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parlait plusieurs langues et faisait de jolis vers. Elle n'avait pas moins de piété que de talents, et recevait chez elle Arnauld, Pascal et les solitaires de Port-Royal. On a d'elle un opuscule intitulé : Règlement donné par une dame de haute qualité à Mme*** (la princesse de Marsillac), pour sa conduite et celle de sa maison (posthume), 1698. Elle avait épousé Roger de Liancourt du Plessis, duc de La Roche-Guyon, et fut mère de Jeanne Charlotte de Liancourt, mariée en 1659 à François de La Rochefoucauld, fils de l'auteur des Maximes : c'est par ce mariage que la terre et le nom de Liancourt passèrent dans la maison La Rochefoucauld. — V. LA ROCHEFOUCAULD.

LIAO, riv. de l'Empire chinois, naît par 134° 30' long. E., 42° 52' lat. N.; coule à l'O., puis au S. E.; baigne la province de Ching-king, et tombe, après un cours de 850 k., dans la mer Jaune, où il forme le golfe de Liao-toung (partie sept. du golfe de Tchi-li).

LIBAN, Libanus (d'un mot hébreu qui veut dire blanc), chaîne de montagnes de Syrie, commence dans le S. O. du pachalik d'Alep, près de la riv. g. de l'Aasi (Orontes), aux environs d'Antakieh (Antioche); sépare les pachaliks de Damas et de Tripoli, traverse le N. du pachalik d'Acre et se termine non loin de Sour (Tyr); son développement est de 450 k. : les monts Carmel, Thabor et Garizim en dépendent. Le Liban se divise en 2 branches, la branche occid. ou Liban proprement dit, et la branche orientale ou Anti-Liban. Ses plus hauts sommets atteignent 4800m. Les Arabes donnent au Liban le nom de Djebel (c.-à-d. 'a montagne), et à l'Anti-Liban celui de Djebel-el-Chaïk. Les anciens nommaient Cœlésyrie ou Syrie creuse la vallée comprise entre ces deux chaînes. Le Liban était célèbre autrefois par ses cèdres; on n'y trouve plus guère aujourd'hui que des figuiers, des chênes, des lauriers et des cyprès. Le Liban est habité par les tribus guerrières et presque indépendantes des Maronites, des Druses et des Métualis, qui sont presque toujours en guerre. En 1860, les Druses, encouragés par les Turcs, firent un horrible massacre des Maronites, ce qui nécessita l'intervention européenne. Le Liban fut longtemps gouverné par la famille Chihâb, dont le dernier chef fut l'émir Béchir.

LIBANIUS, rhéteur grec, né à Antioche l'an 314 de J.-C., enseigna avec un grand succès dans les écoles de Constantinople, de Nicomédie, d'Antioche, et compta, quoique païen, S. Basile et S. Jean-Chrysostôme au nombre de ses disciples. Il jouit d'une grande faveur auprès de l'empereur Julien, qui voulut l'élever aux honneurs; mais il préféra rester dans une condition privée. Néanmoins, il eut des ennemis et des envieux qui l'accusèrent de magie et qui réussirent un instant à le faire bannir (346). Il mourut à Antioche vers 390. On a de lui des Harangues, dont la meilleure édition est celle de Reiske, Altenbourg, 1791-97; des Lettres, publiées par J. Ch. Wolf, Amst., 1738, et des Fragments, retrouvés par Siebenkees, Angelo Mai et Boissonade. Libanius est le premier des rhéteurs de son siècle : il a du savoir et de l'imagination; son style, riche et brillant, se ressent peu du mauvais goût de l'époque. Eunape a écrit sa Vie.

LIBAU, v. de la Russie d'Europe (Courlande), sur la Baltique, à 165 kil. O. de Mittau; 10 000 hab., dont un cinquième Israélites. Port peu profond, mais sûr.

LIBAVIUS (André), savant allemand, né à Halle vers 1560, m. en 1616, cultiva également les lettres et les sciences, se fit recevoir médecin et devint recteur du gymnase de Cobourg en 1606. Il est le premier qui ait parlé de la transfusion du sang. On a de lui plusieurs ouvrages de chimie, dans lesquels il combat la doctrine de Paracelse. Le principal est son Alchemia, Francf., 1606, in-f. On lui doit le bichlorure d'étain, qui est encore connu sous le nom de Liqueur fumante de Libavius, et qui est employé comme mordant dans la teinture en écarlate.

LIBER, un des surnoms de Bacchus. V. BACCHUS.

LIBERALIS (ANTONINUS). V. ANTONINUS.

LIBERALITAS JULIA, v. de Lusitanie, auj. Évora.

LIBÈRE (S.), Marcellinus Felix Liberius, pape de 352 à 356, assembla plusieurs conciles pour décider entre Athanase et Arius, et fut exilé de Rome par l'empereur Constance pour n'avoir pas voulu souscrire à la condamnation d'Athanase. Ébranlé par les rigueurs de l'exil, il signa la formule du premier concile de Sirmium, qui pouvait favoriser les Ariens : ce qui le fit rappeler par l'empereur; mais, regrettant bientôt cette concession, il se rapprocha d'Athanase et mourut saintement. On l'honore le 24 sept.

LIBERGIER ou LE BERGER (Hugues), célèbre architecte du XIIIe siècle, a construit la magnifique cathédrale de Reims, et a commencé dans cette ville l'église de St-Nicaise, qui fut détruite pendant la Révolution. Il mourut en 1263.

LIBERIA, colonie américaine, située dans la Guinée sept., entre la colonie anglaise de Sierra-Leone et le cap Palmas, par 4° 7° lat. N. et 11° 14° long. O.; 300 000 hab. environ; capit., Monrovia. Le nom de Libéria signifie que cette colonie ne doit être habitée que par des hommes libres : elle est en effet destinée à recevoir les noirs affranchis des États-Unis. — Fondée en 1821 par des nègres affranchis sous le patronage de la Société de colonisation américaine, elle eut une constitution en 1848, et fut reconnue la même année par la France, l'Angleterre et la Belgique. Son premier président fut le mulâtre Roberts et sa première législature siégea en 1851.

LIBERTAD, prov. du Pérou. V. LIVERTAD.

LIBERTÉ. Les Romains en faisaient une divinité, fille de Jupiter et de Junon. Elle était représentée un sceptre dans la main, portant un bonnet phrygien sur la tête, ayant à ses pieds un chat, symbole d'indépendance, et un joug brisé.

LIBES (Ant.), physicien, né à Béziers en 1762, m. en 1832, fut professeur de physique aux Écoles centrales et au lycée Charlemagne. On lui doit la découverte de l’électricité par contact. Il a publié : Physicæ conjecturalis elementa, 1788; Physique chimique, 1796; Théorie de l'élasticité, 1800; Traité élémentaire de Physique, 1802; Dictionn. de Physique, 1806; Histoire des progrès de la Physique, 1810.

LIBETHRA, auj. Lefto-Koryo, v. de Macédoine (Piérie), sur le golfe Thermaïque, près du mont Olympe et de la Thessalie. On y voyait le tombeau d'Orphée. — Fontaine de Béotie, voisine du mont Hélicon, était consacrée aux Muses, d'où leur nom de Libéthrides.

LIBIQUES, Libici, Libui, peuple ligurien de la Gaule Transpadane, habitait sur les deux rives de la Sesia, et avait pour ch.-l. Vercellæ (Verceil). .

LIBITINE, déesse qui présidait aux funérailles chez les Romains. On nommait Libitinaires les entrepreneurs des funérailles, et Porte Libitine la porte des amphithéâtres par laquelle on emportait les cadavres des gladiateurs tués dans l'arène.

LIBOURNE, ch.-l. d'arr. (Gironde). à 31 kil. N. E. de Bordeaux par la route, à 35 par en. de fer, près du confluent de la Dordogne et de l'Isle; 10 269 h. Trib. de 1re inst. et de commerce; collége. Port, beau pont. Bibliothèque, athénée; haras. — Fondée par le roi d'Angleterre Édouard I en 1286, sur les ruines de l'anc. Condate, poste militaire des Romains; plusieurs fois prise et reprise du XIVe au XVIIe siècle, notamment par Du Guesclin en 1377, par Dunois en 1451, par Talbot en 1452. Le parlement de Bordeaux y siégea en 1473, 1514, 1528, 1547 et 1787. La coutume de Bordeaux y fut rédigée en 1520. Cette ville fut fortifiée par Condé pendant la Fronde, et prise par le duc de Vendôme.

LIBURNICUS PORTUS, v. d'Italie, auj. Livourne.

LIBURNIE, Liburnia, auj. Croatie maritime, partie de l'Illyrie anc., entre l’Arsia (Arsa) et le Titius (Kerka), s'étendait le long de l'Adriatique, et était bornée au S. par la Dalmatie; elle avait pour capitale Iadera et pour autres villes Arsia, Flanona, Foretani, Senia, Ænona, Scardona. Les Liburniens s'adonnaient à la piraterie; leurs navires, à voiles et à rames, étaient fort légers : les Romains les adoptèrent et donnèrent