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phie et la théologie à Genève, et eut part à la traduction française de la Bible. On a aussi de lui des traductions de l’Histoire des Juifs de Josèphe, Genève, 1560; de l’Histoire romaine de Tite-Live, Paris, 1582; Geneva liberata, 1603; De vita et obitu Bezæ, 1606 (trad. en fr. en 1610 et 1681).

LA FAYE (J. Franç. LERIGET de), littérateur, né en 1674 à Vienne, en Dauphiné, m. en 1731, servit quelque temps dans l'armée, et dans la diplomatie, puis se livra exclusivement aux lettres et aux arts. N'usant d'une grande fortune que pour protéger les gens de lettres, qu'il cultivait lui-même, il mérita que Voltaire dît de lui, quoique avec une grande exagération :

Il a réuni le mérite
Et d'Horace et de Pollion.

Il composait de jolis vers, faciles et naturels : on remarque surtout son Épître sur les avantages de la Rime, contre Lamotte. Il fut admis à l'Académie française en 1730. — Son frère, Élie de La Faye, 1671-1718, servit avec distinction, avança par ses recherches le génie militaire et la mécanique, inventa une Machine à élever les eaux, et fut élu membre de l'Académie des sciences en 1716.

LA FAYETTE (Gilbert MOTIER de), d'une famille noble d'Auvergne, s'attacha au Dauphin pendant la démence de Charles VI, fut nommé par lui maréchal en 1420, battit les Anglais à Baugé (1421), contribua à délivrer Orléans, et prit une grande part à l'expulsion des ennemis de la France. Il m. en 1462.

LA FAYETTE (Louise MOTIER de), femme célèbre par son esprit et sa beauté, était fille d'honneur d'Anne d'Autriche. Louis XIII conçut pour elle une vive passion, mais elle sut résister à la séduction et alla en 1637 s'enfermer dans le couvent de la Visitation, où elle prit le nom de sœur Angélique. Elle y mourut en 1665. Mme de Genlis en a fait l'héroïne d'un roman intitulé : Mlle de La Fayette.

LA FAYETTE (Marie Madeleine PIOCHE DE LA VERGNE, dame de), femme célèbre par l'amabilité de son caractère, l'enjouement de son esprit et l'amitié qui l'unit à La Rochefoucauld, née au Havre en 1634, du gouverneur de cette ville, épousa en 1655 le comte de La Fayette (frère de Mlle de La Fayette, qui précède), et mourut en 1693. Elle s'est fait un nom par ses romans, qui substituèrent aux faux sentiments et au style ampoulé des pastorales du temps le langage du cœur et de la véritable passion. Les meilleurs sont : Zaïde (1670); la Princesse de Clèves (1678); la Comtesse de Tende; la Comtesse de Montpensier. On lui doit aussi une Histoire d'Henriette d'Angleterre, Amst., 1720 ; des Mémoires historiques, qui se trouvent dans la collection Petitot, et des Lettres, encore inédites. Ses Œuvres, précédées d'une notice par Auger, ont été imprimées avec celles de Mmes de Tencin et de Fontaines, Paris, 1814, 5 vol. in-8. Mme de La Fayette réunissait chez elle l'élite des gens de lettres; elle eut particulièrement pour amis La Fontaine, Segrais et La Rochefoucauld.

LA FAYETTE (Gilbert MOTIER, marquis de), né en 1757 à Chavagnac, près Brioude, m. à Paris en 1834, épousa à 10 ans Mlle de Noailles. Il s'embarqua 4 ans après sur une frégate armée à ses frais, pour aller combattre dans les rangs des Américains insurgés contre la domination anglaise, combattit à Brandywine et à Montmouth, revint en France en 1779 pour en ramener de nouveaux secours, se distingua à la défense de la Virginie, au siége d'York-Town, et contribua puissamment à fonder la république des États-Unis. Élu en 1787 membre de l'Assemblée des notables, en 1789 député à l'Assemblée nationale, il défendit avec chaleur les idées nouvelles, et proposa le premier de faire une déclaration des droits de l'homme. Le 15 juillet 1789 il fut nommé commandant de la garde nationale : il protégea la famille royale dans les journées des 5 et 6 octobre et dispersa par la force le peuple rassemblé au Champ de Mars (17 juillet 1791); en 1792, il commanda avec succès une des armées destinées à repousser l'invasion étrangère; mais il perdit bientôt sa popularité et fut mis hors de la loi après le 20 juin, pour avoir tenté de faire sortir le roi de Paris. Il partit alors avec quelques amis pour un pays neutre (20 août 1792); arrêté dans sa fuite par les Autrichiens, il fut enfermé dans la citadelle d'Olmütz, et y resta prisonnier jusqu'en 1797, époque où un article spécial du traité de Campo-Formio lui rendit la liberté. Il ne prit aucune part aux affaires sous le Consulat et sous l'Empire. Membre de la Chambre des Représentants en 1814, il vota pour la déchéance de l'Empereur. Député sous la Restauration, il fit à la branche aînée des Bourbons une vive opposition. En 1825, il fit un voyage aux États-Unis, qui fut pour lui une ovation perpétuelle. Après les journées de juillet 1830, il fut nommé pour la 2e fois, et par acclamation, chef des gardes nationales : dans ces fonctions, il contribua beaucoup à la défense de l'ordre et à l'établissement de la nouvelle dynastie. L'avénement de Casimir Périer aux affaires (13 mars 1831) le fit rentrer dans les rangs de l'opposition, avec la quelle il ne cessa plus de voter jusqu'à sa mort. La Fayette a été mêlé aux plus grands événements de son époque; il a porté partout un patriotisme, un désintéressement, une noblesse d'âme incontestables; mais chez lui les qualités de l'esprit n'étaient pas au niveau de celles du cœur; il manqua plusieurs fois de prévoyance, d'adresse, de décision, et ne sut pas toujours diriger les mouvements populaires ou en assurer les résultats. La Fayette a laissé des Mémoires, qui ont été publiés par sa famille, 1837-1840, 8 vol. in-8. Son nom a été donné à un grand nombre de lieux aux États-Unis ; les principaux sont : Lafayette, dans l'Indiana, sur le Wabash; 10 000 hab., et Fayetteville, dans la Caroline du Nord; 8000 hab.

LA FÈRE, v. forte de France, ch.-l. de c. (Aisne), au confl. de la Serre et de l'Oise, à 24 kil. N. O. de Laon; 3122 hab. École d’artillerie (fondée en 1756), arsenal de construction, salpêtreries, scieries hydrauliques. Commerce de vins, laines, toiles. — Cette v. a soutenu un grand nombre de siéges, notamment en 1550 contre les Espagnols, qui la prirent. Henri IV s'en empara en 1596 et y construisit de nouvelles fortifications, augmentées sous Louis XIII, mais détruites sous Louis XIV, en 1690. Prise et ravagée par les alliés (1814), vainement assiégée par les Prussiens (1815), prise par les Allemands (1870). — 'V'. FÈRE.

LA FERRIÈRE (L. Firmin), juriste, né en 1798 à Jonzac, m. en 1861, fut successivement avocat à Bordeaux, professeur de droit à Rennes, inspecteur général des Facultés de droit, conseiller d'État (1849), fut chargé en 1854 d'administrer l'Académie de Toulouse, et fit partie, à partir de 1855, de l'Académie des sciences morales. On lui doit, entre autres publications, une Histoire du droit civil de Rome et du Droit français (1846-61), ouvrage fort estimé, malheureusement interrompu par sa mort.

LA FERTÉ, nom commun à une foule de lieux en France, vient du bas latin firmitas, forteresse.

LA FERTÉ (H. de SENNETERRE ou ST-NECTAIRE, duc de), maréchal de France, né à Paris en 1600, m. en 1681, reçut le bâton de maréchal en 1651, après s'être distingué au siége de La Rochelle (1628), aux batailles d'Avesnes, de Rocroy, de St-Nicolas, où il défit le comte de Ligneville (1650). Fait prisonnier à Valenciennes en 1656, il fut racheté par le roi : depuis, il prit Montmédy (1657), Gravelines (1658), etc. Il ne se reposa qu'à la paix des Pyrénées (1659).

LA FERTÉ-ALEPS ou ALAIS, Firmitas Balduini, puis Adelaïdis, ch.-l. de cant. (Seine-et-Oise), au confl. de l'Essonne et de la Juisne, à 15 kil. N. E. d'Étampes; 790 hab. Filatures de coton et de bourre de soie; abeilles; carrières de grès.

LA FERTÉ-BERNARD, ch.-l. de c. (Sarthe), au confl. du Mesme et de l'Huisne, à 31 kil. S. E. de Mamers; 2604 hab. Station. Église paroissiale du XIVe siècle; bibliothèque publique. Grande industrie