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d’Issachar, de Zabulon et de Nephtali (ch.-l., Gessur, autres villes, Gadara, Gamala, etc.) : elle répondait aux pays appelés depuis Auranitide et Gaulanitide.

MANASSÈS, roi de Juda, succéda à son père Ézéchias en 694 av. J.-C., n'ayant que 12 ans. Il éleva des temples aux idoles, persécuta les prophètes et eut la cruauté de faire scier en deux le prophète Isaïe, qui lui reprochait son impiété. Après 22 ans de ce règne odieux, Assar-Haddon, roi d'Assyrie, vint mettre le siége devant Jérusalem (672), prit la ville, fit le roi prisonnier et l'emmena à Babylone avec presque tout son peuple. Pendant cette captivité, qui dura trois ans, Manassès reconnut ses fautes, et s'humilia devant Dieu. Assar-Haddon étant mort, Saosduchéus, qui le remplaça, permit au roi juif de remonter sur le trône de ses pères : Manassès ne s'occupa plus que d'anéantir l'idolâtrie dans son royaume et de relever le culte du vrai Dieu. Il fortifia Jérusalem et organisa de grandes forces militaires. Il mourut en 640, après un très-long règne (54 ans).

MANASSÈS (Constantin). V. CONSTANTIN MANASSÉS.

MANÇANAREZ, petite riv. d'Espagne, naît dans la Sierra de Guadarrama, passe à Madrid, et tombe dans le Hénarez après un cours de 90 kil. Elle communique avec le Jarama par un canal.

MANCEAUX, habitants de l'ancien Maine.

MANCHE (la), Oceanus Britannicus, mer qui s'étend entre la France et l'Angleterre, baigne la côte sept. de France depuis l'île d'Ouessant jusqu'à Calais, et la côte S. de l'Angleterre depuis le cap Lizard jusqu'à Douvres, et fait communiquer l'Atlantique avec la mer du Nord. Les Anglais la nomment Canal Britannique (British channel). Cette mer reçoit, sur la côte de France, l'Authie, la Canche, la Somme, la Bresle, l'Arques, la Seine, la Touque, la Dive, l'Orne, la Vire, le Couesnon, la Rance, et sur la côte d'Angleterre l'Exe, le Dart, le Tarner, le Fal. Sa largeur est de 30 kil. entre les caps Gris-Nez(France) et Dungeness (Angleterre), de 220 kil. entre la rade de Cancale et l'embouchure de l'Exe. Dans la partie la plus étroite, elle prend le nom de Pas-de-Calais.

Le nom de Manche est devenu générique pour désigner les bras de mer qui vont s'étrécissant entre deux côtes et se terminant à un détroit. C'est ainsi qu'on appelle Manche de Tartarie un golfe ouvert de l'Océan Boréal, entre l'île Tchoka et la Mantchourie.

MANCHE (dép. de la), dép. maritime, borné à l'E. par le dép. du Calvados, au S. E. par celui de l'Orne, au S. O. par ceux d'Ille-et-Vilaine et de la Mayenne, partout ailleurs par la Manche, qui lui donne son nom; 6757 k. carrés; 591 421 h.; ch.-l., St-Lô. Il est formé de la partie N. O. de l'anc. Normandie (Cotentin et Avranchin). Climat humide, sol accidenté, fertile et bien cultivé. Granit, ardoise, kaolin, etc. Peu de forêts, excellents pâturages; grain, lin, chanvre, fruits à cidre. Bons chevaux; bœufs, moutons, volailles. Pêche abondante. Draps et serges; toile, dentelle, fil de coton; papier, parchemin; chaudrons, quincaillerie et coutellerie commune. Plusieurs chemins de fer. — Ce dép. a 6 arrond. (St-Lô, Cherbourg, Valognes, Coutances, Avranches, Mortain), 48 cantons, 644 communes; il appartient à la 16e division militaire, dépend de la cour impériale de Caen et a un évêché à Coutances.

MANCHE (La), pays d'Espagne (Nouv.-Castille), au S. de l'intend. de Tolède, forme auj. l'intend. de Ciudad-Real. C'est un vaste plateau, assez élevé, fertile sur quelques points seulement : il fournit de bons vins, du safran, de la soie, de la soude, du gros bétail, des mulets. On y trouve du mercure, à Almaden.

MANCHE (Gentilshommes de la). V. MANCHE dans notre Dict. univ. des Sciences.

MANCHESTER, Mancunium et Manduessedum, v. d'Angleterre (Lancastre), au confluent de l'Irk et de la Medlok avec l'Irwell, à 54 kil. E. de Liverpool (qui lui sert de port et avec laquelle elle communique par un chemin de fer), à 295 kil. N. O. de Londres; 400 000 hab. : il n'y en avait pas 20 800 en 1757. On remarque la place Portland, les rues Mosely, de Londres, du marché, le marché de Brown-Street, la bourse, plusieurs églises, le musée, l'hôtel de ville. le grand hôpital, le pénitentiaire. Parmi les établissements d'instruction, se distinguent le collége (fondé en 1520) avec une bibliothèque publique, un magnifique musée d'histoire naturelle, la Société philosophique et médicale, celles de littérature, de philologie, d'histoire naturelle, d'agriculture, des antiquaires du comté de Lancastre. L'industrie de Manchester est immense : c'est la première place du monde pour le travail du coton; 300 machines à vapeur, 30 000 métiers,dont 6000 à la vapeur, y sont toujours en activité. On y fabrique aussi des draps, velours, futaines, mousselines, batistes, soieries, etc., ainsi que toutes les machines nécessaires pour les manufactures. Les houilles, les forges, les usines de toute espèce dont est environné Manchester sont pour beaucoup dans ce développement prodigieux qui date presque en entier des premières années de ce siècle. A Manchester se rendent : 1° le canal de Rochdale, qui part d'Halifax et se réunit à celui de Bridgewater; 2° le canal de Bridgewater, qui va des houillères de Worsley à Runcorn sur la Mersey; 3° celui d'Ashton-et-Oldham. Aux environs est le beau collége de Stonyhurst, principal établissement catholique d'instruction publique en Angleterre.

MANCINI. On connaît sous ce nom cinq nièces de Mazarin : elles étaient filles d'une sœur du cardinal et de Laurent Mancini, baron romain, petit-fils de Paul Mancini, fondateur de l'Académie des Umoristi. Toutes étaient remarquables par leur beauté et leur esprit; toutes firent de brillantes alliances. L'aînée, Laure, épousa en 1651 le duc de Mercœur, fils du duc de Vendôme et mourut en couches dès 1657; la 2e, Olympe, épousa Eugène Maurice de Savoie, comte de Soissons (V. ce nom) ; la 3e, Marie, épousa le prince Laurent de Colonna, connétable de Naples (V. ci-après); la 4e, Hortense, épousa le duc de La Meilleraie, qui fut fait duc Mazarin; la 5e, Marie Anne, le duc de Bouillon. Toutes les cinq apportèrent à leur époux de grands biens et jouèrent un rôle assez important. Les plus connues sont les trois dernières.

Marie Mancini, née à Rome en 1639, fut élevée en France auprès de son oncle. Vivant dans la familiarité de Louis XIV encore enfant, elle lui inspira un tendre attachement, et ce prince, dit-on, songea un instant à l'épouser. Mariée en 1661 au prince de Colonna, connétable de Naples, elle l'accompagna en Italie; mais elle ne put vivre avec son mari, et se sauva en France, où elle espérait être bien reçue de Louis XIV; le roi, qui était marié depuis peu, ne voulut pas la voir et la fit confiner dans un couvent. Elle ne tarda pas à en sortir, courut l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Espagne, prit le voile à Madrid, après avoir divorcé, et revint, après plusieurs aventures, se fixer en France où elle mourut dans l'obscurité, en 1714. On a publié sous son nom des Mémoires, Leyde, 1678. — Hortense Mancini, née à Rome en 1646, épousa en 1661 le duc de La Meilleraie, qui prit alors le titre de duc Mazarin. Cet homme, d'un caractère triste, était peu fait pour une femme enjouée et amie du plaisir : Hortense le quitta furtivement en 1688; elle se retira d'abord à Rome, puis à Chambéry, et enfin à Londres : là, elle se vit entourée d'admirateurs, au nombre desquels on comptait Charles II; sa maison devint le rendez-vous des hommes les plus aimables et les plus spirituels, parmi lesquels on remarquait St-Évremont, St-Réal, Gregorio Leti, Vossius. Elle mourut à Londres en 1699. On a sous son nom des Mémoires, qui sont l'œuvre de St-Réal. — Marie-Anne Mancini, liée en 1649, m. en 1714, épousa en 1662 le duc de Bouillon, et mena uns vie plus réglée que ses sœurs. Cependant, lors du procès de la Brinvilliers, elle comparut devant la Chambre ardente (1680), mais son innocence fut prouvée. La duchesse de Bouillon aima les lettres, accueillit La Fontaine et fut la première protectrice de ce poëte :