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pris en général, les Israélites désignaient le roi prédit par les prophètes, qui devait les délivrer de la domination étrangère et leur donner l'empire sur le monde entier. Jésus étant venu accomplir ces promesses en sauvant le genre humain, le nom de Messie ne désigne plus chez les Chrétiens que le Sauveur. Toutefois les Juifs refusent à Jésus le caractère de Messie, et attendent encore le divin libérateur. — Les Mahométans attendent aussi une espèce de Messie, qu'ils nomment le Mahdi. V. ce mot.

MESSIER (Ch.), astronome, né en 1730 à Badonviller en Lorraine, mort à Paris en 1817, occupa longtemps des fonctions secondaires chez le géographe Delisle, fut ensuite nommé commis au dépôt de la marine, et parvint à se faire une réputation européenne par son habileté à observer : il a découvert plusieurs comètes et a bien décrit les taches du soleil. Il entra à l'Académie en 1770. Lalande donna en son honneur le nom de Messier à une constellation entre Cassiopée, Céphée et la Girafe.

MESSIN (Pays), Metensis pagus, territoire de Metz.

MESSINE, appelée primitivement Zanclé (c.-à-d. faulx, à cause de la forme de la ville), puis Messana, v. forte et port de Sicile, ch.-l. d'intendance, à la pointe N. E. de l'île, en face de la côte de l'Italie (dont elle n'est séparée que par le détroit dit Phare de Messine), à 200 kil. E. de Palerme; 104 000 h. Archevêque et archimandrite; trib. d'appel; consulats. Vastes fortifications, citadelle, arsenal; port superbe. Monuments remarquables : le Senatorio ou hôtel de ville, le palais archiépiscopal, la cathédrale, le grand hôpital; beau quai, promenade dite le Corso, phare célèbre qui donne son nom au détroit. Facultés de sciences, lettres, droit et médecine; collége royal, séminaire, 4 bibliothèques; école de navigation. Les env. de Messine sont très-beaux et très-fertiles; on y élève beaucoup de vers à soie. Commerce assez actif en soie écrue, citrons, blé, huile, vins, corail. — Messine fut fondée, sous le nom de Zanclé, par une colonie de Cumes; ensuite vinrent des Messéniens fugitifs après la 2e guerre de Messénie (667 av. J.-C.); ils augmentèrent la ville et l'appelèrent Messana. Anaxilas, tyran de Rhégium, la prit en 495 av. J.-C. Deux siècles après, Messine, prise par les Mamertins, devint le repaire de ces brigands. Hiéron II ayant résolu de les détruire avec l'aide des Carthaginois, ils se donnèrent à Rome; ce qui amena en 264 av. J.-C. la 1re guerre punique et l'assujettissement de la Sicile aux Romains. Messine était très-attachée au préteur Verres; c'est là que fut crucifié Gavius. Dans les temps modernes, cette ville soutint un long siége contre Charles d'Anjou après le massacre des Vêpres siciliennes (1282); en 1674 elle fut assiégée par les Espagnols : le duc de Vivonne et Duquesne la délivrèrent. Elle fut ravagée en 1743 par la peste, et en 1783 par un tremblement de terre. Insurgée en 1848, elle fut aussitôt bombardée. C'est la dernière place que le roi François II ait conservée en Sicile : la citadelle ne se rendit que le 13 mars 1861, quoique la ville fût occupée depuis le 28 août 1860. — L'intendance de Messine a la Méditerranée au N., le Phare à l'E., l'intend. de Catane au S., celle de Palerme à l'O.: 135 kil. sur 39; 360 000 hab.

MESSINE (Détroit de), dit aussi Phare de Messine, jadis Siculum fretum, détroit situé entre la Sicile et l'Italie, unit la mer Tyrrhénienne et la mer Ionienne et doit son nom à un phare célèbre qui y existe depuis longtemps; sa largeur varie de 3 à 7000 mètres. Le flux et le reflux s'y font notablement sentir 4 fois par jour, et le courant y est très-rapide; ce qui en rend la navigation dangereuse. De là la fable de Charybde et de Scylla. Auj. l'on redoute beaucoup moins cette traversée. — On a proposé dans ces derniers temps de relier la Sicile au continent par un pont gigantesque qui serait jeté sur le détroit, ou par un tunnel qui passerait par-dessous.

MESSINES, v. de Belgique (Flandre occid.), à 9 kil. S. d'Ypres ; 1500 hab. Maison royale d'éducation pour les filles de militaires belges, établie dans les bâtiments d'une anc. abbaye de Bénédictins.

MESSIS (Quentin), peintre. V. METZYS.

MESTRE, v. de Vénétie, à 9 kil. O. de Venise, au milieu d'un marécage, sur le chemin de fer de Venise à Vérone; 6500 h. Viaduc de 222 arches, long de 3600m, construit de 1841 à 1845.

MÉSUÉ (JEAN), en arabe Ayia ben-Masouiah médecin arabe, né à Khouz, près de l'antique Ninive, mort vers 855, à près de 80 ans, était un chrétien nestorien. Il fut successivement attaché à la personne du calife Haroun-al-Raschid et à celle d'Al-Mamoum, qui le chargèrent de traduire et de faire traduire beaucoup d'ouvrages du grec et du syriaque. Outre ces traductions, il a composé plusieurs traités de médecine, fort estimés des Orientaux : une Pharmacopée, un livre d’Anatomie, des traités sur les fièvres, les aliments, les catarrhes, les bains, etc. Parmi les traductions latines de ses œuvres, on cite celles de Venise, 1471, 1550 et 1602.

MESURADO, riv. de la Guinée sept., sort du pays des Mandingues, coule au S. O., et tombe dans l'Océan au N. E. du cap Mesurado. — Ce cap est situé sur la côte des Graines, par 6° 20' lat. N., 13° long. O. C'est près de là qu'a été établie la colonie américaine de Noirs, dite Libéria.

MESURATA ou MESRATAH, v. de l'État de Tripoli, à 17 kil. E. de Tripoli, près de la Méditerranée. Commerce avec l'intérieur de l'Afrique et avec l’Égypte.

MESVRES, ch.-l. de cant. (Saône-et-Loire), à 15 kil. S. d'Autun; 1200 hab.

METABUS, père de Camille et fondateur de Métaponte. V. CAMILLE et MÉTAPONTE.

MÉTAGITNION, 1er mois de l'année athénienne, dans lequel on célébrait en l'honneur d'Apollon les Metagitnies, fêtes ainsi appelées de meta, indiquant un changement, et geitnia, voisinage, parce que c'était à cette époque qu'on faisait les déménagements.

MÉTAPHRASTE (SIMÉON le), hagiographe, né à Constantinople au Xe siècle, fut successivement protosecrétaire de l'empereur Léon, grand logothète, puis maître du palais. Il a recueilli un grand nombre de vies de saints, restées jusqu'alors éparses dans les archives des églises et des monastères; mais son recueil ne jouit pas d'une grande autorité, parce que l'auteur a, d'un côté, accueilli sans discernement les fables les plus ridicules, et, de l'autre, supprimé des faits authentiques, rapportés par les contemporains. Un moine grec nommé Agapius en a fait un extrait sous ce titre : Liber dictus Paradisus, seu Illustrium sanctorum vitæ, ex Simeone Metaphraste, Venise, 1541, in-4. Les principales Vies de Métaphraste, au nombre de 122, ont été insérées en grec et en latin dans les Acta sanctorum des Bollandistes. On a en outre, sous le nom de cet auteur, des Annales, qui vont de 813 à 963; elles ont été publiées par Combéfis, avec trad. lat., et par Imm. Bekker, dans la Byzantine de Bonn, 1838.

MÉTAPONTE, Metapus, Metapontum, auj. Torre di Mare, v. et port de l'Italie anc., sur la côte orient. de la Lucanie, près des embouch. du Bradane et du Casuente, avait été, disait-on, fondée par Nestor ou par Épéus, mais plus probablement par Métabus, fils de Sisyphe, dont elle prit le nom. Détruite au VIe s. av. J.-C. par les Samnites, elle fut repeuplée par des habitants de Sybaris, qui y envoyèrent une colonie. C'était une ville puissante et riche; elle fut pendant un temps indépendante, et s'illustra par l'hospitalité qu'elle accorda à Pythagore, qui y fonda son institut et y mourut. Elle fut prise par les Romains 270 ans av. J.-C.; elle se déclara pour Annibal en 215, mais fut reconquise en 207. Saccagée par Spartacus en 76 av. J.-C., puis relevée par les Romains, elle fut définitivement détruite par les Maures. On eu voit encore une église dite de Samson, d'où l'on a tiré de belles terres cuites; sur une éminence voisine, qui était probablement l'Acropole de la ville, on voit en outre 15 colonnes d'un temple antique.