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l'embouchure du Cephise dans le lac. Elle était jadis la capit. de l'empire minyen, qui comprenait tout le N. O. de la Béotie, Chéronée, Haliarte, Lébadée, Coronée, et qui même rendit Thèbes tributaire; mais, 60 ans après la ruine de Troie, elle fut prise par les Béotiens et fit dès lors partie de leur ligue. Ayant voulu s'en séparer en 367, elle fut prise par les Thébains qui mirent ses habitants à mort ou les réduisirent en esclavage. Rétablie par les Athéniens pour affaiblir Thèbes, elle fut détruite de nouveau par les Thébains; rebâtie une 3e fois par Philippe en 338, elle ne put reprendre son ancienne splendeur : elle était presque déserte à l'époque de Strabon. On trouve encore près du village de Scripou des ruines importantes de son acropole. On plaçait dans cette ville l'oracle de Tirésias et le tombeau d'Hésiode. — Sylla battit près d'Orchomène Archélaüs, général d'Antiochus le Grand, en 87 av. J.-C.

ORCIÈRES, ch.-l. de cant. (Hautes-Alpes), sur le Drac, à 52 kil. N. d'Embrun; 1405 hab.

ORCUS, nom de Pluton chez les Romains. On le fait dériver du grec orkos, serment, parce que Pluton était invoqué lors de la prestation des serments, et que l'onde du Styx était le garant le plus terrible de la sainteté des promesses.

ORDALIE, du saxon ordal, le même mot qu’urtheil, jugement. Voy. JUGEMENT DE DIEU.

ORDELAFFI (Cecco), d'une famille gibeline, s'empara en 1315 du gouvernement de Forli, sa ville natale, qui resta dans sa famille jusqu'en 1480, époque à laquelle la veuve du dernier Ordelaffi le vendit à Jérôme Riario, neveu de Sixte IV.

ORDERIC VITAL, né en 1075 en Angleterre, à Atcham, près de Shrewsbury, de parents français, mort vers 1150, dans l'abbaye de St-Évroul en Ouche (Normandie), a laissé une Histoire ecclésiastique, en 13 livres, qui va de la naissance de J.-C. à l'an 1141, et qui est une des sources les plus précieuses pour l'histoire de France. Elle a été publiée par Duchesne, dans les Scriptores historiæ normannicæ, Paris, 1619, et par A. Leprévost, 1838-55. M. Dubois l'a traduite en français (dans les Mémoires relatifs à l'histoire de France de M. Guizot, 1827).

ORDOGNO, nom de plusieurs rois des Asturies et de Léon, dont le plus important est Ordogno II, qui régna de 913 à 923. Il quitta Oviédo pour s'établir à Léon. Il prit et rasa Talavera, battit Abdérame III en 916 et alla au secours de la Navarre; mais il perdit la bataille du Val de la Jonquera, 921.

ORÉADES (du grec oros, montagne), nymphes des montagnes, et compagnes de Diane.

ORÉE, v. de l'Eubée. Voy. HISTIÉE.

ORÉGON (l'), fleuve des États-Unis, prend sa source dans les monts Rocheux, par 50° lat. N. et 118° 50' long. 0., coule d'abord au N. O. jusqu'à 52° lat. N., puis retourne au S., et, arrivé au 46° lat. N., se dirige à l'O. pour se jeter dans le Grand-Océan par 46° 19' lat. N. et 126° 14' long. O., entre les caps du Désappointement et d'Adam après un cours d'env. 1800 k. Il avait d'abord été appelé Columbia, du nom du premier navire qui y entra en 1792.

ORÉGON, vaste contrée de l'Amérique du Nord, entre les monts Rocheux à l'E., le territoire de Washington au N., le grand Océan à l'O. et la Californie au S., est arrosée par l'Orégon, qui lui donne son nom. Ce pays, anc. annexe des possessions françaises du Canada, ne commença à être exploré qu'en 1792 : à cette époque, un bâtiment américain, le Columbia, entra dans le fleuve qui depuis a pris son nom. Vers 1811, un citoyen américain, J. Astor, fonda près de l'embouchure du fleuve un établissement pour le commerce des pelleteries : c'est la ville actuelle d'Astoria. Pendant la guerre de 1812, les Anglais se rendirent maîtres de cet établissement et accaparèrent la navigation du fleuve. De là entre les Anglais et les Américains de longues contestations; en 1846 le pays fut partagé et un traité fixa la limite entre les deux puissances au 49° de lat. N., donnant aux États-Unis ce qui est au S. de cette ligne et à la Grande-Bretagne ce qui est au N. L'Orégon américain a été érigé en territoire en 1850 et en État en 1858 ; il a pour ch.-l. Orégon-City, Cornwallis ou Salem ; un archevêché y a été créé par le pape Grégoire XVI ; il a une université (à Marysville).

OREILLY (Alex.), général au service de l'Espagne, né en Irlande en 1735, avait d'abord servi la France. Ayant sauvé la vie au roi Charles III lors d'une émeute suscitée à Madrid en 1766, il obtint la faveur de ce prince. Il alla prendre possession de la Louisiane cédée à l'Espagne par la France, dirigea en 1774 une expédition contre Alger, échoua, mais n'en conserva pas moins sa faveur. Il mourut en 1794, au moment où il allait marcher contre la France.

OREL ou ORLOW, v. de la Russie d'Europe, ch.-l. du gouvt d'Orel, sur l'Oka et l'Orlik, à 1050 kil. S. S. E. de St-Pétersbourg ; 32 000 hab. Évêché, tribunaux, gymnase. Grand entrepôt entre la Russie sept, et la Crimée (grains, chanvres; vins, miel, suif, etc.). Cette ville fut saccagée au XVIIe les Lithuaniens, et depuis par les Polonais et les Tartares de Crimée. — Le gouvt d'Orel, entre ceux de Kalouga et Toula au N., de Smolensk et de Tchernigov à l'O., a 420 k. de l'E. à l'O., 172 du N. au S. ; 1 450 000 hab. Grande exportation de céréales.

ORELLANA (Fr.), voyageur espagnol, né à Truxillo vers 1500, suivit Pizarre, s'abandonna sur un brigantin au cours du fleuve des Amazones depuis le lieu où il reçoit le Napo, et parvint ainsi à découvrir, en 1541, l'embouchure de ce fleuve (qui pendant quelque temps porta son nom). Il obtint de Charles-Quint des lettres patentes pour établir des colonies dans les régions qu'il avait visitées et repartit en 1549 avec trois vaisseaux; mais il en perdit deux, et peu après mourut de chagrin à Caracas.

ORELLI (Jean Gaspard d'), philologue, né en 1787 à Zurich, d'une famille originaire d'Italie, mort en 1849, d'abord pasteur de l'Église réformée à Bergame, puis professeur à Coire (1814), fut appelé en 1819 à Zurich pour occuper la chaire d'éloquence et d'herméneutique, résigna ses fonctions en 1822 parce qu'on suspectait son orthodoxie, mais fut bientôt rappelé et fut nommé en 1833, lors de la fondation de l'Université de Zurich, professeur extraordinaire de littérature ancienne. Outre quelques ouvrages originaux (Histoire de la poésie italienne, 1810; Victorin de Feltre, 1812; la Réforme en Suisse, 1849), on lui doit des éditions fort estimées de Cicéron, Zurich, 1826-38; de Phèdre, 1832; de Velleius Paterculus, 1835; de Salluste, 1840; d’Horace, 1837 et 1843; de Tacite, 1846-48; de la Théogonie d'Hésiode, 1836, une édit. toute grecque de Platon, avec les scholies et les glossaires anciens, 1839; et un précieux recueil d'inscriptions, Inscriptionum latinarum amplissima collectio, 1828, 2 vol. in-8, préférable à tous les recueils analogues publiés jusque-là. La plupart de ses éditions sont accompagnées de commentaires où brillent une érudition variée et choisie, une rare sagacité, une précision et une correction remarquables. — Son frère, Conrad d'O., 1771-1849, est connu par de savantes recherches sur la langue française. — Jean Conrad d'O., cousin des préc., 1770-1826, pasteur et conseiller ecclésiastique à Zurich, a donné des éditions des fragments de Nicolas de Damas, grec-latin, Leipsick, 1804-11, 2 vol. in-8; d’Arnobe, 1816; du philosophe Salluste (De diis et mundo), 1821 ; les Opuscula Græcorum sententiosa, 1819-21, et une édition de Procope, qui n'a été terminée qu'après sa mort, 1828.

ORENBOURG, v. forte de la Russie d'Europe, dans le gouvt d'Orenbourg, au confluent de l'Oural et de la Sakmara, à 1900 kil. S. E. de St-Pétersbourg et à 1300 k. S. d'Oufa; 15 000 h. Évêché grec; mufti musulman; école militaire. On remarque la cathédrale, bâtie sur un rocher de jaspe rouge, la chancellerie, la Cour de commerce et celle des échanges. Entrepôt du commerce de l'Asie avec l'Europe