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la côte N. de l'île de Ré ; 2600 hab. Rade et port excellents. Distilleries, vinaigres.

LAFON (Pierre), acteur tragique, né à La Linde en Périgord, en 1773, m. en 1846, s'engagea d'abord dans une troupe ambulante, puis vint à Paris, débuta en 1800 au Théâtre-Français par le rôle d'Achille d’Iphigénie en Aulide, où il obtint le succès le plus brillant, et conserva la faveur du public jusqu'au moment où il se retira, en 1829. Lafon était doué d'une taille avantageuse, d'une belle figure, d'un organe sonore, mais il était souvent guindé, et portait à l'excès le sentiment de la dignité théâtrale.

LAFONT (Jos. de), auteur dramatique médiocre, né à Paris en 1686, mort en 1725, a donné au Théâtre-Français : Danaé, ou Jupiter Crispin ; le Naufrage, ou la Pompe funèbre de Crispin ; l'Amour vengé ; les Trois frères rivaux, et a composé plusieurs opéras.

LA FONTAINE (Jean de), le premier des fabulistes, né en 1621 à Château-Thierry, mort en 1695, était fils d'un maître des eaux et forêts. Son enfance n'eut rien de remarquable, et ce n'est qu'à l'âge de 22 ans qu'il sentit naître en lui le goût de la poésie, en entendant lire une ode de Malherbe. Son père, voulant lui donner un état, se démit de sa charge en sa faveur ; il le maria en même temps ; mais La Fontaine, d'un caractère insouciant, négligeait sa place et son ménage pour se livrer à son goût pour le plaisir et la poésie. Quelques-uns de ses premiers essais ayant attiré l'attention de la duchesse de Bouillon, qui se trouvait à Château-Thierry, cette dame l'admit près d'elle, l'emmena à Paris et se déclara sa protectrice : elle l'appelait son Fablier. Il eut aussi pour protecteurs le surintendant Fouquet, auquel il resta fidèle dans sa disgrâce ; Henriette d'Angleterre, le prince de Condé et le duc de Bourgogne ; cependant, il n'obtint jamais la faveur de Louis XIV. Il eut pour amis Racine, Molière, Bernier, et fut admis dans l'intimité de Mme de La Fayette et de Mme de La Sablière. Il vécut vingt ans chez la dernière, dispensé de tous les soucis de la vie matérielle. Après la mort de cette dame, M. d'Hervart vint lui offrir de loger chez lui : « J'y allais, » répondit le poëte avec une touchante bonhomie. Dans ses dernières années, il fut ramené à la religion, qu'il avait fort négligée toute sa vie, et se décida, sur les instances de son confesseur, à supprimer quelques-uns de ses ouvrages encore inédits. Il avait été reçu à l'Académie Française en 1684. La Fontaine débuta par des Contes (1664); ces petits poëmes, dans lesquels la morale et la décence sont trop souvent offensées, étaient pour la plupart imités de l'Arioste, de Boccace et de Machiavel. Il ne commença à publier ses fables qu'à 47 ans. Ces fables, que tout le monde sait par cœur, forment 12 livres, dont les 6 premiers parurent en 1668 et les 6 autres de 1678 à 1684. Elles se font toutes remarquer par un ton de naïveté, de bonhomie, et en même temps de finesse qu'on ne trouve nulle autre part, ce qui a valu à leur auteur le surnom d’Inimitable. On a aussi de lui des élégies, dont une admirable sur la disgrâce de Fouquet ; quelques comédies (entre autres l’Eunuque, imité de Térence), deux opéras, trois poëmes mythologiques (Psyché, imitation d'Apulée ; Adonis, Philémon et Baucis); des ballades et des rondeaux. Il serait impossible d'énumérer les éditions qu'on a données des Fables de La Fontaine. Parmi les éditions de ses Œuvres complètes, on estime celle de Walckenaër, avec commentaires, 6 vol. in-8, 1822 et 1827. Ch. Marty-Laveaux en a donné une nouvelle en 1861, d'après les textes originaux, avec notes et lexique, 4 vol. in-16. Walckenaër a publié l’Hist. de la Vie et des ouvrages de La Fontaine, 1820 et 1824 ; Chamfort et La Harpe son Éloge; M. Taine un Essai sur les Fables de La Fontaine, 1860; et M. Saint-Marc Girardin : La Fontaine et les fabulistes, 2 vol. in-8, 1867.

LA FONTAINE (Auguste), romancier allemand, né à Brunswick en 1756, d'une famille de réfugiés français, mort à Halle en 1831, était fils d'un maître de peinture. Il étudia la théologie à Helmstædt, devint en 1786 précepteur des enfants d'un général prussien, qui le fit nommer aumônier de régiment ; vint en cette qualité avec les Prussiens en Champagne (1792), puis alla se fixer à Halle, où le roi de Prusse lui donna un canonicat et où il se livra tout entier à la littérature. Il est l'un des plus féconds et dés plus aimables romanciers allemands ; ses ouvrages offrent une peinture fidèle de la société et une morale pure, ce qui l'a fait surnommer le Berquin de l'Allemagne ; mais on y trouve une marche trop uniforme. Parmi ses romans on remarque : Blanche et Mina, les Systèmes de morale ; Raphaël ; Charles et Emma, Émilie ; Walther ; l'Homme singulier ; la Famille de Halden ; les Tableaux de famille, etc. La plupart de ces ouvrages ont été imités ou trad. en franç.

LA FORCE, ch.-l. de c. (Dordogne), à 11 kil. O. de Bergerac ; 910 hab. Érigé en duché-pairie en 1637.

LA FORCE (Jacques NOMPAR DE CAUMONT, duc de), pair et maréchal de France, né en 1558. mort en 1652, était fils de François de Caumont, qui fut massacré à la St-Barthélemy, et n'échappa à la mort que par une sorte de miracle. Caché dans sa famille jusqu'au moment où Henri IV se mit à la tête des Protestants, il se rangea alors sous les drapeaux de ce prince, se signala en plusieurs occasions et fut un des premiers à le reconnaître pour souverain. A l'avènement de Louis XII, il se joignit aux mécontents, mais bientôt après il rentra en grâce et fut nommé maréchal. Envoyé en Piémont, il prit Saluces en 1630, défit les Espagnols à Carignan, à Lunéville (1634), enleva La Motte et Spire, et fit prisonnier le général autrichien Colloredo. — Son fils, Armand de La Force, fut aussi maréchal de France, et m. en 1675, à près de 90 ans. Tous deux ont laissé des Mémoires (pub. eh 1843 par le marquis E. de La Grange, 4 vol. in-8). — Un de leurs ancêtres, né en 1391, mort en Angleterre, 1446, a écrit un Voyage à Jérusalem en 1418, publié à Paris en 1858 par le marquis de La Grange. On lui doit aussi des quatrains moraux sous le titre de Dits et enseignements, publiés par Galy.

LA FORCE (Charlotte Rose DE CAUMONT de), petite-fille de Jacques de La Force, née en 1650, morte en 1724, a laissé quelques poésies et des romans ingénieux, où l’histoire se trouve mêlée à la fiction : Histoire secrète du duc de Bourgogne, 1694 ; — de Marie de Bourgogne, 1712 ; — de Marguerite de Valois, 1696 ; — de Catherine de Bourbon, duchesse de Bar, avec les intrigues des règnes de Henri III et de Henri IV, 1703 ; Gustave Wasa, 1698 ; les Fées, contes des contes, 1692.

LA FORCE (PIGANIOL de). V. PIGANIOL.

LAFORGE, médecin. V. DELAFORGE.

LAFOSSE (Charles de), peintre, né à Paris en 1640, mort en 1716, eut pour maître Lebrun, alla se perfectionner à Rome et à Venise, et fut reçu à l'Académie de peinture en 1683. Il a peint, à Paris, le dôme des Invalides, ainsi que les 4 pendentifs du dôme représentant les 4 évangélistes ; à Versailles, la voûte de la chapelle du palais, ainsi que les plafonds des salles du Trône et de Diane. Ses plus beaux tableaux sont : le Mariage d'Adam, le Mariage de la Vierge, Moïse sauvé des eaux, l'Enlèvement de Proserpine. Son dessin est quelquefois lourd, mais son coloris est brillant et vigoureux.

LAFOSSE (Ant. D'AUBIGNY de), poëte dramatique, neveu du peintre Ch. de Lafosse, né à Paris en 1653, mort en 1708, suivit en qualité de secrétaire le jeune marquis de Créqui, qui fut tué à la bataille de Luzzara (1702), rapporta son cœur à Paris, et fit sur sa mort des vers qui respirent une douleur profonde. Il fut ensuite attaché au duc d'Aumont, gouverneur du Boulonnais. On a de lui quatre tragédies : Polyxène, Thésée, Corésus et Callirhoé, Manlius Capitolinus ; cette dernière, imitée de la Conjuration de Venise d'Otway, est la meilleure ; la versification en est pénible, mais elle offre des beautés mâles. Les Œuvres de Lafosse ont été publiées en 2 v. in-12, 1747.