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enfui de chez son maître, proconsul d’Afrique, il fut reconnu et épargné par un lion dont il avait guéri une blessure dans les déserts de l’Afrique. Cet événement est placé vers le 1er siècle av. J.-C. Il n’a d’autre garant que le récit d’Aulu-Gelle (V, ch. XIV).

ANDROGÉE, Androgeus, fils de Minos, roi de Crète, et de Pasiphaé, fut tué par des jeunes gens d’Athènes et de Mégare, jaloux de ce qu’il leur avait enlevé tous les prix aux Panathénées. Minos, pour venger ce meurtre, s’empara de ces deux villes, et obligea les habitants à lui envoyer tous les ans sept jeunes garçons et sept jeunes filles qui étaient livrés au Minotaure. Thésée délivra ses compatriotes de cet odieux tribut.

ANDROMAQUE, Andromache, princesse troyenne, femme d’Hector, et fille d’Éétion, roi de Cilicie, est célèbre par son amour conjugal : elle fit à son époux les plus tendres adieux au moment où il allait combattre Achille, et resta inconsolable de samort. Après la prise de Troie, elle se vit arracher Astyanax, son fils unique, que les Grecs précipitèrent du haut d’une tour. Elle devint elle-même l’esclave de Pyrrhus, qui l’emmena en Épire où il l’épousa. L’ayant ensuite répudiée ce prince la donna pour épouse à Hélénus, un ces fils de Priam, et leur laissa son royaume. Homère, dans l’Iliade (chant VI), Virgile, dans l’Énéide (ch. III), ont célébré les vertus et les malheurs d’Andromaque. Elle est l’héroïne de deux belles tragédies, l’une d’Euripide et l’autre de Racine.

ANDROMAQUE, Andromachus, médecin crétois, vint exercer son art à Rome sous le règne de Néron, y obtint un grand succès et devint le médecin de l’empereur. Il inventa la Thériaque qui porte son nom (V. THÉRIAQUE au Dict. univ. des Sciences), et fit sur ce médicament un petit poëme qui a été conservé (on le trouve dans les Fragments des poëtes grecs de la collection Didot).

ANDROMÈDE, fille de Céphée, roi d’Éthiopie, et de Cassiopée. Sa mère ayant eu l’imprudence de disputer le prix de la beauté à Junon et aux Néréides, filles de Neptune, ce dieu suscita pour les venger un monstre marin qui ravagea l’Éthiopie. Il fallut, pour délivrer la contrée de ce fléau, qu’Andromède fût exposée à la fureur du monstre. Elle allait être dévorée, lorsque Persée la délivra. Le héros obtint sa main en récompense ; il en eut plusieurs enfants, entre autres Sthélénus et Électryon. Andromède fut, après sa mort, placée au nombre des astres.

ANDRONIC I, COMNÈNE, empereur grec, petit-fils d’Alexis, né en 1110, se fit, à la mort de Manuel Comnène, nommer tuteur du fils de ce prince, Alexis II (1180) et partagea quelque temps la couronne avec lui ; mais bientôt, voulant régner seul, il fit étrangler son pupille et s’empara du trône, en 1183. Après un règne souillé par des cruautés inouïes, Isaac l’Ange le détrôna ; le peuple le pendit, en 1185. Andronic est le dernier des Comnène qui ait régné à Constantinople.

ANDRONIC II, PALÉOLOGUE, l’Ancien, né en 1258, monta sur le trône en 1282. Son règne n’est remarquable que par les invasions des Turcs et autres barbares. Il chargea le peuple d’impôts pour acheter la paix, altéra les monnaies, laissa languir le commerce et a marine, et s’opposa constamment à l’union des églises grecque et latine. Détrôné par son petit-fils, Andronic III, en 1328, il finit ses jours dans un monastère, en 1332.

ANDRONIC III, PALÉOLOGUE, le Jeune, né l’an 1295, était petit-fils du précéd. et fils du prince Michel Paléologue (qui mourut jeune). Il régna d’abord conjointement avec son grand-père (1325) ; mais, à partir de 1328, il relégua le vieil empereur dans son palais et gouverna seul. Il réunit à ses États le despotat d’Épire, 1336, et fit des efforts tour refouler les Turcs, mais sans y réussir. Il diminua les impôts, et mourut en 1341, adoré de ses sujets.

ANDRONIC IV, PALÉOLOGUE, fils aîné de l’emp. Jean V, fut associé au trône vers 1355, mais ayant voulu détrôner son père, il fut condamné à perdre la vue et forcé de céder ses droits à son frère Manuel (1373) ; néanmoins, il put un instant ressaisir le pouvoir avec le secours des Génois et se fit proclamer empereur en 1377 ; mais renversé presque aussitôt, il alla finir ses jours dans l’exil.

ANDRONICUS (Livius), poëte comique latin qui florissait vers 220 av. J.-C., était un grec de Tarente et avait été amené à Rome comme esclave par Livius Salinator, qui l’affranchit. Il composa les premièxes pièces régulières qu’aient eues les Romains ; il jouait lui-même dans ses pièces. Il avait aussi composé une traduction de l’Odyssée. Il ne reste de lui que quelques vers que l’on trouve dans le Corpus poetarum et dans les Poetæ scenici de Bothe.

ANDRONICUS de Rhodes, philosophe péripatéticien du Ier siècle av. J.-C., natif de Rhodes, revit et publia, par ordre de Sylla, les ouvrages d’Aristote et de Théophraste, dont les originaux venaient d’être retrouvés par Apellicon. On lui a longtemps attribué une Paraphrase de l’Éthique à Nicomaque (publiée en 1607 à Leyde par Daniel Heinsius), qui paraît être d’un certain Héliodore de Pruse. — V. ANDRONIC.

ANDROS, Andro, île de l’Archipel, au S. E. de l’Eubée (Négrepont) ; 150 kil. de tour ; 12 000 hab. ; capit., Andros, port situé sur la côte S. O. Commerce de soie, huile, vin, oranges, etc. — Colonisée par les Ioniens, elle se soumit à Xercès, fut, après les guerres médiques, prise par les Athéniens, puis obéit aux Macédoniens et aux Romains, qui la cédèrent aux rois de Pergame, mais qui la reprirent après l’extinction de cette dynastie. Enlevée à l’empire grec par les Turcs, elle a été de nos jours reprise aux Turcs par les Grecs, et elle fait auj. partie du roy. de Grèce.

ANDROUET DU CERCEAU (Jacques), architecte, né à Orléans vers 1534, m. à Turin vers 1600, enrichit Paris d’un grand nombres de beaux édifices (hôtels de Sully, de Mayenne, des Fermes, de Carnavalet, de Bretonvilliers, etc.), fut chargé par Henri III de construire le Pont Neuf (1578), et par Henri IV de continuer le Louvre (1596) ; mais il ne put achever ces travaux, ayant quitté la France à cause de son attachement au calvinisme. On a de lui : Livre d’architecture, 1559, et 1561, in-fol., et Leçons de perspective, 1576, in-fol.

ANDRUSSOF, bourg de Russie (Smolensk), à 32 k. S. E. de Krasnoe. Il y fut signé en 1667 un traité par lequel la Pologne cédait à la Russie Smolensk, et la Sévérie, avec l’Ukraine occidentale, et s’unissait à elle contre les Turcs.

ANDUJAR, v. d’Espagne ; sur le Guadalquivir, dans la prov. et à 35 kil. N. O. de Jaén ; 9000 hab. On y fabrique des alcarazas. À 4 kil. d’Andujar, on voit les ruines de l’anc. Illiturgis. — Le duc d’Angoulême, commandant l’armée française envoyée en Espagne pour délivrer Ferdinand VII, y rendit, le 8 août 1823, une célèbre ordonnance dans le but de concilier les partis, mais elle resta sans effet par l’opposition de la régence de Madrid.

ANDUZE, Andusia, ch.-l. de cant. (Gard), à 11 k. S. O. d’Alais, sur le Gardon d’Anduze, au pied des Cévennes ; 4491 hab. Soie, bonneterie. Église calviniste. Aux environs, curieuses stalactites.

ANEAU ou ANNEAU (Barthélemi), Annulus, poëte, né à Bourges, fut professeur de rhétorique, puis principal au collége de la Trinité, à Lyon (1542). Il cultivait également la poésie latine et la poésie française. On a de lui une trad. en vers français des Emblèmes d’Alciat, Lyon, 1549 ; un poëme latin, Picta poesis, 1552, in-8, qu’il traduisit lui-même en vers français, sous le titre d’Imagination poétique ; Alector ou le Coq, histoire fabuleuse (en prose française), prétendue traduite du grec, Lyon, 1560. Il fut massacré par le peuple dans son collége en 1565, le jour de la Fête-Dieu, parce qu’on le soupçonnait d’être protestant et qu’on l’accusait d’avoir jeté une pierre sur le prêtre qui portait le Saint-Sacrement à la procession.