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au S., s’étend du 37° 40′ au 40° de lat. N. ; 110 000 hab., capit., Lawrence. Climat froid au S. O., doux à l’E. ; sol généralement fertile, sauf dans les parties montagneuses : grains, légumes, fruits de toute sorte ; forêts nombreuses, abondantes en gibier (daims, opossums, lapins, perdrix, faisans) ; buffles et chevaux sauvages ; vastes pâturages dans l’O. Nombreux cours d’eau, notamment le Kanzas, la riv. des Osages et la riv. Platte, affluents du Missouri. Le Kanzas renferme encore plusieurs tribus indiennes, dont les plus importantes sont celles des Pawnees, des Ottoes, des Osages. — Cette contrée fut découverte en 1719 par le voyageur français Dustine. Comprise dans ta Louisiane, elle fut cédée avec elle par la France en 1803 aux États-Unis. Elle n’a été colonisée que récemment ; plusieurs missions catholiques s’y établirent de 1847 à 1850. Le Kanzas fut érigé en territoire en 1854 et en État en 1860. Son organisation donna lieu à de sanglants conflits entre les partisans de l’esclavage et leurs adversaires.

KAPILA, philosophe indien, est le fondateur d’une philosophie nommée sankya, philosophie toute matérialiste, qui nie l’existence de Dieu, rapporte la création à Prakrati (la Nature), regarde le monde comme immortel, et adopte l’existence de deux substances éternelles, Poroch (le mâle), et Prakrati, l’un source, l’autre dispensateur de la vie et du mouvement. On ne sait rien de positif sur Kapila ; les commentateurs du sankya en font, selon la secte à laquelle ils appartiennent, un fils de Brahma, une incarnation de Vichnou ou, au contraire, de Siva ; on ne sait même si ce n’est pas un personnage purement fictif. Si c’est un personnage réel, il aurait vécu entre le IXe et le XIIe siècle de notre ère. Sa doctrine a été condensée dans un recueil de 72 vers sanscrits, trad, en français par Pauthier.

KAPOSVAR, bg des États autrichiens (Hongrie), comitat de Schümeg, sur le Kapos, à 145 kil. S. O. de Bude : 3000 hab. Église catholique. Les Turcs ont pris ce bourg en 1555, 1654 et 1686.

KAPTCHAK. Les Orientaux appelaient ainsi au moyen âge le pays occupé par les Cumans ou Polovtses, entre l’Oural et l’Aluta (auj. partie S. E. de la Russie d’Europe). Les Mongols ou Tartares y fondèrent vers 1224 un empire qu’ils agrandirent bientôt vers le N. E., aux dépens des Russes, et qui fut gouverné par des khans gengiskhanides. L’empire du Kaptchak, nommé aussi la Horde d’Or, la Grande-Horde, ou la Horde du Kaptchak, subit plusieurs démembrements dans le XIVe et le XVe siècle. En 1463 il était, partagé en 5 khanats : celui des Tartares Nogaïs, entre le Don et le Dniestr, sur les côtes de la mer Noire et de la mer d’Azov ; celui de Crimée, dans la presqu’île de ce nom, où l’on remarquait les 2 villes de Or ou Pérékop et de Bakhtché-Séraï ; le khanat d’Astrakhan, entre le Volga, le Don et le Caucase ; celui de Kaptchak proprement dit, au N. du préc., entre l’Oural et le Volga (capit. Saraï ou Seraï, sur le Volga) ; et celui de Kazan, au N. du préc, depuis la Samara jusqu’à la ville de Viatka. Le czar Ivan III détruisit le khanat de Kaptchak en 1481, avec l’aide des Nogaïs. Le khanat de Crimée devint tributaire des Russes en 1474, puis il tomba au pouvoir des Turcs, qui le cédèrent aux Russes en 1784. Celui de Kazan fut réuni définitivement à la Russie en 1552 ; celui d’Astrakhan fut conquis par cette même puissance en 1554. Enfin le khanat des Nogaïs fut détruit au XVIIIe siècle.

KARA, mot turc, qui entre dans la composition d’un grand nombre de noms veut dire noir.

KARA, riv. de Russie, qui sert de limite à l’Europe et à l’Asie, naît dans les monts Ourals, coule au N., puis au N. O. et tombe dans l’Océan glacial arctique, où il forme le Golfe de Kara, entre la Nouv. Zemble et une presqu’île du gouvt de Tobolsk. ; cours 250 k.

KARA-AMID, v. de la Turquie d’Asie. V. DIARBEK.

KARABAGH (Jardin noir), khanat de la Russie d’Asie (Chirvan), borné au N. par le Kour, à l’E. et au S. par l’Aras, au S. O. et à l’O. par l’Arménie russe, etauN. O. par la Géorgie ; ch.-l., Chouchi. Habitants moitié Musulmans, moitié Chrétiens. Ce pays fut pendant un temps la résidence de Tamerlan.

KARADJA-DAGH, Masius mons, chaîne de mont. de la Turquie d’Asie, se dirige de l’E. à l’O., entre les bassins de l’Euphrate et du Tigre.

KARADJÉ-BOUROUN, Criou Métôpon, cap sur la mer Noire, forme la pointe mérid. de la Crimée.

KARA-HISSAR (Château noir), sandjak de la Turquie d’Asie (Anatolie), entre ceux d’Angora, Hamid, Kutaieh et la Caramanie : 200 kil. sur 80 ; ch.-l., Afioum-Kara-Hissar. Belles vallées, plaines fertiles, surtout en pavots et en tabac.

KARA-HISSAR, Tyane, v. de la Turquie d’Asie (Caramanie), à 220 kil. N. E. de Konieh, sur un affluent du Kizil-Irmak. Ruines nombreuses.

KARA-HISSAR, v. de la Turquie d’Asie (Trébizonde), ch. l. de sandjak, à 115 kil. S. O. de Trébizonde ; 50 000 hab. Comm. de laines et d’opium.

KARAK ou KARRAK, île du golfe Persique, sur la côte du Farsistan (Perse), à 66 kil. N. O. d’Abouchehr, à 150 kil. de l’emb. du Chat-el-Arab. Occupée de 1746 à 1768 par les Hollandais ; cédée à la France par la Perse en 1769 et 1808 ; occupée par les Anglais de 1839 à 1841, et de nouveau en 1856-57.

KARAKAL, v. de Valachie, sur la r. g. de l’Aluta, à 154 k. O. S. O. de Bucharest ; 12 000 hab.

KARAKALPAKS, nomades du Turkestan, le long du Sir-Daria, sont divisés en plusieurs tribus dont quelques-unes obéissent au khan de Khiva.

KARAKORUM, v. ruinée de Mongolie, dans le pays des Khalkas, était la capit. de Gengis-Khan et de ses premiers successeurs. C’est là que Koublaï et Argoun reçurent les ambassadeurs de toute l’Asie. On est incertain sur son véritable emplacement. Fisher croit l’avoir retrouvée dans Erdeni-tchao sur l’Orkhon, par 101° 52′ long. E. 46° 57′ lat. N. Abel Rémusat la place également sur l’Orkhon, près de sa jonction avec la Sélenga ; D’Anville la place à Holin, sur la riv. de ce nom, à 300 k. au S. E. de la précéd.

KARAKORUM, chaîne de hautes montagnes de la Mongolie, continue à l’E. l’Indou-Kouch, court parallèlement à l’Himalaya, et limite au N. le Petit-Thibet.

KARAKOUL, v. du khanat de Boukhara, à l’emb. du Zer-Afchan dans le lac de Karakoul (lac Noir) ; 30 000 hab. Entrepôt du commerce qui se fait entre le Khiva et la Boukharie.

KARA-MOUSTAPHA, grand visir de Mahomet IV. Après avoir passé par les emplois successifs de grand écuyer, de pacha, d’amiral, il fut nommé grand visir en 1660 : il dut sa rapide élévation à la faveur de Koproli. En 1683 il vint mettre le siège devant Vienne, mais il fut vaincu et mis en fuite par Sobiesky. À son retour, le sultan lui fit trancher la tête.

KARAMSIN, v. de Perse. V. KERMANCHAH.

KARAMSIN (Nic. Michaïlovitch), le prince des historiens russes, né en 1765 dans le gouvt de Simbirsk ou plus probablement d’Orenbourg, m. en 1826, fit ses études à Moscou et publia d’abord des poésies et des traductions de Shakespeare, de Lessing et de Haller. Après avoir voyagé à l’étranger, il se fixa à Moscou et y publia des ouvrages littéraires qui le mirent au premier rang des gens de lettres de sa nation. Les plus connus sont : Lettres d’un voyageur russe ; Éloge de Catherine ; Nathalie, fille d’un boïard ; Novogorod conquise, roman historique (trad. en fr., 1818) ; mais ce qui mit le sceau à sa réputation, c’est son Histoire générale de la Russie, depuis les temps les plus reculés jusqu’en 1611 (Pétersb., 1818-28, 12 v. in-8), qui est regardée comme classique. Cet ouvrage, puisé aux meilleures sources, est plein de recherches curieuses et est empreint d’une vive couleur locale ; la narration en est intéressante, grave, noble, élevée ; cependant on reproche à l’auteur de la monotonie et quelque obscurité dans le style, trop de partialité pour la Russie et trop d’indulgence ou d’indifférence dans ses ap-