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sus (c.-à-d. sauveur) : neuf mois après naquit en effet le Sauveur. Marie l’emmena avec elle en Égypte pour le soustraire à la fureur d’Hérode qui, inquiet de certaines prophéties, voulait le faire périr, ainsi que tous les nouveau-nés de la Judée. Le danger passé, elle revint avec S. Joseph à Nazareth, où elle mena pendant plusieurs années une vie fort retirée. Elle accompagna Jésus pendant ses prédications et fut présente à son crucifiement. Marie est honorée, comme mère de Dieu, d’un culte particulier, et invoquée comme intercédant d’une manière toute-puissante auprès de son fils. L’Église fête les principaux événements de sa vie : le 8 déc., sa Conception immaculée dans le sein de Ste Anne ; le 8 sept., sa Nativité ; le 21 nov., sa Présentation au temple ; le 25 mars, l’Annonciation ; le 2 juillet, la Visitation ; le 2 fév., la Purification ; enfin le 15 août, l’Assomption, c.-à-d. son élévation au ciel. En outre le mois de mai lui est particulièrement consacré sous le nom de Mois de Marie.

MARIE de Béthanie, sœur de Marthe et de Lazare, se fit remarquer de Jésus par sa foi et son dévouement : c’est à sa prière qu’il ressuscita Lazare ; c’est elle aussi qui six jours avant la Pâque versa sur les pieds de Jésus un parfum précieux et les essuya de sa chevelure. On la fête le 17 déc., avec Ste Marthe.

MARIE L’ÉGYPTIENNE (Ste), femme d’Égypte qui, après avoir mené la vie la plus dissolue à Alexandrie, se convertit miraculeusement à Jérusalem pendant la fête de l’exaltation de la Croix, et alla vivre dans le désert, s’imposant les plus dures privations ; elle y mourut vers 421. On l’hon. le 9 avril.

MARIE MADELEINE. V. MADELEINE.

Reines et princesses de France.

MARIE DE BRABANT, fille de Henri III, duc de Brabant, née vers 1260, épousa en 1274 Philippe le Hardi, roi de France. Deux ans après, elle fut accusée par Labrosse, favori du roi, d’avoir empoisonné l’aîné des fils que Philippe avait eus d’une 1re femme ; elle eût été condamnée à mort si son frère Jean de Brabant n’eût envoyé un chevalier qui défendit son innocence les armes à la main : l’accusateur, n’ayant pu soutenir sa calomnie, fut pendu. Elle survécut 36 ans à Philippe III, et mourut en 1321. Ancelot a composé un poëme en 6 chants sur Marie de Brabant, 1825.

MARIE D’ANGLETERRE, fille de Henri VII, roi d’Angleterre, née en 1497, épousa en 1514, à peine âgée de 17 ans, le roi de France Louis XII, qui en avait alors 52. Devenue veuve dès l’année suivante, elle s’unit peu après au duc de Suffolk, son amant, qui l’avait suivie en France comme ambassadeur. Elle en eut une fille, qui fut la mère de Jeanne Grey.

MARIE DE MÉDICIS, fille du grand-duc de Toscane François I et de Jeanne, archiduchesse d’Autriche, née à Florence en 1573, était d’une beauté remarquable. Elle épousa Henri IV en 1600 et fut mère de Louis XIII. D’un caractère altier et opiniâtre, elle fit le malheur de son époux et fut soupçonnée de n’avoir pas été étrangère au crime qui abrégea sa vie. Nommée régente après la mort de Henri IV, 1610, elle ne s’occupa qu’à détruire l’ouvrage de ce grand roi, donna sa confiance à d’indignes favoris, surtout à Concini, qu’elle prit pour principal ministre, et se rendit tellement odieuse à son propre fils que celui-ci fut obligé de l’éloigner de la cour dès qu’il fut majeur, 1617. Elle prit les armes contre lui, mais fut vaincue au Pont-de-Cé, 1620 ; malgré un raccommodement momentané, ménagé par Richelieu, qui était alors son conseil (1620), elle fut quelques années plus tard, après la Journée des Dupes (1630), reléguée par Richelieu lui-même à Compiègne, et enfin réduite à quitter la France (1631). Elle passa le reste de sa vie dans l’exil, séjournant successivement à Bruxelles, à Londres, et enfin à Cologne ; elle mourut dans cette dernière ville en 1642, après avoir en vain, sollicité de rentrer en France. On a dit, mais à tort, qu’elle avait été laissée dans le dénûment. Marie de Médicis aimait les arts ; elle protégea particulièrement Philippe de Champagne et Rubens ; on lui doit une belle collection des tableaux de Rubens ; elle fit construira le palais du Luxembourg, le Cours-la-Reine (qui fait auj. partie des Champs-Élysées), l’aqueduc d’Arcueil. On peut consulter sur cette reine : l’Histoire de la mère et du fils, Amsterdam, 1730, ouvrage qui porte le nom de Mézeray, mais qui est probablement de Richelieu lui-même, et la Vie de Marie de Médicis, par Mme d’Arconville, 1774.

MARIE-THÉRÈSE D’AUTRICHE, fille de Philippe IV, roi d’Espagne, née en 1638, épousa Louis XIV en 1660, et mourut en 1683. Elle se fit remarquer par sa douceur ainsi que par sa piété, et supporta sans murmurer les nombreuses infidélités du roi. Bossuet et Fléchier ont prononcé son oraison funèbre. C’est pour réclamer sa dot que Louis XIV fit la conquête de la Flandre et de la Franche-Comté. V. DÉVOLUTION.

MARIE LECZINSKA, fille de Stanislas, roi de Pologne, née en 1703, épousa en 1725 Louis XV, auquel elle donna dix enfants, et mourut en 1768. Son père était dépouillé de son royaume et dans la détresse lorsqu’eut lieu ce mariage inespéré. Elle eut beaucoup à souffrir des infidélités de son mari et de l’orgueil de ses indignes maîtresses ; en outre, elle eut la douleur de voir mourir la plupart de ses enfants.

MARIE-ANTOINETTE D’AUTRICHE, fille de l’empereur François I et de Marie-Thérèse, née en 1755, épousa en 1770 Louis XVI, alors duc de Berry et Dauphin de France. Les fêtes de ce mariage furent troublées par de graves accidents qui semblaient être de funestes présages. À peine montée sur le trône (1774), cette princesse, à laquelle on pouvait tout au plus reprocher un peu de légèreté, trop de fierté et de la prodigalité, fut en butte à toutes sortes d’attaques ; la malheureuse affaire du Collier, à laquelle elle fut mêlée sans le savoir (V. ROHAN et LAMOTTE), vint encore la compromettre dans l’opinion publique (1785). Elle devint, au moment de la Révolution, l’objet de violentes préventions à cause de ses liaisons avec les ennemis des nouvelles institutions. Marie-Antoinette voulut partager tous les malheurs de son époux : elle se vit comme lui insultée et menacée aux 5 et 6 oct. 1789 ; l’accompagna dans sa fuite et fut ramenée à Paris avec lui après l’arrestation de Varennes (1791) ; fut renfermée au Temple, puis transférée à la Conciergerie, après avoir été séparée de ses enfants ; eut à subir pendant sa captivité les plus indignes traitements et se vit enfin condamnée à mort, sous les imputations les plus infâmes et les plus calomnieuses ; elle monta sur l’échafaud le 16 oct. 1793. Cette princesse supporta ses malheurs avec une héroïque résignation, que la religion seule pouvait inspirer ; sa condamnation est l’opprobre de la Révolution française. La Vie de Marie-Antoinette a été écrite par MM. de Goncour, de Viel-Castel et de Lescure ; M. Feuillet de Conches a publié sa Correspondance et celle de Louis XVI, 4 vol. in-8, 1865.

MARIE-LOUISE, impératrice de France, née en 1791, morte en 1847, était fille de François I, empereur d’Autriche, et fut épousée en 1810 par l’empereur Napoléon, qui avait fait de ce mariage une condition de la paix avec l’Autriche. Elle fut reçue en France avec enthousiasme, donna le jour l’année suivante à un fils, qui fut salué en naissant du titré de roi de Rome (V. REICHSTADT), fut pendant les campagnes de 1812, 1813 et l814, régente de l’Empire, mais n’en eut jamais que le nom ; abandonna Paris à l’approche des alliés sans rien tenter pour sauver l’Empereur et le pays ; se laissa sans murmure, après l’abdication de Napoléon, éloigner de lui et séparer de son fils, protesta même publiquement contre le retour de Napoléon en 1815 et reçut du Congrès de Vienne, pour prix de sa docilité, le duché de Parme, à titre de possession viagère. Elle passa le reste de ses jours dans ce duché, vivant avec le comte de Neipperg, général autrichien, qui lui avait été donné par la cour de Vienne pour ministre, et dont elle eut trois enfants. Femme nulle, Marie-Louise fut également au-dessous de sa prospé-