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ges. la crédulité de la foule, l’emphase des rhéteurs, la charlatanerie des sophistes ; mais il semble aussi professer un scepticisme universel et affiche un cynisme révoltant ; il n’épargne dans ses attaques ni les dieux du paganisme, ni les croyances des Chrétiens, ni les doctrines et les prétentions des philosophes. Le manuscrit de Lucien fut apporté de Constantinople en Italie en 1425 et imprimé pour la 1re fois en 1496 à Florence. Les meilleures éditions sont celles de Bourdelot, Paris, 1615, in-f., d’Hemsterhuys et Reitz, avec trad. latine, Amsterdam, 1743-46, 4 vol. in-4; des Deux-Ponts, 1789-93, 10 vol. in-8; de Lehman, Leipsick, 1821-31, 10 vol. in-8; celle de M. G. Dindorf, dans la Bibliothèque grecque de Didot, 1840 (le grec seul de cette édition a été publié à part en 1859). Lucien a été traduit en français par Perrot d’Ablancourt, 1654 ; par Belin de Ballu, 1789, et par M. Talbot, 1857. P. L. Courrier a donné à part une édition de l’Âne de Lucien, avec une traduction en vieux français. L’Âne d’or d’Apulée est une imitation de l’Âne de Lucien.

LUCIEN (S.), martyr, né à Samosate, était prêtre à Nicomédie. Il subit le martyre sous le règne de Dioclétien (312), et mourut en adressant à ses juges, pour toute défense, une apologie de sa religion. Il reste de ce saint un fragment d'une lettre écrite de sa prison aux fidèles d'Antioche ; il avait donné une édition grecque de la Bible, dans laquelle il corrigeait de nombreuses inexactitudes. On l'hon. les 7 janv. et 15 oct. — Un autre S. Lucien, apôtre de Beauvais, subit le martyre en 290. Il est fêté le 8 janv.

LUCIEN BONAPARTE. V. BONAPARTE.

LUCIENNES ou LOUVECIENNES, vge du départ, de Seine-et-Oise, à 7 kil. N. de Versailles, et à 2 kil. S. E. de Marly, près de la route de Paris à St-Germain; 1000 hab. Belles maisons de campagne ; château construit par Louis XV en 1772 pour la comtesse Dubarry, et d'où l'on jouit d'une vue délicieuse.

LUCIFER, c.-à-d. Qui apporte la lumière, nom donné par les poëtes à la planète Vénus ou Étoile du matin ; les païens en faisaient un dieu, fils de Jupiter et de l'Aurore. — Dans les Écritures, Lucifer est le nom du premier ange rebelle qui fut précipité du ciel aux enfers : c'était le plus brillant, mais aussi le plus orgueilleux des anges. Son nom est devenu synonyme du démon.

LUCIFER, évêque de Caralis (Cagliari), en Sardaigne, soutint avec tant de véhémence la cause de S. Athanase contre Arius au concile de Milan, en 354, que l'empereur Constance l'envoya en exil. Rappelé sous Julien, il se rendit à Antioche, alors déchirée par le schisme des Eustathiens et des Méléciens, afin de concilier les deux partis, mais il se déclara pour les premiers, et tomba lui-même ainsi dans le schisme. Il mourut dans son diocèse en 370. Ses disciples, appelés Lucifériens, continuèrent le schisme en Sardaigne. Lucifer a laissé des écrits (en latin), qui ont été publ. à Paris en 1568 et à Venise en 1778.

LUCILE, poëte romain. V. LUCILIUS.

LUCILIUS (C.), le plus ancien des poëtes satiriques latins, né à Suessa dans le Latium vers 149 av. J.-C., d'une famille de chevaliers, fut l'ami de P. Scipion Émilien, accompagna ce héros au siége de Numance, et mourut à Naples l'an 103 av. J.-C. à l'âge de 46 ans. Il avait écrit 30 satires ; il n'en reste que quelques fragments. Il poursuivait avec vigueur les vices de son temps et n'épargnait pas les personnalités. Son style, au jugement d'Horace, était encore dur et grossier, mais il ne manquait pas de force ni de sel. Les fragments de Lucilius ont été réunis par H. Étienne, 1564, et plus complètement par Dousa, Leyde, 1597, par Vargès, Stettin, 1836, et par Corpet, avec trad. française, dans la collection Panckoucke, 1845.

LUCILIUS JUNIOR, poëte latin, né à Naples, disciple et ami de Sénèque, était chevalier et fut sous Néron gouverneur de la Sicile. Sénèque lui a dédié son traité de la Providence, ainsi que ses Questions naturelles et lui a adressé ses Lettres. Wemsdorf lui attribue le poëme de l’Etna, attribué jusqu'alors à Cornélius Severus, et qui a été traduit, en 1843, par J. Chenu, dans la collection Panckoucke.

LUCINE (de lux, lumière), déesse qui présidait aux accouchements et à la naissance. On la confond avec Junon et avec Diane ; on la fait aussi fille de Junon.

LUCIUS, prénom très-fréquent chez les Romains, s'écrivait en abrégé L. — On connaît surtout sous ce nom le 2e fils d'Agrippa. V. AGRIPPA.

LUCIUS de Patras, écrivain grec, natif de Patras en Achaïe, vivait sous Antonin. On le regarde comme l'auteur du conte de l’Âne d'or, dont Lucien a donné un extrait sous le titre de Lucius, ou la Métamorphose.

LUCIUS, papes. V. LUCE.

LUCK ou LOUTSK, v. de Russie, dans l'anc. Pologne (Volhynie), sur la Styr, à 44k. N. O. de Doubno ; 3600 hab. (la plupart Juifs). Évêché grec-uni. Sous le gouvernement polonais, elle était le siége d'une diète.

LUCKNER (Nic., baron de), maréchal de France, né en 1722 à Campen (Bavière), fut d'abord au service du roi de Prusse Frédéric II et se distingua dans la guerre de Sept ans. Quelque temps avant la paix de 1763, il passa en France où il obtint le grade de lieutenant général. Il adopta les principes de la Révolution, fut nommé maréchal en 1791, et chargé en 1792 du commandement de l'armée du Nord. Il prit Menin et Courtrai, et écrasa un corps autrichien près de Valenciennes ; mais, ayant excité des soupçons, il fut suspendu de ses fonctions, puis traduit devant le tribunal révolutionnaire, et décapité en 1794.

LUCKNOW, v. de l'Inde anglaise, anc. capit. du roy. d'Aoude (depuis 1774), sur la r. dr. du Goumty, à 300 k. S. E. d'Agra, par 26° 51' lat. N., 78° 24' long. E.; 300 000 h. Trois grands quartiers ; monuments magnifiques, mosquées, bazars, palais Constancia (anc. résid. du major général Cl. Martin), bibliothèque riche en mss. persans, arabes et hindous, jardins, parc Delkusa, avec ménagerie, beau pont sur le Goumty. Arsenal, manufactures de coton, de soie, de cuir et de salpêtre; commerce très-actif et très-étendu. On y entretient une grande quantité d'éléphants. Lucknow fut le centre de l'insurrection contre les Anglais en 1857 ; elle fut prise en mars 1858 après un long siége.

LUÇON ou MANILLE, la plus grande et la plus septentr. des îles Philippines, par 117° 30'-121° 50' long. E., 12°-19° lat. N., a 800 k. de long sur une largeur qui varie de 50 à 420 ; 2 000 000 d'h.; capitale, Manille. Luçon se divise en partie espagnole et partie indépendante. Ses côtes, profondément échancrées en quatre endroits, en font comme quatre presqu'îles, et présentent de bonnes rades. Climat très-chaud, sec vers le centre et sur les hauteurs, très-humide ailleurs; air très-pur. Sol volcanique, éminemment fertile en produits coloniaux (café, sucre, coton, coco, bétel, indigo, cacao, etc.), et en produits de l'Europe méridionale ; superbes forêts vierges ; mines d'or ; huîtres à perles sur les côtes. Ouragans terribles. — Luçon, comme les autres Philippines, fut découverte en 1521 par Magellan ; elle fut conquise en 1571 par l'Espagnol Michel Lopez de Legaspi : les Espagnols la possèdent encore. V. PHILIPPINES et MANILLE.

LUÇON, v. de France, ch.-l. de cant. (Vendée), à 28 k. O. de Fontenay, à 8 k. de la mer, avec laquelle elle communique par un canal ; 4000 h. Évêché, érigé en 1317 et suffragant de Bordeaux (Richelieu en fut évêque); trib., collége. Petit port. Cathédrale gothique, avec une flèche de 67m, Luçon a beaucoup souffert pendant les guerres religieuses : elle fut saccagée par les Protestants en 1568. Les Vendéens y furent défaits les 28 juin et 1re octobre 1793.

LUCQUES, Luca en latin, Lucca en italien, v. d'Italie, anc. capit. d'un duché naguère indépendant et depuis réuni à la Toscane, sur l'Ozorra (bras du Serchio), à 60 k. N. O. de Florence, à 92 k. par chemin de fer : 23 000 h. Archevêché, tribunaux, université, école de peinture, acad. des sciences, lettres et arts. Belle cathédrale gothique (St-Martin), château ducal,