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ligion par un mélange de superstitions assyriennes, ce qui les sépara profondément du reste des Juifs. La scission fut consommée parla fondation d'un temple distinct de celui de Jérusalem, que les Samaritains élevèrent à Garizim (435 av. J.-C.). Après la dispersion des Juifs, sous Adrien (135), les principaux docteurs se réunirent à Tibériads où ils formèrent un grand conseil appelé sanhédrin, et y élevèrent une école qui devint la pépinière de leurs rabbins. Ceux-ci composèrent, sous le nom de Talmud, un ouvrage destiné à contenir la loi orale et les traditions des Juifs. Cet ouvrage, terminé l'an 500 de notre ère, devint pour la plupart des Juifs la base de la foi : cependant tous ne consentirent pas à l'accepter. De là, la division des Juifs en sectes rivales, les Talmudistes ou Rabbinistes, qui suivent le Talmud, et les Caraïtes, qui s'attachent à la lettre de la Bible. D'autres sectes moins importantes divisaient encore les Juifs : une des principales est celle des Réchabites (V. ce nom). On peut consulter sur les Juifs, outre l’Ancien Testament et les écrits de Josèphe, les ouvrages de Basnage, de Boissy, de Torcy et de Moldenbauër; l’Hist. des Juifs depuis les Macchabées de Jost (Berlin, 1820); les Juifs dans le moyen âge, de Depping (Paris, 1834); les Juifs d'Occident, de Beugnot (Paris, 1823); l’Hist. des Institutions de Moïse, de J. Salvador (Paris, 1828).

JUIGNÉ (Ant. LECLERC de), archevêque de Paris, né à Paris en 1728, fut successivement grand vicaire de Carcassonne, agent du clergé en 1760, évêque de Châlons en 1764, archevêque de Paris en 1781, fit partie des États généraux, émigra, revint en France en 1802, et y mourut en 1811. Il se signala par sa charité et par son zèle contre les Jansénistes. On lui doit, outre ses Mandements, un Rituel (Châlons, 1776), réimprimé en 1786 sous le titre de Pastoral de Paris, qui fut attaqué par les Jansénistes.

JUILLAC, ch.-l. de c. (Corrèze), à 29 kil. N. O. de Brives ; 2650 hab.

JUILLET 1789 (Journée du 14), insurrection du peuple de Paris et prise de la Bastille. L'anniversaire de cet événement fut célébré en 1790 et 1792 par des fêtes connues sous le nom de Fédération.

JUILLET 1830 (Journées des 27, 28 et 29), journées pendant lesquelles le peuple de Paris s'insurgea contre Charles X à la suite de la publication des ordonnances par lesquelles le ministère Polignac supprimait la liberté de la presse et changeait le mode d'élection ; ces trois jours suffirent pour renverser la dynastie régnante et pour opérer une révolution qui éleva au trône la maison d'Orléans.

JUILLET (Croix de), instituée en 1830 pour décorer les citoyens qui s'étaient distingués dans la révolution de juillet, consiste en une étoile à 3 branches en émail blanc, montée sur argent, et surmontée d'une couronne murale, ayant au centre les mots : 27, 28 et 29 juillet 1830; le revers porte le coq gaulois avec la légende : Patrie et Liberté; le ruban est couleur d'azur avec liseré rouge.

JUILLY, vge de France (Seine-et-Marne), à 18 k. N. O. de Meaux, près de la station de Chelles (chemin de fer de l'Est) ; 850 hab. Anc. abbaye fondée en 1200 et transformée en 1639 en un collège d'Oratoriens; il y existe encore un grand établissement d'instruction, dirigé par des ecclésiastiques.

JUIN 1832 (Journées des 5 et 6), émeute à main armée provoquée dans Paris par le parti républicain, à l'occasion des funérailles du général Lamarque, député de l'opposition. Des barricades furent élevées dans les quartiers St-Antoine, St-Martin, St-Denis, etc. Il fallut employer la troupe de ligne et la garde nationale pour vaincre l'émeute. Le combat finit le 6, après la prise de l'église St-Merry.

JUIN 1848 (Journées des 23, 24, 25 et 26), insurrection sanglante des partisans de la république dite démocratique et sociale contre la forme de république établie en France depuis le 24 fév. 1848, eut pour origine ou pour prétexte la dissolution des ateliers nationaux et pour sièges principaux les faubourgs St-Jacques, St-Marceau et St-Antoine. Elle ne put être réprimée que par les efforts réunis de la garde nationale, de l'armée et de la garde mobile, que dirigeait le général Cavaignac, déclaré chef du pouvoir exécutif. Sept généraux y furent tués ou mortellement blessés (Négrier, Duvivief, Bréa, Damesme, Bourgon, Regnault, François), ainsi que deux représentants (Charbonnel, Dornès); l'archevêque de Paris, Mgr Affre, fut frappé le 25 juin, au moment où il pressait les insurgés de cesser la lutte. Le nombre des victimes départ et d'autre fut énorme : on n'en a jamais connu le chiffre exact. Ceux des insurgés qui purent être saisis furent les uns livrés aux conseils de guerre, les autres transportés.

JUJUY, v. de l'Amérique du S., dans la Conféd. du Rio-de-la-Plata, ch.-l. d'un État de même nom, à 1300 kil. N. E. de Buénos-Ayres, sur la r. dr. du Jujuy; 3000 hab. — La riv. de Jujuy, affluent du Vermejo, porte dans la partie supérieure de son cours le nom de San-Salvador, et dans la partie inférieure celui de Rio Grande; 700 kil.

JULES, prénom de César, V. CÉSAR et JULIA GENS.

JULES (S.), soldat romain, subit le martyre dans la Basse-Mésie pour avoir refusé de sacrifier aux faux dieux, vers 302. On le fête le 27 mai.

JULES I (S.), pape de 337 à 352, né à Rome, soutint avec zèle S. Athanase contre les partisans d'Arius, et envoya ses légats au concile de Sardique en 347. L’Église l'honore le 12 avril.

JULES II, Julien de la Rovère, pape de 1503 à 1513, neveu du pape Sixte IV, né à Abizal près de Savone en 1441, fut élu après Pie III, qu'il avait lui-même fait élire. Il reprit la Romagne sur César Borgia (1503), soumit Pérouse et Bologne (1506), et fit avec vigueur la guerre aux Vénitiens, qui avaient enlevé plusieurs villes au St-Siége. Il forma contre eux, avec Louis XII, roi de France, Ferdinand, roi d'Espagne, et l'emp. Maximilien, la ligue dite de Cambrai (1508), et réduisit Venise à accepter les conditions les plus désavantageuses. Mais, ayant eu à se plaindre de Louis XII, il rompit avec lui et ne songea plus qu'à lui susciter des ennemis. Le roi de France fit aussitôt marcher contre lui une armée et assembla en même temps à Pise un concile particulier pour faire examiner sa conduite : les troupes de Jules II furent battues à Bologne et à Ravenne (1511 et 1512), et le concile le suspendit de ses fonctions ; mais il assembla de son côté un concile général à Rome dans l'église St-Jean de Latran, annula les actes du concile de Pise, mit la France en interdit, et forma contre Louis XII la Ste Ligue, dans laquelle entrèrent Venise, l'empereur, les rois d'Angleterre et d'Espagne. A la faveur de cette ligue, il ajouta à ses États Parme, Plaisance et Reggio; mais il m. avant la fin de la guerre, sans avoir pu chasser, comme il le disait, les barbares de l'Italie. Ce pontife belliqueux n'en aimait pas moins les lettres et les arts : il commença la construction de l'église St-Pierre et protégea Bramante, Michel-Ange et Raphaël.

JULES III, Jean-Marie Giocchi, né à Rome en 1487, pape de 1550 à 1555, rouvrit en 1551 le concile de Trente, interrompu par la mort de Paul III, et s'unit à l'empereur pour faire la guerre à Octave Farnèse, qui voulait usurper le duché de Plaisance.

JULES ROMAIN, Giulio Pippi, peintre célèbre, né à Rome en 1492, m. en 1546, fut élève de Raphaël, qui lui voua bientôt la plus tendre amitié et se l'associa dans plusieurs de ses travaux. Les plus remarquables de ses ouvrages sont : la Défaite de Maxence, le Déluge, la Flagellation, le Martyre de S. Étienne, la Chute d'Icare, la Chute des Titans, et (au Louvre) le Triomphe de Vespasien et de Titus, Vénus et Vulcain, la Nativité, la Vierge, l’Enfant Jésus et S. Jean et son propre portrait. Ses compositions brillent surtout par l'énergie et la vigueur, mais on l'accuse d'avoir quelquefois dépassé le but. Ce peintre était aussi un grand architecte : on admire plusieurs monuments élevés par lui à Rome et à Man-