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ANAXILAS I, roi de Rhégium, était originaire de Messénie. Il attira dans ses États, vers 625 av. J.-C., les Messéniens qui n’avaient pas voulu se soumettre aux Lacédémoniens. — II, roi de Rhégium vers 494 av. J.-C., chassa de Zancle les Samiens qui s’en étaient emparés, y conduisit une colonie, et donna à cette ville le nom de Messine, en mémoire de ses ancêtres, qui étaient Messéniens. Il mourut vers 476.

ANAXIMANDRE, philosophe ionien, né à Milet vers 610 av. J.-C. mort vers 547. Il établit pour premier principe de tout l’infini (c.-à-d. une substance universellement répandue), enseigna que la lune reçoit sa lumière du soleil et que la terre est ronde ; il construisit une sphère et inventa les cartes géographiques. On lui attribue aussi le cadran solaire.

ANAXIMÈNE, de Milet, philosopphe ionien, disciple et successeur d’Anaximandre, florissait vers l’an 550 av. J.-C. et mourut vers 500. Il regardait l’air comme le principe de toutes choses, principe divin, éternel infini, toujours en mouvement. Selon lui, le soleil est un disque plat, la terre aussi est plate et soutenue par l’air ; c’est de ce dernier élément que sont nés tous les corps.

ANAXIMÈNE, de Lampsaque, fut l’un des précepteurs d’Alexandre, et suivit ce prince dans ses conquêtes. Il empêcha, par un trait ingénieux, la destruction de sa patrie : Alexandre, irrité contre Lampsaque qui avait pris parti pour Darius, voulait ruiner cette ville ; voyant Anaximène qui venait lui demander la grâce de sa patrie, il jura de ne pas lui accorder ce qu’il allait lui demander ; alors le philosophe le pria de détruire Lampsaque : désarmé par cette ruse, Alexandre pardonna. Anaximène avait écrit une Histoire d’Alexandre, dont il reste des fragments (à la suite de l’Arrien de la collect. Didot).

ANAZARBE, auj. Anzarba, v. de l’anc. Cilicie, sur le fleuve Pyrame. Auguste lui donna le nom de Cæsarea, l’an 19 av. J.-C. Florissante sous les empereurs, elle devint au Ve siècle capit. de la Cilicie 2e. Elle fut, au XIIe siècle, la capit. d’un roy. chrétien d’Arménie (1095-1182). Elle souffrit beaucoup de plusieurs tremblements de terre. On en voit les ruines à 50 kil. N. E. d’Adana. Patrie de Dioscoride.

ANBAR, Perisaboras, puis Perisabour, v. de la Turquie d’Asie (Bagdad), à 65 kil. O. de Bagdad, sur l’Euphrate, fut enlevée aux Perses par Khaled, 632. Rebâtie par Aboul-Abbas-Saffah, elle fut quelque temps la résidence des califes.

ANCELOT (J. Arsène François), littérateur, né au Havre en 1794, mort en 1854, était fils d’un greffier et occupa d’abord un modeste emploi dans la marine. Il fit représenter en 1819 la tragédie de Louis IX, qui obtint un brillant succès et lui valut une pension de Louis XVIII, avec le titre de bibliothécaire à Meudon. Moins heureux dans une 2e tragédie, le Maire du palais (1823), il prit sa revanche dans Fiesque, où il imitait Schiller avec bonheur (1824). Vers la même époque, il publiait Marie de Brabant (1825), poëme où le drame se mêle au récit, et des romans, dont le meilleur est l’Homme du monde (1827). Privé de sa place et de sa pension par la révolution de Juillet, et découragé par la chute d’une nouvelle tragédie, le Roi fainéant (1830), Ancelot consacra son talent à des compositions d’un genre moins élevé, mais plus lucratives. De 1830 à 1840, il donna, soit seul, soit avec divers collaborateurs, un grand nombre de vaudevilles et de comédies historiques, dont plusieurs obtinrent la vogue : le Régent, la Jeunesse de Richelieu, Mme Du Châtelet, Mme Du Barri, etc. ; il acquit ainsi une assez belle fortune. Il n’avait pas néanmoins renoncé entièrement à la tragédie, et il fit jouer en 1838 Maria Padilla, dont l’intérêt, est faible, mais dont les beaux vers rappellent l’auteur de Louis IX. Il fut admis à l’Académie française en 1841. Outre les ouvrages déjà cités, on a d’Ancelot des épitres familières, des poésies morales et de piquantes satires. Dès 1837, ses Œuvres avaient été rassemblées, avec une notice par X. B. Saintine. Dans la tragédie, Ancelot resta fidèle aux traditions classiques ; ses pièces sont écrites d’un style élégant, harmonieux, et menées avec art, mais elles manquent parfois de mouvement. — Mme Ancelot (née Marguerite Chardon), femme d’un esprit remarquable, cultive aussi les lettres avec succès. On lui attribua quelque part dans plusieurs ouvrages de son mari.

ANCENIS, ch.-l. d’arr. (Loire-Inf.) sur la Loire, 38 kil. N. E. de Nantes ; 3344 hab. Collége. Houille, forges, vins. On y voit, une célèbre pierre druidique, dite la Souvretière. Un traité y fut signé en 1468 entre le roi de France et le duc de Bretagne.

ANCERVILLE, ch.-l. de cant. (Meuse) à 5 kil. de St-Dizier ; 2006 hab. Vins rouges ; kirchwasser. Patrie d’Em. Debraux, chansonnier populaire.

ANCHISE, prince troyen, fils de Capys et arrière-petit-fils de Tros, fut aimé de Vénus et en eut Énée. Anchise échappa au sac de Troie par la piété d’Énée qui l’emporta sur ses épaules : il accompagna son fils dans l’exil, mourut près de Drépane en Sicile et fut enseveli sur le mont Éryx.

ANCIENS (les), nom donné par les Hébreux aux chefs des tribus d’Israël, qui avaient une espèce d’autorité sur les familles et le peuple. Après la mort de Josué (1580 av. J.-C.), les Anciens formèrent un conseil qui gouverna pendant 18 ans.

ANCIENS (CONSEIL DES), en France. V. CONSEIL.

ANCILE, bouclier sacré qu’on disait tombé du ciel et auquel les oracles avaient attaché les destinées de Rome. Dans la crainte qu’il ne fût enlevé, Numa fit faire 11 boucliers semblables, et institua, pour les garder, 12 prêtres qu’on appelait Saliens.

ANCILLON (Charles), historien, né à Metz en 1659, mort à Berlin en 1715, était fils d’un ministre protestant. Obligé de quitter la France avec son père lors de la révocation de l’édit de Nantes, il fut accueilli à Berlin : il y devint surintendant du collége français, historiographe et conseiller du roi, et juge supérieur des tribunaux de réfugiés. On a de lui une Histoire de l’établissement des Français réfugiés dans le Brandebourg, Berlin, 1690 ; des Mélanges de littérature, 1698 ; une Vie de Soliman, 1706.

ANCILLON (Frédéric), écrivain et homme d’État, petit-fils du précédent, né à Berlin en 1766 mort en 1837, avait pour père un ministre de l’église française réformée de Berlin et fut lui-même destiné à l’Église Ayant attiré par un de ses sermons l’attention du prince Henri de Prusse, il fut nommé, par la protection de ce prince, professeur d’histoire à l’Académie militaire de Berlin (1791) ; il devint peu après pasteur de l’église française. Il publia en 1803 un Tableau des révolutions du système politique de l’Europe, qui lui fit prendre rang parmi les meilleurs historiens de l’époque, et le fit entrer à l’Académie de Berlin. Il fut en 1806 chargé par Frédéric-Guillaume III de l’éducation du prince royal ; vint à Paris en 1814, avec son élève ; fut nommé à son retour conseiller de l’instruction publique, devint en 1831 ministre des affaires étrangères, et ne tarda pas à exercer une grande influente, dont il ne se servit que pour assurer la paix et faire régner la modération. Non moins profond en philosophie qu’en histoire et en politique, Ancillon a écrit plusieurs morceaux excellents dans lesquels il juge les écoles philosophiques de l’Allemagne, sachant également se garantir de la prévention et de l’enthousiasme, et pratiquant partout un éclectisme éclairé. Ses Mélanges de littérature et de philosophie, publiés à différentes époques, ont été réunis sous le titre d’Essais de philosophie, de politique, et de littérature, en 4 vol, in-8, Paris, 1832. Ancillon était associé de l’Académie des sciences morales : en 1847 M. Mignet y a prononcé son Éloge.

ANCLAM, v. et port de Prusse ch.-l. de cercle, en Poméranie, sur la Peene, à 8 kil. O. du Frische-Haff ; 9000 hab. Drap, toiles, savon.

ANCÔNE, Ancona, ville du royaume d’Italie.