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Châtillon-sur-Seine. Il fait auj. partie des dép. de la Côte-d'Or et de l'Aube.

MONTAGNE (la Vieille-), mont. de Belgique (Liége), qui donne son nom à d'importantes usines établies vers 1836 par une société belge à Liége et dans les communes de Moresnet, d'Angleur et Tilff-sur-l'Ourthe, pour extraire la calamine et travailler le zinc que contient ce minerai. Ces mines, les plus riches de l'Europe, appartiennent par indivis à la Belgique et à la Prusse. — Non loin de là, près de Verviers, se trouvent la Nouv.-Montagne et la Grande-Montagne, où l'on exploite aussi le zinc, mais avec moins de succès.

MONTAGRIER, ch.-l. de cant. (Dordogne), à 11 kil. E. de Ribérac; 800 hab.

MONTAGUE ou MONTAGU (Édouard de), comte de Sandwich, général et amiral anglais, issu de Drogo de Monte-Acuto, un des guerriers qui accompagnèrent Guillaume dans la conquête de l'Angleterre, était né en 1625. Il servit d'abord dans l'armée parlementaire contre Charles I, devint membre du Parlement, et occupa une place dans la trésorerie sous Cromwell; mais, après la mort du Protecteur, il travailla au rétablissement des Stuarts, et seconda Monk, sous lequel il commandait. Il fut comblé de faveurs par Charles II, qui le créa baron, puis comte de Sandwich, et enfin amiral. Il obtint plusieurs avantages sur les Hollandais en 1664; mais, en 1672, le vaisseau qu'il commandait fut abordé par un brûlot ennemi : il périt dans les flammes plutôt que de se rendre.

MONTAGUE (lady Mary WORTLEY), dame anglaise célèbre par son esprit, son instruction et sa beauté, née en 1690 à Thoresby, dans le comté de Nottingham, était fille du duc de Kingston. Elle épousa en 1712 lord Wortley-Montague, issu de la famille du précédent, et l'accompagna en 1716 dans son ambassade à Constantinople. Elle apprit la langue turque, obtint la faveur du sultan Achmet III, put pénétrer dans le sérail, et acquit ainsi une connaissance des mœurs turques plus exacte qu'on ne l'avait eue jusque-là. Elle eut aussi occasion d'observer en Turquie l'inoculation de la petite-vérole, et fit connaître ce procédé en Europe après en avoir fait l'application sur son propre fils. A son retour, sa maison de Twickenham devint le rendez-vous des hommes de lettres et de la société la plus distinguée; mais, ayant essuyé quelques désagréments de la part des Tories, dont elle combattait les opinions, elle quitta l'Angleterre (1739) et alla se fixer à Venise où elle séjourna 22 ans. Elle ne revint dans son pays qu'en 1761, pour régler quelques affaires, et elle y mourut l'année suivante. Aussi bizarre dans ses manières et sa conduite que remarquable par son esprit, cette dame était pleine d'ambition : elle regrettait vivement d'être femme. On a de lady Montague des Lettres écrites pendant ses voyages et qui renferment sur les pays qu'elle a visités, principalement sur la Turquie, des renseignements précieux. Ces lettres n'ont été imprimées qu'après sa mort et elles ont eu un grand succès; les Anglais les placent auprès de celles de Mme de Sévigné, qu'elles sont loin d'égaler cependant pour le naturel et la grâce. Ses Œuvres ont été publiées à Londres, 1803, 5 vol. in-12; il en a été fait depuis une édition plus complète par lord Wharncliffe, son arrière-petit-fils, Londres, 1836-37, 3 v. in-8. Ses lettres ont été trad. en français par Anson, 1805. — Son fils, Édouard Wortley-Montague, 1713-1776, s'est fait remarquer par son goût pour les voyages et sa vie aventureuse : il s'échappa trois fois de chez ses parents, se fit mousse, puis conducteur d'ânes en Portugal; fut enfermé au Châtelet de Paris sous prévention d'escroquerie, n'en devint pas moins membre de la Chambre des Communes (1754), puis voyagea en Asie, et finit par se faire musulman. On a de lui des Réflexions sur les antiennes républiques et un Voyage au mont Sinaï.

MONTAGUE (Élisabeth), dame anglaise, 1720-1800, épousa en 1742 un des descendants du comte de Sandwich, resta veuve de bonne heure, et profita de sa fortune pour réunir chez elle les gens de lettres. Elle a écrit des Dialogues des morts et un Essai sur Shakespeare, 1769, dans lequel elle venge ce grand tragique des sarcasmes de Voltaire.

MONTAGUE (Charles), comte d'Halifax. V. HALIFAX.

MONTAIGNE (Michel EYQUEM de), philosophe moraliste, né en 1533 au château de Montaigne en Périgord, d'une famille originaire d'Angleterre, fut élevé avec le plus grand soin par son père : il apprit le latin en se jouant, n'ayant été entouré dès sa première enfance que de personnes qui parlaient cette langue. Il acheva ses études au collége de Bordeaux, étudia le droit, fut pourvu dès 1556 d'une charge de conseiller à la cour des Aides de Périgueux et devint peu après conseiller au parlement de Bordeaux. Là il eut pour collègue La Boétie, avec lequel il forma la plus étroite amitié. Il quitta de bonne heure les affaires (1570), se mit, pour se distraire, à écrire et à voyager, parcourut la France, l'Allemagne, la Suisse, l'Italie, et reçut à Rome le titre de citoyen. Quoique absent, il fut nommé maire de Bordeaux. Il vint plusieurs fois à la cour, et fut très-considéré de Henri II, de Catherine de Médicis, de Charles IX, qui le nomma gentilhomme de la chambre et chevalier de St-Michel; il vécut dans l'intimité de Marguerite de France, et fut député aux États de Blois (1577). Ses dernières années furent troublées par les guerres de religion : il tenta vainement de se porter médiateur entre les Catholiques et les Protestants, et se vit en butte à la haine des deux partis; il fut même mis à la Bastille par les Ligueurs en 1588. Il se lia intimement dans sa vieillesse avec Mlle de Gournay, que l'admiration avait attirée près de lui et qu'il nommait sa fille d'alliance, et avec le théologien Charron, qui se fit son disciple. Il mourut en 1592, d'une esquinancie. Montaigne s'est rendu à jamais célèbre par ses Essais. Il commença à les écrire vers l'âge de 39 ans et en publia une 1re édition à Bordeaux en 1580; elle ne se composait que de deux livres. Il en ajouta un 3e en 1588. Il a traité dans ces Essais les sujets les plus divers; il s'y est peint lui-même avec une entière sincérité; son ouvrage est, comme il l'appelle, un Livre de bonne foi. Il écrivait sans ordre, sans plan, à mesure que l'occasion lui suggérait des réflexions. Son style a une facilité, une naïveté que la langue a perdues depuis. Les plus remarquables de ses essais sont ceux sur l’amitié, sur l’institution des enfants, sur l’affection des pères, et le 12e chapitre du IIe livre, qui contient la Théologie naturelle de Sebonde. Montaigne était sceptique et avait pris pour devise : Que sais-je ? mais son scepticisme n'est guère que ce doute qu'excite dans un esprit de bonne foi la considération de la faiblesse humaine et de la contradiction des jugements. Parmi les nombreuses éditions des Essais, on remarque celle de Mlle de Gournay, Paris, 1595 et 1635; de Coste, Londres, 1724; d'Amaury-Duval, 1822-26, 6 vol. in-8, et de J. V. Le Clerc, 1826-27, 5 vol. in-8, réimprimée en 1866 avec Étude de Prévost-Paradol, 4 vol. in-8. Il faut y joindre les Lettres inédites publiées en 1863 par Feuillet de Conches. Il a paru en 1774, sous le titre de Journal d'un voyage en Italie de Montaigne. M. Villemain a composé un Éloge de Montaigne, couronné par l'Institut en 1812. On peut en outre consulter sur cet auteur les Recherches sur Montaigne, documents inédits, de J. F. Payen, 1856; la Vie publique de Michel de Montaigne, d'Alph. Grün, 1855; Montaigne et son temps, par Bigorie de Laschamps, 1860.

MONTAIGU, ch.-l. de c. (Vendée), à 37kil. N. E. de Napoléon-Vendée; 1600 hab. Pris en 1578 par les Réformés, en 1588 par le duc de Nevers; brûlé dans les guerres de la Vendée. Patrie de Laréveillère-Lepeaux. — V. MONTAIGUT.

MONTAIGU (P. GUÉRIN de), d'une famille noble d'Auvergne, fut élu en 1208 grand maître des Hospitaliers de St-Jean de Jérusalem, secourut les chré-