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Perruques, 1801 (trad. en franc, par Jansen, 1809). Il édita ce 1765 à 1792 la Bibliothèque allemande universelle, espèce d’encyclopédie qui exerça une grande influence sur la littérature allemande.

NICOLAI, voyageur français. V. NICOLAY.

NICOLAIEF, NICOLAISTADT. V. NICOLAÏEF, etc.

NICOLAS (S.), évêque de Myre en Lycie, vivait, selon l’opinion commune, sous Constantin le Grand. Il sa signala dès sa 1re enfance par sa piété et fit pendant sa vie de nombreux miracles. Il fut persécuté sous Dioclétien et Licinius, et mourut vers 842. Il a été choisi pour être le patron des jeunes garçons parce que son enfance fut exemplaire. Il est aussi le patron de la Russie. On le fête le 6 décembre.

NICOLAS I, le Grand, pape de 858 à 867, Romain de naissance, fit anathématiser Photius au concile de Latran (862), lança diverses censures sur des évêques de France qui refusaient de se soumettre à sa juridiction, et eut la satisfaction de voir le roi des Bulgares Bogoris embrasser le Christianisme et reconnaître la suprématie de l’Église romaine. On a de lui des Lettres, Rome, 1542, fol. et Anvers, 1578, fol.

NICOLAS II, Gérard, pape de 1058 à 1061, né en Savoie, était d’abord évêque de Florence. Il fut élu pape par l’appui de L’impératrice Agnès, mère d’Henri IV, fit déposer par les évêques de Toscane et de Lombardie son compétiteur Jean de Velletri (Benoît X), investit à titre de vassaux les Normands Richard et Robert Guiscard, le 1er de la principauté de Capoue, le 2e de la Pouille et de la Calabre, 1059, commença à affranchir la papauté de la dépendance de l’empire, et régla dans un concile les formalités à suivre pour l’élection des papes.

NICOLAS III, Jean Caëtan Orsini, pape de 1217 à 1280, se fit rendre par Rodolphe de Habsbourg plusieurs villes de la Romagne, força Charles d’Anjou de renoncer au vicariat de l’empire en Toscane et au titre de patrice de Rome, mais ne réussit ni dans ses tentatives pour réunir les Églises romaine et grecque, ni dans ses essais de médiation entre le roi de Castille et Philippe le Hardi. On a reproché à ce pape d’avoir trop enrichi et élevé sa famille.

NICOLAS IV, Jérôme d’Ascoli, pape de 1288 à 1292, né à Ascoli, était général des Frères Mineurs, et fut promu malgré lui à la papauté. Il fit tous ses efforts pour ranimer le zèle des croisades, envoya des missionnaires jusqu’en Chine et fonda en France l’Université de Montpellier (1289).

NICOLAS V, Thomas Parentucelli, pape de 1447 à 1455, né à Sarzane, obtint l’abdication de l’antipape Félix V, 1449, ce qui mit fin à un schisme fâcheux ; mais tenta vainement, après la chute de Constantinople (1453), de susciter une croisade contre les Turcs. Rome lui doit plusieurs édifices magnifiques, et on peut le considérer comme le fondateur de la bibliothèque du Vatican, tant il l’augmenta.

NICOLAS V, antipape. V. CORBIÈRE (Pierre de).

NICOLAS, roi de Danemark de 1106 à 1134, était fils de Suénon II et successeur d’Éric Ier, son frère. D’un caractère faible, il dut abandonner à son neveu Canut le titre de roi des Slaves et le duché de Slesvig. Son fils Magnus, jaloux de Canut, tua de sa main cet usurpateur ; mais une assemblée générale, excitée par la vue des vêtements ensanglantés de la victime, déposa Nicolas.

NICOLAS Ier, empereur de Russie, né en 1796, mort en 1855, était le 3e fils de Paul Ier. Il monta sur le trône en 1825, à la mort d’Alexandre, son frère aîné, par l’effet de la renonciation de son 2e frère, Constantin, eut dès son avènement à comprimer une révolte militaire et déploya en cette occasion une grande fermeté ; contraignit la Turquie à signer le traité d’Akermann (1823), qui confirmait les concessions obtenues par celui de Bucharest ; repoussa les attaques du schah de Perse et obtint, par la paix de Tourkmantchai (22 février 1828), la cession des provinces d’Érivan et de Nakschivan ; mais fut moins heureux avec les Circassiens, qu’il tenta vainement de réduire ; favorisa le soulèvement des Hellènes, s’allia, pour assurer leur indépendance, à l’Angleterre et à la France, et joignit sa flotte à celles de ces deux puissances pour anéantir la flotte turque à Navarin (1827) ; déclara en 1828 la guerre à la Porte qui refusait d’exécuter le traité d’Akermann, et força sultan à signer, à Andrinople, une paix humiliante (14 sept. 1829), qui livrait à la Russie, avec de nouvelles provinces en Asie, les bouches méridionales du Danube et le protectorat des Principautés danubiennes ; vit en 1830 éclater en Pologne, à la suite de la révolution de France, une insurrection formidable, qui ne put être comprimée qu’après dix mois d’une lutte acharnée (1831), et punit les Polonais en leur enlevant leur constitution et leurs privilèges ; prit en 1832 la defense du sultan Mahmoud, menacé par Méhémet-Ali, pacha d’Égypte, et obtint de la Porte en reconnaissance qu’elle signât le traité d’Unkiar-Skélessi (juin 1833), qui fermait à son profit le détroit des Dardanelles ; s’allia, par le traité du 15 juillet 1840, avec l’Angleterre et l’Autriche, à l’exclusion de la France, pour arrêter de nouveau les progrès du pacha d’Égypte ; s’unit étroitement, après les événements de 1848, à la Prusse et à l’Autriche pour comprimer l’esprit révolutionnaire et aida puissamment ce dernier État à triompher de l’insurrection hongroise (1849) ; prit prétexte en 1853 d’un différend élevé au sujet des lieux saints pour exiger impérieusement de la Porte, par l’organe de son ambassadeur le prince de Mentchikoff, un traité qui lui permît d’intervenir dans les affaires intérieures de l’empire ottoman afin d’y protéger les sujets grecs, fit, sur le refus du sultan, occuper à l’improviste les Principautés danubiennes et détruire la flotte ottomans à Sinope, et engagea ainsi une nouvelle guerre, dans laquelle la France et l’Angleterre, après avoir inutilement tenté tous les moyens de conciliation, prirent parti contre lui (1854). Déjà il avait pu connaître l’échec de ses troupes devant Silitrie, leur défaite aux batailles de l’Alma, de Balaclava et d’Inkermann, la destruction de Bomarsund et les progrès du siège de Sébastopol, lorsqu’il mourut d’une paralysie du poumon. – L’empereur Nicolas était doué de tous les avantages extérieurs qui commandent le respect ; en outre, il avait une grande activité, une volonté énergique ; il s’honora par ses vertus domestiques, par son amour pour les arts et par l’habileté de son gouvernement : il étendit les limites de ses États, développa les ressources intérieures de la Russie, améliora le sort de la bourgeoisie et des populations rurales, donna aux nobles de son empire l’exemple d’émanciper les serfs et fit dresser un Digeste de toutes les lois russes (1833). Ennemi des révolutions, il se posa vis-à-vis des nations étrangères comme le défenseur de l’autorité et de la légitimité : aussi fut-il longtemps l’arbitre de l’Europe ; mais, se croyant appelé à réaliser les projets ambitieux de Pierre Ier et de Catherine II sur la Turquie, il compromit par ses derniers actes sa réputation de sagesse, ainsi que la prospérité de son empire. Ce prince fut, depuis 1830, fort hostile à la France et à la nouvelle dynastie qu’elle avait choisie ; en outre, il se montra pendant tout son règne fort intolérant ; il employa tous les moyens pour faire triompher l’Église orthodoxe russe et fit subir aux dissidents toutes sortes de vexations. — Nicolas avait épousé en 1817 la princesse Charlotte de Prusse, sœur de Frédéric-Guillaume ; il a laissé 4 fils : Alexandre, né en 1818, qui lui a succédé sous le nom d’Alexandre II ; Constantin, né en 1827 ; Nicolas, né en 1831 ; Michel, né en 1832. – Sa vie a été écrite par A. Belleydier, 1857, et P. Lacroix, 1864 et suiv. Il a été apprécié par M. de La Guéronnière dans ses Études et portraits politiques.

NICOLAS DE DAMAS ou DAMASCÈNE, écrivain grec, né à Damas vers l’an 74 av. J.-C., composa des tragédies et des comédies et cultiva en même temps la rhétorique, les mathématiques, la philosophie et