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HENNERSDORF, v. de Saxe (Lusace), à 12 kil. N. de Zittau : 3000 hab. Patrie de Zinzendorf. Communauté de Frères Moraves.

HENNUYER (Jean LE), évêque de Lisieux, né en 1497, m. en 1578, fut précepteur de plusieurs princes de la famille royale, et confesseur de Henri II, de Diane de Poitiers et de Catherine de Médicis. Il se montra en toute occasion l'adversaire ardent des Calvinistes, et fit une vive opposition à l'édit de 1562, qui leur était favorable. Quelques historiens ont dit cependant que, lors de la St-Barthélemy (1572), il préserva du massacre les protestants de son évêché, et le dramaturge Mercier, adoptant cette version, a fait de Hennuyer le héros d'un drame philanthropique (1772); mais, selon d'autres, cette supposition n'aurait aucun fondement, et ne serait que l'effet d'une confusion entre l'édit de 1562 et celui de 1572 : si l'évêque de Lisieux résista au premier, qui favorisait les Calvinistes, il ne fit rien, disent-ils, pour s'opposer au second. Cependant. M. l'abbé Cagniard, curé de Lisieux, s'est efforcé, dans un écrit intitulé : la St-Barthélemy et J. Hennuyer (1851), d'établir la vérité de l'acte d'humanité qui lui est attribué.

HENNUYERS, habitants du Hainaut.

HÉNOTIQUE, Henoticon (du grec hénotès, unité), édit d'union rendu l'an 482 par l'empereur Zenon, à la sollicitation d'Acacius, patriarche de Constantinople, dans le but de réconcilier les Catholiques et les Eutychéens. Il ne fit qu'exciter dans l'empire d'Orient de vives disputes et provoqua de longues persécutions : aussi le pape Félix III le condamna-t-il.

HENRI. Ce nom est commun à un grand nombre de personnages historiques que nous répartirons dans les séries suivantes : I. Souverains d'Allemagne et princes allemands; II. Rois de France; III. Rois d'Angleterre; IV. Rois de Castille et de Portugal; V. Personnages divers.

I. Souverains de l'Allemagne et princes allemands.

HENRI I, dit l'Oiseleur, né en 876, fils d'Othon, dit l'Illustre, duc de Saxe, fut en 919 élu roi de Germanie, et devint le chef de la maison de Saxe, qui compta, après lui, 4 empereurs. Il soumit la Bavière, la Souabe, enleva la Lorraine à la France, repoussa les Danois, les Slaves, les Hongrois, les Huns, rendit la Bohême tributaire, créa les margraviats de Slesvig, de Brandebourg, de Misnie, d'Autriche, de Styrie, fonda Quedlimbourg, Meissen, Magdebourg, et dota l'Allemagne de ses premières chartes municipales. Il mourut en 936, laissant la couronne à son fils Othon le Grand. On le nommait l'Oiseleur, parce que les députés qui lui annoncèrent son élection le trouvèrent un faucon sur le poing.

HENRI II, le Saint ou le Boiteux, arrière-petit-fils du précéd., né en 972, mort en 1024. Il régna sur la Bavière dès 995, succéda à son cousin Othon III en 1002 sur le trône d'Allemagne, et fut couronné empereur à Rome en 1014. Son règne fut une lutte continuelle et presque toujours heureuse, soit avec les grands vassaux allemands et Italiens, qui cherchaient à se rendre indépendants, soit avec les Slaves et les Hongrois, qu'il voulait soumettre et convertir. Il réunit la Bohème à l'empire et érigea en royaume la Pologne et la Hongrie, devenues chrétiennes, 1008. Sa piété, son zèle pour la propagation du Christianisme, sa soumission à l'autorité de l'Église et ses vertus héroïques l'ont fait mettre au nombre des saints. L’Église l'honore le 15 juillet. Il fut le dernier empereur de la maison de Saxe.

HENRI III, le Noir, de la maison de Franconie, fils et successeur de Conrad II le Salique, né en 1017, monta sur le trône en 1039. Après une guerre heureuse contre les Bohèmes (1042) et les Hongrois (1043), il passa en Italie où tout était en confusion, obtint l'abdication de Grégoire VI, et fit nommer successivement trois papes allemands (Clément II, 1046, Damase II, 1048, et Léon IX, 1049), et donna aux Normands l'investiture de la Calabre et de la Pouille. Revenu en Allemagne, il combattit de nouveau les Hongrois, confisqua le duché de Bavière (1053), qu'il donna à son fils; il mourut en 1056, lorsqu'il allait repousser une invasion des Slaves. Il travailla à réformer les mœurs du clergé et combattit la simonie.

HENRI IV, fils de Henri III, lui succéda en 1056, âgé de six ans. Ses oncles, les ducs de Saxe et de Bavière, avaient enlevé la tutelle à sa mère, Agnes d'Aquitaine, et mettaient les domaines au pillage : il secoua leur autorité dès qu'il eut atteint sa majorité, les battit en plusieurs rencontres, et après une dernière victoire resta maître absolu (1075). Le trafic honteux qu'il fit des dignités ecclésiastiques et la corruption de ses mœurs mécontentèrent l'Église et les grands vassaux, et excitèrent une révolte des Saxons. Vaincus à Hohenbourg, ceux-ci s'adressèrent au pape comme à un arbitre suprême : Henri fut cité à comparaître devant Grégoire VII, mais il ne répondit qu'en faisant déposer le pape par la diète de Worms, en 1076. Alors commença entre l'empire et la papauté la grande querelle dite des Investitures (V. ce mot). Henri, frappé d'excommunication et déclaré déchu, vint humblement demander son pardon aux pieds du pape à Canossa (1077) ; mais, encouragé et excité par les seigneurs lombards, il oublia bientôt ses promesses et fit la guerre à Grégoire VII, ainsi qu'aux princes allemands qui avaient élu empereur à sa place Rodolphe de Souabe. Il créa un antipape (Guibert, sous le nom de Clément III, 1080), battit ses ennemis d'Allemagne, repassa en Italie, prit Rome et s'y fit couronner par l'antipape Clément III (1082); mais il s'éloigna de cette ville à l'approche des Normands. Il triompha ensuite des Saxons et de son nouveau compétiteur Hermann de Luxembourg et soumit encore une fois l'Italie, que soulevait contre lui la comtesse Mathilde (1091). Son propre fils, Conrad, qu'il avait déjà fait nommer roi des Romains, s'étant uni à ses ennemis, Henri IV le fit déposer et lui donna pour successeur son second fils Henri (1097) ; mais celui-ci se souleva à son tour et le fit déposer par la diète de Mayence, en 1105 ; il s'échappa de sa prison et vint mourir à Liége dans l'indigence (1106). Par l'effet de son excommunication, son corps resta 5 années sans sépulture.

HENRI V, le Jeune, 2e fils du préc., né en 1081, parvint à l'empire en 1106 par sa révolte contre son père et par l'appui du pape Pascal II. Après avoir échoué dans des guerres contre les Flamands, les Polonais et les Hongrois, il vint à Rome pour se faire couronner par le pape. Mais son refus de renoncer au droit d'investiture occasionna une lutte sanglante : Henri pénétra dans Rome, fit prisonnier Pascal II, l'obligea à lui abandonner les investitures et à le couronner empereur (1112). Mais Pascal, devenu libre, protesta contre la violence qu'il avait subie, réclama les droits de l'Église et excommunia Henri. Cette sentence souleva l'Allemagne contre l'empereur. Néanmoins, Henri voulut s'emparer des domaines légués au St-Siége par la comtesse Mathilde (1116); il entra encore une fois à Rome en vainqueur, en chassa de nouveau le pape Pascal II, qui mourut peu après, et opposa à son successeur Gélase II l'antipape Bourdin (Grégoire VIII), 1118. Cette lutte acharnée ne fut terminée que par le traité de Worms (1122), par lequel Henri renonçait au droit d'investiture spirituelle. Il venait d'entreprendre une guerre contre la France qui avait soutenu le pape contre lui, lorsqu'il mourut en 1125.

HENRI VI, le Cruel, fils de Frédéric I (Barberousse), lui succéda en 1190. Après quelques expéditions en Allemagne, il fit triompher par les armes ses droits sur les Deux-Siciles, pays qu'il réclamait du chef de sa femme Constance, tante de Guillaume II, dernier roi de ce pays. Ses efforts pour rendre la couronne impériale héréditaire, la captivité qu'il fit subir à Richard Cœur de Lion et ses cruautés envers les Siciliens, le rendirent odieux. Il se disposait à se croiser lorsqu'il mourut en 1097, empoisonné, dit-on, par sa femme. Il laissait un fils, qui fut Frédéric II.