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sur le trône le jeune Edouard III. Mortimer exerça pendant quelque temps sous le nom de ce prince un pouvoir absolu, sacrifiant tous ceux qui lui faisaient ombrage, mais il finit par se rendre si odieux qu’Édouard, dès qu'il put régner par lui-même, le fit arrêter et juger. Il fut pendu en 1330.

Le titre de duc de Mortimer fut plus tard porté par Edmond Mortimer, qui avait épousé Philippine de Clarence, fille de Lionel, 2e fils d’Édouard III, et qui mourut en 1381. — Roger, duc de Mortimer, fils d'Edmond, fut déclaré héritier de la couronne en 1385; mais il mourut en 1399, ne laissant qu'une fille, Anne de Mortimer, qui en épousant Richard d'York transporta dans cette maison les droits de sa famille au trône. De là la guerre des Deux-Roses entre la maison d'York et celle de Lancastre, issue de Jean de Gand, 3e fils d’Édouard III. V. ROSES (DEUX-).

MORTIMER'S CROSS, c.-à-d. Croix de Mortimer, lieu du comté d'Hereford, sur les bords du Lugg, est célèbre par la bataille qui s'y livra le 1 février 1461, entre les troupes d’Édouard IV d'York, commandées par Édouard en personne, et celles d'Henri VI de Lancastre, commandées par le comte de Pembroke. La victoire resta au roi Édouard, ce qui lui assura la possession du trône d'Angleterre.

MORTON (Jean), archevêque de Cantorbéry, né en 1410, dans le comté de Dorset, m. en 1500, d'abord professeur de droit, puis maître des rôles (1473), prit parti pour Henri VI et la maison de Lancastre dans la guerre des Deux-Roses: il se soumit cependant à Édouard IV, qui le nomma évêque d'Ély (1477) et conseiller privé. Obligé de quitter l'Angleterre sous Richard, duc de Glocester, il y rentra sous Henri VII, devint le confident et le conseiller de ce prince, réunit les deux partis par le mariage du roi avec la fille d’Édouard IV, et fut en récompense nommé premier ministre, archevêque de Cantorbéry (1486), grand-chancelier (1487), enfin cardinal (1493).

MORTON (Jacques, comte de), né à Dalkeith en 1530, étudia à Paris, revint en Écosse en 1554, et y propagea la Réforme. Nommé chancelier par Marie-Stuart, il n'en prit pas moins part au meurtre de Rizzio, favori de la reine, et à celui de H. Darnley, son époux; peu après, il renversa Bothwell, nouvel époux de Marie. En 1572, il devint, par la protection d’Élisabeth, régent du royaume; mais il se rendit odieux par ses exactions et fut forcé de se démettre en 1578. Il parvint néanmoins à se ressaisir de l'autorité; mais, ayant encore abusé du pouvoir, il fut, en 1581, condamné à mort, comme coupable de haute trahison et décapité à Édimbourg, malgré les instances d’Élisabeth.

MORTRÉE, ch.-l. de c. (Orne), à 17 kil. S. E. d'Argentan; 1000 hab. Toiles.

MORTS (Fête des), fête célébrée en mémoire de tous les fidèles trépassés, est fixée au 2 novembre. Elle fut instituée par Odilon, abbé de Cluny, en 998.

MORUS (Thomas). V. MORE.

MORVAN, petit pays de l'anc. France, dans la Bourgogne et le Nivernais, auj. compris dans le S. O. du dép. de la Côte-d'Or, le N. O. du dép. de Saône-et-Loire et de celui de la Nièvre, avait pour ville principales Château-Chinon et Vézelay. Il a donné son nom à une petite chaîne de montagnes qui, séparant le bassin de la Seine de celui de la Loire, commence sur le versant occidental de la côte d'Or, vers les sources de l'Arroux, et se termine à l'origine de l'Yonne.

MORVEN, montagne d’Écosse, dans le comté de Caithness, a 1000 m. de haut. Les poëmes d'Ossian ont rendu ce lieu célèbre, comme ayant été le théâtre des exploits de Fingal.

MORVILLE (J. B. FLEURIAU, comte de), homme d'État, né à Paris en 1686, m. en 1732, fut successivement avocat du roi au Châtelet, conseiller au parlement, procureur général au grand conseil, ambassadeur en Hollande en 1718, détermina les États généraux de ce pays à signer la Quadruple alliance, traita comme plénipotentiaire au congrès de Cambrai en 1721, reçut en 1722 le ministère de la marine, et en 1723 celui des affaires étrangères. La même année, il fut admis à l'Académie française.

MORVILLIERS ou LIFFOL-LE-GRAND, bg du dép. des Vosges, à 8 kil. S. O. de Neufchâteau ; 1700 h. Fabriques de rouets, de broches en fer, d'étrilles. Jadis important : on a cru y retrouver l'ancien Latofao. Charles IV, duc de Lorraine, y battit Du Hallier en 1641.

MORVILLIERS (Jean de), chancelier, né à Blois en 1506, m. en 1577, avait embrassé l'état ecclésiastique. Admis au grand conseil par la protection des Guises, il fut un des juges du chancelier Poyet; puis fut nommé ambassadeur à Venise. Il devint en 1552 évêque d'Orléans. Il assista (1555) aux conférences d'Ardres, et parut avec éclat au concile de Trente (1562). Il conclut l'année suivante un traité entre Charles IX et la reine Élisabeth. A la retraite de L'Hôpital il fut chargé des sceaux.

MOSA, fleuve de la Gaule, auj. la Meuse.

MOSARABES, MOSARABIQUES. V. MOZARABES.

MOSCHIQUES (Monts), Moschici, auj. Amasintha, chaîne de montagnes de l'Asie-Mineure, se détachait du Caucase près des sources du Phase, et formait deux branches, l'une qui s'étendait à l'E. de la Colchide, l'autre qui, se prolongeant dans l'Arménie, séparait la Catarzène et la Chorzène au N. de la Basilicène et de la Caranitide au S.

MOSCHOPULE (Manuel), nom de deux grammairiens grecs, contemporains et cousins. Le plus ancien, né dans l'île de Crète, florissait sous l'empereur Manuel Paléologue vers la fin du XIVe siècle; le 2e, de Byzance, fut du nombre des Grecs qui, après la prise de Constantinople, cherchèrent un asile en Italie. Moschopule de Crète est auteur d'une Grammaire, publiée en 1540 à Bâle, de Scholies sur Hésiode qui se trouvent dans l’Hésiode de Heinsius, et sur l'Iliade, publiées à Utrecht en 1779 et complétées par Bachmann en 1835, et de notes, encore inédites, sur les Héroïques de Philostrate. Moschopule de Byzance est auteur d'un Choix de mots attiques, imprimé à Venise, 1524; on lui attribue un traité de grammaire élémentaire, d'orthographe et de prononciation, connu sous le titre de Perischédôn, dont R. Étienne a donné une magnifique édition en 1545, réimp. à Vienne en 1773 et en 1807. On ne sait auquel rapporter une Vie d'Euripide, insérée dans plusieurs éditions de ce poëte, et un Traité sur les carrés magiques, trad. en latin par Lahire en 1691. — Titze a donné à Prague, en 1822, les Opuscula grammatica de Moschopule de Crète, d'après un nouveau manuscrit, avec une dissertation sur les deux cousins.

MOSCHUS, poëte de Syracuse, florissait vers 280 av. J.-C. Élève et ami de Bion de Smyrne, il excella comme lui dans l'idylle. On ne sait rien de sa vie. Parmi le petit nombre de pièces qui restent de lui, on remarque l’Amour fugitif, l’Enlèvement d'Europe, et surtout l’Idylle sur la mort de Bion. Ses poésies se trouvent avec celles de Théocrite et de Bion. Elles ont été éditées séparément par Heskin, Oxford, 1748; par Jacobs, Gotha, 1795, et Wakefield, Londres, 1795. Elles ont été trad. en vers français par Longepierre, 1686, et en prose par Gail, 1795.

MOSCHUS (Jean), moine grec du VIe s., vécut sous les règnes de Tibère II et de Maurice, et mourut en 620. Il visita la Palestine, la Syrie, l’Égypte, et laissa, sous le titre de Leimon (pré ou verger spirituel), les Vies de saints qu'il avait connus. Ce recueil a été publié dans les collections de Fronton du Duc et de Côtelier et traduit en français par Arnaud d'Andiïïy.

MOSCOU, Moskva en russe, Mosqua en latin moderne, v. de la Russie d'Europe, autrefois capitale de toute la Russie, auj. ch.-l. du gouvt de Moscou, sur la Moskova et 2 autres riv., par 35° 13' long. E., 55° 45 lat. N., à 775 kil. S. E. de St-Pétersbourg et à 2945 kil. N. E. de Paris par Vilna; 400 000 hab. Siége d'un métropolitain grec; consistoire luthérien; cour criminelle, haute cour civile, trib. de commerce; célèbre université, fondée en 1755, et très-fréquentée, avec bibliothèque, musée d'histoire naturelle, ca-