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Henri IV sur le trône. Ce prince le fit lieutenant général de ses armées de Piémont, de Savoie et de Dauphiné. Lesdiguières défit le duc de Savoie aux combats d'Esparron en 1591, de Vigort en 1592, et conquit presque toute la Savoie. Il fut fait maréchal de France en 1608, et duc en 1611. Il servit aussi utilement sous Louis XIII, qui le fit généralissime de ses armées. Il assiégea en 1621 St-Jean-d'Angély et Montauban. Lesdiguières abjura le Calvinisme à Grenoble en 1622, et reçut aussitôt les lettres de connétable. Sa Vie a été écrite par L. Videl, son secrétaire, 1638. — Le duc de Lesdiguières ne laissa que deux filles ; elles furent toutes deux successivement mariées au maréchal de Créqui, qui, après la mort du maréchal, prit, ainsi que ses descendants, le nom de Lesdiguières.

LESEUR (Thomas), savant minime, né à Rhétel en 1703, mort à Rome en 1770, professa les mathématiques au collége de la Sapience à Rome, partageant l'enseignement avec le P. Jacquier. Il composa en société avec ce savant un Commentaire sur les principes de Newton et les Éléments du calcul intégral.

LESFARGUES (Bernard), imprimeur et auteur, né à Toulouse vers 1600, a traduit quelques ouvrages latins et composé un poëme intitulé David (1660), qui n'est plus connu que par ce vers de Boileau :

Le David imprimé n'a point vu la lumière.

LESGHIS, peuple tartare de la Russie mérid. (Daghestan), au N. E., s'étend depuis Belakami jusqu'à Kapitchoï, sur env. 36 kil. de longueur ; environ 300 000 hab., musulmans ou idolâtres. Quoiqu'ils aient de bonnes terres, ils vivent de brigandage ; les esclaves seuls cultivent les champs. Une partie des Lesghis paye tribut à la Russie.

LESINA, Pharos, île de la mer Adriatique (États autrichiens), sur la côte de Dalmatie, entre Brazza et Curzola ; 99 k. sur 10 ; 15 000 h. Elle a pour ch.-l. Lésina, au S. O. ; 1200 hab. ; château fort. Évêché, suffragant de Zara. Pèche de sardines.

LESINA, v. d'Italie (Capitanate), sur un lac de même nom (Pantanus lacus), à 20 k. N. N. E. de San-Severo. Évêché.

LESLEY (John), évêque catholique de Ross, en Écosse, issu d'une des plus illustres familles du pays, né en 1527, mort en 1596, fut employé par Marie Stuart dans diverses négociations, fit plusieurs tentatives pour faire évader cette princesse de sa prison, fut enfermé par ordre d’Élisabeth à la Tour de Londres, puis exilé, et vint inutilement implorer des secours sur le continent pour la reine captive. Il a laissé : De origine, moribus et rebus gestis Scotorum, Rome, 1578 ; De titulo et jure Mariæ, Scotorum reginæ, Reims, 1580. Lesley fonda sur le continent trois colléges pour les Écossais, à Paris, à Douai et à Rome.

LESLIE (Ch.), controversiste, fils d'un évêque anglican, né vers 1660 en Irlande, mort en 1732, fut nommé en 1687 chancelier de l'église cathédrale de Connor. Après la Révolution de 1688, il accompagna le prétendant à St-Germain et en Italie; mais il revint finir ses jours en Angleterre. Il combattit à la fois dans ses écrits les Déistes et les Catholiques. Outre un grand nombre de pamphlets politiques contre Burnet, Locke, Hoadley, etc., il a composé plusieurs écrits théologiques, entre autres : Short and easy method with the Deists (Méthode courte et facile contre les Déistes), 1694 ; The snake in the grass (Anguis in herba), 1697, contre les Quakers et contre Antoinette Bourignon. Il rédigea de 1704 à 1710 The Rehearsal (les Récits), feuille hebdomadaire.

LESLIE (John), physicien écossais, né en 1766 dans le comté de Fife, mort en 1832, professa les mathématiques (1805), puis les sciences naturelles (1819) à l'Université d’Édimbourg, et porta dans les sciences un esprit original et profond. Il inventa un thermomètre différentiel (1800), ainsi qu'un nouvel hygromètre, trouva le moyen de faire artificiellement de la glace (1810), et fit une foule d'expériences ingénieuses et de découvertes. Ses principaux écrits sont : Essai sur la nature et la propagation du calorique, 1804 ; Éléments de philosophie naturelle, 1823 ; Analyse géométrique, 1821, etc.

LESNA ou LESZNO. V. LISSA.

LESNEVEN, ch.-l. de c. (Finistère), à 24 kil. N. N. E. de Brest ; 2540 hab. Collége, hôpital de la marine. Commerce de blé et de toiles. — Fondée en 1096.

LESPARRE, ch.-l. d'arr. (Gironde), capit. de l'anc. Médoc, à 69 k. N. O. de Bordeaux ; 2231 hab. Lainages communs. Commerce de vins de Médoc, sel, grains. Fief appartenant jadis à la maison de Foix.

LESPARRE (André de FOIX, seigneur de), 3e frère de la belle comtesse de Châteaubriant, conquit en 1521 la Navarre que Charles-Quint refusait de livrer au jeune Henri d'Albret ; mais se laissa battre le 30 juin à Esquiros et perdit sa conquête en une seule bataille. Mort en 1547. — V. FOIX et PAMPELUNE.

L'ESPINASSE (Mlle Julie Éléonore de), née en 1732, morte en 1776, était fille adultérine d'une femme du grand monde séparée de son mari. Ayant perdu sa mère à 15 ans, elle entra comme gouvernante chez le mari de sa mère, qui l'abreuva de dégoûts; elle fut recueillie par Mme Du Défiant, qui en fit son amie ; mais après dix ans d'intimité, les deux amies se brouillèrent et se séparèrent. Le salon de Mlle de L'Espinasse devint alors, comme celui de Mme Du Deffand, un centre pour les gens d'esprit ; d'Alembert vint habiter sa maison et vécut dans une étroite intimité avec elle. Malgré son attachement pour le géomètre, Mlle de L'Espinasse eut d'autres passions qui troublèrent sa vie. On a publié en 1809 des Lettres de Mlle de L'Espinasse au comte de Guibert, qui peignent bien cette âme passionnée.

LESSART (Ant. DE VALDEC de), ministre de Louis XVI, né en Guyenne en 1742. Ami et confident de Necker, il devint lui-même contrôleur général des finances en 1790, puis fut chargé, en 1791, du ministère de l'intérieur et de celui des affaires étrangères. Ayant tenté de s'opposer à la guerre avec l'Autriche, il fut décrété d'accusation, transféré aussitôt à Orléans, puis à Versailles, où il fut égorgé à la suite des journées de septembre 1792.

LESSAY, ch.-l. de canton (Manche), à 23 kil. N. de Coutances ; 1690 hab. Salines aux environs.

LESSER (Fréd. Christ.), théologien et naturaliste, né en 1692 à Nordhausen, mort en 1754, fut pasteur de différentes églises, puis administrateur de l'hospice des Orphelins de Halle. Il fit servir toutes les branches de la science à prouver l'existence de Dieu et la sagesse de la Providence, et publia dans ce but : Lithothéologie ou Théologie des pierres (en all.), 1735 ; Théologie des insectes, 1738 ; Théologie des testacés, 1748 (en lat.), etc. La plupart de ses ouvrages ont été traduits en français.

LESSING (Gotthold), littérateur, né en 1729 à Camentz en Lusace, mort en 1781, était fils d'un pauvre ministre luthérien. Après avoir étudié à Leipsick, il alla à Berlin où il se fit connaître par des Fables (en prose) qui sont devenues classiques (1753); puis il donna des pièces de théâtre d'un genre original, et publia des Lettres sur la littérature, qui exercèrent une puissante influence sur le goût de ses compatriotes. Pressé par le besoin, il accepta en 1760 une place de secrétaire du gouverneur de Breslau ; mais il quitta bientôt cet emploi, qui lui convenait peu, et revint à Berlin reprendre ses travaux littéraires. Il publia en 1765 Laocoon, ou traité des Limites de la peint. et de la poésie (trad. par Vanderbourg, 1802, et par Courtin, 1866), ouvr. d'une critique supérieure, et en 1767 le drame de Minna du Barnhelm. Appelé la même année à Hambourg, il y réforma le théâtre par ses judicieuses critiques et composa à cette occasion sa Dramaturgie, 1607-1768 (trad. par Mercier et Junker, 1785), ouvrage qui peut être regardé comme la théorie du genre romantique. En 1770, il fut nommé bibliothécaire de Wolfenbuttel. Il donna peu après (1772) la tragédie d’Emilia Galotti, qui fit une grande sensation ; enfin il publia