Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P1 - A-G.djvu/819

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il resta maître d’une partie de la ville de Rome pendant le pontificat de Victor III. Il en fut chassé sous Urbain II, mais il y rentra bientôt, et ce ne fut qu’en 1100, sous Pascal II, qu’il en fut définitivement expulsé. Il mourut subitement la même année à Citta di Castello.

GUIBERT (Hippolyte, comte de), maréchal de camp et écrivain, né à Montauban en 1743, mort en 1790, était fils de Ch. Benoit de Guibert, général distingué (mort en 1786, gouverneur des Invalides). Il servit avec distinction dans la guerre de Sept ans (1756-63, fut envoyé en Corse pour y former une légion dont il eut le commandement, se signala au combat de Ponte-Nuovo, qui assura à la France la conquête de cette île (1769) ; fut rappelé à Paris par le comte de St-Germain, et coopéra aux réformes tentées par ce ministre ; fut nommé en 1787 rapporteur du conseil d’administration de la guerre, et dut en cette qualité appuyer des mesures qui le rendirent impopulaire ; tenta sans succès de se faire nommer député aux États généraux par le bailliage de Bourges, et mourut peu après de chagrin, en 1790. Visant à la gloire des lettres ainsi qu’à celle des armes, Guibert donna des ouvrages de genres fort divers qui attirèrent l’attention publique et qui le firent admettre à l’Académie française (1786). On a de lui : Essai général de tactique, Liége, 1772, qu’il fit suivre de la Défense du système de guerre moderne, 1779 ; des tragédies (le Connétable de Bourbon, 1775 ; la Mort des Gracques, et Anne de Boulen, publ. après sa mort) ; des Éloges (de Catinat, du chancelier L’Hôpital et de Frédéric II, roi de Prusse). Dans tous ses écrits, le style est animé, mais souvent enflé. Le meilleur de ses ouvrages est sa Tactique. Non moins remarquable par les avantages du corps que par ceux de l’esprit, Guibert inspira de vives passions (V. L’ESPINASSE). — Sa veuve (née de Courcelles), publia plusieurs manuscrits qu’il avait laissés sur l’art de la guerre, ainsi que les Lettres de Mlle de L’Espinasse. Elle a elle-même traduit quelques ouvrages de l’anglais.

GUIBRAY (foire de). V. FALAISE et CARROUGES.

GUICHARDIN, Francesco Guicciardini, historien italien, né à Florence en 1482 d’une famille ancienne, mort en 1540, se destina d’abord au barreau, fut à 23 ans professeur de jurisprudence, entra ensuite dans la carrière diplomatique, fut envoyé en ambassade auprès de Ferdinand le Catholique, puis appelé à Rome par le pape Léon X, qui le combla d’honneurs, et lui donna le gouvt de Modène et de Reggio. Envoyé dans la Romagne par Clément VII, il y rétablit le calme, fonda des établissements utiles, ouvrit des routes, et ne négligea rien pour augmenter la prospérité de ce pays. Nommé lieutenant général du St-Siége, il défendit avec succès Parme, assiégée par les Français, et maintint Bologne sous la domination de Rome en apaisant la révolte des Pepoli qui aspiraient à l’autorité souveraine. Retiré dans sa patrie, il donna d’utiles conseils à Alexandre de Médicis, et, après la mort de ce prince, contribua puissamment à l’élection de Cosme. Guichardin a laissé une Histoire d’Italie, qui commence en 1490 et finit en 1534. Cette histoire, à laquelle il travailla 27 ans, est, de l’aveu des meilleurs critiques, une œuvre d’un mérite supérieur ; mais on lui reproche quelque partialité. On estime l’édition de Fribourg (Florence), 1775-76, 4 vol. in-4. Il en a paru une édition à Paris en 1832, 6 vol. in-8, avec une préface de Ch. Botta, qui a continué l’ouvrage. L’histoire de G. il a été trad. en français par Fabre, 1738, avec notes par Georgeon. Guichardin a laissé en outre des Avis et conseils en matière d’État, Anvers, 1525, in-8, trad. en 1577 ; Relation de sa légation en Espagne, publiée pour la 1re fois en 1825, à Pise, par J. Rosini, et quelques autres écrits publiés par M. Canestrini (1857-68). M. Benoist a donné une Étude sur Guichardin, écrivain et homme d’État (1862).

GUICHE, village du dép. des B.-Pyrénées, à 23 kil. S. de Bayonne ; 1500 hab. Anc. domaine de la maison de Guiche, branche de celle de Gramont.

GUICHE (Diane, comtesse de), dite la belle Corisande, fille de Paul d’Andouins, avait épousé Philibert de Gramont, comte de Guiche, gouverneur de Bayonne (qui mourut d’une blessure en 1580), et resta veuve à 26 ans. Henri IV, qui n’était encore que roi de Navarre, en devint éperdument amoureux ; la comtesse le paya de retour et lui resta dévouée toute sa vie : pendant les guerres de la Ligue, elle vendit pour lui ses diamants, engagea ses biens, et alla jusqu’à lui envoyer des levées de 20 000 Gascons, qu’elle avait enrôlés à ses frais. Henri lui avait écrit avec son sang la promesse de l’épouser, mais il ne tint pas cette promesse. Elle mourut oubliée en 1620. On conserve en manuscrit à la bibliothèque de l’Arsenal les lettres d’Henri IV à Corisande : elles ont été-publiées dans le Mercure de 1769 ;

GUICHE (Armand DE GRAMONT, comte de), lieutenant général, né en 1638, était fils du maréchal de Gramont et arrière-petit-fils de la belle Corisande. Après avoir servi avec distinction dans la guerre de Flandre, il fut exilé par Louis XIV pour s’être mêlé à une intrigue contre Mlle de La Vallière. Il rentra en France en 1671, après huit ans d’exil, et fit la campagne de Hollande de 1672 sous le grand Condé : au passage du Rhin, il se jeta le premier à la nage dans le fleuve, et entraîna toute l’armée par son exemple. Il mourut l’année suivante de la douleur que lui causa la défaite d’une escorte qu’il commandait. Mme de Sévigné rend compte de cette mort d’une manière touchante dans une de ses lettres (datée du 8 décembre 1673).

GUICHE (LA). V. LA GUICHE.

GUICHEN, ch.-l. de cant. (Ille-et-Vilaine), à 42 k. N. E. de Redon : 3000 h. Source ferrugineuse.

GUICHEN (Urbain du BOUEXIC, comte de), marin, né à Fougères en 1712, m. en 1790, fut nommé capitaine de vaisseau en 1756, prit part comme chef d’escadre au combat d’Ouessant en 1778, puis commanda la flotte de Brest, et soutint, en 1781, près de la Dominique, plusieurs luttes glorieuses contre l’amiral anglais Rodney.

GUICHENON (Samuel), historien, né à Mâcon en 1607, m. en 1664, était avocat à Bourg, et fut nommé historiographe de Savoie et de France. On a de lui : Histoire de Bresse et de Bugey, Lyon, 1650 ; Histoire généalogique de la maison de Savoie, 1660.

GUIDAL (Max. Jos.), général de brigade, né à Grasse en 1755, entra dans la conspiration du général Malet en 1812, et fut condamné à mort avec lui.

GUIDE (LE), Guido Reni, célèbre peintre italien, né à Bologne en 1575, mort en 1642, fut, avec l’Albane, élève des Carrache, obtint et la protection du pape Paul V, qui l’appela à Rome. Il y trouva un rival dans le Caravage, dont le genre était opposé au sien, et qui lui voua une haine mortelle ; mais il n’opposa à cette inimitié que la douceur et la modération. Après avoir passé quelques années à Bologne, à Mantoue, à Naples, il revint à Rome, à la sollicitation du pape Paul V, qui le combla de faveurs. Il aurait eu une vie digne d’envie si la passion du jeu ne s’était emparée de lui : accablé de dettes, il fut délaissé, et passa ses derniers jours dans l’oubli et la misère. Le Guide a laissé un très-grand nombre de tableaux remarquables ; on cite en première ligne le Crucifiement de S. Pierre, un S. Michel, le Martyre de S. André, l’Espérance, la Cenci, à Rome ; Jésus couronné d’épines, à Dresde ; Bradamante et Fleur d’épine, à Florence ; l’Enlèvement d’Hélène, une Annonciation, à Paris. La richesse de la composition, la correction du dessin, la grâce et la noblesse de l’expression, une distribution de lumière large et harmonieuse, des airs de tête admirables, la fraîcheur du coloris : telles sont les qualités qui distinguent généralement ses productions. La plupart de ses tableaux ont été gravés, quelques-uns par lui-même.

GUIDI (Ch. Alex.), poëte lyrique, né à Pavie en