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plètes, 27 vol. in-8. Il avait été reçu à l’Académie française en 1815.

JOVE (Paul), Paolo Giovio, historien, né à Côme en 1483, m. à Florence en 1559, exerça d’abord la profession de médecin, puis embrassa l’état ecclésiastique et fut protégé par les papes Léon X, Adrien VI et Clément VII. P. Jove ayant été ruiné en 1527 lors du sac de Rome par le connétable de Bourbon, Clément VII lui donna l’évêché de Nocera et se plut à l’enrichir. François I lui faisait une pension. Le plus important de ses ouvrages est l’Historia sui temporis (1494-1547), Paris, 1553, 2 vol. in-fol., trad en fr. par Denis Sauvage, 1579. On a aussi de lui des Éloges d’écrivains célèbres. Ses ouvrages offrent de l’intérêt ; mais on doit les lire avec défiance.

JOVELLANOS (Gasp. Melchior de), littérateur et homme d’État espagnol, né à Gijon (Asturies), en 1749, se distingua d’abord comme poëte, obtint la faveur de Charles III, devint ministre de la justice en 1799, fut disgracié par les intrigues de Godoï et jeté en prison, ne reparut qu’en 1808, à la chute du favori, et devint alors membre de la junte suprême. Il fut tué dans une émeute (1812), par le peuple qui le croyait traître. Il a laissé des poésies lyriques et dramatiques qui sont au-dessous de leur réputation, et des Mémoires politiques (trad. en fr., Paris, 1825).

JOVIEN, Flavius Claudius Jovianus, né à Singidunum (Dacie), fut proclamé empereur à la mort de Julien (363), et se vit contraint de céder aux Perses les provinces transtigritanes pour sauver l’armée compromise par Julien. Il se rendait à Constantinople pour se faire couronner, lorsqu’il mourut (364).

JOVIN, Jovinus, né à Reims, avait été lieutenant de Julien, et commandait la cavalerie romaine dans les Gaules. Il fut proclamé empereur dans cette province à l’avènement de Jovien (363), mais il refusa la pourpre ; il repoussa 3 fois les Allemands, reçut le titre de consul en 368, et jouit d’un grand crédit sous plusieurs empereurs. Il mourut en 379. On lui attribue la fondation de Joigny. — Un autre Jovin prit la pourpre en 411, sous Honorius, avec l’appui des Burgundes et des Alains, et fut tué à Valence en 413 par Ataulphe, roi des Visigoths.

JOVINIEN, hérésiarque du IVe siècle, moine de Milan, mort en 412, rejetait les jeûnes, la pénitence, la virginité, et niait la virginité de Marie. Il fut condamné par le pape Sirice et par S. Ambroise au concile de Milan en 390, et fut exilé par Théodose.

JOYEUSE, Gaudiosa, ch.-l. de c. (Ardèche), à 12 k. S. O. de l’Argentière, sur la Baume et au. pied des Cévennes ; 2700 hab. Filatures de soie. Ce bourg a donné son nom à une des plus anc. maisons de France. Il entra au XIIIe siècle par mariage dans la maison de Châteauneuf-Randon ; fut érigé successivement en baronnie, puis en vicomte (pour Tanneguy de Joyeuse, vers 1450), et en duché-pairie (pour Anne de Joyeuse, en 1581) ; cette pairie, s’étant éteinte en 1675, fut reconstituée en 1714 pour Louis de Melun.

JOYEUSE (Anne de), favori de Henri III, fils de Guillaume, vicomte de Joyeuse et maréchal de France, né en 1561, m. en 1587, fut connu d’abord sous le nom de baron d’Arques. Il sut dès sa première jeunesse capter les bonnes grâces de Henri III. Ce prince le créa coup sur coup duc et pair, amiral de France, premier gentilhomme de la chambre, gouverneur de Normandie, et lui donna en mariage Marguerite de Vaudemont-Lorraine, sœur de la reine (1581) ; il fit lui-même la dépense des noces, qui coûtèrent 1 200 000 livres. Joyeuse fut en 1586 chargé de faire la guerre aux Huguenots en Guyenne : après avoir obtenu quelques avantages, il perdit la bataille et la vie à la journée de Coutras. — François de J., frère du préc., né en 1562, m. à Avignon en 1615, fut successivement archevêque de Narbonne, de Toulouse, de Rouen, puis cardinal ; présida l’assemblée générale du clergé en 1605, devint légat du pape en France (1606), sacra Marie de Médicis et Louis XIII à Reims, et présida les États généraux de 1614. C’est lui qui conçut, dit-on, la première idée du canal de Languedoc. — Henri de J., frère des précéd., né en 1567, se signala d’abord dans plusieurs combats contre les Protestants. Après la mort d’Anne, son frère, et la perte de sa femme, il se retira du monde, et se fit capucin sous le nom de frère Ange (1587). Mais cinq ans après, il quitta son couvent, sous prétexte de la mort du dernier de ses frères, se mit à la tête des seigneurs catholiques de Languedoc et devint un des Ligueurs les plus fougueux. Il fut un des derniers à faire la paix avec Henri IV, qui lui donna le bâton de maréchal et le gouvt du Languedoc. En 1600, il quitta de nouveau le monde ; il mourut en 1608, à Rivoli, en Italie, pendant un pèlerinage qu’il avait entrepris nu-pieds. C’est de lui que Voltaire a dit :

Vicieux, pénitent, courtisan, solitaire,
Il prit, quitta, reprit la cuirasse et la haire.

JOYEUSE (J. Armand de), d’une ligne, collatérale, né en 1631, m. en 1710, sans postérité, servit avec distinction sous Louis XIV en Flandre, en Hollande, en Allemagne ; fut fait maréchal en 1693, commanda l’aile gauche à Nerwinde et y fut blessé.

JOZÉ (Antonio), juif portugais, brûlé vif par l’Inquisition en 1745, réussit dans la comédie et reçut, comme Gil-Vicente, le surnom de Plaute portugais. Le recueil de ses pièces, publié sans nom d’auteur, est quelquefois appelé le Théâtre du Juif. On y trouve de la verve, de l’originalité, de la gaieté, mais aussi une imagination déréglée, des plaisanteries triviales, et un style très incorrect.

JUAN D’AUTRICHE (don), l’un des héros du XVIe s., était fils naturel de Charles-Quint et naquit à Ratisbonne en 1545. Philippe II, fils et successeur de Charles-Quint en Espagne, après avoir en vain essayé de lui faire embrasser la vie religieuse, le chargea en 1570 de comprimer un soulèvement des Maures de Grenade. Il s’acquitta de cette mission avec la plus grand succès, et contraignit les rebelles à quitter l’Espagne. Choisi en 1571 par les princes chrétiens pour commander la flotte qu’ils envoyaient contre les Turcs, il gagna la célèbre bataille de Lépante, où les Turcs perdirent 30 000 hommes et près de 200 bâtiments. En 1573, il s’empara de Tunis, mais il reperdit cette place l’année suivante. En 1576, il fut envoyé par Philippe II dans les Pays-Bas insurgés, et défit les rebelles dans la plaine de Gembloux (janv. 1578). Il mourut peu de mois après, près de Namur, emporté par une fièvre maligne. Don Juan joignait la générosité à la bravoure ; il ne combattit les insurgés des Pays-Bas qu’après avoir tenté de les soumettre par la douceur. Dumesnil a publié une Hist. de don Juan d’Autriche, Paris, 1827 ; C. Delavigne a fait de ce prince le héros d’un beau drame.

JUAN D’AUTRICHE (don), général espagnol, fils naturel de Philippe IV et d’une comédienne, né en 1629, mort en 1679, fut reconnu par son père qui le créa grand prieur de Castille. Il s’empara de Naples révoltée (1648), et soumit Barcelone, dont les habitants s’étaient mis sous la protection de la France (1652). Envoyé en Flandre pour y combattre Turenne, il perdit la bataille des Dunes (1658) ; puis, ayant passé dans le Portugal où la conjuration de Pinto venait de faire roi le duc Jean de Bragance, il se laissa vaincre à Estremoz (1663). Disgracié par la régente après la mort de Philippe IV (1665), il fut rappelé à la cour par Charles II dès que ce prince fut majeur, et devint premier ministre (1677) ; mais il soutint mal cette haute dignité.

JUAN DE CASTRO, vice-roi des Indes. V. CASTRO.

JUAN FERNANDEZ, navigateur. V. FERNANDEZ.

JUANEZ ou JOANES (Vincent), peintre espagnol, surnommé le Raphaël de l’Espagne, né à Fuente de la Higuera, près de Valence, en 1523, m. en 1581, est le créateur de l’école espagnole. Il a fait un grand nombre de tableaux estimés, entre autres : la Vie de S. Étienne (en 6 tabl.), un Christ mort, un S. François de Paule, une Ste Cène. Il avait étudié à Rome