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gier) ; Des Lacunes de la législation politique et criminelle, 1824, ouvrage rempli de vues sages.

LEGRIS-DUVAL (René), prêtre, né en 1765 à Landerneau, mort en 1819, était neveu du jésuite Querbœuf. Il resta en France pendant la Terreur, se livrant aux bonnes œuvres, s’offrit à la Commune pour assister Louis XVI après sa condamnation à mort, forma plusieurs associations charitables et philanthropiques sous la République et l’Empire, et refusa l’épiscopat, qui lui fut offert sous la Restauration. Il travailla activement à la conservation des congrégations religieuses et au rétablissement des Jésuites. On a de lui : le Mentor chrétien, 1797, et des Sermons, publiés en 1820, 2 vol. in-12.

LEGROS (Pierre), sculpteur, né à Paris en 1656, m. en 1719, passa presque toute sa vie en Italie. Ses œuvres se font remarquer par la grâce et par une exécution délicate ; mais il subit l’influence du mauvais goût qui commençait à s’introduire dans l’art. Ses meilleurs ouvrages sont : la statue de S. Dominique, à St-Pierre de Rome ; le Mausolée de Pie IV, à Ste-Marie-Majeure ; S. Ignace et trois anges, groupe en argent dans l’église de Jésus ; le tombeau du cardinal Aldobrandini, à St-Pierre-ès-Liens ; S. Thomas, S. Barthélemy, à St-Jean de Latran ; Ste Thérèse, aux Carmélites de Turin ; le Silence, aux Tuileries.

LÉGUÉ (le). V. ST-BRIEUC.

LEGUEVIN, ch.-l. de c. (Hte-Garonne), à 18 kil. O. de Toulouse ; 974 hab.

LEI ou LADAK, capitale du Petit-Thibet, dans la vallée de l’Indus, à 300 kil. N. E. de Cachemire ; 10 000 hab. Commerce de châles et de poil de chèvres.

LEIBNITZ (Godefroi Guillaume, baron de), savant universel, né en 1646 à Leipsick, fils d’un professeur de morale à l’Université de cette ville, se distingua de bonne heure par son aptitude aux sciences ; fut reçu docteur en droit à 20 ans, et se fit connaître dès l’âge de 22 ans par une Nouvelle méthode pour l’étude du Droit (1668), et par quelques pamphlets politiques. Le baron de Boinebourg, chancelier de l’électeur de Mayence, l’attacha au service de l’électeur, et le fit conseiller de la chancellerie (1669). Tout en remplissant les fonctions de sa place, Leibnitz se livrait avec ardeur à l’étude des sciences ; il rédigea en 1670 la Théorie du Mouvement concret et celle du Mouvement abstrait. Chargé d’accompagner à Paris, en qualité de gouverneur, le fils de Boinebourg, il resta quatre ans dans cette ville (1672-76), s’occupant surtout de mathématiques et fréquentant les plus grands géomètres ; il s’y rencontra avec Huyghens. Il communiqua à l’Académie des sciences plusieurs découvertes importantes, entre autres celle d’une Nouvelle machine arithmétique ; l’Académie l’admit dans son sein en 1675. Vers la même époque il visita l’Angleterre où il reçut l’accueil le plus flatteur, et fut nommé membre de la société royale de Londres. L’électeur de Mayence étant mort, le duc de Brunswick-Hanovre s’empressa de l’attacher à son service, et le nomma son bibliothécaire en lui donnant le titre de conseiller aulique. Leibnitz vint en conséquence se fixer à Hanovre (1676), où le duc l’employa dans plusieurs négociations. On le vit alors faire marcher de front et avec un égal succès la politique, les mathématiques, la philosophie. En 1683 il fonda à Leipsick le fameux recueil intitulé Acta eruditorum ; l’année suivante il publia dans ce journal la plus importante de ses découvertes, celle du calcul différentiel, dont il avait conçu la première idée pendant son séjour à Paris, dès 1675. En 1687 il entreprit, à la prière du duc, une histoire de la maison de Brunswick : il parcourut à cette occasion l’Allemagne et l’Italie, recueillant une foule de documents précieux, qui lui fournirent la matière de plusieurs collections importantes (Codex juris gentium diplomaticus, 2 vol. in-4, 1698 ; Scriptores rerum Brunsvicensium, 3 vol. in-fol., 1707-11) ; malheureusement il ne put achever l’histoire du Brunswick. En même temps il entretenait correspondance avec les savants de l’Europe, et il travaillait avec Pélisson et Bossuet à réunir les cultes catholique et réformé ; n’ayant pu réussir dans cette entreprise, il espéra pouvoir au moins concilier les diverses sectes protestantes, mais il n’obtint pas plus de succès. En 1700 Leibnitz détermina le roi de Prusse à fonder une académie à Berlin : il en fut nommé président perpétuel ; il tenta inutilement de former des établissements du même genre à Dresde et à Vienne. En 1710, il publia ses Essais de Théodicée, dans le but de repousser les attaques de Bayle contre la Providence. Il se vit à la fin de sa carrière recherché par le Czar Pierre le Grand, qu’il détermina à fonder une académie à St-Pétersbourg ; par l’empereur Charles VI, qui le créa baron et lui fit une pension ; et par Louis XIV, qui tâcha, mais vainement, de le fixer en France. Il mourut à Hanovre en 1716, à 70 ans. Leibnitz fut à la fois jurisconsulte, publiciste, théologien, physicien, géologue, mathématicien et historien ; mais c’est surtout comme mathématicien et comme philosophe qu’il est aujourd’hui célèbre. Il fit en mathématiques de grandes découvertes ; mais, par une singulière fatalité, il se trouve que la plupart de ces découvertes se présentaient en même temps à d’autres savants ; c’est ainsi que Newton lui disputa la priorité de l’invention du calcul différentiel. En philosophie, Leibnitz introduisit l’éclectisme ; il chercha à concilier Platon et Aristote, Descartes et Locke ; il imagina aussi un système nouveau : selon lui, tout est composé de monades, substances simples, capables d’action et de perception : l’âme est une monade qui a conscience d’elle-même. Dans l’homme, l’âme et le corps n’agissent point l’un sur l’autre, mais il existe entre ces deux substances une harmonie si parfaite, que chacune, tout en ne faisant que se développer selon les lois qui lui sont propres, éprouve des modifications qui correspondent exactement aux modifications de l’autre : c’est ce que Leibnitz appelle harmonie préétablie. Dans sa Théodicée il professe l’optimisme, enseignant qu’entre tous les mondes possibles, Dieu a choisi le meilleur, ce qui ne veut pas dire celui dans lequel il n’y a aucun mal, mais celui dans lequel il y a la plus grande somme de biens, même au prix de quelques maux partiels. En psychologie, il combattit l’empirisme de Locke et admit des idées innées : à la maxime de l’école, Nihil est in inlellectu quin prius fuerit in sensu, il ajouta cette restriction sublime : nisi ipse intellectus. Il attribuait une grande influence aux langues, et voulait créer pour l’usage de toutes les sciences une caractéristique ou écriture universelle. Ses opinions, si neuves pour la plupart, l’engagèrent dans de vives disputes avec Bayle, Arnauld, Foucher, Clarke, etc. Ses Œuvres, longtemps éparses, ont été recueillies en 1768 par Dutens, Genève, 6 vol. in-4. Pour compléter cette édition, il faut y joindre, outre les collections historiques déjà citées, son Commercium epistolicum, correspondance mathématique et philosophique avec Bernouilli, Genève, 1745, 2 vol. in-4 ; un vol. d’Œuvres philosophiques, publiées par Raspe, Amsterdam, 1765, in-4 (on y trouve les Nouveaux essais sur l’Entendement humain, où l’auteur critique le traité de Locke sur le même sujet) ; et une foule de pièces imprimées à diverses époques en Allemagne ou en France depuis Dutens : le Systema theologicum, écrit en 1690, mais publié seulement en 1819 par Émery, et d’une manière plus complète par l’abbé Lacroix, avec une traduction française d’A. de Broglie, Par., 1846 ; les écrits allemands publiés par Guhrauer à Berlin, 1830-40, 2 vol. in-8, et les Nouvelles Lettres et Opuscules publiés par M. Foucher du Careil, Paris, 1854 et 1857. Erdman a donné à Berlin une édition compacte des Œuvres philosophiques, 1840, 1 vol. grand in-8 à 2 colonnes. M. F. de Careil a entrepris une collection complète des Œuvres de L., en 25 v. in-8, 1860 et ann. suiv. On doit à l’abbé Émery l’Esprit de Leibnitz, 1772, et à M. Janet ses Œuvres philosophiques ; a