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de baron et un don de 100 000 fr. Depuis cette époque, Gros ne fit plus rien de remarquable; le regret de se survivre et de se voir attaqué et méconnu le porta à se donner la mort ; on trouva son corps dans un étang près de Meudon. Outre les œuvres déjà mentionnées, on doit citer encore de Gros Sapho à Leucade, Charles-Quint visitant avec François I les tombeaux de St-Denis, le Départ de Louis XIII au 20 mars, Charles X au camp de Reims, Ariane à Naxos, David jouant de la harpe devant Saül, Vénus sortant de l'onde. Gros est le plus grand peintre d'histoire de son école et le seul véritable peintre de batailles de son époque. Sa composition est puissante et grandiose, son dessin hardi, plein de verve et de vérité, son expression parfaite, son coloris chaud et transparent.

GROS (Étienne), philologue, né à Carcassonne en 1797, mort en 1856, fut successivement professeur dans divers colléges de l'Université, inspecteur de l'Académie de Paris et proviseur du Lycée Bonaparte. Il a publié des traductions de la Rhétorique d'Aristote (1822) et de l’Examen critique des plus célèbres écrivains de la Grèce de Denys d'Halicarnasse, 1826, 3 vol. în-8. Il avait entrepris une édition critique, avec traduction française, de l’Histoire romaine de Dion Cassius (4 vol. seulement ont paru de son vivant, 1845-1855; l'ouvrage a été terminé par V. Boissée, 1861 et arm. suiv.). On lui doit l'éd. princeps de la Rhétorique de Philodème (1841, in-8).

GROS DE BOZE, numismate. V. BOZE.

GROSBOIS, vge de Seine-et-Oise, à 23 k. N. de Corbeil, à 2 k. S. de Boissy-St-Léger. Beau château avec grand parc qui appartint successivement à Monsieur, frère de Louis XVI, à Barras, à Moreau et à Berthier.

GROSIER (J. B. Gabriel), savant jésuite, né en 1743, mort en 1823, vécut de sa plume après la suppression de la Société, et fut, à la fin de sa vie, nommé bibliothécaire de l'Arsenal. Il écrivit dans l’Année littéraire, et continua seul la rédaction de ce journal après la mort de Fréron. De 1777 à 1784, il fit paraître, avec le concours du savant Deshauterayes, l’Histoire de Chine, traduite à Pékin par le P. Mailla sur les originaux chinois, 12 vol. in-4; il y joignit un Discours préliminaire, et le fit suivre d'une Description de la Chine, 1785, 1 vol. in-4, ouvrage excellent, qui lui appartient en entier. Grosier donna en 1792 : Mémoires d'une Société célèbre (celle des Jésuites) considérée comme corps littéraire et académique, 1792, 4 vol. in-8.

GROSLEY (P. Jean), avocat et littérateur, né à Troyes en 1718, mort en 1785, fut quelque temps attaché à l'administration de l'armée d'Italie (1745-46), puis voyagea en Angleterre et en Hollande, et publia plusieurs savants ouvrages qui le firent élire associé de l'Académie des inscriptions. Il a donné : Recherches pour l'histoire du droit français, Paris, 1752; Vie des frères Pithou, 1766 ; Essais historiques sur la Champagne; Éphémérides troyennes, 1767; Opuscules polémiques; Éloges littéraires, publiés de 1771 à 1785; sa Vie par lui-même, 1787. On a en outre publié en 1813. Ses Œuvres inédites. Dans ses écrits il mêlait sans cesse la bouffonnerie à l'érudition : ses Mémoires de l'Académie de Troyes (1774) ne sont qu'un recueil de facéties.

GROS-MORNE. V. MORNE.

GROSS-ASPERN, vge des États autrichiens, près d'Essling, sur la r. g. du Danube; 700 hab. Napoléon y remporta sur les Autrichiens, les 21 et 22 mai 1809, une victoire qui est plus connue en France sous le nom de bataille d'Essling.

GROSS-BEEREN, vge des États prussiens (Brandebourg), dans la régence de Potsdam, près de Wettstock. Il s'y livra le 23 août 1813, entre les Prussiens, commandés par Bulow et Bernadotte, et le maréchal Oudinot, un combat dont l'issue fit perdre à Napoléon les fruits de la victoire de Dresde.

GROSSE-TÊTE (ROBERT), théologien. V. ROBERT.

GROSSETO, v. de Toscane, ch.-l. de dép., sur l'Ombrone, à 26 k. S. de Florence; 3000 h. Évêché, cour d'appel. Aux env., vastes salines. — Le dép. de Grosseto est baigné par la Méditerranée, et confine aux États de l’Église. Il a env. 80 000 hab.

GROSSI (Tommaso), littérateur italien, né à Milan en 1791, mort en 1853, était notaire. Il débuta dans les lettres en 1814 par des poésies pleines de verve et de patriotisme, écrites dans le dialecte milanais, qui lui valurent une grande popularité; puis il publia, en société avec Porta, un drame de Maria Visconti. Il réussit surtout dans la nouvelle en vers, genre auquel appartiennent Ildegonda, 1820, la Fuggitiva, 1825, Ulrico e Lida, 1837. On a encore de lui un beau roman historique, Marco Visconti (trad. en 1835). Il avait entrepris une épopée, I Lombardi alla prima crociata, en 15 chants, pompeusement célébrée par ses amis, mais qui est restée inachevée.

GROS-TENQUIN, bourg d'Alsace-Lorraine, à 31 k. S. O. de Sarreguemines ; 1000 hab.

GROTEFEND (G. Frédéric), philologue, né à Munden en 1775, mort en 1853, directeur du lycée de Hanovre depuis 1825, fut un des premiers à essayer l'interprétation des inscriptions cunéiformes (1802). Il a laissé, entre autres écrits : Rudimenta linguæ Umbricæ, Hanovre, 1835-38; Rudimenta linguæ Oscæ, 1839; et un Essai sur la géographie et l'histoire de l'Italie ancienne, 1840-42, rempli d'hypothèses hardies.

GROTIUS (Hugues ou Hugo DE GROOT, dit), célèbre Hollandais, né à Delft en 1583, m. en 1646, se fit remarquer par sa précocité et composa des vers latins dès l'âge de 8 ans. Après avoir étudié à Leyde, où il cultiva à la fois les lettres, la théologie, la philosophie et le droit, il accompagna dans son ambassade en France le grand pensionnaire Barneveldt, n'étant encore âgé que de 15 ans, et se fit dès lors remarquer de Henri IV. De retour en Hollande, il suivit quelque temps le barreau ; il publiait en même temps des poésies latines qui eurent un grand succès, et des ouvrages d'érudition qui le placèrent au premier rang des philologues. Nommé dès 1601 historien des États de Hollande, il se mit à rédiger les annales de son pays. Il obtint en 1607 la place d'avocat fiscal des provinces de Hollande et de Zélande; devint en 1613 conseiller pensionnaire de la v. de Rotterdam, membre des États de Hollande, et eut bientôt après entrée aux États généraux. Ayant pris parti pour Barneveldt contre le stathouder Maurice, et ayant soutenu les Arminiens contre les Gomaristes, que protégeait le stathouder, il se vit disgracié, et fut en 1619 condamné à une prison perpétuelle ainsi qu'à la confiscation de ses biens. Après deux ans de captivité, sa femme le fit évader, en l'enfermant dans une caisse de livres. Il se réfugia en France, et y fut bien accueilli par Louis XIII, qui lui fit une pension. A la mort de Maurice (1631), il tenta de rentrer dans sa patrie; mais il fut de nouveau proscrit. Christine, reine de Suède, lui offrit un asile, et le nomma son ambassadeur en France. Il y résida dix ans (1635-45); mais y ayant éprouvé quelques dégoûts par suite de ses dissentiments avec Richelieu et Mazarin, il demanda son rappel. Assailli par une tempête à son retour, il débarqua près de Dantzick et se fit transporter malade à Rostock (Mecklembourg), où il mourut. Grotius s'est exercé avec succès dans les genres les plus différents; cependant c'est comme publiciste qu'il est le plus célèbre : c'est lui qui créa le droit des gens. Ses principaux ouvrages sont : en politique, le traité De Jure belli et pacis, Paris, 1624, souvent commenté, et traduit par Barbeyrac, le traité de la Liberté des mers (Mare liberum), 1608; et le De imperio potestatum circa sacra, 1647 ; en histoire, les Annales de Hollande (De rebus belgicis), en 18 livres (depuis la mort de Philippe II jusqu'en 1609), publiées après sa mort, en 1657; l’Histoire des Goths, des Vandales et des Lombards, en latin, 1655; en théologie, De veritate religionis christianæ, 1636, souvent traduit, et des Commentaires sur l'Ancien et le Nouveau Testament; en littérature, des tra-