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lence et à 13 kil. N. O. de San-Felipe. Ruines d’un château. Jadis ch.-l. de l’ordre militaire de Ne-De de Montesa, fonde en 1317 par le roi Don Jayme, après la suppression des Templiers. Cet ordre relevait de celui de Calatrava ; la grande maîtrise fut réunie à la couronne par Philippe II, en 1587. Le costume des chevaliers était blanc, avec une croix noire.

MONTE-SANTO, mont. de Turquie. V. ATHOS.

MONTESPAN, bg de la H.-Garonne sur la r. dr. de la Garonne, à 11 kil. S. O. de St-Gaudens ; 950 h. Anc. marquisat, érigé en 1612.

MONTESPAN (Athénaïs, marquise de), une des maîtresses de Louis XIV, née en 1641, était fille de Gabriel de Rochechouart, duc de Mortemart. Elle épousa en 1663 Pardaillan de Gondrin, marquis de Montespan, d’une illustre famille de Gascogne, et fut peu après attachée à la cour comme dame du palais de la reine. Elle ne tarda pas à attirer l’attention du roi par sa beauté, sa grâce et son esprit, et supplanta bientôt Mlle de La Vallière : pendant quatorze ans, à partir de 1668, elle régna despotiquement sur le cœur du prince ; elle en eut, entre autres enfants, le duc du Maine et le comte de Toulouse, qu’elle réussit à faire légitimer et qui ont joué un grand rôle dans notre histoire ; mais à la fin elle fatigua par ses hauteurs Louis XIV, qui d’ailleurs commençait à avoir des scrupules sur leur double adultère, et elle se vit préférer Mme de Maintenon, à qui elle avait confié l’éducation des enfants qu’elle avait eus du roi. Cependant elle ne quitta définitivement la cour qu’en 1687. Après avoir inutilement cherché à se rapprocher de son mari, elle consacra ses dernières années à la dévotion, se livrant à de grandes austérités pour expier ses fautes, et mourut en 1707, à Bourbon-l’Archambaut, où elle était allée prendre les eaux. D’un caractère altier et ambitieux, Mme de Montespan s’était fait beaucoup d’ennemis ; cependant elle était bienfaisante et protégeait les arts et les lettres

MONTESQUIEU-VOLVESTRE, ch.-l. de c. (Hte-Garonne), sur l’Arize, à 35 kil. S. de Muret ; 3672 h. Vins rouges. Pris et brûlé par Joyeuse en 1586.

MONTESQUIEU (Ch. DE SECONDAT, baron de), publiciste et philosophe, né en 1689 au château de La Brède, près de Bordeaux, m. à Paris en 1755, montra dès son enfance une grande application à l’étude et fut destiné à la magistrature, dans laquelle sa famille occupait déjà de hauts emplois. Nommé en 1714 conseiller au parlement de Bordeaux, il y devint en 1716 président à mortier en remplacement d’un de ses oncles ; il vendit sa charge en 1726, afin de se livrer tout entier à son goût pour les lettres. Il avait commencé dès 1721 à se faire connaître par la publication des Lettres persanes, ouvrage d’un genre léger et frondeur, dont on a dit avec justesse que c’est le plus profond des livres frivoles et qui eut un immense succès. Il fut reçu en 1727 à l’Académie Française, puis se mit à voyager, visita l’Autriche, l’Italie, la Hollande, enfin l’Angleterre où il resta deux ans, étudiant partout les mœurs et les institutions des peuples. De retour en France, il se retira dans son château de La Brède et fit paraître en 1734 les Considérations sur les causes de la grandeur et de la décadence des Romains, qui déjà firent juger de toute la force de son esprit. Enfin en 1748 il publia l’Esprit des Lois, auquel il travaillait depuis 20 ans, et qui mit le sceau à sa réputation. Dans cet ouvrage, qui n’avait point de modèle et auquel l’auteur put donner pour épigraphe : Prolem sine matre creatam, il passe en revue les législations connues et en cherche les raisons, soit dans la nature de l’homme en général, soit dans des causes locales et particulières à chaque peuple. Ce livre qui le place au rang des premiers écrivains, rivalise avec les écrits de Tacite pour la concision et l’énergie du style. Après avoir achevé ce grand ouvrage, Montesquieu sentit ses forces décliner et ne publia plus rien d’important ; il partageait son temps entre le séjour de Paris et son château de La Brède. Montesquieu ne fut pas seulement un grand écrivain, c’était aussi un vrai sage, bon, bienfaisant sans faste : on cite de lui plusieurs beaux traits, entre autres la conduite qu’il tint à Marseille envers une famille à laquelle, sans vouloir se faire connaître, il rendit son chef qui était esclave à Tétouan. Montesquieu était lié avec les philosophes, mais il avait de l’éloignement pour Voltaire : si, dans les Lettres persanes, il n’épargna pas toujours les choses saintes, il se montra, dans l’Esprit des Lois, respectueux pour la religion. Ses Œuvres complètes ont été publiées plusieurs fois, notamment par Auger, 1816, 6 vol. in-8 ; par Lequien, 1819, 8 vol. in-8 ; par de Parelles, avec notes et variantes, 1822, 8 vol. in-8, etc. Outre les ouvr. déjà cités, on y trouve, le Dialogue de Sylla et d’Eucrate et Lysimaque, écrits politiques qui ne sont pas indignes de l’auteur des Considérations ; le Temple de Gnide, un Essai sur le Goût, estimé des métaphysiciens, des Lettres, des discours, et quelques poésies. Montesquieu avait, dit-on, écrit une Histoire de Louis XI, dont le manuscrit aurait été jeté au feu par son secrétaire ; mais cette anecdote paraît controuvée ; il est vrai cependant qu’il avait composé une introduction au règne de Louis XI, qui a été retrouvée dans ses manuscrits. L’Esprit des Lois a été commenté par Voltaire et par Destutt-Tracy. On doit à D’Alembert et M. Villemain l’Éloge de Montesquieu : ce dernier a été couronné en 1815 par l’Académie française.

MONTESQUIOU, ch.-l. de c. (Gers), à 10 kil. N. O. de Mirande ; 2100 hab. Anc. baronnie de l’Armagnac. Ce lieu adonné son nom à l’illustre famille des Montesquiou, qui remonte aux anciens ducs de Gascogne.

MONTESQUIOU (le baron de), capitaine des gardes du duc d’Anjou (depuis Henri III), qui, à la bataille de Jarnac (1569), assassina lâchement Louis I, prince de Condé, prisonnier et désarmé.

MONTESQUIOU D’ARTAGNAN (Pierre de), maréchal de France, né en 1645, m. en 1725, se distingua aux siéges de Tournai, de Lille, de Besançon, 1666-67, et commanda l’aile droite à la bataille de Malplaquet, 1709 : c’est là qu’il gagna son bâton de maréchal. Il fut membre du conseil de régence en 1720.

MONTESQUIOU-FEZENSAC (Anne Pierre, marquis de), lieutenant général, né à Paris en 1739, m. en 1798, fut d’abord menin des enfants de France, puis écuyer du comte de Provence (Louis XVIII), et fut nommé en 1780 maréchal de camp. Élu en 1789 député de la noblesse de Paris aux États généraux, il se réunit un des premiers au Tiers état. Chargé sous la république du commandement de l’armée du Midi, il occupa la Savoie en 1792 ; mais, ayant été peu après accusé sous un vain prétexte, il se retira en Suisse : il ne put rentrer en France qu’en 1795. Il avait composé plusieurs pièces de vers, de petites comédies d’amateur, assez agréablement écrites, des Mémoires et des rapports qui prouvent des connaissances étendues. Il fut reçu à l’Académie Française en 1784.

MONTESQUIOU-FEZENZAC (Franç. Xavier, duc et abbé de), né en 1757, près d’Auch, mort en 1832, fut député aux États généraux par le clergé de Paris, siégea au côté droit, et obtint assez d’influence. Il quitta la France après le 10 août, et se réfugia en Angleterre, ainsi que le comte de Provence (Louis XVIII), avec lequel il se lia étroitement. Il revint après le 9 thermidor pour servir les intérêts des Bourbons, mais il fut exilé par Bonaparte. En 1814, il fut un des membres du gouvernement provisoire. Nommé peu après par Louis XVIII ministre de l’intérieur, il contribua à la rédaction de la Charte, et fut pendant quelque temps à la tête des affaires. Après la 2e Restauration, il fut nommé pair, puis duc (1821), mais il ne revint pas au pouvoir. Il avait été admis à l’Académie française, quoique n’ayant aucun titre littéraire.

Parmi les hommes distingués que cette famille a produits de nos jours, on cite : Philippe Joseph, vicomte, puis duc de Montesquiou-Fezensac, neveu de