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IRUN, Irunia, v. frontière d’Espagne (Guipuzcoa), sur la r. g. de la Bidassoa, à 18 kil. E. de St-Sébastien ; 4600 hab. C’est la 1re ville espagnole qu’on rencontre en sortant de France par la Bidassoa. Elle existait du temps des Romains.

IRUS, mendiant d’Ithaque, renommé pour sa grande taille et sa gloutonnerie. Son véritable nom était Arnée ; mais les amants de Pénélope l’appelaient Irus, parce qu’il faisait leurs messages (du grec eirein, parler). Comme il insultait Ulysse, et voulait, sans le connaître, lui défendre l’entrée de son palais, le héros le tua d’un coup de poing.

IRVINE, v. d’Écosse (Ayr), à 18 kil. N. d’Ayr, près du golfe de la Clyde ; 7400 hab. Chantiers de construction. Ville fort ancienne. Elle dut son importance à un couvent de Carmélites qui y fut fondé en 1412

IRVING (Washington), l’écrivain le plus populaire des États-Unis, né en 1783 à New-York, de parents originaires d’Écosse, mort en 1859, visita les principales contrées de l’Europe, débuta par des articles de journaux et par des ouvrages de fantaisie qui parurent sous le voile du pseudonyme, donna en 1820 sous son propre nom le Sketch book (livre d’esquisses), charmante peinture des mœurs anglaises ; en 1824, les Contes d’un Voyageur, qui obtinrent un grand succès ; fit paraître de 1828 à 1830, après un séjour de plusieurs années en Espagne, l’Histoire de la Vie et des Voyages de Christophe Colomb, qui fut suivie de la Chronique de la Conquête de Grenade (1829) et des Contes de l’Alhambra (1832) ; retourna en Amérique en 1832, parcourut divers États de l’Union, publia ses Expéditions dans les prairies de l’Amérique et Astoria, où il raconte ses impressions de voyage (1835-37), et donna en 1855 une Vie de Washington. Il fut longtemps chargé de fonctions diplomatiques en Europe : secrétaire de l’ambassade américaine à Londres en 1829, chargé d’affaires en 1831, il fut nommé en 1842 ministre près la cour d’Espagne et occupa ce poste avec honneur pendant 4 ans. W. Irving est un conteur charmant : son style vif, coloré, est en même temps pur, plein de grâce et d’harmonie ; la vérité et l’originalité de ses peintures l’ont fait appeler le Wouvermans de la littérature. Ses travaux historiques ne se recommandent pas moins par la science que par le style. La plupart de ses ouvrages ont été traduits en français aussitôt qu’ils paraissaient par Defauconpret, Benj. Laroche, Mlle A. Sobry, etc.

IS, auj. Tit, v. de Babylonie, au confluent de la riv. d’Is et de l’Euphrate. Sources de naphte.

IS, anc. v. de l’Armorique, dans la baie de Douarnenez (Finistère), fut submergée par la mer en 444.

IS-SUR-TILLE, ch.-l. de cant. (Côte-d’Or), à 24 kil. N. E. de Dijon, près du confluent de la Tille et de l’Ignon : 1436 hab. Fabriques de draps, filature de coton, étrilles, tuyaux de poêles, fonderie de cuivre. Tour carrée, reste d’un château fort.

ISAAC, fils d’Abraham et de Sara, naquit vers l’an 2266 av. J.-C. selon l’Art de vérifier les dates, ou 1896 selon la chronologie vulgaire, sa mère étant âgée de 90 ans. Son père allait l’immoler pour obéir à l’ordre de Dieu lorsqu’il fut sauvé par un miracle (V. ABRAHAM). Il épousa Rébecca, sa cousine, dont il eut Ésaü et Jacob, et mourut à l’âge de 180 ans. Il était devenu aveugle dans sa vieillesse : Jacob profita de cette infirmité pour se faire bénir par lui au lieu d’Ésaü.

ISAAC (S.), dit le Parthe ou le Grand, né à Constantinople, patriarche d’Arménie de 390 à 440, a laissé une traduction arménienne de la Bible, et des Hymnes qui sont encore chantées dans l’Église arménienne.

ISAAC COMNÈNE, empereur grec, fils d’un préfet de l’Orient, fut proclamé empereur en 1057, à la place de Michel Straliolique, qui venait d’être renversé du trône. Faible et incapable de gouverner, il abdiqua en faveur de Constantin Ducas, l’an 1059, et se retira dans un monastère ou il mourut en 1061.

ISAAC L’ANGE, empereur grec, prit la place d’Anadronic Comnène en 1185 : il fut porté au trône par le peuple au moment même où Andronic le faisait conduire au supplice. Il se rendit méprisable par ses vices et son incapacité et fut détrôné par Alexis, son frère, qui lui fit crever les yeux (1195). Isaac remonta sur le trône en 1203 avec le secours des Croisés ; mais, 6 mois après, il fut détrôné de nouveau et mis à mort par Alexis Ducas, à l’âge de 50 ans.

ISABEAU DE BAVIÈRE. V. ISABELLE.

ISABELLA (port de la), sur la côte N. d’Haïti. Colomb y fonda en 1493 le premier établissement espagnol qui ait existé dans l’île d’Haïti.

ISABELLE (Ste), sœur de S. Louis, roi de France, née en 1224, morte en 1270, refusa d’épouser Conrad, fils de l’empereur Frédéric, et se retira au monastère de Longchamps, près de Paris, qu’elle avait fondé. On la fête le 22 février, jour de sa mort, et le 31 août.

ISABELLE (Ste) de Portugal. V. ÉLISABETH.

ISABELLE DE HAINAUT, fille de Baudouin, comte de Hainaut, issu de Charles de Lorraine, le dernier Carlovingien, épousa le roi de France Philippe-Auguste (1180), en eut un fils, depuis Louis VIII, et mourut en 1190. Elle avait apporté en dot l’Artois. Ce mariage de l’héritière des Carlovingiens avec un descendant de Capet légitima en quelque sorte l’usurpat. des Capétiens.

ISABELLE DE FRANCE, reine d’Angleterre, fille de Philippe le Bel, née en 1292, m. en 1358, épousa en 1308 Édouard II, roi d’Angleterre. Négligée par son mari, que gouvernaient d’indignes favoris, elle le fit déclarer déchu, avec l’appui de son frère Charles le Bel, et s’empara de la régence au nom de son fils Édouard III (1326). Peu de temps après, son amant, Roger Mortimer, ayant fait périr le malheureux Édouard II par un affreux supplice (1327), son fils, indigné, secoua le joug qu’elle lui imposait, envoya Mortimer à l’échafaud (1330), et la relégua elle-même dans une prison où elle mourut au bout de 28 ans. C’est du chef de cette princesse qu’Édouard III et ses successeurs prétendaient tenir leurs droits à la Couronne de France.

ISABELLE DE BAVIÈRE, reine de France, fille d’un duc de Bavière, née en 1371, m. en 1435, épousa Charles VI en 1385. Ce prince étant tombé en démence (1392), elle fut mise à la tête d’un conseil de régence dont faisaient partie le duc d’Orléans, frère du roi, et Jean sans Peur, duc de Bourgogne. Il s’éleva bientôt entre ces deux princes une funeste rivalité, d’où naquit la querelle des Bourguignons et des Armagnacs. Comme Isabelle favorisait le duc d’Orléans, avec lequel elle entretenait, dit-on, des liaisons criminelles, le duc de Bourgogne, pour se venger, fit assassiner ce prince (1407). Malgré son ressentiment, Isabelle consentit à traiter avec le meurtrier, afin de conserver le pouvoir, et, même après l’assassinat de Jean sans Peur (1419), on la vit se liguer avec son successeur, Philippe le Bon, pour livrer la France à l’étranger et dépouiller son propre fils (Charles VII). Elle signa dans ce but le traité de Troyes, qui faisait passer la couronne sur la tête d’Henri V, roi d’Angleterre (1420). Après la mort de Charles VI et de Henri V (1422), elle ne joua plus aucun rôle. Elle mourut en 1435, universellement méprisée.

ISABELLE DE CASTILLE, dite aussi Isabelle la Catholique, reine d’Espagne, fille de Jean II, roi de Castille, née en 1450, épousa en 1469 Ferdinand V, roi d’Aragon, et succéda en 1474, sur le trône de Castille, à son frère Henri IV, au préjudice de Jeanne, fille du feu roi, dont la légitimité était contestée. Elle eut d’abord à défendre sa couronne contre Jeanne, que soutenait le roi de Portugal Alphonse V ; mais la victoire de Toro (1476) la rendit maîtresse absolue de la Castille. Isabelle fit régner dans ses États la justice que des guerres perpétuelles avaient presque anéantie, créa la milice de la Ste-Hermandad, donna une nouvelle organisation à l’Inquisition (1481), enleva aux Maures tout ce qu’ils possédaient encore en Espagne, et mit fin à leur empire par la prise de Grenade, en 1492. Après cette conquête, Isabelle et Ferdinand prirent en commun le titre de rois d’Espagne. Leur puissance s’étendit bientôt sur un nouveau monde par les découvertes de Christophe Colomb