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GUI-PAPE. V. GUI.

GUIPUSCOA, une des provinces basques de l'Espagne, la plus au N. E., a donné son nom à une capitainerie générale située entre le golfe de Biscaye au N., la Vieille-Castille à l'O. et au S., et la Navarre à l'E. qui compte 375 000 hab., et qui comprend 3 intendances : Guipuscoa au N. E., ch.-l., St-Sébastien: Biscaye au N. O., ch.-l., Bilbao; Alava au S., ch.-l. Vittoria. Sol montagneux, traversé par les Pyrénées, et riche en mines de fer. — L'intendance de Guipuscoa a 141 762 h. Outre St-Sébastien, son ch.-l., elle renferme Fontarabie. — Le Guipuscoa faisait partie du pays des Cantabres. Soumis avec peine par les Romains sous Auguste, il passa successivement sous la domination des Goths, des Maures, des rois de Navarre et des rois de Castille (depuis 1200). Comme les autres provinces basques, il jouissait de priviléges importants nommés fueros, et il a combattu longtemps pour les conserver. V. FUEROS.

GUIRAUD (le baron Alexandre), né en 1788 à Limoux (Aude), mort en 1847, était fils d'un manufacturier, et jouissait d'une aisance qui lui permit de se livrer à ses goûts littéraires. Après avoir remporté quelques palmes aux jeux Floraux, il vint à Paris, présenta en 1820 au Théâtre-Français la tragédie de Pelage, dont la représentation fut défendue parce qu'un archevêque y était mis en scène; fit jouer à l'Odéon en 1822 les Machabées, tragédie en 5 actes, qui obtint un grand succès; donna l'année suivante le Comte Julien ou l'Expiation, qui réussit moins bien, et en 1827 Virginie, qui fut plus heureuse. Il abandonna de bonne heure le théâtre et consacra son talent à la poésie lyrique et élégiaque; on estime ses Élégies savoyardes, 1823; ses Chants hellènes, 1824. On a aussi de lui des romans chrétiens : Césaire, Flavien ou De Rome au désert, et un ouvrage plus sérieux, la Philosophie catholique de l'histoire. Comme Soumet, son compatriote et son ami, Guiraud répandit dans ses écrits les sentiments religieux qui étaient dans son cœur. Il avait été reçu à l'Acad. française en 1826.

GUIRAUDET (Ch.), littérateur, né à Alais en 1754, mort à Dijon en 1804, était lecteur de Madame au moment de la Révolution. Il fut député par la ville d'Alais à l'Assemblée Constituante en 1790, devint secrétaire général du ministère des relations extérieures sous le Directoire, et préfet de la Côte-d'Or sous le Consulat. Il a laissé des Contes en vers, 1780; un traité de l’Influence de la tyrannie sur la morale publique, 1796; des Discours sur Machiavel, et une Traduction de Machiavel, 1799, ouvrage resté incomplet et peu estimé.

GUISCARD, ch.-l. de c. (Oise), sur la Verse, à 34 kil. N. E. de Compiègne; 1400 hab. Château.

GUISCARD (Robert). V. ROBERT GUISCARD.

GUISE, ch.-l. de c. (Aisne), sur l'Oise, à 24 kil. N. O. de Vervins; 4000 hab. Ville forte, jadis importante, enceinte flanquée de tours. Lin, chanvre, fil, huile; tanneries, filatures. Patrie de Camille Desmoulins. — Cette ville, fondée au IXe siècle, était jadis la capit. de la Thiérache. Elle devint ensuite la cap. d'un comté particulier qui, en 1333, fut apporté en dot au duc de Lorraine Raoul par Marie de Blois ou de Châtillon, et qui fut érigé en duché par François I en 1528 en faveur de Claude, 3e fils du duc de Lorraine René II. Claude fut ainsi le chef de la maison de Guise, qui se divisa en deux branches, celle des ducs de Guise, éteinte en 1675, et celle des ducs d'Elbeuf, qui survécut jusqu'en 1825. — La v. de Guise fut prise par les Anglais en 1423, reprise en 1426; prise par les Impériaux en 1536, reprise par François I; assiégée vainement en 1543 et 1636, et, grâce à la vigoureuse résistance du marquis de Bridieu, en 1650.

GUISE (Claude DE LORRAINE, duc de), tige de l'illustre maison de Guise, né en 1496, mort en 1550, était le 3e fils de René II, duc de Lorraine, et fut d'abord connu sous le nom de comte d'Aumale. Il vint se fixer en France vers la fin du règne de Louis XII, y obtint des lettres de naturalisation, servit avec la plus grande distinction sous François I, fit des prodiges de valeur à la bat. de Marignan (1515), défit les Anglais devant Hesdin (1522), et repoussa les paysans de l'Alsace et de la Souabe qui voulaient envahir la Lorraine (1525). François I, pour le récompenser, érigea en sa faveur le comté de Guise en duché-pairie (1527), et le nomma gouverneur de la Champagne. En 1542 il conquit le duché de Luxembourg ; l'année suivante il repoussa les Impériaux déjà maîtres d'une partie de la France. Il avait épousé en 1513 Antoinette de Bourbon, tante d'Antoine de Bourbon, roi de Navarre, père d'Henri IV; il en eut François, duc de Guise; Claude II, duc d'Aumale (V. AUMALE); Charles, card. de Lorraine.

GUISE (Franç. DE LORRAINE, duc de), fils aîné du précéd., né en 1519, est un des plus grands capitaines qu'ait eus la France. Il se distingua dès 1545, au siége de Boulogne, où il reçut une blessure à la figure qui lui valut le surnom de Balafré. Nommé en 1552 par Henri II lieut. général des Trois-Évêchés, il soutint victorieusement contre Charles-Quint le siège de Metz (du 31 oct. 1552 au 15 janv. 1553), et gagna en 1554 avec Tavannes, sur le même ennemi, la bataille de Renty. Mis en 1557 à la tête d'une armée envoyée, à la sollicitation du pape Paul IV, pour conquérir le royaume de Naples, que défendait le duc d'Albe, il remporta plusieurs victoires, mais il échoua dans cette entreprise, privé des secours qu'avait promis le pape. Rappelé en France après la défaite de St-Quentin (1557, et investi d'un pouvoir extraordinaire avec le titre de lieutenant général du royaume, il refoula les Anglais vers le Nord, leur enleva Calais, Guines, Ham (1558), battit dans la même année les Espagnols à Thionville, et amena ainsi la paix de Cateau-Cambrésis (1559). A la mort de Henri II, qui eut lieu peu après, François de Guise et son frère le cardinal de Lorraine, oncle du nouveau roi, le jeune François II, qui avait épousé leur nièce (Marie Stuart), s'emparèrent du gouvernement. Adversaires ardents du Calvinisme, ils déjouèrent la conjuration d'Amboise, 1560, et poursuivirent le procès de Louis de Condé et d'Antoine de Bourbon, roi de Navarre, arrêtés dans Orléans. Privé de son influence à l'avénement de Charles IX, le duc de Guise forma en 1561, avec le connétable de Montmorency et le maréchal de St-André, un célèbre triumvirat dans le but de ressaisir le pouvoir. Le massacre des Protestants à Vassy (1562), par les gens de sa suite, donna le signal des guerres de religion. Il commanda l'armée catholique avec Montmorency, et gagna sur Condé et Coligny, chefs de l'armée protestante, la bataille de Dreux (1562) ; mais, l'année suivante, lorsqu'il se préparait à assiéger Orléans, la place d'armes des Huguenots, il fut tué d'un coup de pistolet par un gentilhomme protestant nommé Poltrot de Méré.

GUISE (Henri I DE LORRAINE, duc de), le 2e Balafré, fils aîné de François de Guise, né en 1550, fut témoin du meurtre de son père sous les murs d'Orléans, et voua dès ce moment une haine implacable aux Protestants. Après s'être couvert de gloire par sa défense de Poitiers contre l'amiral Coligny (1569), il se déshonora en prenant le rôle d'assassin : c'est lui qui commença le massacre de la St-Barthélemy en ordonnant le meurtre de l'amiral (1572). En 1575 il défit, près de Dormans (Marne), un corps d'Allemands alliés des Huguenots : il reçut dans cette action une blessure au visage qui lui valut le surnom de Balafré. L'année suivante se forma la Ligue ; le duc de Guise en fut le chef. Depuis ce moment jusqu'à sa mort, il fit tout pour s'ouvrir la voie au trône, faisant prêcher et répandre des libelles contre Henri III, traitant avec le roi d'Espagne Philippe II, qui lui envoya de l'argent (1585), et avec le pape Grégoire XIII, qui favorisait la Ligue. Il fit enfin rédiger un mémoire qui demandait le changement de gouvernement et l'éta-