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et diplomate sous Louis XIII et Louis XIV et fut fait maréchal en 1641 ; il mourut en 1678, à 74 ans; il a laissé des Mémoires sur ses négociations, publiés en 1716 par un de ses fils, Ant. Charles, duc de Gramont. C'était un des plus beaux hommes et des cavaliers les plus accomplis de son temps; Louis XIV le chargea d'aller en Espagne demander la main de Marie-Thérèse. — Philibert, comte de Gramont, son frère, accompagna Louis XIV dans la conquête de la Franche-Comté et de la Hollande ; mais il est surtout célèbre par son esprit, sa galanterie et son adresse au jeu. Il fut quelque temps disgracié pour avoir disputé au roi le cœur de Mlle Lamotte-Houdancourt. Il avait épousé la sœur d'Ant. Hamilton, qui a laissé sous le titre de Mémoires du comte de Gramont un portrait piquant de son caractère. Il mourut en 1707. — Armand de Gramont, comte de Guiche, fils aîné du maréchal Antoine III, est l'un des premiers qui passèrent le Rhin en 1672 (V. GUICHE). — Louis, duc de Gramont, lieutenant général, colonel des gardes françaises, causa par une coupable désobéissance la défaite de Dettingen, 1743 : il fut tué à Fontenoy, 1745. — À cette maison se rattache celle des ducs de Gramont-Caderousse (ainsi appelés d'une île du Rhône comprise dans leurs domaines) : c'est une famille du comtat Venaissin, qui tenait du pape le titre de duc.

GRAMONT ou GRAMOND (Gabriel de BARTHÉLEMY, seigneur de), historien, né vers la fin du XVIe siècle, mort à Toulouse en 1634, appartenait à une famille parlementaire originaire du Rouergue. Il fut président au parlement de cette ville et conseiller d'État. On a de lui : Historia prostratæ a Ludovico XIII sectariorum in Gallia rebellionis, Toulouse, 1623, où il fait l'apologie de la St-Barthélemy ; Historiarum Galliæ ab excessu Henrici IV libri XVIII, 1643, in-fol., ouv. médiocre, où il prétendit continuer De Thou.

GRAMONT (Scipion de), sieur de St-Germain, né en Provence au XVIe siècle, fut secrétaire du cabinet de Louis XIII, eut la confiance de Richelieu, fit plusieurs voyages en Italie, et mourut, dit-on, à Venise en 1638. On a de lui : l’Abrégé des artifices, traictant de plusieurs inventions nouvelles, Aix, 1606; la Rationnelle ou l'Art des conséquences, Paris, 1614; Traité de la Nature, des qualités et prérogatives des points, où se voient plusieurs belles et admirables curiosités, 1619 : c'est un écrit de géométrie ; le Denier royal, traité curieux de l'or et de l'argent, 1620, in-8; Rupella capta, poëme sur la prise de La Rochelle, dédié au cardinal de Richelieu, 1628.

GRAMPIANS (monts), Grampius mons, chaîne de montagnes qui traverse l’Écosse centrale du S. O. au N. E., depuis la presqu'île de Cantyre, dans le comté d'Argyle, jusqu'au cap Kinnaird dans le comté d'Aberdeen, s'étend de l'O. à l'E. depuis l'Océan Atlantique jusqu'à la mer d'Allemagne. Son développement est de 400 kil. — Ses plus hauts sommets sont : le Ben-Nevis, 1364m; le Ben-na-Muich-Diudh, 1346m. Les monts Grampians partagent l’Écosse en deux régions tout à fait distinctes : celle qui est située au N. prend le nom de hautes-terres (high-lands), et celle qui est au S. celui de basses-terres (low-lands).

GRAN (Le), riv. de Hongrie, naît dans le comitat de Gœmœr et tombe dans le Danube, par la r. g., en face de la v. de Gran, après un cours de 260 kil.

GRAN, Strigonium en latin, Esztergom en hongrois, v. de Hongrie, ch.-l. du comitat de Gran, au confluent du Gran et du Danube, à 45 kil. N. O. de Bude; 13 000 hab. Archevêché primatial de Hongrie; collége de Bénédictins, belle cathédrale, construite en 1821. Draps, teintureries; bons vins; eaux thermales. Les Turcs prirent cette ville en 1540; Jean Sobieski et Charles de Lorraine la reprirent en 1683. Un violent incendie en détruisit une partie en 1818. — Le comitat, situé entre ceux de Bars, Komorn, Pesth, a 49 k. sur 36 et compte env. 100 000 h.

GRANADA, v. du Nicaragua, près du volcan de Granada, sur la rive O. du lac de Nicaragua ; 10 000 h. Indigo, cochenille, cuirs, sucre. Fondée en 1523; saccagée par les flibustiers en 1680 et 1856.

GRANBOURG, ou MARIGOT, ch.-l. de l'île française Marie-Galante, sur la côte S. O. ; 2500 h.

GRANCEY-LE-CHÂTEAU, ch.-l. de c. (Côte-d'Or), à 40 kil. N. de Dijon; 700 hab. Château magnifique.

GRANCOLAS (Jean), docteur en Sorbonne, chapelain de Monsieur frère de Louis XIV, né vers 1660, mort en 1732, avait une connaissance profonde des antiquités ecclésiastiques. On a de lui : Traité de l'antiquité des cérémonies des sacrements, 1692; le Quiétisme contraire à la doctrine des sacrements, 1695; l'Antique discipline de l'Église sur la confession et la pénitence, 1697; Traité des liturgies, 1697; la trad. des Catéchèses de S. Cyrille, 1715, etc.

GRAND, bourg du dép. des Vosges, à 15 kil. O. de Neufchâteau ; 1300 hab. Clouteries. Restes d'un amphithéâtre romain, dit Amphith. de Julien.

GRAND D'ESPAGNE. V. GRANDESSE.

GRAND-BOURG DE SALAGNAC, ch.-l. de c. (Creuse), à 19 kil. S. O. de Guéret, sur la Gartempe ; 3015 hab.

GRANDCHAMP, ch.-l. de c. (Morbihan), à 19 kil. N. O. de Vannes; 500 hab. George Cadoudal y fut battu par les Républicains en l'an VIII.

GRAND-COMBE (LA), ch.-l. de c. (Gard), à 16 k. N. E. d'Alais; 6000 h. Riche mine de houille connue depuis peu, exploitée par une puissante société, et desservie par un chemin de fer conduisant à Alais. Station de chemin de fer. Ce canton, distrait de celui de Genoilhac, a été créé en 1858.

GRAND-COURONNE, ch.-l. de c. (Seine-inf.), à 8 kil. O. de Rouen ; 1000 hab.

GRAND-DUC, nom que portent plusieurs princes souverains de l'Allemagne et de l'Italie. En Allemagne on compte 6 grands-ducs : ceux de Bade, de Hesse-Darmstadt, de Saxe-Weimar, de Mecklembourg-Strélitz, de M.-Schwerin, d'Oldenbourg. En Italie, il en existait un seul, celui de Toscane. — En Russie, le titre de grand-duc est porté par les princes du sang.

GRANDE-BRETAGNE, GRANDE-CÉSARIENNE, GRANDE-GRÈCE, etc. V. BRETAGNE, etc.

GRANDESSE, dignité qui est d'usage en Espagne. Les grands d'Espagne sont divisés en trois classes : les grands de la 1re classe parlent au roi la tête couverte ; ceux de la 2e parlent au roi la tête découverte, mais se couvrent pour écouter sa réponse; ceux de la 3e attendent l'invitation du roi pour se couvrir. Avant le XVIe siècle, tous les nobles (hidalgos) d'Espagne portaient le titre de ricos hombres ; Charles-Quint y substitua le nom de grands. Auj. la grandesse a perdu toute son importance et n'a plus qu'une existence nominale.

GRANDIDIER (Phil. André), historien ecclésiastique, né à Strasbourg en 1752, mort en 1787, eut pour protecteur le cardinal de Rohan, devint successivement archiviste de l'évêché de sa ville natale, chanoine du grand-chœur, historiographe de France. On a de lui : Histoire de l'évêché et des évêques de Strasbourg, Strasb., 1776 et 1778 (il n'en a paru que 2 vol. sur 8 qu'elle devait avoir) ; Histoire ecclésiastique, militaire, civile et littéraire de l'Alsace, 1787; la Cathédrale de Strasbourg, 1782.

GRANDIER (Urbain), prêtre fameux par sa fin tragique, né en 1590 à Rovère, près de Sablé (diocèse du Mans), était curé de St-Pierre à Loudun et chanoine de Ste-Croix. Il sollicita la place de directeur des religieuses d'un couvent d'Ursulines à Loudun; mais un concurrent plus heureux l'emporta. Peu après, les Ursulines furent atteintes d'une espèce de folie contagieuse, se croyant tourmentées par des esprits malins. On prétendit aussitôt qu'elles étaient possédées du démon, et on accusa Grandier de leur avoir jeté un maléfice. Il porta plainte en calomnie devant l'archevêque de Bordeaux, Charles de Sourdis; ce sage prélat calma les esprits et assoupit l'affaire. Mais à quelque temps de là, un émissaire du cardinal de Richelieu, Laubardemont, étant venu à Loudun, l'accusation fut renouvelée devant lui. Le curé, qui