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folk, 2e fils du roi Édouard I, et comte-maréchal d'Angleterre. Au XIVe siècle, Marguerite, fille de Thomas de Mowbray; duc de Norfolk, ayant épousé Robert Howard, le titre de duc de Norfolk passa à celui-ci et à ses descendants. Les Norfolk occupent en Angleterre le même rang que les Montmorency en France : le chef de cette famille a le titre de 1er duc, 1er marquis, 1er comte et 1er baron d'Angleterre.

NORFOLK (J. et Th. HOWARD , ducs de). V. HOWARD.

NORFOLK (Roger BIGOD, comte de), maréchal d'Angleterre, vint en 1245 comme ambassadeur du roi et des barons d'Angleterre au concile général de Lyon, où il combattit les prétentions du pape au titre de souverain de l'Angleterre, et fut un des seigneurs qui forcèrent Henri III à confirmer la Grande Charte, ainsi que la Charte des Forêts, et à se conformer aux Provisions d'Oxford. Mort en 1270.

NORIQUE (Le), Noricum, auj. partie de la Bavière, de l'Autriche et de la Styrie, grande prov. de l'empire romain, entre la Rhétie à l'O. et la Pannonie à l'E., avait pour bornes au N. le Danube, au S. l'Italie, dont la séparaient les Alpes Carniques. Pays montagneux, couvert par les Alpes Noriques, autrefois riche en mines de fer, d'argent et d'or. Boiodurum, Lauriacum, Ovilabis en étaient les villes principales; il y avait aussi une ville de Noreia, auj. Noring. Les Romains firent la conquête de ce pays sous Auguste. Au IIIe s. le Norique fut divisé en Norique riverain et méditerranéen.

NORIQUES (ALPES), partie N. E. de la chaîne des Alpes, s'étend depuis le Dreyherrnspitz, à travers la Carinthie, le pays de Salzbourg et l'Autriche, jusqu'aux plaines d Œdenbourg en Hongrie.

NORIS (le cardinal), critique italien, né à Vérone en 1631, m. en 1705, était d'origine irlandaise. Il entra dans l'ordre des Augustins, professa la théologie dans plusieurs maisons de son ordre, puis l'histoire ecclésiastique à Pise; fut nommé par la reine Christine membre de l'Académie qu'elle avait créée dans son palais, et se rendit à Rome sur l'invitation d'Innocent XII, qui le fit cardinal en 1695 et le nomma bibliothécaire du Vatican. Ses OEuvres complètes, publiées à Vérone de 1729 à 1741, forment 5 v. in-fol. On y remarque une Histoire du Pélagianisme, une Hist. des Donatistes, Epochæ Syro-Macedonum, Cenotaphia pisana, Parænesis ad P. Harduinum, où il réfute les paradoxes de ce Père. — V. NORRIS.

NORLINGUE. V. NORDLINGEN.

NORMANDIE, Neustria et Normannia, anc. prov. et grand gouvt de France, borné au N. par la Manche, au N. E. par la Picardie, à l'O. par la Bretagne, au S. par le Maine et le Perche, au S. E. par l'île de France ; 270 kil. de long sur 110 de moyenne largeur. Elle se divisait en Hte et Basse-Normandie. Dans la 1re, qui avait pour ch.-l. Rouen, capitale de toute la province, on distinguait le pays de Caux, celui de Bray, le Vexin normand, l'Êvrecin, le Roumois, le Lieuvin, les pays d'Ouche et d'Auge. La 2e avait pour ch.-l. Caen et se composait de la campagne de Caen, du Bessin, du Cotentin, de l'Avranchin, du Bocage, du pays d'Houlme et de la campagne d'Alençon. La Normandie forme auj. les dép. de Seine-Inférieure, Eure, Calvados, Manche et partie du dép. de l'Orne. Elle est arrosée par la Basse-Seine, l'Eure, l'Epte, l'Andelle, la Vire, la Rille, la Touque, la Dive, l'Orne, l'Aure, etc. — Cette province est une des plus fertiles et des plus riches de la France; les côtes offrent un grand nombre de baies et de ports ; elles sont très-poissonneuses. Le climat est humide et même un peu froid. Sol excellent pour la culture des grains, du lin, du chanvre, du colza, etc.; pâturages magnifiques qui nourrissent des chevaux, des bœufs et des moutons estimés; pommiers en abondance (le cidre est la boisson du pays). Houille, fer, cinabre, salines (dans l'Avranchin), granit, kaolin, pétunzé, etc. Le Normand est laborieux et intelligent, surtout pour le commerce, mais il passe pour rusé, intéressé et même âpre au gain; on lui attribue aussi (principalement au Bas-Normand) l'amour de la chicane. — La Normandie était originairement occupée par plusieurs tribus gauloises, dont les principales sont les Veliocasses, les Caleti, les Auterci-Eburovices, les Lexovii, les Bajocasses et les Abrincatui. Après la conquête romaine, elle fut comprise dans la 2e Lyonnaise. Clovis l'enleva aux Romains à la fin du Ve s. Sous ses successeurs, elle fit partie d'abord du roy. de Soissons, puis du roy. de Neustrie. Le Christianisme y avait été introduit dès le IIIe s., par S. Nicaise et S. Mellon, dont les successeurs fondèrent les importantes abbayes de St-Wandrille, de Jumiéges, de Fécamp. Sous les Carlovingiens, cette province fut en proie aux ravages continuels des pirates Normands ou Danois (V. NORMANDS). Ils s'y établirent en 911, sous la conduite de Rollon, qui, en 912, épousa Gisèle, fille du roi de France Charles le Simple. Le pays prit dès lors le nom des conquérants. Rollon et ses successeurs possédèrent la Normandie avec le titre de ducs et comme vassaux du roi de France. L'un d'eux, Guillaume le Bâtard, ayant conquis l'Angleterre (1066), devint roi de ce pays, tout en restant vassal du roi de France pour son duché de Normandie. En 1203, Philippe-Auguste confisqua cette province sur Jean sans Terre, lorsque celui-ci, après avoir assassiné l'héritier du duché, Arthur, son neveu, eut refusé de comparaître devant la cour des Pairs, de France, et il le réunit à la couronne; mais, en 1346, Édouard III, roi d'Angleterre, l'envahit et s'en empara. La Normandie resta entre les mains des Anglais jusqu'au règne de Charles V, qui la reprit; Charles VI la perdit de nouveau; mais elle fut définitivement reconquise sous Charles VII (1450). Sous la domination française, la Normandie conserva presque toutes ses libertés : elle garda sa Coutume, rédigée vers 1250, son grand tribunal connu sous le nom d’Échiquier, sa charte, dite la Charte aux Normands, et son Cri de haro ; en outre elle eut ses États particuliers, qui durèrent jusqu'à Louis XIV. La Normandie a produit un grand nombre d'hommes remarquables dans les genres les plus divers : des guerriers, tels que les fils de Tancrède de Hauteville et Guillaume le Conquérant; de hardis navigateurs et d'intrépides explorateurs, Jean de Béthencourt, d'Énambuc, Ango, Jacq. Cartier, Robert de Lasalle; d'illustres marins, Tourville, Duquesne; de grands poètes, Malherbe, les deux Corneille, Cas. Delavigne; des philosophes et des historiens, Fontenelle, Huet, Bernardin-de-St-Pierre, Mézeray, Daniel, Vertot; des peintres tels que Poussin, Jouvenet; enfin, l'un de nos premiers compositeurs, Boïeldieu. — Quatre princes du sang de la maison de France ont porté le titre de ducs de Normandie ; Jean, fils de Philippe de Valois et depuis roi (1332); Charles, fils du roi Jean, roi depuis sous le nom Charles le Sage (1355); Charles de France, frère de Louis XI (1464), et Louis-Charles, 2e fils de Louis XVI plus connu sous les titres de Dauphin et de Louis XVII.

Ducs héréditaires de Normandie:

Rollon ou Raoul, 912 Robert II, Courteheuse, 1087
Guillaume I, Longue-Épée, 920 ou 927 Henri I, roi d'Angl., 1106
Richard I, Sans Peur, 943 Etienne de Blois, roi d'Angl., 1135
Richard II, le Bon, 996 Mathilde, 1144
Richard III, 1027 Henri II, roi d'Angl., 1151
Robert I, le Diable, 1028 Richard IV, Cœur de Lion, 1189
Guillaume I, le Conquérant, 1035 Arthur et Jean sans Terre, 1199-1203

Les sources de l'histoire de la Normandie sont les écrits de Dudon de St-Quentin, Guillaume de Jumiéges, Orderic Vital, R. Wace, Benoît.

NORMANDS ou NORTHMANS, c-à-d. Hommes du Nord, nom donné en France, à partir du VIIe siècle, aux pirates scandinaves (danois, norvégiens et suédois), qu'en Angleterre on nomma plus spécialement Danois. Tous les peuples riverains orientaux de la mer du Nord (Frisons, Saxons, Danois, Jutes, Angles) ont