉANS (Louis, 3e duc d'), fils du préc. (1703-52), fut élevé par le sage abbé Mongault et donna l'exemple des vertus et de la piété. Il était gouverneur du Dauphiné, mais il préféra l'étude aux affaires. Il passa les dix dernières années de sa vie à l'abbaye de Ste-Geneviève, recevant et protégeant les savants, et eut lui-même de la réputation comme hébraïsant. Il avait formé un magnifique cabinet d'histoire naturelle et un riche médailler ; il a laissé, des ouvrages d'érudition et de piété, qui sont restés manuscrits. On l'a soupçonné de jansénisme, mais sans preuve suffisante. Il avait épousé une princesse de Bade, qu'il perdit après 2 ans d'une heureuse union.

ORLÉANS (Louis Philippe, 4e duc d'), fils du préc. (1725-85), d'abord comte de Chartres, eut part aux campagnes de 1742, 43, 44, fut fait lieutenant général en 1744 et nommé, après la mort de son père, gouverneur général du Dauphiné, se distingua dans les guerres de Flandre et d'Allemagne, et passa ses dernières années dans sa délicieuse maison de Bagnolet, protégeant les savants et les gens de lettres et jouant souvent lui-même la comédie. Veuf d'Henriette Bourbon-Conti, il épousa secrètement en secondes noces Mme de Montesson (1773). Ce prince éclairé favorisait les découvertes : il fut le 1er en France à faire inoculer ses enfants. Il faisait beaucoup de bien et en secret, distribuant aux malheureux jusqu'à 240 000 fr. par an.

ORLÉANS (Louis Philippe Joseph, 5e duc d'), fils du préc., né en 1747, fit de bonne heure preuve d'indépendance et d'opposition systématique à la cour et