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nances en Bretagne, vint à Paris en 1692 pour se livrer aux lettres et ne vécut plus que du produit de sa plume. Après avoir traduit ou imité quelques pièces espagnoles, il fit représenter en 1707 Crispin rival de son maître, comédie fort gaie, qui est tout entière de son invention ; publia la même année le Diable boiteux, roman dont le sujet est tiré de Guevara, et composa en 1708 Turcaret, excellente comédie, où il livre au ridicule les traitants, et qui ne fut représentée qu’après une vive opposition. Il mit le sceau à sa réputation par son roman de Gil Blas, dont la 1re partie parut en 1715, et la suite en 1724 et 1735. S’étant brouillé avec les Comédiens français, il travailla pour les théâtres de la Foire : pendant plus de 20 ans (1712-35) il fit pour ces spectacles secondaires une foule de petites pièces et d’opéras-comiques qui eurent une grande vogue, mais qui sont pour la plupart oubliés (on les trouve dans le Théâtre de la Foire, qu’il fit imprimer lui-même, 9 vol. in-12, 1721-37). On a encore de Lesage : les Aventures de Guzman d’Alfarache, imité d’Aleman, 1732 ; les Aventures de Robert, chevalier de Beauchêne, 1732 ; Histoire d’Estevanille Gonzalès, 1734 ; le Bachelier de Salamanque, 1736 ; la Valise trouvée, 1740 ; mais ces ouvrages, fruits de sa vieillesse, sont bien inférieurs aux premiers. Gil Blas est le chef-d’œuvre du genre : outre que ce roman étincelle d’esprit, et qu’il offre une extrême variété de scènes et un intérêt soutenu, on y trouve la peinture vraie du siècle dans lequel vivait l’auteur, et le tableau fidèle de la vie humaine en général. On a voulu, mais sans aucun droit, contester à l’écrivain français l’entière propriété de cet ouvrage (V. ISLA). Les éditions les plus complètes des Œuvres de Lesage sont celles de 1821-22. 12 v. in-8, et de 1828, 12 vol. in-8. Il a été fait du Gil Blas cent éditions, illustrations, traductions, imitations. On doit à M. Patin un Éloge de Lesage (couronné en 1822).

LESAGE (George Louis), physicien, né à Genève en 1724, de parents français, mort en 1803, descendait par sa mère d’Agrippa d’Aubigné. Il étudia la médecine à Paris, resta plusieurs années dans cette ville comme précepteur, puis retourna dans sa patrie et se livra à l’enseignement des mathématiques. Il s’occupa toute sa vie à chercher la cause de la pesanteur ; mais il ne paraît pas qu’il ait réussi à la déterminer. On lui doit une théorie des fluides élastiques. Dès 1774, il avait conçu l’idée d’un télégraphe électrique ; il avait même construit à Genève un appareil composé d’autant de fils qu’il y a de lettres dans l’alphabet, sur chacun desquels on agissait au moyen de la machine électrique. Il fut lié avec les principaux savants de son temps, surtout avec Bonnet. On a de lui : Lucrèce newtonien, dans les Mémoires de l’Académie de Berlin, 1782, et de précieux fragments publiés à Genève, 1805, avec une Notice sur sa vie par P. Prévost.

LESAGE, pseudonyme. V. LAS CASES.

LESBONAX, philosophe et rhéteur de Mitylène, au temps d’Auguste, composa plusieurs ouvrages qui ne sont pas parvenus jusqu’à nous. On lui attribue deux harangues, qu’on trouve dans les Recueils des anciens Orateurs, (Venise, Aide, 1513 ; Paris, H. Étienne, 1575). Orelli les a publiées à Leipsig, 1820, grec-latin, avec notes. — Un autre Lesbonax, grammairien de Constantinople, d’une époque incertaine, est auteur d’un traité De figuris grammaticis, publié avec Ammonius par Walckenaër, Leyde, 1739.

LESBOS, auj. Mételin, île de la mer Égée, sur la côte d’Asie, entre Ténédos au N. et Chio au S., avait 9 villes, entre autres Mitylène, sa capitale, à l’E., Méthymne et Éresus à l’O., Pyrrha à l’intérieur. Lesbos était célèbre par la salubrité de son climat, qui la faisait appeler l’Ile fortunée, et par l’excellence de ses olives, de ses huîtres, surtout de ses vins. Ses habitants étaient renommés pour leur beauté et pour leur talent dans la musique ; mais ils étaient fort corrompus. Cette île a été la patrie d’Arion, de Terpandre, de Sapho, d’Erinne, d’Alcée, de Pittacus, de Théophraste, d’Hellanicus. — Habitée primitivement par des Peslages, elle reçut ensuite une colonie éolienne, et atteignit le plus haut point de prospérité. Soumise d’abord à des rois de la famille des Penthélides, issus d’Oreste, elle adopta plus tard un gouvernement aristocratique ; mais elle souffrit de l’anarchie jusqu’au moment où le sage Pittacus fut investi par ses concitoyens de l’autorité suprême (vers 600 av. J.-C.). Lesbos fut conquise par les Perses dès le règne de Cyrus : insurgée contre Darius avec les cités ioniennes, elle fut soumise après la prise de Milet, et fut contrainte de fournir des vaisseaux à Darius et à Xerxès dans leurs expéditions contre la Grèce. Redevenue libre après les victoires de Platée et de Mycale, elle entra dans l’alliance d’Athènes. Opprimée par les Athéniens, elle se sépara d’eux au commencement de la guerre du Péloponèse pour se donner aux Spartiates, 428 ; mais elle fut bientôt reprise, et Mitylène, sa capitale, vit alors ses murs rasés, sa flotte confisquée et son territoire distribué à des colons athéniens. La bataille d’Ægos-Potamos soumit Lesbos à Lacédémone, 405. Après avoir ainsi obéi tour à tour aux deux villes rivales, l’île tomba sous la domination d’Alexandre, puis sous celle des Romains, après la défaite de Persée. Lors de la division de l’empire romain, Lesbos fit partie de l’empire grec. Après la 4e croisade, elle fut comprise dans l’empire latin ; elle fut reconquise par les Grecs de Nicée en 1247. Elle tomba en 1355 au pouvoir des Génois. Mahomet II la leur enleva en 1462, et les Turcs l’ont conservée depuis. Elle forme auj. un des 6 livahs du gouvernement des Iles.

LESCAR, Beneharnum, puis Lascara, v. de l’anc. Béarn, ch.-l.de c (B.-Pyrénées), à 7 k. N. O. de Pau ; 1830 h. — Fondée, dit-on, sur les ruines de Beneharnum, par Guillaume Sanche, duc de Gascogne. Prise par Montgomery en 1569. Jadis évêché.

LESCOT (Pierre), architecte, né à Paris en 1510, mort en 1571, est un des restaurateurs de l’architecture en France. Il donna en 1541 les dessins du vieux Louvre : la façade de l’Horloge, la seule partie de son ouvrage qui subsiste encore, est un chef-d’œuvre. On lui doit aussi la fontaine des Innocents, aux Halles, que J. Goujon, son ami, orna de sculptures.

LESCUN, v. du dép. des Basses-Pyrénées, à 24 kil. S. d’Oloron, 1200 h. Anc. seigneurie.

LESCUN (Thomas DE FOIX, seigneur de), dit aussi le maréchal de Foix, frère puîné de Lautrec, se distingua en Italie sous les yeux de François I et fut fait maréchal en 1515. Il gouverna quelque temps le Milanais en l’absence de Lautrec ; mais il s’aliéna les cœurs par sa sévérité, et fut bientôt chassé. Il rentra en Italie en 1522, prit Novare, fit des prodiges de valeur à la journée de la Bicoque, ainsi qu’à Pavie (1525), et mourut peu après de ses blessures.

LESCURE (L. Marie, marquis de), général vendéen, né en 1766 près de Bressuire, commandait une compagnie de cavalerie au moment de la Révolution. Il fut un des premiers à organiser l’insurrection vendéenne, combattit avec intrépidité à Bressuire, Thouars, Fontenay, Saumur, Torfou ; fut blessé mortellement à La Tremblaye, et mourut peu de jours après (3 nov. 1793). Sa veuve épousa La Rochejacquelein.

LESDIGUIÈRES, hameau du dép. des Htes-Alpes, à 24 kil. N. O. de Cap ; fut érigé en duché-pairie en 1611, pour François de Bonne (V. l’art. suivant). Restes du château des sires de Lesdiguières.

LESDIGUIÈRES (François DE BONNE, duc de), connétable de France, né en 1543 à St-Bonnet de Champsaur, m. en 1626, embrassa avec ardeur la Réforme, s’engagea comme simple archer dans les rangs des Calvinistes et ne tarda pas à être choisi par eux pour chef. Il fit triompher leur parti dans le Dauphiné, et conquit plusieurs places. Il remporta en 1568 une victoire complète sur De Vins, gentilhomme catholique de Provence, puis combattit avec succès le duc d’Épernon, et contribua puissamment à placer