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chard à la 4e ou selon d’autres à la 7e génération, reçut en 1130 la charge de connétable de France. Son alliance avec Aline, fille naturelle de Henri I, roi d’Angleterre, et surtout son second mariage, avec Adélaïde de Savoie, veuve du roi Louis VI, et mère de Louis le Jeune, commencèrent la grandeur des Montmorency. Pendant la croisade entreprise par Louis le Jeune, Matthieu partagea avec Suger l’administration du royaume ; il mourut en 1160.

MONTMORENCY (Matthieu II de), le Grand Connétable, petit-fils du préc., se signala par sa valeur au siége de Château-Gaillard (1202), enleva à Jean sans Terre une grande partie de la Normandie (1203-4), et eut une grande part, en 1214, à la vict. de Bouvines, où il commandait l’aile droite : il enleva à lui seul 4 aigles impériales. Il reçut la dignité de connétable en 1218. Chargé plus d’une fois du commandement des armées, il joignit pour toujours ce commandement suprême au titre de connétable (avant lui les connétables n’étaient que de simples officiers de la couronne). Il accompagna Louis VIII dans la campagne de Saintonge et dans la guerre contre les Albigeois. Ce prince, en mourant, plaça son fils encore en bas âge sous sa protection : Montmorency le défendit fidèlement ainsi que la régente Blanche de Castille. Par ses alliances et celles de ses ancêtres, Matthieu de M. se trouvait grand-oncle, oncle, beau-frère, neveu, petit-fils de deux empereurs, de six rois, et allié de tous les souverains de l’Europe. Il fut marié trois fois : c’est du 3e lit qu’est sorti le chef de la branche des Montmorency-Laval.

MONTMORENCY (Ch. de), maréchal de France, commanda l’armée envoyée en Bretagne au secours de Charles de Blois, reçut le bâton de maréchal en 1343, combattit avec courage à Crécy, 1346, fut gouverneur de la Normandie, contribua à la conclusion de la paix de Brétigny, 1360, et mourut en 1381. Il était le parrain du Dauphin (plus tard Charles VI.

MONTMORENCY (Anne, duc de), né à Chantilly en 1492, mort en 1567, se lia dès l’enfance avec le comte d’Angoulême (François I), fit ses premières armes à Ravenne, se signala à Marignan (1515), seconda Bayard dans la belle défense de Mézières, et fut fait maréchal dès 1522. Pris à la journée de Pavie, 1525, il partagea la captivité de François I. Rendu à la liberté, il travailla utilement à lever les obstacles que Charles-Quint mettait à l’élargissement du roi. Le gouvt du Languedoc, la charge de grand maître de France et l’administration des affaires furent les récompenses de ses bons services. Après la reprise des hostilités, il déjoua par sa prudence et par une sage lenteur les espérances de l’empereur, détruisit par la famine son armée qui avait envahi la Provence, et mérita le titre de Fabius français. Il reçut l’épée de connétable en 1538. En 1547, des intrigues de cour le firent exiler dans ses terres ; retiré à Chantilly, il supporta son exil avec grandeur d’âme. À l’avènement de Henri II, il reprit tout son crédit. Il réprima avec une excessive rigueur en 1548 une insurrection de la Guyenne. En 1557, il perdit par sa faute la bat. de St-Quentin contre les Espagnols, et fut pris : impatient de recouvrer la liberté, il poussa à la conclusion du traité désavantageux de Cateau-Cambrésis (1559). Écarté des affaires pendant le règne de François II, il fut rappelé sous Charles IX par Catherine de Médicis qui voulait l’opposer aux Guises : mais il s’unit bientôt à eux et forma en 1561, avec François de Guise et le maréchal de St-André, un célèbre triumvirat, destiné à soutenir la foi catholique et à combattre les Calvinistes. En 1562, il gagna la bataille de Dreux sur le prince de Condé ; il fut néanmoins fait prisonnier. Rendu à la liberté l’année suivante, il chassa les Anglais du Havre. Il périt en 1567, en combattant les Protestants, à la bataille de St-Denis. Anne de Montmorency se fit remarquer par une austérité qui approchait de la rudesse. Sa baronnie avait été érigée en duché en 1551 par Henri II.

MONTMORENCY (François, duc de), fils aîné d’Anne de Montmorency, fut nommé gouverneur de Parie en 1553. Ennemi des Guises, il faillit être enveloppé dans le massacre de la St-Barthélemy. Étant entré dans le parti des Malcontents, il fut enfermé à la Bastille. Il en sortit sur l’ordre de Catherine de Médicis : cette princesse, bien qu’ennemie déclarée de sa famille, avait en ce moment besoin de lui pour ramener le duc d’Alençon. Devenu grand maître de France, il consacra la prééminence de la maison rivale en cédant sa dignité au duc de Guise. Il reçut en échange le bâton de maréchal. Il mourut en 1579, dans sa 49 année.

MONTMORENCY (Henri I, duc de), 2e fils d’Anne da Montmorency, fut d’abord connu sous le nom de Damville. C’est lui qui prit le prince de Condé à la bataille de Dreux (1562). Il obtint le gouvernement du Languedoc et fut fait maréchal en 1668. Il se distingua a la journée de St-Denis, où son père reçut le coup mortel (1567). Malgré tous ces services, il était haï de Catherine de Médicis et des Guises, et, bien que zélé catholique, il fut forcé, pour échapper au massacre de la St-Barthélemy, de se réfugier dans son gouvt du Languedoc. Il s’y mit à la tête des Politiques, et y régna en souverain jusqu’à l’avénement de Henri IV. Il s’empressa de reconnaître ce prince, et reçut en 1595 l’épée de connétable. Il m. en 1614 à 70 ans. Ce personnage si éminent ne savait pas écrire.

MONTMORENCY (Henri II, duc de), fils du préc., né à Chantilly en 1595, m. en 1632, fut tendrement aimé de Henri IV, qui était son parrain. Nommé amiral par Louis XIII en 1612, à 17 ans, il hérita du gouvt de Languedoc à la mort de son père. Pendant les guerres de religion, dont cette province fut le théâtre de 1620 à 1628, il y combattit les Protestants, se distingua aux siéges de Montauban et de Montpellier, et conquit en 1625 les îles de Ré et d’Oléron. Quand La Rochelle fut attaquée par Richelieu, il lui vendit, moyennant un million, sa charge d’amiral. Il combattit le duc de Rohan, et amena la paix d’Alais. Nommé lieutenant général des armées du roi dans le Piémont, il y obtint de nouveaux succès et se distingua surtout à la journée de Veillane. Il reçut le bâton de maréchal de France en 1629. Mécontent de la cour, qui lui refusait le titre de connétable, il se laissa entraîner à la révolte par Gaston, frère de Louis XIII, fit insurger le Bas-Languedoc, et livra bataille aux troupes du roi à Castelnaudary, en 1632. Vaincu dans ce combat, il y fut couvert de blessures et tomba vivant entre les mains du roi, qui lui fit faire son procès à Toulouse ; il fut condamné à mort et subit le supplice avec courage ; il n’était âgé que de 38 ans. Le roi avait refusé sa grâce malgré les plus pressantes sollicitations. H. de Montmorency ne laissa point d’enfants ; en lui finit la branche directe de cette maison. Un de ses officiers, Sim. Ducros, a écrit son Histoire, 1633. — Sa veuve, Marie des Ursins, née à Rome en 1600, m. à Moulins en 1666, prit le voile dans le couvent de la Visitation de cette ville et lui éleva un magnifique mausolée qu’on voit encore dans la chapelle du lycée de Moulins. Am. Renée a publié sa vie en 1858 sous le titre de Mme de Montmorency.

MONTMORENCY (Matthieu Jean Félicité, d’abord vicomte, puis duc de), né à Paris en 1767, m. en 1826, servit dans la guerre d’Amérique, embrassa les principes de la Révolution, fut député aux États généraux en 1789 par la noblesse de Montfort l’Amaury, s’y montra l’un des défenseurs de la liberté politique, et proposa dans la fameuse nuit du 4 août l’abolition des titres de noblesse. Il quitta la France quand la république y fut proclamée, se retira en Suisse, rentra après le 9 thermidor, et n’occupa sous l’Empire aucune fonction. Sous la Restauration, il professa des opinions fort différentes de celles qu’il avait défendues dans sa jeunesse. Il devint aide de camp du comte d’Artois, pair de France, ministre des affaires étrangères (1822), ambassadeur au congrès de Vérone, puis gouverneur du duc de Bordeaux