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thèque, école normale primaire. Ville généralement bien percée et bien bâtie. Église gothique de St-Aspais, avec de beaux vitraux ; restes de l’abbaye de ce nom ; maison centrale de détention. Fabriques de calicots, de chapeaux de soie et de feutre, d’étoffes de laine et de toiles peintes. Commerce de bois, fromages de Brie, charbon ; marché aux grains et aux farines. Patrie d’Amyot. — Ville très-ancienne : ce n’était dans l’origine qu’une forteresse. Prise en 494 par Clovis, elle fut sous les premiers Capétiens une résidence royale. Plusieurs fois prise par les Normands et les Anglais (notamment par ces derniers en 1419) ; Charles VII la reprit en 1430. Longtemps elle eut le titre de vicomté ; elle fut érigée en duché-pairie en 1709, en faveur de Louis Hector de Villars.

MELUN (maison de), maison noble et ancienne, connue depuis le xe siècle, était alliée à la race royale des Capétiens, et a fourni à l’État et à l’Église un grand nombre de personnages distingués. Elle a formé les branches de Viilefermoy, de La Borde, de La Loupe-Marcheville, de Château-Landon, de Tancarville, d’Épinoy, de Maupertuis.

MELUN (Guill. de), dit le Charpentier, parent de Hugues le Grand, comte de Vermandois, l’accompagna à la 1re croisade et fut un des principaux chevaliers français qui aidèrent Godefroi de Bouillon à conquérir la Terre-Sainte. Son surnom lui fut donné parce que rien ne pouvait résister aux coups de sa hache d’armes. — Adam, vicomte de M., général de Philippe-Auguste, fut envoyé en 1208 dans le Poitou contre Aimery VII, vicomte de Thouars, qui commandait les troupes de Jean, roi d’Angleterre, et contre Savary de Mauléon, qui avaient fait tous deux une incursion sur les terres du roi de France, les mit en pleine déroute, et fit le vicomte de Thouars prisonnier. Il eut aussi une grande part à la victoire de Bouvines (1214). En 1216, il passa en Angleterre avec Louis de France (depuis Louis VIII), que les barons anglais demandaient pour roi. Il y mourut en 1220. — Charles de M., baron des Landes et de Normanville, parvint, au commencement du règne de Louis XI, au plus haut degré de faveur, fut fait en 1465 grand maître de France, puis lieutenant général du royaume. Sa conduite équivoque lors de la guerre du Bien public le perdit dans l’esprit du roi, qui le fit condamner à mort et décapiter aux Andelys (1468), comme ayant eu des relations avec les chefs de la Ligue, notamment avec le duc de Bretagne. Il fut réhabilité sous le règne suivant et ses biens furent rendus à ses enfants. Il avait déployé, pendant qu’il était en faveur, un faste qui le fit surnommer Sardanapale.

MELUN (Louis de), marquis de Maupertuis, puis duc de Joyeuse, né en 1634, m. en 1721, se signala en 1677 au siége de Valenciennes, où il emporta les retranchements à la tête d’une compagnie de mousquetaires, et fut fait brigadier par le roi sur les retranchements mêmes. Il ne montra pas moins de bravoure à la bataille de Cassel et au siége d’Ypres ; fut successivement nommé maréchal de camp et lieutenant général, et fut envoyé en 1694 au Havre-de-Grâce, qu’il défendit contre les Anglais et qu’il sauva d’une ruine certaine. Louis XIV rétablit pour lui en 1714 la duché-pairie de Joyeuse.

MÉLUSINE, fée célèbre dans nos romans de chevalerie et dans les traditions du Poitou, descendait selon les légendes, d’un certain Élénas, roi d’Albanie. Elle épousa Raymondin de Forez, 1er seigneur de Lusignan en Poitou, et devint la tige des maisons de Lusignan, de Luxembourg et de Bohême. On l’appela d’abord la Mère des Lusignan, et, par corruption, Mère Lusigne, Merlusine et enfin Mélusine. Elle était, disait-on, changée tous les samedis en serpent, pour avoir donné la mort à son père ; par les gémissements, les sifflements et les cris lugubres qu’elle faisait entendre alors, elle prédisait les malheurs qui menaçaient ses descendants. Son mari, l’ayant un jour aperçue dans sa métamorphose, l’enferma dans un souterrain de son château de Lusignan, où elle est depuis restée emprisonnée. On attribuait à cette fée la construction des châteaux de Lusignan, de Parthenay, de Morvant, de Vouvant, de Marmande, d’Issoudun, etc. M. Francisque Michel a publié en 1854 un vieux poëme du XIVe siècle sur Mélusine.

MELVIL (sir James), seigneur écossais, né dans le comté de Fife en 1534, mort en 1606, fut élevé à Paris et attaché en 1549 au connétable de Montmorency, fut rappelé en Écosse en 1561 par la reine Marie Stuart, qui le nomma conseiller privée servit sa souveraine avec autant d’intelligence que de fidélité, et ne craignit pas de lui adresser des remontrances énergiques lorsqu’il découvrit son funeste attachement pour Bothwell ; il se vit même obligé de fuir pour échapper à la vengeance de ce dernier, mais il fut rappelé au conseil par les régents qui gouvernèrent après Marie Stuart et obtint la confiance du roi Jacques VI. Il a laissé des Mémoires historiques qui ont été publiés à Londres en 1683, in-fol., et trad. par l’abbé Marsy, 1745.

MELVILLE (H. DUNDAS, vicomte de), homme d’État, issu d’une famille illustre d’Écosse, né v. 1741, mort en 1811, fat envoyé au Parlement par la ville d’Édimbourg ; défendit le ministère de lord North pendant la guerre d’Amérique, combattit le ministère de la coalition (composé de partisans de Fox et de ceux de lord North), s’opposa au fameux bill de l’Inde, soutint ensuite le système de Pitt, et fut nommé successivement par ce ministre président du contrôle pour l’Inde (1783), secrétaire d’État pour l’intérieur (1791), puis ministre de la guerre, lord du sceau privé, enfin 1er  lord de l’amirauté (1805). En 1806, il fut accusé de malversation, et, bien qu’acquitté par la Chambre des Lords, il fut obligé, de résigner tous ses emplois. Melville est auteur de plusieurs brochures politiques fort remarquables.

MELVILLE, île située sur la côte N. de l’Australie, a 120 k. sur 70. Ainsi nommée en l’honneur de lord Melville. Les Anglais y avaient formé un établissement qu’ils ont abandonné. — Vaste presqu’île de l’Océan Glacial arctique, au N. de l’Amérique, par 108-116° long. O., 74°-76° 50′ lat. N. ; froid extrême. Découverte en 1819 par le capitaine Parry.

Le nom de Melville a encore été donné à une baie de la mer de Baffin, sur la côte O. du Groenland ; à un détroit de l’Amérique du N., entre ceux de Banks à l’E. et de Barrow à l’O. ; c’est un de ceux qui forment le passage Nord-Ouest ; - enfin à une île de la mer Polaire, entre 70° et 76° lat. N.

MÉMACTÉRION, mois des Athéniens, correspondant à parties de novembre et de décembre, tirait son nom des Mémactéries, fêtes qu’on célébrait en l’honneur de Jupiter Mémactès (c.-à-d. orageux), pour obtenir de lui un hiver tempéré.

MEMEL, v. des États prussiens (Prusse), à l’embouchure de la Dange dans la Baltique et à l’extrémité N. du Kurische-Haff, à 135 kil. N. de Kœnigsberg ; 12 000 hab. Port de commerce, comptoir de banque, chantiers de construction, bagne. Industrie, toile, gants, savon, eau-de-vie, bière, ouvrages en bois ; fonderies de fer. — Fondée en 1252 par les chevaliers Teutoniques, ensuite ville hanséatique. Elle fut la résidence du roi de Prusse après la perte de ses États en 1807. En 1854, elle a été dévastée par un incendie.

MEMINI, petit peuple de la Gaule Narbonnaise, au S. E. des Tricastini, dans le pays des Salyes, avait pour villes principales Forum Neronis (Forcalquier), et Carpentoracte (Carpentras).

MEMMI ou MARTINI (Simon), peintre, né à Sienne vers 1284, mort en 1344, élève, puis collaborateur de Giotto, fut appelé en 1338 à Avignon par Benoît XII pour peindre, dans le palais des Papes, l’Histoire des martyrs, se lia dans cette ville avec Pétrarque, pour lequel il fit un portrait de la belle Laure, orna également de ses peintures Sienne, Florence, Pise, et exécuta dans cette dernière ville une partie des célèbres fresques du Campo Santo. Parmi