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sait partie de la ligue éolienne. Soumise à Athènes avec le reste de l'île, elle se révolta contre elle dans la guerre du Péloponèse, mais elle fut cruellement châtiée (V. LESBOS). S'étant déclarée pour Mithridate en 86, elle fut ruinée par les Romains. Pompée la releva et y fit bâtir un superbe théâtre. Ses écoles d'éloquence étaient vantées. Pittacus, Alcée, Sapho, étaient de Mitylène. Conon s'y laissa battre, 406.

MIYAKO. V. MÉACO.

MNÉMOSYNE, déesse de la mémoire, était fille du Ciel; elle fut aimée de Jupiter qui la rendit mère des neuf Muses. Elle les mit au monde sur le mont Piérius, d'où les Muses sont nommées Piérides.

MNÉVIS, bœuf consacré au soleil et adoré par les anc. Égyptiens dans la ville d'Héliopolis. On lui rendait le même culte qu'au bœuf Apis. Il était, dit-on, l'emblème d'Osiris ou du Soleil.

MOAB, fils de Loth. V. MOABITES.

MOABITES, Moabitæ, peuplade arabe issue de Moab, fils de Loth, habitait au N. de l'Arabie Pétrée, au S. E. de la Palestine, à l'E. de la mer Morte, au S. du fleuve Arnon, au N. des Madianites, et avait pour capit. Rabbath-Moab, sur l'Arnon. Leur pays avait été jadis occupé par les Émim, peuple de géants. Églon, leur roi, tint 18 ans les Hébreux en captivité (1332-1314 av. J.-C.); il périt de la main d'Aod. Plus tard, les Moabites furent vaincus par Saül, assujettis au tribut par David, battus par Joram, roi d'Israël, et par Josaphat. Ils finirent par tomber sous le joug des Assyriens. Leur principal dieu s'appelait Baal-Péor ou Belphégor. Leur religion était souillée par des sacrifices humains.

MOALLAKATS (les sept), nom que les Arabes donnent à sept poëmes fort anciens qu'ils regardent comme sacrés, et dont un exemplaire est suspendu aux voûtes de la Kaaba à La Mecque. Ce sont les plus anciens monuments de la littérature arabe. Ils ont pour auteurs des poëtes antérieurs à Mahomet : Imroulcays, Tarafa, Labîd, Zohaïr-Abou-Selma, Antara, Amr-ibn-Kolthoum et Harith. Caussin de Perceval a donné une édition du texte des Moallakats; son fils, Armand Caussin, les a traduits en français dans son Histoire des Arabes avant l'Islamisme.

MOAVIAH, le 1er calife ommiade, né à La Mecque au commencement du VIIe siècle, était arrière-petit-fils d'Ommiah, cousin-germain du grand-père de Mahomet, et avait été un des secrétaires du prophète. Il était gouverneur de Syrie lorsqu'Othman hit assassiné (656) : sous prétexte de venger sa mort, il refusa de reconnaître Ali pour successeur d'Othman, et se fit lui-même proclamer calife. Il fut universellement reconnu après le meurtre d'Ali (661). Il soumit l’Égypte, Médine, La Mecque, l'Yémen, et recula fort loin les bornes de l'empire musulman. En Occident, ses troupes pénétrèrent jusqu'à l'Océan Atlantique; en Orient, elles traversèrent l'Oxus, envahirent la Sogdiane, s'emparèrent de Samarcande et d'une partie de la Tartarie; elles eurent moins de succès contre les Grecs : son fils Yézid assiégea vainement Constantinople pendant 6 ou 7 ans, et Moaviah se vit contraint, après de grandes pertes, d'acheter la paix. Il mourut en 680 à Damas, où il avait établi le siége du califat, et laissa le trône à son fils Yézid.

MOBILE la), riv. des États-Unis, formée de l'Alabama et du Tombeckbée, coule au S. et se jette dans la baie de Mobile, partie du golfe du Mexique, après 90 kil. de cours.

MOBILE, v. des États-Unis (Alabama), à 280 kil. E. N. E. de la Nouv.-Orléans, à l'emb. de la Mobile; 25 000 hab. Collége catholique de Spring-hill, avec une riche bibliothèque. Grand commerce de coton, riz, goudron, fourrures, etc.

MOCARANGUA, État de l'Afrique orientale, borné au N. par le Botonga, a 445 kil. sur 272; capit., Zimbaoé. C'est un démembrement du Monomotapa. Climat très-chaud, et cependant sain; sol très-fertile, vastes forêts; bêtes féroces en grand nombre. Commerce assez actif. Les Portugais y ont des comptoirs, notamment à Sena et au mont Foura, renommé par ses mines d'or.

MOCENIGO, famille patricienne de Venise, a fourni plusieurs doges : Thomas, 1414-23, qui conquit le territoire d'Aquilée; — Pierre, 1474-76, qui combattit avec succès les Cypriotes et les Turcs; — Jean, frère du précédent, 1475-85; — Louis, 1570-77, qui laissa prendre Chypre par les Turcs en 1571.

MOCENIGO (André), historien, de la même famille, né à la fin du XVe siècle, fut chargé par les Vénitiens de négociations dont il s'acquitta avec talent et devint sénateur. Il est connu par une histoire de la ligue de Cambrai : Belii memorabilis Cameracensis adversus Venetos historiæ libri VI, Venise, 1525.

MODAIN (EL), c.-à-d. les deux villes, vge de la Turquie d'Asie (Irak-Araby), sur la r. g. de l'Euphrate, à 35 kil. S. E. de Bagdad, est bâti sur les ruines de deux villes anciennes, Séleucie et Ctésiphon. Cette ville devint sous les derniers Sassanides la capit. de la Perse. Elle fut prise par les Musulmans en 636.

MODANE, ch.-l. de cant. (Savoie), sur l'Arc, à 20 k. E. S. E. de St-Jean-de-Maurienne; 1200 hab. Filatures de laine, fabrique de drap. C'est là que commence le tunnel percé sous le Mont-Cenis.

MODÈNE, Mutina, v. d'Italie, capit. de l'anc. duché de Modène, sur un canal, entre la Secchia et le Panaro, à 158 kil. S. E. de Milan; 30 000 hab. Évêché et synagogue; cour d'appel; anc. université, supprimée en 1832; lycée, écoles de beaux-arts, de droit, de médecine; écoles vétérinaire, militaire, du génie, etc. Société italienne des sciences; riche bibliothèque, avec cabinet de médailles. Cette ville est assez bien bâtie : les rues ont des portiques, mais sont mal pavées (la principale s'appelle strada Maestra); palais ducal, avec de belles collections (dont une partie a été vendue en 1746 à la ville de Dresde); cathédrale, dont la tour Ghirlandina est une des plus hautes de l'Italie, et où l'on garde le seau de bois qui a été le sujet de la Secchia rapita (V. TASSONI); églises St-George et St-Vincent; théâtre, casernes. Patrie de Sigonius, Tassoni, Molza, Fallope. — Cette ville fut, à ce qu'on croit, fondée par les Étrusques. Tib. Sempronius Longus battit les Boii dans ses environs, 194 av. J.-C.; les Romains y établirent une colonie militaire en 163 av. J.-C. Décimus Brutus soutint dans cette ville un siége contre Antoine (43), et, la même année, l'armée sénatoriale, aidée des légions du jeune Octave, livra bataille à Antoine sous ses murs : Antoine, vainqueur le matin du consul Pansa, fut vaincu le soir par Hirtius et Octave, et obligé de lever le siège : c'est ce qu'on nomme Guerre de Modène. Ruinée, puis rétablie sous Constantin, Modène fut saccagée par les Goths et les Lombards. Elle était redevenue florissante sous Charlemagne; elle passa alors successivement au pouvoir des papes, des Vénitiens, des ducs de Milan, de Mantoue et de Ferrare; comme toutes les villes lombardes, elle eut des tyrans au milieu du XIIIe siècle, et fut enfin, en 1288, acquise par les princes de la maison d'Este, pour lesquels elle fut érigée en duché en 1453. Sous le royaume français d'Italie, elle fut le ch.-l. du dép. du Panaro.

MODÈNE (Duché de), petit État d'Italie, entre la Lombardie au N. et l'État de l'Église au S., avait 98 k. sur 58; 610 000 hab.; ch.-l., Modène. Autres villes, Reggio, Corregio, Bersello, Canossa, Carpi. — Ce pays formait avant 1288 un petit État indépendant qui se donna à cette époque aux princes de la maison d'Este, résidant à Ferrare; en 1453, Borso d'Este prit le titre de duc de Modène. Alphonse II d'Este étant mort en 1597, sans postérité légitime, Clément VIII reprit le duché de Ferrare comme ancien fief papal; alors Modène forma un duché isolé, dont l'empereur Rodolphe II investit César d'Este, fils naturel d'Alphonse. Cette nouvelle ligne s'est perpétuée jusqu'en 1797, époque à laquelle Hercule III fut dépossédé par les Français. Le duché fut alors compris dans la République Cisalpine; il fut depuis réparti entre les dép.