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Paraliens, chassa en 560 l’usurpateur Pisistrate. Dans la suite, il lui donna sa fille en mariage, et s’unit à lui pour le rétablir.

MÉGALÉSIENS (Jeux), fête célébrée à Rome en l’honneur de Cybèle, la Grande Déesse (Mégalê veut lire grande en grec). Elle consistait en une procession des Galles, qui, suivis des matrones romaines, portaient par la ville la statue de Cybèle, puis sa rendaient au champ de Mars, où l’on célébrait des jeux scéniques. Ces jeux, qui commençaient la veille des nones d’avril (4 avril), duraient 7 jours. Ils avaient été institués en 206 av. J.-C., pendant la 2e guerre punique. Un oracle sibyllin ayant déclaré que l’on ne vaincrait les Carthaginois que si la mère Idéa (Cybèle) était apportée de Pessinonte à Rome, le Sénat envoya une ambassade demander au roi Attale l’image de la déesse, qui n’était qu’une grosse pierre informe (sans doute quelque aérolithe) ; on la transporta à Rome en grande pompe, on lui éleva un temple, et on institua des jeux en son honneur.

MÉGALOPOLIS (c.-à-d. la Grande ville), v. d’Arcadie, au confluent de l’Alphée et de l’Hélisson, fut bâtie en 370 av. J.-C. par le conseil d’Épaminondas, pour servir de capitale à l’Arcadie, et devint la rivale de Lacédémone. Cléomène, roi des Spartiates, la fit piller et incendier par ses troupes ; mais elle se releva bientôt, entra dans la ligue Achéenne, et y joua un grand rôle sous Philopœmen, dont elle était la patrie. Mégalopolis eut deux tyrans, Aristodème en 336, Lysiade en 266 av. J.-C. — C’est auj. le village de Sinano ou Salino.

MÉGARE, fille de Créon, roi de Thèbes, et femme d’Hercule. Pendant la descente de ce héros aux enfers, Lycus voulut s’emparer de Thèbes et forcer Mégare à l’épouser ; mais Hercule, de retour, tua Lycus et rétablit Créon. Junon, pour venger la mort de Lycus, inspira à Hercule un accès de fureur dans lequel il tua Mégare et les trois enfants qu’il avait eus d’elle.

MÉGARE, v. de l’anc. Grèce, capit. de la Mégaride, entre Athènes et Corinthe, à 28 kil. du golfe de Corinthe, avait deux ports, Nisée sur le golfe Saronique, et Pégée sur la mer d’Alcyon. Dorienne et voisine d’Athènes, elle détestait cette ville et fut souvent en guerre avec elle. Tantôt soumise, tantôt indépendante, elle enleva aux Athéniens dans le VIIe s. av. J.-C. l’île de Salamine, qui ne fut reprise qu’au temps de Solon. Cependant elle s’unit aux Athéniens dans les guerres contre les Perses, et ses guerriers se signalèrent à la bataille de Salamine. Les Mégariens soutinrent aussi les Athéniens dans les guerres du Péloponèse, mais ils les abandonnèrent après une défaite. Mégare fonda plusieurs colonies importantes : Byzance, Sélimbrie, Chalcédoine, Héraclée du Pont, Mégare l’Hybléenne. — Euclide et Stilpon étaient de Mégare ; ils fondèrent l’école philosophique mégarienne, dite aussi École éristique (c.-à-d. disputeuse), qui s’adonna surtout à la logique.

MÉGARE L’HYBLÉENNE, v. de Sicile, sur la côte O., près du mont Hybla, était une colonie de Mégare. Fondée vers 728 av. J.-C., elle fut détruite par Gélon en 480 av. J.-C., mais elle ne tarda pas à se relever ; elle fut prise par les Romains en 214 av. J.-C. Elle avait déjà cessé d’exister du temps d’Auguste.

MÉGARIDE, Megaris, petit État de la Grèce, composé de Mégare et d’un faible territoire, occupait la partie E. de l’isthme de Corinthe. Elle avait de l’importance par sa position aux portes de l’isthme : elle tenait les clefs du Péloponèse.

MÉGASTHÈNE, historien et géographe grec, remplit pour Séleucus Nicator (vers 295 av. J.-C.) une mission auprès d’un roi de l’Inde, Sandrocottus, et publia à son retour une Histoire des Indes, qui est citée avec éloge par les anciens, mais qui ne nous est point parvenue. Celle qui existe aujourd’hui sous son nom a été fabriquée par Annius de Viterbe. On trouve les fragments de cet auteur dans les Fragmenta historicorum græcorum, publ. par Ch. Muller en 1848 (collection Didot).

MÉGÈRE, une des Furies. V. FURIES.

MÉGLIN (J. A.), médecin, né à Sultz (Alsace) en 1756, mort à Colmar en 1824, a publié : Traité sur la Névralgie faciale, De l’usage des bains dans le tétanos, Analyse des eaux de Sultzmat. On lui doit les pilules anti-névralgiques qui portent son nom.

MÉHAIGNE (la), petite riv. de Belgique, naît à 12 k. N. O. de Namur, coule vers l’E., et se jette dans la Meuse, r. g., près d’Huy, après un cours de 40 k.

MEHALLET-EL-KÉBIR, Cynopolis ou Xoïs, v. de la B.-Égypte, ch.-l. de la prov. de Garbieh, sur un bras du Nil, à 100 kil. N. du Caire ; 1800 hab.

MÉHÉGAN (le chevalier de), littérateur français, issu d’une famille irlandaise, né à Lasalle près d’Alais en 1721, mort à Paris en 1766, enseigna quelque temps la littérature française à Copenhague, puis revint à Paris, où il rédigea le Journal encyclopédique. Il fut enfermé à la Bastille pour la hardiesse de ses opinions philosophiques. Ses principaux ouvrages sont : Zoroastre, 1751 ; Origine des Guèbres ou la Religion naturelle en action, 1751 ; Origine, progrès et décadence de l’idolâtrie, 1756 (ce sont ces deux ouvrages qui le firent poursuivre) ; Tableau de l’histoire moderne depuis la chute de l’empire d’Occident jusqu’à la paix de Westphalie, 1766 (c’est le plus estimé de ses écrits) ; l’Histoire vis-à-vis de la Religion, de l’État et des Beaux-Arts, 1767.

MÉHÉMET, MÉHÉMED ou MOHAMMED, calife ommiade de Cordoue, succéda à son père Abd-er-Rhaman II en 852 et mourut en 886. Son règne fut une suite de guerres civiles et étrangères ; il déploya souvent avec un grand courage une rare habileté ; cependant il fut battu plusieurs fois par Alphonse le Grand et laissa Omar-Ibn-Afsoun fonder dans l’Aragon une principauté qui résista 70 ans aux Ommiades.

MÉHÉMET-EL-NASSER, roi d’Afrique et d’Espagne de 1199 à 1213, fils d’Yacoub-al-Mansour, de la dynastie des Almohades, acheva de ruiner en Afrique le parti des Almoravides, puis passa en Espagne, combattit les rois de Castille, de Navarre et d’Aragon qui s’étaient ligués contre les Musulmans, fut battu en 1212 près de Tolosa, et s’enfuit en Afrique. Il se préparait à reconquérir ses États d’Espagne lorsqu’il mourut.

MÉHÉMET I (Abou-Abdallah), 1er roi de Grenade, de la dynastie des Nasserides, servit avec distinction sous les rois almohades d’Espagne ; se joignit, après la chute de cette dynastie, à Motawakkel, maître d’une partie de l’Espagne ; se révolta contre lui en 1232, s’empara de Jaën, de Guadix, de Lorca et de Grenade, se forma ainsi un État indépendant dont Grenade devint la capitale, et prit le titre de roi (1235). Moins heureux contre les Chrétiens, il fut forcé de se reconnaître vassal de Ferdinand, roi de Castille, 1245, et de payer tribut. Il mourut en 1273. Méhémet I encouragea le commerce, les lettres et les arts ; c’est lui qui bâtit l’Alhambra. — II, dit Al Fakih, 2e roi de Grenade, fils et successeur du précéd., régna 30 ans avec autant de gloire que de bonheur, de 1273 à 1302. Il déjoua plusieurs complots, se fit de nombreux amis par ses manières nobles et libérales, fit fleurir le commerce, remporta en 1275 une brillante victoire sur Alphonse X, et agrandit son royaume aux dépens dees Chrétiens. Versé dans l’art oratoire et dans la poésie, il protégea les lettres, les sciences et les arts. — III, Al Amasch, 3e roi de Grenade, fils du préc., lui succéda en 1302, s’empara de Ceuta en 1306, mais ne put résister aux rois de Castille et d’Aragon, et acheta la paix par quelques sacrifices. Le traité qu’il avait conclu avec des princes chrétiens fut le prétexte d’une sédition qui lui ôta le trône et le donna à son frère Nasser (1314). Peu après, il fut mis à mort par les ordres de celui-ci. — IV, 6e roi de Grenade, fils et successeur d’Ismaël-ben-Féragh, fut proclamé, à l’âge de 12 ans, en 1321, après la mort violente de son père. Le commencement de son règne fut troublé par des dissensions intestines, et les Castillans, profitant de ces divisions l’attaquèrent et le défirent