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ligue toute dévouée au parti guelfe. Une ligue contraire, mais moins puissante, formée sous le patronage de Pavie, resta fidèle à l'empereur, et se mit à la tête des Gibelins. Ce ne fut toutefois qu'en 1159 que l'Italie devint le théâtre d'une guerre ouverte. Les Gibelins furent d'abord vainqueurs : l'empereur Frédéric Barberousse, malgré les efforts du pape Alexandre III, prit Milan, la détruisit de fond en comble (1162), et soumit toutes les cités lombardes. Mais il fut défait à son tour près de Legnano, en 1176, et forcé, à la diète de Constance, en 1183, d'assurer l'indépendance aux villes lombardes. La lutte recommença sous le règne de l'empereur Frédéric II. Ce prince fut d'abord vainqueur; il battit les Milanais à Corte-Nova (1237), mais son fils Entius fut vaincu par les Bolonais; l'Allemagne le déposa lui-même et se donna à Guillaume, comte de Hollande, compétiteur que lui avait suscité le pape Innocent IV : Frédéric, accablé de chagrin, alla mourir dans ses États de Naples (1250). A partir de cette époque, la querelle des Guelfes et des Gibelins ne fut plus qu'une lutte particulière entre deux ou quelques villes d'Italie, ou entre deux ou quelques familles dans une même ville. A Vérone, Eccelin le Féroce fit triompher un instant le parti gibelin; mais il succomba enfin sous les efforts du marquis d'Este (1259). A Milan, les Torriani, chefs du parti guelfe et de la cause populaire, furent contraints de céder le pouvoir aux Visconti, partisan des Gibelins (1277). A Florence, où les Guelfes et Gibelins furent souvent désignés sous les noms de Blancs et Noirs (Bianchi et Neri), Silvestre de Médicis enleva l'autorité à la famille gibeline des Uberti, et donna une constitution démocratique aux Florentins (1258). Pise fut fidèle aux empereurs ; mais, abandonnée par eux, elle tomba en 1284 sous l'influence des Guelfes, après une guerre désastreuse contre Gênes. Rome flottait entre l'oligarchie et la démocratie, entre les Gibelins et les Guelfes; le tribun Nicolas Rienzi donna un moment le pouvoir aux derniers (1347). En général les Gibelins étaient partisans de la domination impériale et de la hiérarchie féodale; les Guelfes, de la domination de l'Église et de l'indépendance nationale. Leurs querelles, après avoir ensanglanté l'Italie pendant quatre siècles, ne cessèrent que par l'effet de la lassitude universelle et surtout par la diversion qu'occasionna l'invasion des Français en Italie (1495).

GUELFES (ordre des), ordre de chevalerie institué en 1815 dans le roy. de Hanovre par le prince-régent d'Angleterre, en mémoire des Guelfes, fondateurs de la maison qui règne auj. sur le Brunswick, le Hanovre et l'Angleterre. L'insigne est une croix d'or à 8 pointes pommelées, anglée de léopards; au centre est un médaillon de gueule chargé d'un cheval d'argent sur un tertre de sinople, avec cette légende : Nec aspera terrent. Le ruban est bleu céleste.

GUELMA, Calama, v. et poste militaire de l'Algérie (Constantine), ch.-l. de cercle, à 65 kil. S. O. de Bone, à 100 kil. E. N. E. de Constantine, près la r. dr. de Seybousse ; 3000 hab. Oliviers. Ruines romaines et puniques. Guelma fut occupé en 1836.

GUÉMÉNÉE, ch.-l. de cant. (Morbihan), à 20 kil. O. de Napoléonville ; 1500 hab. Ce bourg donna son nom à une ligne de la maison de Rohan et fut érigé en principauté en 1570. V. ROHAN-GUÉMÉNÉE.

GUÉMÉNÉE-PENFAS, ch.-l. de c. (Loire-Inférieure), sur le Don, à 35 kil. N. E. de Savenay; 4680 hab.

GUÉNARD (Antoine), né à Damblin, en Lorraine en 1726, mort en 1806, était entré chez les Jésuites et en sortit à la suppression de l'ordre. On a de lui un Discours sur l'esprit philosophique, couronné par l'Académie française en 1755 : c'est un des plus beaux modèles d'éloquence académique.

GUÉNARD (Élisabeth), baronne de Méré, née à Paris en 1751, morte en 1829, a publié une foule d'écrits médiocres, romans, compilations, mémoires, ouvrages d'éducation, dont une partie parut sous les pseudonymes de Boissy, Geller, Faveroles, et qui alimentaient les cabinets de lecture. On remarque dans le nombre : Irma, ou les Malheurs d'une jeune orpheline (la duchesse d'Angoulême), 1801, roman royaliste; Mémoires de la princesse de Lamballe, 1801; Histoire de Mlle Élisabeth, 1802; Mémoires de Marion Delorme; — de la comtesse Dubarry, etc. Elle ne craignait pas de traiter les sujets les plus scabreux.

GUENEAU DE MONTBEILLARD (Philibert), naturaliste, né en 1720 à Semur, mort à Paris en 1785. Buffon l'associa à ses travaux, et lui confia la description des oiseaux dans son Histoire naturelle; il s'en acquitta avec un tel talent que l'on fut longtemps à reconnaître dans ses articles une main étrangère; on estime surtout l'histoire du paon, du rossignol, de l'hirondelle. Il s'occupa aussi d'insectologie, et traita ce sujet dans l’Encyclopédie méthodique.

GUÉNÉE (l'abbé), né à Étampes en 1717, mort en 1803, professa pendant 20 ans la rhétorique au collège du Plessis. Devenu professeur émérite, il consacra ses loisirs à la défense de la religion, et écrivit, sous le titre de Lettres de quelques Juifs portugais, allemands et polonais à M. de Voltaire (Paris, 1769), un ouvrage plein d'instruction et d'esprit, dans lequel il réfute les nombreuses erreurs du patriarche de Ferney. Il fut admis en 1778 à l'Académie des inscriptions et nommé peu après sous-précepteur des enfants du comte d'Artois. Il a donné à l'Académie de savantes Recherches sur la Judée.

GUER, ch.-l. de cant. (Morbihan), à 23 kil. E. de Ploërmel : 4000 hab. Instruments aratoires.

GUÉRANDE, ch.-l. de cant. (Loire-Inf.). à 47 kil. O. de Savenay : 8600 hab. Draps; tissus de lin, de coton et de basin. Aux env., marais salants. — Cette v. fut fondée au VIe siècle et entourée de murailles en 1431 par Jean V, duc de Bretagne. Prise en 1342 par Louis d'Espagne, en 1373 par Duguesclin, elle fut vainement assiégée en 1379 par Olivier de Clisson, et en 1489 par le maréchal de Rieux. Un célèbre traité y fut conclu en 1365 : par ce traité, qui mit fin à la guerre de la succession de Bretagne, la maison de Blois cédait ses droits sur la Bretagne aux comtes de Montfort.

GUÉRARD (Charles-Benjamin), érudit, né en 1797 à Montbard, où son père était juge de paix, m. en 1854, entra à la Bibl. royale en 1825 comme simple employé, devint en 1833 conservateur, fut à la même époque nommé professeur à l'École des chartes et élu membre de l'Académie des inscriptions. Après avoir été l'auxiliaire de Fortia d'Urban, avec lequel il édita la 3e partie de l’Art de vérifier les dates, il finit par se consacrer exclusivement à l'histoire diplomatique de l'ancienne France. On lui doit en ce genre plusieurs grands travaux, parmi lesquels on remarque son mémoire sur le Système des divisions territoriales de la Gaule, couronné en 1830 ; le Cartulaire de l'abbaye de St-Père de Chartres (1840); celui de l'abbaye de St-Bertin (1841), et le Polyptyque de l'abbé Irminon, dénombrement des revenus de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés sous Charlemagne (1844), ouvrage qu'il enrichit d'éclaircissements de toute espèce. On a sur la vie et les travaux de Guérard des Notices par N. de Wailly (1855) et par Naudet (1857).

GUERCHE (LA). V. LA GUERCHE.

GUERCHIN (LE), c.-à-d. le Louche, dont le vrai nom était J. Fr. Barbieri, peintre célèbre, né en 1590 à Cento près de Bologne, mort en 1666, se forma seul et se perfectionna par l'étude des tableaux des Carrache et de Caravage. Il était doué d'une extrême facilité et travailla prodigieusement. On connaît de lui plus de 250 tableaux. On admire dans ses œuvres la force du coloris, ainsi que le talent avec lequel il imitait la nature et faisait illusion aux yeux. D'une piété fervente, il a surtout traité des sujets religieux. Ses ouvrages les plus remarquables sont les peintures du dôme de la cathédrale de Plaisance, un Ecce homo et Ste Pétronille, à Rome, un S. Antoine, à Padoue, les Enfants de Jacob lui montrant