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son oncle, battit devant Témeswar en 1695 les troupes de Frédéric-Auguste, électeur de Saxe, remporta encore quelques succès sur les Vénitiens, les Polonais, les Moscovites; mais essuya dans la suite plusieurs défaites, fut notamment battu à Zentha par le prince Eugène (1697), et se vit, en 1699, obligé de signer la paix de Carlowitz. Il se retira à Andrinople, où il se livra à l'oisiveté. Il fut détrôné en 1703, et contraint de céder la couronne à son frère Achmet III. Il mourut peu de mois après. — III, fils d'Achmet III, né en 1716, m. en 1774, parvint au trône en 1757, se laissa aller à la mollesse, abandonnant le gouvernement à des ministres qui l'engagèrent dans une guerre funeste avec la Russie, et perdit Choczim, la Moldavie et une partie de la Valachie (1769-71); il répara cependant une partie de ses pertes dans la campagne de 1773. — IV, fut porté au trône en 1807, par la révolution qui en précipita Sélim III, son cousin. Il abolit toutes les institutions de son prédécesseur, obtint quelques avantages sur la flotte russe, repoussa les Anglais qui tentaient de s'emparer de l'Égypte, et voulut rabaisser les prétentions des Janissaires; mais une révolte éclata, et il fut déposé et étranglé (1808). Il fut remplacé par Mahmoud II, son frère.

MUSTAPHA, fils aîné du sultan Soliman I et d'une Circassienne, devait succéder à son père et promettait un excellent prince; mais Roxelane, sa belle-mère, parvint à le perdre en persuadant à Soliman qu'il songeait à le détrôner. Le jeune prince était dans son gouvernement d'Amasie : Soliman se rendît à l'armée qui campait dans le voisinage, et ordonna à son fils de venir le trouver; dès qu'il fut arrivé dans sa tente, il le fit étrangler sans vouloir l'entendre (1553). L'année suivante, l'artificieuse Roxelane, voulant précipiter du trône Soliman lui-même, fit paraître un faux Mustapha, qui insurgea plusieurs provinces; mais il fut bientôt pris et jeté à la mer. — La catastrophe de Mustapha a été mise sur la scène française par Belin, 1705; Chamfort, 1777; Maisonneuve, 1785.

MUSTAPHA-BEÏRACTAR. V. BEÏRACTAR.

MUSULMANS, c.-à-d. Résignés à la volonté de Dieu, nom générique donné aux partisans de Mahomet, sans distinction de secte. V. MAHOMÉTISME.

MUSURUS (Marc), savant grec, né vers 1470 à Retimo (Candie), m. en 1517, vint jeune en Italie, s'y lia avec J. Lascaris, Alde Manuce et Ficin, fut nommé professeur de lettres grecques à Padoue, et remplit ces fonctions avec un zèle et un talent qui lui attirèrent des auditeurs de toutes les villes de l'Italie, de la France et de l'Allemagne. Léon X l'appela à Rome en 1516, et le nomma archevêque de Malvoisie en Morée. On lui doit les 1res éditions d'Aristophane, Alde, 1498, de l’Etymologicum magnum, 1499 (ouvrage que quelques-uns lui attribuent); de Platon, 1513; d’Athénée, du Lexique d'Hésychius, 1514, etc. On a de lui, comme poëte, des Épigrammes grecques et un Poëme à la louange de Platon (dans l'édition de Platon de l513, publié séparément par Muncker, Amst., 1676). Musurus est un des Grecs qui contribuèrent le plus à répandre en Europe le goût des lettres anciennes.

MUTIEN (LE), peintre. V. MUZIANO.

MUTINA, auj. Modène, v. de la Gaule Cisalpine, chez les Boii, entre le Gabellus et le Scultenna, fondée par les Étrusques, et l'une de leurs lucumonies, devint colonie romaine en 183 av. J.-C. V. MODÈNE.

MUTIUS SCÆVOLA. V. SCÆVOLA.

MUTZIG, v. du B.-Rhin, sur la Bruche, à 24 k. S. O. de Strasbourg; 3532 hab. Manufacture d'armes à feu. Anc. château des évêques de Strasbourg. Vins blancs.

MUY (LE), bg du dép. du Var, à 12 kil. S. E. de Draguignan; 1900 hab. Anc. seigneurie, érigée en marquisat en 1697. Tour romaine (Turris de Medio), bien conservée. Charles-Quint faillit être assassiné à Muy en 1536.

MUY (Vict. DE FÉLIX, comte du), maréchal de France, né à Marseille en 1711, fut nommé en 1735 menin du dauphin, père de Louis XVI, fut fait lieutenant général en 1748, gouverneur de la Flandre en 1762, accepta de Louis XVI, en 1774, le ministère de la guerre, et fut en même temps promu au grade de maréchal; mais il mourut dès l'année suivante.

MUYART DE VOUGLANS, criminaliste, né en 1713 à Morancé (Franche-Comté), m. en 1791, fut membre du grand-conseil dans le parlement Maupeou, On a de lui : Institutes au droit criminel, 1757, Lois criminelles de la France, 1780, ouvrages estimés.

MUZIANO ou LE MUTIEN, peintre, né vers 1528 à Acquafredda dans le Brescian, m. en 1592, vint jeune à Rome, s'exerça d'abord dans le paysage, puis se livra au genre historique, orna de ses tableaux plusieurs églises de Rome, perfectionna l'art de la mosaïque et exécuta les belles mosaïques de la chapelle grégorienne. Il réussissait particulièrement à peindre les personnages d'une physionomie grave, les pénitents exténués par l'abstinence. Parmi ses tableaux, on remarque : l'Incrédulité de S. Thomas et la Résurrection de Lazare, au musée du Louvre; une Troupe d'anachorètes écoutant la parole d'un Père du Désert, dans l'église des Chartreux à Rome.

MUZILLAC, ch.-l. de c. (Morbihan) près de l'embouch. de la Vilaine, à 23k. S. E. de Vannes; 1800 h. Près de là, ruines de l'abbaye de Prières, fondée en 1250 par le duc de Bretagne Jean I.

MYCALE (le mont), auj. Samsoun, montagne de l'Asie-Mineure, en Ionie, au S., entre Éphèse et Priène, en face de l'île de Samos, forme en s'avançant dans la mer le cap Trogilium. C'est à la hauteur de Mycale que les Perses furent défaits par la flotte grecque, que commandaient Xantippe et Léotychide, l'an 479, le jour même de la bataille de Platée.

MYCÈNES, Mycenæ, anc. v. de 1'Argolide, au N. N. E. d'Argos, à 6 k. S. E. du mont Trétos, était, remplie de monuments magnifiques dont il ne reste que des ruines. Elle fut fondée, suivant les uns, par Mycène, fille d'Inachus, vers 1920; selon d'autres, par Acrisius ou Persée, de 1462 à 1481, elle fut de 1431 à 1190 av. J.-C. la capitale d'un petit royaume qui disputait à Argos la suprématie sur le Péloponèse. Ses principaux rois furent : Persée, 1431 ; Sthénélus, 1397; Eurysthée, 1367; Hercule, vers 1330; Atrée et Thyeste, 1307; Agamemnon, 1280; Égisthe, 1270; Oreste, 1263; Tisamène, 1192; Penthilus et Cométès, 1190. Les Héraclides, à leur retour dans le Péloponèse, s'en emparèrent et la possédèrent comme dépendance d'Argos. Pendant les guerres médiques, Mycènes se montra lente à envoyer des secours contre l'ennemi commun, ce qui la rendit odieuse aux autres Grecs. Une contestation s'étant élevée entre Argos et Mycènes pour la possession du temple de Junon, les Argiens, joints aux habitants de Cléone et de Tégée, détruisirent la ville natale, 468 av. J.-C. La plus grande partie de l'enceinte subsistait encore au temps de Pausanias. Auj. la plaine de Mycènes, près de Karvati, offre des ruines importantes, parmi lesquelles on remarque des restes de murs cyclopéens et l'édifice circulaire appelé Tombeau d'Agamemnon ou Trésor des Atrides, édifice que l'on croyait, dans l'antiquité, avoir renfermé les trésors qu'Agamemnon avait rapportés de Troie.

MYCERINUS, roi d’Égypte, fils de Chéops ou de Chemmis, construisit la 3e des grandes Pyramides, où sa momie a été trouvée en 1837. On le place 10 générations avant la guerre de Troie.

MYCONE, Myconos, une des îles Cyclades, entre Ténos au N. E., Paros et Naxos au S., à 15 k. O. de Délos; 50 k. de tour. On y montrait les tombeaux des Centaures. Fréquemment bouleversée par des tremblements de terre, Mycone était presque inhabitée et très-pauvre. Ses habitants passaient pour avares et grands parasites. — Soumise pour Darius par Datis et Artapherne, Mycone tomba ensuite au pouvoir des Athéniens. Après la 4e croisade, elle appartint successivement à plusieurs familles de Croisés, puis à Venise, à qui Soliman II l'enleva. Elle prit une part active en 1822 à la guerre de l'Indépendance, et fut, à la